27-La famille d'abord
-19 Septembre 2061-
Ma gorge, sèche, se rétracte, incapable de laisser passer une vague de salive.
Suite à mes explications, je suis parti de la salle pour trouver Ayden. Son génie va m'aider à établir les bases solides de mon plan. Connor et Viviane ont préféré rester pour régler les derniers détails avec ce Renan.
La grande salle, éclairée de petites veilleuses, me permet de voir les divers corps éparpillés. Tous n'ont pas rejoint Morphée car des murmures brouillent la régularité des ronflements. Par dessus les couvertures arc-en-ciels des morceaux de têtes me permettent d'identifier mes cibles. Je repère, dans le coin ouest, une fine silhouette rouquine. A ses côtés, son fidèle compagnon rêve. Un filet de bave ondule au coin de sa joue gluante.
Sur la pointe des pieds, j'enjambe quatre couchages avant de les atteindre. Pour faire le moins de bruit possible, je plaque ma main contre son souffle chaud et humide. Je n'arrive pas à réprimer une grimace de dégout. Beurk. Sa réaction m'arrache un rire sonore. Ses yeux s'écarquillent, sa respiration se coupe et son buste s'extrait à une vitesse stupéfiante du sol.
Je lui fais signe de me suivre dehors. Nous longeons les murs du Hangar jusqu'à la porte de derrière. Ici, nous serons loin des regards et des oreilles indiscrètes.
Elle s'ouvre sur une atmosphère brumeuse et parfumée par la forêt. Les senteurs de mousses et de pins emplissent mes poumons.
- J'ai quelque chose à te demander, chuchoté-je.
- Je t'écoutes.
- Je sors d'une réunion avec Connor et un mec étrange. (Repenser à l'ombre dans son regard me terrifie. Il doit lui manquer une case). J'aurai donc besoin de toi et de ton cerveau. Nous devons mettre sur pied deux plans. Je t'aiderai pour le premier mais le second je te laisse carte blanche.
- Tu acceptes donc que je te sois supérieur, ironise-t-il.
- N'exagérons pas.
Je lui lance un sourire ironique illuminé par la lune.
- Que dois-je faire ?
- Commençons par le deuxième, nous devrons dessiner les plans du Mur et trouver un moyen de le mettre hors d'état de marche.
- Comment ? C'est impossible ! Tu ne me parles pas d'un système informatique à pirater mais d'une véritable forteresse, là. Je suis un novice dans le milieu.
- Je me fiche de savoir comment et le prix qu'ils nous en coûte mais j'ai besoin de toi. Au départ, j'imaginais couper les systèmes de sécurité ou l'électricité mais si tu as une autre idée, je suis preneur.
Un interminable filet d'air s'échappe de sa bouche.
- Je vais voir ce que je peux faire mais je ne te promets rien. Et le premier ?
- Demain au plus tard, Connor enverra une patrouille pour voler du matériel informatique. Nous le remettrons en état de marche pour créer un réseau d'envergure sur Inter. C'est le dernier lien que possède chaque pays, le dernier réseau social. Nous devons rassembler le plus de personnes possibles à l'Implosion et pour cela, nous entrerons en communication avec les autres groupes de résistances internationaux.
- Ça pourrait être dans mes cordes mais il faudra m'apprendre.
- J'y compte bien.
Je tends ma main pour conclure notre accord. Il la saisit avec une forte poigne.
- Et ne t'en fait pas. Je sais que vous ne resterez pas dans le coin, alors ce sera l'affaire de deux mois environs.
- Vous ?, soulève-t-il.
Son sourcil gauche se dresse.
- Dans cette maison, au secteur 7, tu m'as dit que tu ne voulais être mêlé à aucun groupe d'insurrection. Je tiens ma parole à moitié, je le sais mais c'est une affaire urgente que je dois régler avec un ami. Je te confierai ma vie si je le pouvais.
- Tu te méprends. Snow et moi n'avions pas prévu de partir.
- Tu ne le veux pas ?, m'étonné-je.
- Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. J'ai appris à connaître ton univers et je t'avoue que je ne serais pas contre un peu de changement. Mon frère passera avant l'Implosion, c'est sûr, mais je veux apporter ma pierre à l'édifice. Snow ne vivra pas de monde qui a tué nos parents.
Sur une branche, une chouette nous écoute. Enchantée par sa réponse, elle hulule.
La nuit s'écoule dans une ennuyante monotonie. Vi dort d'un sommeil paisible, il arrive par moment de l'entendre ronfler. Son corps monopolise le lit d'habitude réservé pour deux personnes. Je me sens un peu à l'étroit.
Depuis le retour de ma marche nocturne, j'observe le plafond de taules rouges retenu par une charpente massive. Les lattes du matelas rentrent dans ma colonne vertébrale encore douloureuse. Kevin aurait pût y aller plus doucement.
Je pars en quête d'idées toutes plus farfelues les unes que les autres. Je me revois des années plus tôt, attablé à une palliasse dans mon laboratoire, un carnet sous les yeux à la recherche de renouveau.
L'avenir nous fait baver. Tel un enfant affamé devant un glacier, nous supplions le ciel pour que nos parents nous accordent ce délice. Connaitre notre futur attire quiconque s'y attarde. Je m'y suis moi-même brulé les ailes. L'Expansion n'était pas le présent, comme voulait le croire Leferts, ce projet était le futur. Nous avions dépassé limites du réel dans l'unique but de caresser l'encre des pages d'un livre d'histoire.
Par le passé, j'étais assoiffé, je le suis toujours mais avec plus de retenu. La vie est une école, nous passons notre vie sur ses bans pour apprendre de nos erreurs. J'ai appris des miennes. Enfin ... Je le crois.
Une question me taraude : Comment pouvons-nous rassembler huit milliards d'êtres humains ? Il existe tant de possibilité que ma vision obscurcie.
La fenêtre ouverte permet aux oiseaux d'annoncer une nouvelle journée. Quatre rayons percent les rideaux troués par endroit. Il est temps de retrouver Ayden.
Je retire la couette de mon corps soudain pris d'une bouffée de chaleur et me dégage du bras de Vi.
Réveillée, la fourmilière s'affaire à remettre de l'ordre. Les couchettes, entassées au fond du Hangar, disparaissent au profit de tables. Un subtile odeur d'acier voyage grâce aux courants d'air.
Du rez-de-chaussé, Connor m'interpelle. Ses deux bras esquissent les contours d'un arc de cercle parfait.
- Ça va ?, me demande-t-il.
- Oui et toi, pas trop dure hier soir ? Désolé d'être parti, je devais trouver Ayden. Il va m'aider à mettre au point le plan d'action des semaines à venir.
- Pas de soucis, concède-t-il.
Je descends l'escalier.
- Qui est Renan ? Sa tête ne me dit rien.
- Le leadeur des autres groupes dissidents. Il se voit comme près du peuple mais il passe son temps à semer la terreur sur son passage. Ce mec devrait être en prison, il va causer notre perte à tous. Il faudra l'arrêter avant que les choses n'avance trop. Je m'en chargerai personnellement.
Il m'accompagne jusqu'à la porte de la salle de réunion.
- Hier tu m'as demandé de faire une descente pour trouver du matériel informatique. Tu saurais où nous pourrions nous approvisionner ?
- Au laboratoire où vous m'avez trouvé, je pense que c'est le seul endroit sûr pour trouver du matériel de haute technologie dont nous avons besoin.
- D'accord, je vais en informer les autres.
Il s'apprête à partir mais je le rattrape.
- Je viens avec eux.
- Non, ce n'est pas discutable. Les drones survolent la ville et partis comme nous sommes partis mes hommes ne rentrerons pas avant cinq jours.
- Pourquoi tant ?
- Les dégâts ne facilite pas le passage des vans et les gardes rôdent partout, un signe d'inattention et notre mission part en fumée. Je préfère prendre large et envisager un détour de trois jours.
La grande porte grince et s'ouvre sur un soleil magnifique. La journée s'annonce belle.
- Kevin, lui, il a droit d'y aller, remarqué-je.
Ses yeux sortent de leurs orbitent.
- Tu rigoles ? Kevin reste ici, vos têtes se ressemblent trop pour que je vous permette de sortir. Et je t'en pris, arrête de te comparer à ton frère. Vous faites la même chose et j'en suis exaspéré. Vous êtes une vrai famille de jaloux.
- Je ne suis pas jaloux, me défendé-je.
Sur ses mots, il s'éloigne. Je croise les doigts pour que le matériel soit ramené sain et sauf.
Sans réel but, je décide de rejoindre la salle pour jeter un coup d'œil à la radio. J'aimerai bien comprendre d'où sortait la voix d'Alix.
J'ouvre la porte et tombe sur Ayden qui la bidouille.
- Attention, c'est fragile, lancé-je.
Il se retourne et me sourit.
- Vient voir, j'ai découvert quelque chose mais je ne sais pas ce que c'est.
Je m'avance vers la boite blanche qu'il a dépecé à l'arrière. A l'aide d'un de ses doigts, il me montre une petite plaquette numérique reliée à des fils : une puce ...
Hey,
Merci de suivre avec toujours autant d'assiduité mon histoire.
Que pourrait révéler cette puce ?
Je vous retrouve Mercredi pour la suite.
N'hésitez pas à commenter et partager, je réponds avec plaisir à vos commentaires.
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