-17 Septembre 2061-

Le van s'arrête, de longues heures de routes nous séparent du secteur 5. Une bulle de soulagement explose dans ma poitrine. Je sors et inspire l'air frais, nous avons passé la nuit à rouler en direction du Hangar.

Voir les gens se rassembler hier soir m'a fait réaliser que la population n'est pas si individualiste que ça. Les citoyens se retrouvent autour de leurs valeurs, universelles à chacun d'entre nous. Ils se battent et affrontent des monstres de plus en plus massifs. Et aujourd'hui, je n'ai pût me retenir de lier cette situation au climat international.

Partir au front pour combattre devient une option. Qui détient le pouvoir ? Le peuple. Nous pouvons nous soulever et nous différencier de ces tyrans. Notre devise représente parfaitement la situation. Fraternel les uns aux autres, nous aidons notre prochain. Libre, nous suivons les pulsions de notre cœur. Egaux, nous crions à l'injustice.

Si  nous voulons mettre fin à cette guerre, nous devons nous faire ouïr des géants de ce monde. Nous, décisionnaires de notre avenir, pouvons éviter un massacre d'envergure.

Néanmoins, je me sens responsable. Il faut que je trouve un moyen de rassembler les populations du monde entier dans une action qui fera imploser -c'est le cas de dire- cette guerre. 

Mes pieds foulent pour la première fois de la journée le sol terreux.

- Tout va bien ?

Viviane me sort de mes pensées. Son sourire réchauffe mon cœur déjà enflammé par une volonté de fer.

Nos compagnons s'éclipsent dans une suite d'exclamation et de sourire. Hier soir, personne n'a péri.

- Ça va et toi, ton bras ? 

- T'inquiète, je ne sens presque plus rien. Une simple égratignure, je devrais la désinfecter ...

- Nick !, s'extase un petit bonhomme roux qui interrompt notre discussion. 

Il court vers moi, les bras grands ouverts. Son enthousiasme est communicatif. Mes genoux se courbent et mes bras offrent un accueil chaleureux.

- Tu nous as fait peur, souffle Snow à mon oreille.

Sa poitrine, secouée de soubresauts, attire mon attention. Je me retire et essuie une larme au coin de son œil.

- Ne pleure pas.

- On n'a cru qu'ils n'arriveraient jamais à temps.

Il me reprend dans ses bras. Je suis un peu perturbé face à tant d'amour. C'est si ... inhabituel.

L'assaut de l'Implosion n'était donc pas un concours de circonstance.

- Plus jamais tu nous quittes, sanglote-t-il.

- Je suis désolé.

Je repense à cette pauvre femme, morte. Avant aujourd'hui, je n'avais pas vraiment réalisé l'ampleur de la situation. Quand la vie a quitté ses yeux, je me suis senti coupable pour X raisons.

A présent, je considèrerai chaque mort comme personnelle car par un moyen ou un autre une corde invisible nous lie. Le départ de l'un de nos frères ne peut être qualifié de "banale", au contraire, elle doit devenir "exceptionnelle".

Niché dans le jeune cou de Snow, j'aperçois Vi, les yeux vitreux. Cette fille s'efforce à montrer d'elle l'image d'une femme forte mais derrière ce masque se cache une âme sensible. Son humour est dosé pour n'apparaitre que quand la situation le permet.

Mon regard se pose sur le Hangar où Ayden attend son frère. Lorsqu'il me voit, ses traits se détendent dans un sourire bienveillant.

- Tu devrais rejoindre ton frère.

Je lui frotte le dos pour le réconforter. Snow chasse une dernière larme et part à petites foulées vers l'abri en métal rouge. Je l'observe partir, le sourire aux lèvres.

- Tu es vraiment tombé sur deux garçons extraordinaires. Quand ils ne t'ont pas vu revenir, ils ont couru jusque ici et ont imploré Connor de partir te chercher. Il n'a pas hésité une seconde.

- Mais je croyais ...

- Connor n'est pas Kevin. Ton frère n'imposera jamais ses choix, me coupe-t-elle.

- Comment ont-ils sût où vous étiez ?

- Les images de la fusillades ont bien tournée il y a deux ans. Leur mémoire les a guidé jusqu'à nous.

Elle s'engage dans un petit chemin, vers les bois, je la suis.

- Pourquoi ne nous as-tu rien dit ?, lâche-t-elle.

- La colère je pense. Je voulais partir et mettre le plus de distance entre Kevin et moi. Comment réagira-t-il quand il me verra ? Il me tuera ? Me ligotera à une chaise pour me torturer ?, raillé-je d'une pointe d'ironie imaginative.

- Il est parti avec l'autre van et des hommes chercher de la nourriture. Nous sommes partis dès que les garçons nous ont informé de ton enlèvement.

Elle glisse sa main dans la mienne et la relève entre nos deux corps. La douceur de sa peau contre la mienne m'électrise.

- Je devrais partir ..., proposé-je.

- Pourquoi ? Pour nourrir l'égo surdimensionné de ton frère ? Nick, ne t'oblige pas à disparaître pour lui. On se fiche de savoir ce que les autres pensent. Oui, tu es le fruit de mensonges et de non-dits, un jour il faudra les affronter. On les affrontera, rectifie-t-elle.

- On ?

Ses joues s'empourprent et sa tête rentre dans ses épaules pour le camoufler. Je tends ma main libre vers son menton et le redresse.

- Pourquoi te caches-tu ?

- Je ... Laisse tomber, rigole-t-elle d'un rire enjôleur.

- Non, dit.

Elle regarde à ses deux extrémités.

- C'est hyper gênant comment tu me regardes, on dirait que tu n'as pas mangé depuis des jours, change-t-elle de sujet.

Nous partons d'un rire commun. Je deviens aussi gêné qu'elle.

- Je veux dire par là que tu ne seras plus seul ..., mon cœur s'emballe alors que le suite de sa phrase se veut plus hésitante. Tu possèdes ... Ayden et Snow.

Elle ne me dit pas tout.

- Je t'ai toi aussi Comme tu m'as moi, l'aidé-je, soudain loin de ma zone de confort.

Mes joues s'échauffent.

Ses yeux chocolatés s'enfouissent dans les miens. La douceur de ses mains provoque une vague de chair de poule. Elle se propage à l'ensemble de mon corps, du haut de mon crâne aux bouts de mes orteils. Mon regard se charge du reste, il divague un moment dans son regard, puis, rejoint un endroit mystérieux. Ses lèvres charnues m'invitent à les gouter. Une terre inconnue sur une planète inconnue. 

Elle s'approche et abandonne sa bouche sur la mienne. C'est une première pour moi.

Je me perds dans cet acte insoupçonné. Ses mains remontent jusqu'à mon cou, tandis que, j'attire son corps plus près du mien.

Nous restons un moment ainsi, éperdus l'un à l'autre. A bout de souffle, nous nous forçons à nous rompre notre contact.

- Nous surmontons tous des moments compliqués et je trouve ça injuste qu'on les passe seul. Tout le monde abrite ses secrets et je désire connaître les tiens. J'exige que nous soyons l'un pour l'autre une boussole. Une aiguille qui nous guidera loin de la tempête. Certes, je crains de m'attacher à quelqu'un mais je ne demande qu'à te connaître un peu plus. Toi l'inconnu qui depuis le premier jour a capté mon attention.

Les mots me manquent. Je décide donc de l'embrasser une nouvelle fois. Que pourrais-je répondre face à tant d'amour même si elle ne le nomme pas ? Rectification, je n'ai pas besoin qu'elle le dise. Vi m'a sauvé de la mort bien des fois et je mentirai en affirmant que je ne ressens rien pour elle. Il y a quelque chose mais quoi ? Est-ce dont ça l'amour ? ...

Hey,

Voici l'émergence du premier couple et l'heureux élu n'est autre que Nick.

D'après vous comment réagira Kevin en voyant Nick ?

N'hésitez pas à réagir tout le long de l'histoire, je répondrai avec plaisir.