22-Voix d'aujourd'hui, échos de demain

-16 Septembre 2061-

De loin, on imagine pas à quel point le Mur est grand. On le pense insignifiant mais quand on se retrouve à son pied, on retire nos mots d'un coup de balais.

Jamais la France n'avait construit pareil édifice. Large de plusieurs mètres et haut de bien trente, il surplombe quiconque oserait le défier.

- J'y vais, surveillez le.

La conducteur à la voix mature sort pour rejoindre la bande de scan.

Les spots, exposés un peu partout sur le Mur, éclairent la moindre parcelle d'obscurité. Rien n'est laissé au hasard, pas un dispositif, pas une fenêtre ... Et oui, ce blog de ciment recèle des ouvertures robotisées pour sortir des canons en cas d'attaque directe. Ils n'ont jamais servi mais ça ne saurait tarder.

Cinq minutes passent et les trois soldats commencent à s'inquiéter. L'un regarde sa montre, l'autre un appareil numérique et le dernier maintient avec fermeté la poignée de la portière.

- T'as reçu quelque chose ?, demande l'homme à ma droite.

- Rien, répond Ackim qui tapotent l'écran.

- Je vais voir ce qui se passe, s'impatiente le soldat à ma gauche.

Avec précision, il ouvre la porte un minimum de façon à ce que je ne puisse pas voir l'extérieur. J'ai envie de pousser cette porte et de m'engouffrer dehors, respirer un air frais qui n'est pas imbibé de transpiration. Un léger vent du nord me réveille. La porte ferme. J'essaye de me décaler vers la place libre mais les muscles de mon voisin se tendent. Il est préférable que je ne tente rien de stupide.

Une minute s'écoule et je commence à ne plus tenir un place, mes jambes bougent à un rythme effréné pour assouvir leur besoin de partir.

Je sursaute quand quelque chose se met à taper deux fois sur le véhicule. Ce ne sont ni des grand ni des petits coups. Pourtant, je perçois la tension autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'habitacle.

- On y va ferme le véhicule, ordonne le garde à ma droite.

Il ouvre la porte et laisse s'engouffrer une vague d'air pure qui me donne l'impression de revivre. Sa fraicheur est un vent de liberté.

Ackim le suit, non sans me laisser un dernier regard. La portière se ferme et j'attends le clic  de la fermeture qui ne vient pas.

Un tire retend, puis un deuxième et ainsi de suite jusqu'au dixième. Mon sang se glace. Je suis figé, tiraillé entre l'idée de fuir et de rester à l'abri. Qui peut bien attaquer un convois avec quatre soldats expérimentés et un boulé ?

Des cris percent la nuit, tombée depuis deux heures.

Je pose ma main sur la poignée et la tire vers moi. J'émerge dans la nuit de Septembre. Le sol est inondé d'une lumière artificielle qui m'offre une vue directe sur quelques maisons barricadées. 

- Rendez-vous vous êtes cernés !, entonne la voix, familière, d'une fille.

Je secoue la tête,impossible. Ma poitrine se serre, je ne pensais pas qu'elle me manquerait autant. Peut-être n'ai-je pas ressenti ce sentiment parce que je repoussais tous les souvenirs en lien avec l'Implosion ?

Soudain en confiance, je pars vers l'autre coté du véhicule. Les quatre serviteurs du gouvernement sont là, en position défensive. Ils attendent que l'Implosion sorte de sa cachette. Savent-ils qui ils sont étant donné que l'Implosion a été annoncé comme décimée, il y a deux ans ? Sont-ils venus pour moi ou cette situation est une simple coïncidence ?

Je m'engage à découvert sans arme sur la large route qui sépare le van des ses occupant. Un spot nous inonde de sa lumière. Je rue mes yeux dans sur les anciennes batisses et les passent aux cribles. Dans l'ombre, les détails sont imperceptibles.

Dans ma poitrine, mon cœur s'exalte d'une possible liberté retrouvée.

- Sortez !, menace Ackim.

Ce dernier, impatient, s'élance à ma rencontre et me tire le bras d'une main de fer. Je le suis, contraint. Il presse ma chair pour m'obliger à m'assoir. Je lui obéis. Une part de moi veut lui faire confiance.

- Les mains devant toi, sur tes genoux, me dicte-t-il.

Je me laisse piloter comme un pantin sans âme.

Cela peut paraître étrange, mais, une voix dans ma tête me dit de le suivre. Ce sentiment de confiance est contraire à tout ce qu'on nous avait apprit dans l'Enceinte, autant à lui qu'à moi.

Cette assurance va de paire avec Viviane. C'est une bonne viseuse, je lui fais confiance. Si les choses venaient à déraper, elle fera les bons choix.

Je sens le canon de l'arme posé sur mon épaule droite.

Mon instinct prend le dessus et deux de mes doigts se croisent. 

Une balle fuse et touche mon ex-camarade au ventre. Du sang pigmente ma peau. Je ne tarde pas à me redresser et à regarder Ackim au sol, la main sur sa blessure. Il est en vie. Viviane a visé avec un telle précision qu'aucun de ses organes vitaux n'ont été touchés.

L'armure, épaisse, le maintient au-dessus du sol cimenté.

Je recule tandis que les bêtes noirs approchent.

Dans mon dos, Viviane sort de l'ombre en courant, elle se jette sur moi et plaque sa manche contre ma bouche.

Un objet non identifié, de la taille d'une pomme, vole et tourne sur lui-même. Il répand un nuage de fumée bleu nuit qui nous ôte la vue. Mes yeux me brûlent et sont incapables de voir à plus d'un mètre. Tout comme mon amie, j'avance à l'aveugle jusqu'à toucher un mur.

Une détonation éclate, Viviane se retourne avec une rapidité surprenante, la main contre son bras. J'essuie les larmes aux coins de mes yeux. La fumée disparait dans une boule métallique venant d'une technologie plus avancée que la notre.

- Ça va, la balle m'a juste frôlée, me confirme-t-elle.

Une nouvelle rafale de munitions jaillie de toute part. Personne ne veut s'avouer vaincu. Accroupis, nous attendons l'accalmie.

- Prends ça.

Sa main se faufile dans la mienne pour me passer un pistolet. Ce touché affole mon rythme cardiaque.

- Qu'est-ce-que vous faites ici ?, lui glissé-je.

- Des amis à toi, nous ont permit de te localiser.

Son regard se détache de nos mains et observe le no man's land. Il fume comme un plateforme de fête foraine.

Bienvenue, dans le Grand Huit !

Ayden et son petit frère ne m'ont donc pas abandonnés.

- Je suis contente de te revoir, me sourie-t-elle après un moment de silence.

A quelques mètres de nous, le sol tremble, des petits cailloux tressautent. L'atmosphère s'électrise accompagnée de cris en harmonie.

Les soldats partent à leur van pour récupérer un matériel plus destructeur.

- Il ne doit pas nous échapper !, s'exclame l'un deux pour motiver ses frères d'armes.

Les pistolets laissent place à des fusils chargés d'une multitudes de munitions.

- Suit-moi, m'invite Viviane.

Elle me prend la main et nous longeons le mur de la maison pour rejoindre leur véhicule. Cible des soldats, la façade se crible de balle. Impact après impact, une faille se dessine. 

Les voix robotisées se rapprochent de nous à chaque instant et me rappelle un vieux film à succès. Ces soldat sont en réalité une armée de Dark Vador. Que disent-ils ? D'où vont-ils arriver ?

Nous nous rapprochons du véhicule et d'Ackim, toujours au sol.

Désolé.

Notre position se rapproche de l'une des artères de la ville. Des freusonnement toujours plus nombreux annoncent leur arrivée. Surpris, je me retourne et vois une foule, armées d'objets plus ou moins semblables à des armes.

- Reste là, m'ordonne Vi.

Elle me quitte et accourt vers le véhicule.

- Viviane !

Je ne peux m'empêcher de l'appeler. Mon cri attire l'attention d'un soldat qui charge sur elle. Merde. Elle glisse sur le sol et plaque un rectangle jaune sous le van. Ce dernier explose dix seconde plus tard. Il s'envole dans un majestueux demi-tour. L'explosion vrillent mes tympans abimés par un sifflement régulier. Les vitres explosent sous le force de l'impact. La carrosserie retombe, inerte, sur le sol.

Une foule entre dans le quartier éclairé par le Mur. Je m'avance pour rejoindre mon amie qui se relève en époussetant son jean. Le bruit aiguë s'atténue.

Nous nous laissons prendre par la foule et terminons au premier rang. Les gens se regroupent en cercle, autour des soldats qui se sentent menacés. Ils gardent leurs fusils en joue et tournent sur eux-même comme des toupies. Ils ne savent plus quoi faire.

Attention, ne vous méprenez pas, en deux ans, j'ai appris à connaitre les Rejetés. Si ils sont là, ce n'est pas pour nous ou l'Implosion. Non. C'est pour les soldats. Ils veulent les farcir à leur sauce.

- Repartez d'où vous venez !, entonne un homme que je ne connais pas

- Oui !

- Oui !

- Il a raison !

Toutes sortes de voix se mélangent. Et inconsciemment, je sais ce qui va se passer. Rejoindre l'Implosion ou faire croire qu'ils sont des leurs décuplera leur poids face aux forces militaires.

Une femme, âgée, la soixantaine, sort du cercle et s'avance sur trois mètres. Elle regarde les serviteurs du gouvernement avant de se tourner vers ses camarades. Elle ferme ses points et les lèvent dans un geste lent mais gracieux. Ses bras forment une croix au-dessus de sa tête.

- A l'Implosion !

- A l'Implosion !, répondent les autres en cœur.

L'appel résonne trois fois et je décide de me joindre à eux. J'observe la foule amassée et mobilisée.

Les soldats ne savent plus ou se mettre. Ils voient une population en parfait accord qui demande justice. Les entendre répéter ces mots me réchauffe le cœur.

L'un des camarade d'Ackim part à sa cherche et le ramène près de ses confrères.

Un autre garde dévie de sa position, la femme se détourne pour fondre son regard dans le sien. Cela ne suffit pas pour l'arrêter. La balle part et se fige dans son cœur.

- Non !

Ma voix déchire le silence. Je cours jusqu'à elle et appuie sur sa blessure. Je teste son pouls, inexistant. Les larmes coulent sans que je ne cherche à les faire disparaître. Elle est morte. Mes mains, couvertes de sang, tremblent.

Connor, munit d'une grande capuche, apparaît et me rejoint. Il s'arrête devant les gardes.

- Partez tant qu'il en est encore temps.

- Vous n'aurez pas le dernier mot, vous le savez, déclare Ackim faible après avoir été touché.

- C'est ce qu'on verra mais je vais vous dire une chose. Ses gens ne sont pas avec nous. Vous savez ce qu'il veulent. Vous trouver dans une telle position est une chance pour eux.

- Et laquelle ?, demande avec fierté Ackim, le visage caché sous le casque.

-Celle de vous tuer pour tout les morts que vous avez laisser derrière vous.

Assujetti, ils baissent leur armes et partent vers le Mur qui s'ouvre. Personne n'en sort. Etrange.

Conor repose son attention sur la foule et la regarde. Ses bras s'entrechoquent pour former la fameuse croix.

- Demain nous nous battrons ! Pour elle et tous les autres !

La population se concerte un instant avant de réutiliser les mêmes mots. Un chose est sûre, pour vaincre nous devrons nous allier avant de nous séparer.

C'est à ce moment que je comprends et que j'assimile la meilleure idée de tous les temps : nous sommes la voix d'aujourd'hui et l'écho de demain ... 

Hey,

D'après vous, qu'a compris Nick ?

Votre avis sur ce chapitre ?

La Bande Annonce est disponible sur YouTube et en médias (juste en haut).

N'hésitez pas à réagir tout le long de l'histoire, je répondrai avec plaisir.

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