15-Révolte

-14 Septembre 2061-

A table, nous mangeons à tour de rôle dans la casserole pour salir un minimum de vaisselle. 

Je commence à croire Snow quand il dit que son frère est le plus intelligent de tous. En peu de temps, Ayden a réussi à trouver comment faire marcher la télévision. Assis sur mon fauteuil, j'écoute sans vraiment regarder les images. Il ne passe pas une seconde sans que le journaliste, asiatique, aux cheveux d'un bleu électrique, ne commente les derniers évènements ou tensions à travers le monde.

En dix minutes, je ne retiens que le mot souffrance. Souffrance de la population, de la Terre et des soldats qui s'apprêtent, un peu partout, à livrer bataille. J'en viens même à me demander pourquoi aucune alarme n'a retenti quand le 6 a été bombardé.

Chose étonnante, il se lève du plateau pour s'approcher de la caméras, sans ses notes. Il inspire profondément avant de reprendre la parole :

- Vous voulez que la guerre s'arrête ? Alors écoutez bien, ne laissez pas les gouvernements et les présidents décider de votre avenir. Prenez-le en main, faite que votre existence permette de créer un monde meilleur. Certes, la Terre ne redeviendra jamais comme avant mais faite en sorte que nous retrouvons nos valeurs : notre liberté, notre égalité et notre fraternité, souligne-t-il. Détruisez le système, mettez fin à cet apocalypse qui approche ! A l'Implosion !

Ses bras se dressent, poings fermés, et se croisent au dessus de sa tête, haute. Il regarde la caméras sans ciller.

- Demain nous nous battrons, répète-t-il les même mots qu'Alix sur la place publique.

Ma peau est parcourue de frisson. Je ne connaissais pas ce journaliste avant ce soir et je savais encore moins qu'il était allié de l'Implosion.

Cette phrase, ces mots dessinent un espoir, l'espoir qu'attendent tous les français.

Ayden éteint tout de suite la télé qui le devance. Des soldats, sans masque, entre sur le plateau et attrape le présentateur qui ne se débat pas. L'écran passe à la publicité avant qu'on ne puisse en voir un peu plus.

De nos jours, il n'existe plus qu'une chaine de télévision, celle là, et je connais assez bien la population pour savoir qu'elle regarde les informations. En famille autour d'un téléviseur, entre amis, entre alliés ... Tout est possible et je sais déjà que demain, tout le monde, parlera de cette raclure.

Voir quelqu'un de l'Enceinte se rebeller était inimaginable avant aujourd'hui.

- Tu le connaissais ?, me demande Ayden.

Moi qui pensait que l'Implosion ne l'intéressait pas...

- Non mais ceux qui rejoigne l'Implosion peuvent être déclarés ou non. Certains acceptent nos, je m'arrête pour rectifier mon erreur, leurs idéaux sans pour autant se dire de l'Implosion. Je pense que pour le journaliste c'était le cas. Mais, le voir, aujourd'hui, me fait réaliser une chose. L'Implosion n'est plus un groupe ou un mouvement, il est devenu un courant, un signe de rébellion, un symbole universel pour tous ceux qui souhaitent se révolter.

- Que sont devenus les autres groupes ?

Je réfléchis un instant et me rappelle la lettre de Noa.

- Ils ont rejoins l'Implosion, je suppose.

Dans ses pupilles vertes, un éclair passe. De la joie ? De l'espoir ? Je n'arrive pas à discerner le sentiment qui le traverse derrière ses lunettes fêlés.

- On va aller dormir, annonce Ayden en prenant son frère à ses pieds. Bonne nuit.

- Bonne nuit.

Ils partent vers l'une des chambres.

Je passe la soirée à tergiverser sans réellement trouver le sommeil. Je m'assoupis un quart d'heure et me réveille le suivant. Je tourne les paroles du journaliste dans tous les sens à la recherche des répercussions positives qu'il pourrait y avoir. Je me demande si à l'intérieur de l'Enceinte les choses ont changé. Eux aussi ont pût voir "l'exécution" d'Alix et l'appel du journaliste. Les choses doivent commencer à bouger. Enfin, je l'espère car sinon nous ne pourrions rien tenter. Pardon, ils ne pourront rien tenter...

Il ne doit pas être plus de quatre heures du matin quand Snow fait irruption dans le salon. Il me regarde les yeux à demi-clos en se frottant celui de droite. Il est adorable.

- J'ai faim, y aurait quelque chose à manger ?

- Viens.

Je l'emmène dans la cuisine et lui passe un paquet de gâteaux trouvé sur l'une des étagères. Il le mange en silence.

En revenant dans le salon, alors que je pensais qu'il retournerait se coucher. Il me suit et prend place confortablement dans le fauteuil en cuir orange.

- C'est comment à l'intérieur du Mur ?, dit-il d'une voix endormie.

- Vaste et froid, sourié-je.

- Froid ?

- Là-bas tout est blanc comme la neige, les immeubles sont à perte de vu, les rues propres et les arbres absents.

- J'aimerais, un jour, voir cet endroit de mes yeux. Ici j'ai peur, les gens sont méchants et ne pensent qu'à se voler.

- Ce n'est pas mieux dans l'Enceinte, tu sais.

Je fais référence à la multitudes d'exécutions perpétrées par le gouvernement à cause de la censure et aux assassinats. La moindre personne déviante et tout de suite appelée Exilée et assassinée. A chaque fois, ces atrocités sont camouflées derrière un suicide.

- Tu penses qu'un jour on pourra vivre en paix ?

Sa question est si innocente qu'elle me brise le cœur. Je ne suis pas devin ...

- J'en sais trop rien. Le mieux, c'est de garder espoir et d'espérer que les choses s'améliorent. Le peuple gagnera, l'Implosion gagnera.

Je regrette ma dernière phrase. Mon départ si brutal m'empêche de faire une croix sur cette étape de ma vie. Snow est trop petit pour comprendre les enjeux de l'Implosion.

- Tu en faisais parti ?

- Oui, comment le sais-tu ?

Mon cœur s'arrête. Je prie pour qu'il n'est pas entendu notre discussion hier soir.

- Ton regard tout à l'heure quand on regardait la télévision et là tu viens d'y faire référence. Il était brillant et dévoué, ça crevait les yeux.

Le silence nous englobe un petit moment.

- J'aimerai tant que papa et maman soit là pour nous dire quoi faire ..., murmure Snow soudain triste.

- Que leur est-il arrivé ?

A cet instant précis, j'apprécierais me donner des claques pour mon manque de tact. Snow n'est qu'un enfant.

- L'Epidémie les a emporté.

Je revois les images qui avaient circulé dans l'Enceinte. La population avait pris peur que les Rejetés ne les contaminent.

- Ayden n'aime pas en parler, alors, ne lui dit rien.

- Pourquoi ?

Encore une fois, j'ai manqué de me taire.

- Il s'est fâché avec mon père quand il a commencé à tomber malade. Ayden lui a dit des mots qu'aujourd'hui il regrette. Il s'en veut de ne pas avoir profité de nos parents et encore plus de ne pas leur avoir dit pardon.

Mon ventre se tort. Je connais cette situation, j'ai fait à peu près la même faute avec mes parents. Eux comme moi devons demander des réponses et s'avouer la vérité.

Face à ces mots, je sais ce qu'il me reste à faire demain. Si je n'ai pas pu réparer les pots cassés avec Kevin, je pourrais peut-être le faire avec nos parents ...

Hey,

Le journaliste ? Le passé des deux frères ?

La suite Mercredi comme d'habitude vers 11h. La Bande Annonce est en médias.

N'hésitez pas à commenter mes chapitres, je répondrais avec plaisir.

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