𝟸𝟼. 𝐷𝑜𝑛'𝑡 𝐿𝑜𝑣𝑒 𝑀𝑒

Au fond de cette ruelle, il n'y avait plus que Jungkook et Jimin. Le soir tombait doucement, le soleil laissant sur les peaux bronzées des deux hommes un éclat de jaune et d'orange. Il y avait peu de vent, l'air lourd.

"Tu as changé."

Un sourire.

"Ça ne fait que quelques mois, pourtant.

– Ils étaient suffisants pour que tu grandisses, Jungkook.

– Pourquoi dis-tu tout cela alors que tu me détestes ?" demanda le garde en gardant un œil sur le vieillard à côté.

Jimin mit du temps à répondre, tellement de temps que le plus jeune crut qu'il n'en aurait pas.

"Je ne déteste pas."

Jungkook haussa les épaules et ramena son attention sur l'agresseur. Il tirait son bras pour le traîner sur le sol sans aucune pitié. Passant devant l'ancien Conseiller, aucune émotion sur son doux visage auparavant innocent. Oui, Jungkook semblait avoir changé, cela se voyait au premier regard. Il avait gagné en assurance et avait une mine plus détendue, moins détruite par son rôle de garde qu'il allait bientôt reprendre.

"Que fais-tu ici, Jimin ? Dois-je te rappeler que tu as été viré du Palais ? Si Taehyung t'aperçoit, il te tuera.

– Je ne suis pas là pour lui.

– Alors va faire tes affaires et ne reviens pas. Je ne veux pas avoir ta perte sur la conscience."

L'ancien Conseiller poussa un soupir et marcha au même rythme que Jungkook, non sans être curieux de l'homme inerte qu'il trimballait. Jimin grimaça en remarquant le sang qui coulait le long de son mollet, il n'y était pas allé de main morte. Depuis quand était-il aussi froid ? On aurait presque dit que le garde n'avait plus de cœur pour personne. Lui qui craignait faire souffrir les autres, lui qui avait un devoir auprès de la cour qui lui donnait la nausée, était finalement devenu ce que Kang-Dae recherchait à l'époque : un sans âme.

Pourtant, Jimin l'avait entendu parler avec cette petite fille, il avait vu la façon dont il se comportait. Sa manière d'agir avait changé dès qu'elle avait disparu. Étonnant de constater que les traumatismes de Jungkook ne l'avaient pas tétanisé.

Après quelques mètres, l'ancien Conseiller se cacha derrière un mur lorsque Jungkook trouva un garde et lui confia ce vieillard en mauvais état.

"Il a tenté de kidnapper une enfant. Faites-en ce que vous en souhaitez, mais je ne veux plus jamais le revoir dans ces rues.

– Et qui êtes-vous pour nous donner des ordres ?" questionna ce jeune garçon d'un air supérieur.

C'était sûrement un nouveau formé, sinon il l'aurait directement reconnu. Son visage n'était pas méconnu dans la Capitale, il était celui que tout le monde honorait après l'Empereur. Sa beauté ne laissait personne de marbre, ni les femmes ni les hommes qui ne pouvait nier que la nature lui avait tout offert sur un plateau d'argent. Taehyung avait promis de recruter d'autres protecteurs, et maintenant qu'il y réfléchissait, beaucoup de choses semblaient différentes. Les alentours paraissaient plus sécurisés, la garde renforcée, les armes plus nombreuses au sein de leurs tailles et de leurs cuisses : des épées, des dagues, des couteaux. Le plus jeune déglutit, ils étaient si équipés que le goût de la guerre lui revint dans la bouche comme un coup de réalité dans l'estomac. Rapidement, il se ressaisit, calmant les palpitations de son cœur qui avait repris une course effrénée sans qu'il ne puisse le contrôler. Il devait contenir les expressions de son visage, ne rien montrer pour ne pas faiblir, ne pas faillir.

"Jeon.

– Qui ?

– Jeon Jungkook . Alors je te prie de me parler sous un autre ton."

Le nouveau garde blêmit, et écarquilla les yeux. Le vouvoiement s'était aussitôt retiré de la conversation, sa voix ferme et grave avait laissé de marbre le jeune garçon ainsi que Jimin, toujours camouflé.

Immédiatement, il reprit ses esprits et se courba si bas que Jungkook se demanda s'il n'allait pas se briser le dos en deux.

"Veuillez m'excuser, Monsieur Jeon. Je viens d'arriver et ne connais pas encore tout le monde ici. Je n'étais pas de ce village, ma famille vit un peu plus loin et malgré que votre nom résonne entre tous les Royaumes, nous n'avons aucune autre information à votre sujet. Je ne savais pas à quoi vous ressembliez..."

Ses lèvres se retroussèrent. Rare était les fois où Jungkook avait un sentiment d'emprise sur quelqu'un et il se permit d'aimer ça, juste un instant. Le garde avait du pouvoir, même sans Taehyung à ses côtés, et c'était rassurant de voir qu'il n'était pas aussi invisible qu'il avait pu le penser il y a quatre mois.

"J'ai un profond respect pour vous et votre travail, Monsieur Jeon."

Une main sur l'épaule, Jungkook l'incita à se redresser.

"Occupe-toi de ce salopard et je dirai du bien sur ton cas à l'Empereur."

L'adolescent hocha frénétiquement la tête, et mit l'inconscient sur son dos pour mieux le porter.

"Pas de soucis, Monsieur Jeon. Je l'emmène de suite à mon supérieur. Il prendra une décision juste.

– N'hésitez pas à le tuer, à plusieurs même, s'il le faut."

Il déglutit et acquiesça vivement.

Au moment où il allait prendre congé, Jungkook l'interpella une dernière fois :

"Au fait, quel est ton nom ?"

Le jeune se retourna à demi, un léger sourire dessiné sur ses lèvres.

"Chan, Monsieur Jeon. Bhang Chan."

Et il partit sans plus attendre, libérant Jungkook du poids de l'agresseur qu'il avait juste envie d'égorger avec ses yeux. Derrière lui, l'ancien Conseiller s'était à présent rapproché au fil que l'autre s'éloignait. Sans un regard, le garde prit la parole.

"Depuis quand est-ce que tu me suis, Jimin? Personne ne savait que je rentrais aujourd'hui sauf Yuna et peut-être Minjee. Comment as-tu appris que j'étais là-bas ? Comment as-tu pu provoquer le destin de m'envoyer dans ce village ? Il y a tant de questions que j'aimerais te poser, et il en est sûrement de même pour toi. La route a été longue, ne veux-tu pas arrêter de jouer au gentil petit garçon et me dire clairement ce que tu as en tête ? J'ai conscience que tu n'es pas quelqu'un de mauvais, même si je persiste à croire que tu préfères te faire passer pour un enfoiré plutôt qu'énoncer tes véritables intentions. Quel est le but de tout ça ?

– Ne parlons pas de ce sujet ici, Jungkook ."

Rire jaune.

"Tu vois, c'est ce que je dis. Tu agis de sorte à reculer le moment, mais Jimin, je commence à te comprendre. Je crois savoir pourquoi tu veux protéger Taehyung, et je compatis à ta peine. J'ai été un aveugle durant toutes ces années, à espérer que l'amour tombe du ciel alors qu'il était juste dans la pièce à côté. Mais tout cela n'est qu'une illusion.

– Toi et moi nous sommes différents.

– Pas tant que ça. La seule chose qui nous sépare est que moi j'ai eu le courage de partir pour arrêter de ressentir. Taehyung a une âme qui rend fou, il n'y peut rien, il ne peut pas le contrôler, il ne s'en rend même pas compte. Il enchante les cœurs et tord les esprits, nous faisant espérer qu'enfin les sentiments sont partagés, mais il n'en est rien. L'amour, le vrai, Jimin, il n'existe pas.

– Tu supposes que je fais tout ça par amour, tu présumes que j'accomplis tous ces efforts pour vous sauver, toi et Taehyung ?"

Jungkook sourit et se tourna vers lui pour le fixer.

"Oui, je le crois. Sinon, quelles seraient tes motivations ?

– La paix.

– Ooh... et donc c'est ce mensonge que tu te dis chaque soir avant de t'endormir ?"

L'ancien Conseiller fronça les sourcils et effectua un pas en avant.

"Ce n'est pas parce que tu as eu le courage de partir, comme tu t'en vantes si bien, que tu ne ressens plus rien. Jungkook, tu te combles de pensées qui n'ont aucun sens entre elles.

– J'ai aimé quelqu'un d'autre là-bas."

Il pouffa.

"Tu ne me feras jamais avaler que toi et la jolie Yuna avez partagé des sentiments.

– On s'est chéri. C'était doux, beau, et diablement réconfortant.

– Et dénué de logique. Où est-elle maintenant, si tu l'aimes ? Tu l'as laissé dans ce village, toute seule, avec sa tristesse, et au final tu t'es à nouveau enfui en voyant qu'elle développait quelque chose de puissant envers toi. Tu n'es pas prêt à accepter que l'on t'aime, comment peux-tu oser parler de ce que tu as vécu de cette manière ? C'est dégradant pour elle.

– Je lui ai toujours certifié que je ne pourrais pas tomber amoureux d'elle. C'était de l'amour que je lui portais, mais c'était autre chose que ce que l'on en dit dans les livres. Celui-là n'existe pas.

– Il ne peut pas exister, car on est des hommes attirés par les hommes, voilà tout le problème et la tragédie de notre histoire.

– JE NE L'AIME PAS !"

Silence.

Une femme et son mari passaient à côté et se retournèrent au cri. À présent rouge de colère, Jungkook avait serré ses mains en poing, prêt à en découdre avec l'ancien Conseiller. Ce dernier soupira, lasse. L'état dans lequel le garde se mettait prouvait le contraire, il était juste trop absorbé par son devoir pour assumer.

"Il commence à se faire tard et c'est mauvais pour nous deux de rester dehors à cette heure-là. Va faire ce que tu avais planifié, Jungkook , je vais faire de même. Rejoins-moi demain soir à la sortie du village, alors je te dirais tout ce que je sais, tout ce que j'ai appris, tout ce que j'ai prévu. Essaye de te reposer, je n'ai pas envie que l'on s'entretue avant notre véritable date de mort. Je ne pensais pas que cette conversation prendrait ce tournant-ci, je ne suis ni déçu ni satisfait. Tu as beau avoir changé, il subsiste toujours une part qui te correspond et que tu n'arrives pas à te défaire.

– Laquelle ? répliqua-t-il sèchement.

– Tu comprends trop rapidement ce que les autres ressentent. C'est un don. Cesse de le voir comme une malédiction, apprends à en faire bon usage."

Sur ces paroles, Jimin ferma les yeux et se retourna pour partir. Le garde restait figé, il venait de mettre le doigt sur un fait que Jungkook avait perpétuellement essayé de camoufler. Tout le monde lui paraissait lisible comme un livre ouvert. Tous. Sauf un.

Un qui était insondable au point de le perturber. Jungkook ne pouvait comprendre les pensées de l'Empereur, ni même saisir le sens de ses sentiments. Un mélange de haine, de peur, peut-être de tendresse à l'aide des gestes, des regards terriblement expressifs. Si expressif que ça lui en donnait le tournis. Il y avait trop d'émotions à la fois, trop de palpitations et de tremblements précipités.

Et le plus jeune se maudissait de se poser toutes ces questions. Il était parti pour éteindre son cerveau, prendre du recul sur la situation qui devenait dangereuse pour lui. Dangereuse pour Taehyung. Il l'avait fait pour eux. Il n'avait pas fui, au contraire, il avait empoigné ses responsabilités. Jungkook était le garde du corps de son Empereur, de son sauveur, et avoir des doutes sur son rôle les mettaient tous les deux en péril. Il ne supportait pas que l'on puisse croire que c'était un lâche puisqu'il avait appris auprès de Yuna qu'il avait fait le bon choix. Ce n'était pas Jimin, celui pour qui il portait un mépris presque au même niveau que celui des Kim, qui allait lui retourner le cerveau avec ses paroles. Jimin était peut-être quelqu'un de bien, mais ça ne modifiait en rien ses agissements. Justifié ou non, un connard restait un connard.

Le garde secoua la tête et réajusta ses vêtements en passant ses mains par-dessus son haut. À travers la vitrine d'un commerce, il jeta un œil à son reflet pour remettre ses cheveux en ordre. Un soupir quitta ses lèvres, un de ceux remplis de stress, comme si ses poumons avaient la capacité de le rejeter grâce à l'oxygène évacué. Moyen de se convaincre de cette vérité, ou bien déni du cœur hurlant sans faire de bruit ?

En reprenant son chemin, Jungkook repassa devant le sentier où il avait aidé la petite fille. Il espérait qu'elle aille bien. Les enfants se devaient de rester innocents le plus longtemps possible. Personne ne méritait de grandir trop vite, il y avait par la suite un décalage entre l'âge et la maturité. Un trop grand décalage menant à une impression de vide. Âme détruite par la vie, sentence irrévocable. Si le destin était écrit, alors Jungkook aurait aimé brûler les parchemins sur lesquels le sien était inscrit. Pourquoi ne pas pouvoir contrôler ce que l'on souhaiterait vraiment vivre ? Un amour simple, par exemple. Un amour simple et partagé, réciproque, sans devoir se retrouver dans une impasse, une barrière bloquant la route. Une barrière se transformant en mur, un mur se changeant en trou noir, trou noir menant au néant. Le néant étant la mort. Aimer c'était la mort. Finalement, le garde était chanceux de ne jamais avoir pu le connaître, de n'avoir pu que le frôler, uniquement en ressentir l'illusion.

Jungkook se retrouva devant une allée, cette fameuse allée qu'il avait évitée pendant plus de quinze ans, y retrouvant la plupart de ses souvenirs. Il craignait de s'y replonger, d'y rester figé. De ne plus réussir à s'en sortir, comme un cercle dans lequel il était presque certain d'y tourner en boucle. La vérité était pourtant au bout de ce chemin de pierre. Enfin, il l'espérait.

Les mains dans les poches de son pantalon, le garde gardait un œil attentif sur ce qui l'entourait. Étrangement, il avait la sensation de n'avoir rien oublié. Des murs fragiles, mal isolés, laissant le froid envahir en hiver et la chaleur étouffer en été. Les cerisiers commençaient à germer pour le mois prochain. Bientôt les fleurs satureraient les rues de leurs couleurs menaçantes d'exploser. Jungkook avait grandi dans un endroit reculé du village, à l'abri des regards les plus curieux, où même les voisins les plus proches n'avaient pas le courage de s'aventurer. Ses parents étaient propriétaires d'une parcelle de terrain suffisamment large pour attiser la jalousie des autres, sans savoir que ces terres étaient un héritage. En soit, ce n'était en rien impressionnant, mais les espaces étaient comptés dans ces quartiers à proximité du Palais, et en avoir un plus vaste signifiait pouvoir mieux planter, mieux cultiver, mieux vendre, mieux vivre. Pour autant, il n'avait pas été un enfant pourri gâté, bien au contraire. Les économies étaient importantes, surtout pour son père. La moindre pièce était gardée, l'infime billet était caché. Au final, c'était une famille égale aux autres : la pauvreté était ce qui les définissait. L'unique différence était qu'ils mettaient le surplus de côté. Quand il n'était encore qu'un rejeton, Jungkook voyait ça comme de la prévention. Sa mère lui disait souvent : "Avec cet argent, nous pourrons t'assurer une éducation" sauf que vraisemblablement, ils n'avaient pas prévu de le renier, à ce moment-là.

Au fil de ses pas, le toit de sa maison apparaissait. Ce même toit qui l'avait protégé pendant quatre ans. À peine quatre ans. Jungkook sentait son cœur battre de plus en plus fort, de plus en plus vite, progressivement mortel. Ses mains tremblaient sûrement, à moins que ce ne soit son corps entier, mais il était bien trop angoissé pour s'en rendre compte. À l'intérieur de sa tête ça bourdonnait, ses pensées parlaient entre elles sans qu'il n'arrive à en saisir le sens, les mots allaient dans toutes les directions, aucune cohérence. Ses muscles étaient tendus, si contractés qu'il en souffrait. Son estomac était serré, une vive douleur le comprimait. Il avait l'impression de pouvoir s'évanouir à tout moment.

Le stress était le pire de tous. L'amour ce n'était rien à côté. Les blessures, la guerre, les autres malheurs du quotidien n'étaient rien comparés à la terreur, à celle qui déchire, à celle qui extermine. Seul sentiment qu'il ne pouvait réduire au silence. Il était bien trop puissant.

La ville s'assombrissait et les passants de moins en moins nombreux, surtout qu'au bout de cette allée se trouvait cette maison triste. Il pouvait à présent voir le jardin, celui où chaque premier septembre un lys tigré était planté à l'occasion de son anniversaire. Jungkook était heureux. Il avait toujours été un garçon heureux. Et il l'était encore plus lorsque ses parents lui offraient son gâteau préféré. Il ne pouvait y goûter qu'une fois par an, à cette occasion.

Un flash de souvenir lui revenait à la figure. Taehyung lui avait fait ce cadeau il n'y a pas si longtemps. Ce n'était pas pour marquer le coup, ce n'était pas pour fêter quelque chose de spécial, cela avait été dans l'unique but de faire plaisir, de redonner le sourire, de montrer encore une fois la tendresse.

L'amour.

Non !

Il n'y avait pas d'amour.

"S'il vous plaît, aimez-moi" mais maintenant il ne voulait plus de cela. Il se devait de rester seul pour ne pas blesser, pour ne pas faire de mal, pour protéger, pour parfaire son devoir jusqu'à ce que la mort décide de l'emporter. Tôt ou tard, même si tard serait le mieux. Jungkook n'avait pas forcément envie de vivre, mais mourir signifiait rompre le contrat, laisser l'Empereur à ses dépens, et malgré sa confiance envers Wooyoung, le garde se sentait plus serein lorsqu'il était à côté. Partir aussi longtemps avait autant été une vive douleur qu'un lourd soulagement. Un mal pour un bien. Probablement.

Dans sa tête ressassait les rires qui avaient pu faire écho entre ces murs. Il y en avait eu tellement. Et si peu de larmes, si peu de cris, si peu de haine. Pourquoi est-ce que tout avait changé du jour au lendemain ? Il n'avait jamais compris. Était-il prêt à éteindre son ignorance ? Pas vraiment, mais il le fallait, au risque de ne plus pouvoir avancer, au risque de rester éternellement bloqué dans le passé. Cela allait sans doute lui faire un choc, il avait peur de sa propre réaction. Que ferait-il s'il avait besoin de frapper ? De hurler ? De brûler sa souffrance ? Que ferait-il s'il avait envie de rester ? De renouer les liens ? De prendre sa mère dans ses bras ? D'humer son parfum ?

Jungkook dégluti violemment, abaissant ses épaules pour faire craquer sa nuque. Une migraine s'installait doucement au coin de ses tempes. Les vibrations de son cœur n'arrangeaient pas la situation, il les ressentait partout à l'intérieur de lui.

Le garde ouvrit le portillon et traversa le chemin de dalle pour accéder à l'entrée. Il n'y avait aucun bruit sauf celui de ses pas contre le sol et de son katana contre sa taille. Il était le seul à respirer ici, pourtant il avait la sensation d'étouffer au fil qu'il marchait. Comme si les flammes reprenaient le contrôle. Comme si un incendie se déclarait une nouvelle fois.

Devant la porte, il leva son poing prêt à le cogner contre le bois, mais il resta pendu à quelques centimètres de là. Il tremblait tant que ça commençait à l'inquiéter. Était-ce vraiment normal de réagir ainsi ? De se mettre dans un tel état ? Putain, il n'en savait rien. Il était perdu. Il était fatigué, il avait envie de se doucher, de se poser, de respirer décemment. De vite se débarrasser de cette tâche pour enfin rentrer. Revoir le sourire de Taehyung. Réentendre sa voix. Tout de cet homme lui manquait. Impossible de se l'avouer, Jungkook était un garde, un garde sans sentiment. Un garde. Juste un garde.

Un dernier soupir, une dernière expiration et au bout du compte, il toqua.

Une seconde.

Deux secondes.

Trois secondes.

Quatre secondes.

Cinq secondes.

Six secondes.

Sept-

Une lumière et une source chaude lui frôlèrent le visage avant qu'une voix sombre et grave interrompe ses pensées :

"Vous êtes perdu, mon garçon ?"

Une inspiration. La première depuis tout ce temps. Un frisson, également, jusqu'à ce que les deux regards se croisent, qu'une bouche s'entrouvre, que le son se brouille, que l'étonnement se transforme en choc, que le choc devienne un froncement de sourcil, que les pupilles se dilatent et que les yeux se plissent.

"J-Jungkook ?

– Bonsoir, père."

****
Hello !! Surprise ehe

Je pensais pas y arriver mais finalement j'ai réussi à le corriger à temps haha !

À partir du prochain on entame les chapitres récents (ceux que j'ai écrit en août). Trop hâte !!

J'ai changé le layout aussi !! Je prépare petit à petit l'arrivée de Évanescence haha.

Bisous ! <3

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