𝟸𝟶. 𝐻𝑒𝑟𝑒, 𝑊𝑒 𝐶𝑎𝑛 𝐷𝑜 𝑊𝘩𝑎𝑡𝑒𝑣𝑒𝑟 𝑊𝑒 𝑊𝑎𝑛𝑡
Hello !!
Nouveau chapitre.
J'espère que votre rentrée (études / travail) s'est bien passée <3
Bonne lecture !
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Il avait fallu trois jours.
Trois jours entre le réveil de Minjee et la sortie de son état léthargique.
Trois jours avant qu'elle ne mange à nouveau sans qu'on ne la force. Trois jours avant qu'elle ne recommence à parler, à regarder les autres dans les yeux et à prendre conscience qu'elle n'était pas seule dans une grande maison. Trois jours où elle n'avait cessé de fixer Jungkook de manière insistante.
Ça avait été long, et étrange. Jungkook avait eu le temps de désespérer, de réfléchir à la façon dont il allait devoir se présenter à ses parents quinze ans après. Il n'avait jamais ressenti un tel soulagement lorsqu'elle avait enfin osé prononcer quelques mots. Bien qu'elle ne détachait pas ses prunelles de lui, il en était tout de même rassuré. Yuna avait essayé de lui poser des questions de ce soir-là, voulant en savoir plus sur cet incendie. Au fond, elle espérait encore que ça ne soit qu'un accident ; tout serait alors plus simple. En tant que cheffe du village, il était de son devoir de trouver le responsable et de le punir. Malheureusement, la circonstance portait à croire qu'il ne s'agissait pas d'une simple bougie tombée au sol par mégarde... L'affaire aurait pu être clôturée rapidement dans le cas contraire. Le doute, cependant, persistait, et Minjee parlait de tout, sauf de cette nuit. Elle évitait le sujet, comme si rien ne s'était produit.
Était-elle sincèrement troublée ou faisait-elle semblant ? Après tout, peut-être qu'elle-même cachait quelque chose, ou bien quelqu'un. Que s'était-il vraiment passé avant que l'incendie ne se déclare, et surtout, pourquoi vouloir taire la vérité sur la situation ? Yuna lui avait demandé de la ménager, mais dans ses yeux brillaient une crainte. Ils partageaient le même avis. Le garde ne la connaissait pas, il se fiait seulement à son instinct qui ne le trompait que rarement. Yuna, elle, en revanche, était proche de la doyenne, et cet état indifférent ne correspondait pas à celle avec qui elle avait passé d'agréables moments.
Un soir, alors qu'ils avaient été obligés de prendre un jour de pause suite à une tempête de neige, Yuna voulut en discuter avec lui. Elle était inquiète, elle ne cessait de demander si la Minjee qu'elle avait jusqu'alors aimée reviendrait à un moment donné. Mais n'ayant pas les mots pour la réconforter, Jungkook s'excusa, éteignit la bougie et se glissa sous les draps, réchauffant leurs peaux glaciales et frissonnantes.
Son état de choc pourrait être la cause de son silence, cependant Jungkook ne pouvait s'empêcher de la surveiller et de rester sur la défensive. Il n'était plus au Palais, pourtant son katana restait accroché à sa taille comme une mauvaise habitude qu'il n'arrivait pas à se retirer. Depuis cet incident, l'impression d'être suivi et observé ne le quittait plus. Son esprit essayait sûrement de lui jouer des tours, mais grâce, ou à cause des flammes ayant emporté la maison, Jungkook portait à présent davantage attention sur ses pressentiments.
"Jungkook !"
Yuna criait du rez-de-chaussée, le précédent drame annulant l'effet de méfiance à son sujet.
Le lendemain, alors qu'il s'était rendormi quelques heures, puis réveillé brutalement face à un cauchemar, il avait senti une présence dans le lit. Paniqué, il s'était redressé avant de sentir un parfum féminin à côté de lui. Une légère note de fraise.
"Yuna... ? Mais qu'est-ce que vous faites là ?!"
La jeune femme, encore perdue dans son sommeil, marmonnait des mots incompréhensibles. Jungkook poussa un soupir en remettant le drap sur elle qui s'était légèrement retiré lorsqu'il avait bougé.
"Pourquoi ne pas directement avoir accepté quand je vous l'ai proposé... ? Chuchota-t-il.
– Parce que vous n'êtes pas lui, souffla-t-elle l'esprit balancé entre le conscient et l'inconscient.
Il avait ensuite attendu qu'elle ouvre les yeux pour lui offrir un premier sourire matinal, cette courte phrase encore en tête. Jungkook ne pouvait l'oublier, bien que Yuna ne se souvenait pas de l'avoir prononcé.
Gênée de s'être fait prendre dans le même lit, elle s'était tournée et lui avait ordonné de quitter la pièce sans dire un mot. Jungkook avait poussé un doux rire pour seule réponse.
Parfois, il se demandait si cela se remarquait, les faux sourires, les faux rires, son faux visage heureux. Il tentait de faire semblant, de montrer aux autres que tout allait bien. Mais au fond, rien n'allait. Il était stressé, cette situation l'angoissait au plus haut point. Même lorsqu'il s'efforçait de s'occuper l'esprit, le garde ne pouvait pas le bloquer éternellement. Taehyung y faisait interruption, les joues humides de larmes face à son départ. Peut-être qu'aucune perle salée n'avait été versée de sa part, peut-être même que tout cela était un soulagement pour lui... Y penser faisait mal, mais pour être honnête, son cœur s'y était habitué. Maintenant, il ne la ressentait presque plus, cette douleur. Jungkook ne savait pas quand il reviendrait. Dans son plan était prévu une date de départ, mais aucune date de retour.
Il était encore trop tôt pour y réfléchir.
Jungkook avait une mission en ces lieux : restaurer la maison de Minjee. Et également, en apprendre plus sur son hôtesse qui, elle aussi, camouflait bien des souffrances. Sa curiosité était mauvaise, il le savait, mais il ne pouvait faire autrement. Elle l'intriguait.
Il descendit pour la rejoindre, ne souhaitant pas crier à son tour. L'hiver lui donnait du fil à retordre, un mal de gorge s'était installé depuis son réveil alors son objectif de la matinée avait été de parler le moins possible, priant pour que cela passe tout seul. Malheureusement, ce n'était pas le cas, il avait même l'impression que c'était pire. Midi était passé, le soleil indiquait aux alentours de quinze heures et faisait fondre la neige qui était tombée toute la nuit. Bientôt, février allait pointer son nez, et Jungkook avait hâte que le printemps arrive. Cette saison le déprimait. Le froid était insoutenable, impression que les températures étaient encore plus basses que l'année précédente, sauf qu'il se faisait cette réflexion chaque année, alors il devait avoir tort.
"Oui ?" Souffla-t-il en s'éclaircissant la voix.
La jeune femme fronça les sourcils et croisa les bras sur son torse.
"Ne me dites pas que vous êtes tombé malade ?
– Non, ce n'est rien. Ça va passer, la rassura-t-il en frottant son cou avec sa main.
– Hm... J'espère, parce que nous avons plein de choses à faire. Ce n'est vraiment pas le moment de se reposer, nous avons déjà perdu du temps à cause de cette tempête. Habillez-vous chaudement, nous sortons.
– Où allons-nous ?"
Elle esquissa un sourire en balayant ses cheveux en arrière, retirant cet air inquiet et contrarié de son visage.
"Chasser."
♔
"Prenez cet arc, et ne faites pas de bruit." chuchota-t-elle, accroupie.
Jungkook commença à sentir le stress monter en lui. Il n'avait jamais tiré à l'arc, personne ne lui avait appris. Au Palais, des archers étaient prévus à cet effet, le jeune garde n'avait pour but que de protéger Taehyung ; une lame et des poings suffisaient. D'autant plus qu'il ne souhaitait guère que Yuna se moque de lui ou lui fasse une réflexion, il restait donc mué, cherchant un moyen d'improviser.
Non loin du village se tenait une forêt. D'après les dires de la jeune femme, elle servait principalement à récupérer du bois et de la nourriture. Les chevaux, n'arrivant pas à traverser les feuillages denses, patientaient à la lisière. Yuna avait jugé cela peu important, car possible de faire le chemin à pied - apparemment, il était aussi préférable d'être discret. L'hiver rendait la chasse difficile, les animaux se cachaient pour la plupart.
"Il y a des traces." Montra Yuna en tirant sur le bras du garde pour attirer son attention.
Il hocha la tête pour seule réponse. Crainte que son angoisse s'entende à travers les échos des arbres.
La cheffe, quant à elle, avait les yeux pétillants. Cet endroit était son terrain de jeu, elle le connaissait par cœur. Comme lui et le labyrinthe, sentimental et précieux souvenirs
"C'est un cerf, conclut-elle après trois courtes secondes à l'observer. On va contourner, je n'ai pas envie de l'effrayer."
Cela faisait maintenant une heure qu'ils faisaient le tour. Yuna était capable de s'aventurer ici les yeux fermés, ce qui le rassurait : au moins, ils n'étaient pas perdus.
En limitant le bruit de leurs pas, ils grimpèrent en haut d'une colline camouflée par de hautes herbes. L'air n'était pas si frais. Pour la première fois depuis novembre, l'extérieur était légèrement supportable. Le vent était calme et, si Jungkook avait pu éteindre ses pensées, alors seul le silence serait en train de s'exprimer.
"Il est là... souffla-t-elle en faisant un signe du menton à Jungkook. À toi, maintenant."
L'animal était en train de boire dans une fine flaque d'eau - l'autre partie étant entièrement gelée - tandis que l'espace autour était dégagé. Il était magnifique, majestueux. Ses pattes étaient enfoncées dans la neige, et suivaient son précédent traçage. Le cerf était seul.
Le garde déglutit. Tuer ou blesser des humains lui faisait moins peur que ça. Lui, il était innocent, contrairement aux hommes. Et plus encore, il n'avait jamais tenu un arc de sa vie. En regardant l'arme, il s'humidifia les lèvres et déclara dans un sourire :
"Honneur aux dames."
La chasseuse gloussa.
"Les hommes, vous êtes galants que quand ça vous arrange. Je prends ça pour de la lâcheté, mais très bien, Monsieur, honneur aux dames."
Elle prit une flèche déposée dans son carquois accroché à l'arrière de son dos, la glissa le long de l'arc, le bandit, se positionna, et en un soupir, elle tira. Le cerf tomba à la renverse en un coup visé à la poitrine.
Mort.
En une seconde, en une seule tentative, il était mort.
Et putain, Jungkook en avait perdu l'usage de la parole.
"Quoi ? Cela vous impressionne de voir une femme capable de combattre ? rit-elle moqueusement en voyant son air béat.
– Vous avez parfaitement visé.
– Mon père était un homme bien, il m'a beaucoup appris. Il disait souvent que nous étions les premières en danger dans ce monde et que nous devions savoir nous défendre en cas de besoin. La chasse a été une excuse auprès de ma mère pour me faire tenir un arc. Ce n'est pas très féminin de se battre...
– Si on part de ce principe, alors la féminité se résume à peu de chose. J'espère qu'un jour, toutes les femmes seront comme vous. Vous êtes un modèle."
Yuna se tourna vers lui, les joues rougies par le froid, ou bien par ses paroles.
"Je n'ai pas envie d'être un modèle. Je suis simplement moi-même. Je me fiche pas mal que mes habits, mon attitude ou mon langage ne ressemblent pas à ce que mon genre doit représenter. Ne trouvez-vous pas cela ridicule de devoir s'époumoner avec des corsets dans le seul but d'affiner notre taille ? Le corps d'une femme est précieux, personne n'a besoin de le torturer. Et encore moins pour plaire aux hommes qui n'ont d'yeux que pour ça."
Jungkook ne répliqua pas, il n'avait pas à débattre sur ce sujet qui ne le concernait pas.
"Allons récupérer notre dû, Jungkook. Je ne veux pas que ma flèche ait servi à rien."
Il acquiesça en se redressant, rassuré d'avoir pu éviter de tirer.
"Je vais vous apprendre à utiliser un arc, s'amusa-t-elle à nouveau. Honneur aux dames, avez-vous dit... Je n'avais jamais entendu une excuse pire que celle-ci.
– Je sais m'en servir !"
Elle le fixa un instant, soulevant un sourcil.
"Ah oui ? Alors prouvez-le-moi."
Yuna se mit debout, fit plusieurs pas pour s'écarter et indiqua de son doigt un arbre à quelques mètres.
"Vous voyez ce sapin là-bas ? Celui qui a la cerne en son centre ? Essayez de planter votre flèche à l'intérieur. Enfin, encore faudrait-il savoir comment insérer la flèche..."
Légèrement froissé dans son ego, Jungkook soupira dans un gloussement sans joie, et avec un élan de confiance, il crut possible de répondre à la demande de la cheffe. Il se positionna dans une de celles qu'il estima bonne, ignorant la jeune femme qui ne cessait de s'esclaffer dans son dos. Le garde prit une flèche, la mit au même endroit que Yuna avec le sien, banda, visa et... tira. Le bruit de la flèche tranchant le vent fut le seul à retentir.
Yuna ne put se retenir plus longtemps et explosa.
"Je sais m'en servir ! répéta la jeune femm, imitant sa voix. Où est votre flèche, Jungkook ? nargua-t-elle tout en faisant semblant de chercher. Je ne la vois pas... Ah siiiii !" Elle accourut pour se mettre à côté de l'arme maltraitée et s'esclaffa de plus belle.
La flèche était dans la neige, ayant à peine volé avant d'atterrir à l'opposé d'où elle devait se planter.
Des larmes coulaient de ses yeux pendant que Jungkook sentait la honte grimper en lui.
"Allez, ce n'est rien. Je suis sûre que d'autres gardes attitrés à l'Empereur ne savaient pas tenir un arc avant vous, ajouta-t-elle en lui tapotant l'épaule.
– Vous allez encore rire de moi encore longtemps ? S'offusqua-t-il.
– Oh, mon jeune garde, je ne ris pas de vous, je ris avec vous, mais vous êtes beaucoup trop ronchon pour vous en rendre compte. Allez, souriez ! Cela ne va pas vous tuer !"
En voyant son regard illuminé et les traits de son visage aussi rayonnants, Jungkook ne pouvait plus faire abstraction de la chaleur enserrant son cœur.
"Ici, on peut faire ce que l'on veut, Jungkook. Personne ne vous entendra. Personne ne vous verra."
Il aurait pu pleurer après ses mots. Sans même s'en rendre compte, Yuna venait de lui retirer un poids.
Ici, il pouvait faire ce qu'il voulait.
Le garde se passa une main dans les cheveux et se permit le temps d'un instant de sourire. Un vrai sourire.
"Vous voyez, vous êtes encore plus beau lorsque vous êtes heureux." Souffla-t-elle timidement, doucement. Aucun autre n'aurait pu saisir cette fine et agréable phrase. Celle-ci avait été murmurée et sera à jamais le secret caché de cette forêt. La verdure partielle et le blanc immaculé étaient dès lors dans la confidence.
Ils se contemplèrent longuement. Jungkook cligna des yeux. Yuna cligna des yeux. Le vent n'osait bouger, tout comme leurs respirations qui laissaient apparaître de la fumée de leurs bouches entrouvertes. Ils étaient suspendus dans le temps, perdus dans les images de cet après-midi qui, désespérément, allait un jour se terminer. L'envie était pourtant de le rendre éternel, de n'avoir qu'un début, jamais de fin.
Yuna se racla la gorge la première, secoua la tête et fit un signe au garde de l'aider avec le cerf, toujours mort en contrebas.
"Tirer à l'arc est un art. Je vous l'apprendrai avant que vous ne partiez" Lui promit-elle en s'éloignant.
Elle ignora Jungkook qui semblait encore plongé dans ses songes.
Des songes qu'il adorait avoir, car différents de ce qu'il avait jusqu'alors connu. Taehyung s'essoufflait pour laisser place à un nouveau visage qui, lui, ne le faisait aucunement souffrir.
Bien au contraire.
♔
Au grand désarroi de Yuna, Jungkook était tombé malade.
Il s'était réveillé dans la nuit, suffoquant et transpirant de fièvre. Son simple mal de gorge s'était aggravé en peu de temps, les inquiétant tous les deux. Une bougie à la main, elle s'était levée pour mettre un gant froid sur son front. Depuis, elle attendait. Elle attendait au bord de son propre lit qu'elle avait délaissé depuis presque une semaine. Yuna ne dormait plus qu'avec lui, s'en était devenu une habitude. Bien qu'au début, cette idée la dérangeait, elle devait avouer que c'était agréable de partager son sommeil avec une autre personne. Mais elle avait peur. Elle était même effrayée à l'idée que l'état de Jungkook puisse empirer. Ce n'était qu'une grippe, mais elle n'arrivait pas à s'empêcher d'angoisser à cette pensée. Les souvenirs de son mari ne voulaient plus quitter son esprit. Lui qui était si aimant, si attentionné, la jeune femme s'était retrouvée seule du jour au lendemain. La fièvre l'avait emporté avant que le médecin ne puisse intervenir. Vivre loin du Palais signifiait aussi vivre loin de toute aide, mais elle ne pouvait se résigner à quitter cette maison. Il y avait trop de vécu pour l'abandonner, et pourtant, elle commençait à regretter.
Et si Jungkook succombait lui aussi ?
Yuna secoua la tête pour retirer cette image. Elle ne devait pas paniquer, tout ira bien. Demain, il ira mieux.
Assise devant la baie vitrée, Minjee regardait la jeune femme faire les cent pas dans le salon.
"Te torturer n'arrangera pas la situation, Yuna.
– Je sais.
– Alors pourquoi est-ce que tu ne retournes pas à tes occupations ? Toi et moi savons pertinemment qu'une tonne de travail t'attend.
– Je ne pourrais pas me concentrer en sachant que le garde de l'Empereur est souffrant à l'étage. Imagine si Monsieur Kim l'apprend ?! Il me tuera, c'est sûr."
Minjee esquissa un sourire.
"Est-ce vraiment ça qui t'inquiète ou est-ce seulement une excuse ?
– Je n'ai juste pas envie d'avoir sa mort sur la conscience, haussa-t-elle les épaules.
– Tu es si jeune... Ne penses-tu pas que tu pourrais retrouver l'amour ?"
Yuna s'arrêta, l'air grave et vexée.
"Tais-toi.
– Son décès t'a profondément marqué, mais ça fait quatre ans... Yuna, il serait temps que tu fasses le deuil. Il ne reviendra pas, et tu sais que je peux comprendre ta douleur.
– Si c'était vraiment le cas, alors tu ne serais pas en train de juger la façon dont je dis adieu à mon mari.
– Ce n'est plus ton mari. S'il te plaît, ne gâche pas ta vie. J'ai toujours pensé que je ne pourrais pas me reconstruire après lui et je le regrette maintenant. Regarde-moi, je n'ai personne qui pleurera à mon enterrement. Je suis seule.
– Hyun sera toujours mon mari ! Pitié, arrête de parler... Je n'ai pas la force pour ça aujourd'hui.
– Je ne veux seulement pas que tu fasses les mêmes erreurs que moi.
– Merci du conseil, mais si j'en avais eu besoin, je serai directement venue te le demander. Je t'accueille, Minjee. Tu vis sous mon toit et si j'ai bon cœur, c'est bien parce que je te dois une faveur, mais n'oublie pas qu'ici, c'est moi qui décide, s'énerva-t-elle en ravalant les larmes qui avaient menacé de couler. Et ce n'est pas parce que tu es la doyenne et que je te dois le respect, que ça va m'empêcher de te virer de cette maison. Pleins d'autres habitants seraient certainement ravis de t'avoir parmi eux.
– Alors pourquoi ne pas le faire ?"
Ce fut au tour de Yuna de sourire.
"Parce que je pense que tu me caches quelque chose, et je ne te laisserais pas partir avant que tu m'ai tout avoué.
– De quoi est-ce que tu parles ?
– Ne feins pas l'innocente. Toi qui étais si bavarde et accueillante, te voilà refermée sur toi-même depuis l'incendie, s'avança la cheffe.
– J'ai tout perdu ! Peux-tu au moins comprendre cela ? Que ressentirais-tu si cette grange brûlait et tous tes souvenirs avec ?
– Toi, et moi savons très bien que tu n'avais que faire de ces murs. "L'histoire de cette maison me tourmente, si seulement un jour tout pouvait s'envoler, alors je serai heureuse d'avoir une véritable raison de quitter cet endroit et de retrouver les miens", n'est-ce pas ce que tu m'avais dit ?
– Non ! Se leva-t-elle brusquement malgré son âge.
– En es-tu certaine ? Je pourrais peut-être demander à Bae, il était avec nous, il me semble, lors de cet aveu.
– Je... C'était il y a longtemps ! Mon avis à changé depuis, n'ai-je pas le droit ?"
La jeune femme repoussa ses cheveux en arrière avant de les attacher avec l'élastique accroché à son poignet. Elle se racla la gorge une fois, cligna des yeux deux fois, et sortit de l'arrière de la poche de son pantalon une photo.
"Hyun disait souvent que j'étais quelqu'un de physionomiste. Il était persuadé que c'était un de mes talents cachés. Alors.... quel fut mon étonnement lorsque cette photo est tombée du sac de Jungkook quand je l'ai décalé contre le mur. Je cherchais simplement à avoir plus d'espace afin de m'occuper de lui de la meilleure des manières, mais Hyun racontait aussi que j'étais curieuse. C'était un de mes défauts, d'après lui, continua-t-elle nostalgiquement en tournant la photo afin que Minjee puisse la voir. Étonnant, donc, que Jungkook ait ce joli cliché familial entre ses mains, non ? Encore plus surprenant que tu y sois également."
Minjee était sans voix. Ses lèvres mimaient des mots, mais aucun son ne sortait.
"Effrayant, hm ? Tout n'a pas brûlé comme tu l'as imaginé. Jungkook est malade, il ne t'écoute pas, alors dis-moi. Dis-moi la vérité. Pourquoi cet incendie ? Et surtout qui il est, lui ?
Son teint était devenu blanc comme neige. Yuna avait le dessus sur la situation, elle contrôlait tout, l'avait prise de court, sans aucun moyen de défense. La doyenne ne pouvait plus nier, elle allait devoir tout avouer, expliquer les raisons qui l'ont poussé à sacrifier sa maison pour préserver ceux qu'elle aimait. Sans même le savoir, la cheffe venait tout juste d'appuyer sur un point sensible.
Jungkook s'était réveillé en entendant son prénom être soufflé en bas. Il avait alors prit le reste de ses forces pour se lever et tendre l'oreille au-dessus de la première marche des escaliers. La respiration rapide mais inaudible, il tentait de rester debout, conscient malgré la fatigue et la fièvre qui le rendait faible et lourd. Il devait obtenir les réponses aux questions qu'il se posait depuis que les flammes l'avaient poussé à risquer sa vie pour cette maison. Minjee ne lui aurait certainement rien dit, mais le garde savait qu'une relation de confiance était installée entre les deux femmes. Il ne connaissait pas encore la raison, peut-être même que Yuna ne lui expliquerait jamais, mais le fait qu'elles se tutoyaient le prouvait. Il n'avait besoin de rien d'autre, sauf des paroles de la vieille femme qui pourraient lui retirer cette angoisse tornitruante qu'il ne cessait de ressentir. Celle-là même qui commençait à le tuer de l'intérieur et qui l'empêchait de rejoindre Taehyung..
Après un moment qui parut une éternité, Minjee prononça les premières phonations qui marquèrent la fin d'une étape, et le début d'une autre. La voix rugueuse, presque timide et honteuse fut suivie d'une longue latence de compréhension...
"Jungkook est enfin rentré à la maison."
... puisque ses pensées venaient sincèrement de cesser toutes valses à l'intérieur de sa tête.
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J'espère que le chapitre vous a plu ^^
Comme expliqué, je vais enchaîner les publications à partir de maintenant :)
On se retrouve donc vendredi (ou samedi) prochain !
Prenez soin de vous d'ici là <3
Et n'oubliez pas que chaque chapitre nous rapproche un peu plus du début de Évanescence (je vais pleurer de joie, d'excitation et d'angoisse le jour-j).
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