𝟷𝟽. 𝑊𝘩𝑎𝑡 𝑊𝑒 𝑀𝑖𝑠𝑠 𝐼𝑠 𝑆𝑜𝑚𝑒𝑡𝑖𝑚𝑒𝑠 𝑊𝘩𝑎𝑡 𝐻𝑢𝑟𝑡𝑠 𝑈𝑠 𝑇𝘩𝑒 𝑀𝑜𝑠𝑡
Hello ! Chapitre pour fêter les 1 an de la fiction <3
Il est actuellement 1h du matin en Corée haha.
J'ai un petit message pour vous à la fin du chapitre, prenez le temps de le lire s'il vous plaît. ^^'
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Les sons lui paraissaient lointains, étouffés. Ses oreilles sifflaient en même temps qu'elles bourdonnaient. Les battements de son cœur résonnaient à l'intérieur de son crâne dans un fracas assourdissant. Lorsqu'il ouvrit les yeux faiblement, le paysage autour de lui était flou. Jungkook cligna de nombreuses fois, lentement, pour que sa vision s'adapte. Sa tête tanguait et il dut faire un effort sur-humain pour la maintenir droite.
"Il se réveille ! Préparez-vous !"
Il eut du mal à saisir le sens de ses paroles, encore dans les vapes de son étourdissement. Le jeune garde fronça ses sourcils de douleur en poussant un soupir, et soudain, il se rappela. Ses réflexes se mirent en marche à l'instant même où le souvenir de son attaque le foudroya. Ses pupilles s'ouvrirent violemment et il analysa rapidement l'endroit où il était. Jungkook tenta de bouger, de se relever, mais ses poignets et chevilles étaient attachés autour d'une corde. Son katana était dans les mains de cette femme qu'il avait aperçue juste avant d'être frappé. Cinq personnes étaient dans la pièce, dont quatre hommes.
"Qu'est-ce que... Souffla-t-il pendant que la probable cheffe du village s'approchait de lui. Elle posa sa main derrière la tête de Jungkook et tira sur ses mèches brunes pour lui relever le visage.
– J'espère que vous avez apprécié votre sieste, Monsieur, car maintenant c'est l'enfer qui vous attend. Dites-moi pour qui vous travaillez. Qu'est-ce que vous nous voulez ?
– Je... Rien ! S'agaça-t-il. Je suis Jeon Jungkook, le garde du corps de l'Empereur, Kim Taehyung. J'ai quitté le Palais et me baladais sur mon cheval sans réel but. Je suis ainsi tombé sur votre village ! Tout ceci est du hasard, je ne vous veux aucun mal. Seulement un ou deux jours de repos dans une chérissable famille. J'ai de l'argent, je peux vous payer !
– Vous voulez parler de... ça ?"
Elle tourna vivement la tête et fit un signe au premier homme, au loin, à sa droite. Il était habillé de vêtements larges, sales, presque déchiré. Ce dernier sortit d'un sac une pochette noire que Jungkook reconnut à l'instant même.
"Oui, exactement ça, souligna-t-il en fronçant les sourcils.
– Sauf que cet argent, Monsieur, n'est déjà plus en votre possession. Et comment pourrait-on vous croire, hm ? Vous pourriez être un voleur ! Personne ici n'a jamais vu le visage de ce fameux Jeon Jungkook. Et à mon humble avis, votre visage est beaucoup trop beau et parfait pour être celui d'un garde. Aucune blessure apparente à part cette cicatrice sur votre joue, c'est trop peu !"
Il poussa un soupir, ce qui ne plus pas à la femme qui tira plus fort sur ses cheveux.
"Écoutez, si j'étais en capacité de bouger je pourrais vous montrer ces cicatrices que vous recherchez tant. Alors, relâchez-moi, je vous prouve qui je suis réellement et ensuite, je partirais directement sans faire d'histoires, c'est une promesse. Je ne suis pas là pour causer du souci à qui que ce soit, je suis seulement à la conquête de ma propre existence, alors si vous pouvez me permettre de-
– Pourquoi seriez-vous partie aussi loin du Palais ? N'est-ce pas là votre devoir de protéger notre Empereur ? Que feriez-vous ici, bon Dieu ?!
– Je vous l'ai dit ! Je suis parti !
– Mais cela n'aurait aucun sens, clama un autre homme dont sa chevelure tombait sur ses épaules. Pourquoi quitter le Palais alors que vous avez tout ce que vous souhaitez là-bas ? Être le garde personnel du Dirigeant est un honneur que toute personne rêverait d'obtenir."
Si seulement ils savaient... pensa-t-il.
Si seulement il n'était pas amoureux de Taehyung, alors oui, il aurait pu continuer à le servir comme il l'avait toujours fait jusque-là. Mais ses sentiments les mettaient en danger tous les deux. Le Royaume également.
"Que fait-on de lui, Madame ? Allez-vous le laisser ici jusqu'à ce qu'il nous avoue ce qu'il cache ou bien allez-vous nous laisser nous occuper de lui ? Il le mériterait pour nous mentir sans aucun scrupule."
Jungkook vit la pression dans ses mèches se desserrer avant de disparaître totalement. Il se permit alors de détailler la cheffe rapidement, comme dans l'objectif de ne pas oublier son portrait. Ses cheveux étaient ondulés et châtains clairs, aux reflets roux, dont certaines mèches tirées en arrière étaient attachées à l'aide d'une pince, laissant toutefois retomber deux longues sur le devant de son visage. Ses yeux bruns brillants et froids sublimaient ses traits légers. Son visage était fin et une fossette sur la joue droite apparaissait lorsqu'elle réfléchissait. Aux rayons du soleil qui descendaient au fil des minutes et traversaient l'unique fenêtre de la pièce, le garde put admirer ses courbes parfaites sur son corps. Elle portait un corset marron et blanc aux manches longues en dentelle détaillées. Un lacet venait entourer sa poitrine. Mais ce qui laissa de marbre le plus jeune, fut le pantalon qu'elle portait.
C'était la première fois de sa vie qu'il voyait une femme habillée autrement qu'en robe ou jupe, et franchement, il trouvait ça horriblement attirant.
Elle dut voir la manière dont il la reluquait, et poussa un soupir en montant les yeux au ciel.
"Bah voyons, je ne vous gêne pas ?"
Il afficha un sourire en coin ce qui l'agaça encore plus.
"Mais pitié, assommez-le une nouvelle fois, je crois qu'il n'a pas totalement repris ses esprits. N'a-t-il donc jamais vu de femme avant moi ? Clama-t-elle en se tournant vers les hommes qui se mirent à rire.
– Je dois avouer, Chère Dame, que vous êtes bien la première que je vois avec autant de charisme et de pouvoir sur des êtres de mon genre. De plus, votre tenue est digne de masculinité, je suis donc agréablement surpris de croiser une personne comme vous sur mon chemin, dans un si petit village.
– Petit village que vous comptiez piller, Monsieur !
– Argh ! Mais arrêtez de croire cela ! Comment pourrais-je vous prouver ma bonne foi ? S'énerva Jungkook en balançant sa tête en arrière. Si j'étais réellement une personne violente, j'aurais déjà trouvé le moyen de m'échapper ou de vous blesser.
– Vous êtes attaché, vous n'auriez rien pu faire."
Il ferma les yeux, s'humidifia les lèvres, fronça les sourcils une seconde, puis deux, avant de pousser sa langue contre sa joue et de pousser un souffle.
La jeune femme le regardait, intriguée, tout en gardant une position d'attaque.
"Qu'est-ce que vous faites ?!
– Juste un instant... Et... Hop !" fredonna-t-il en finissant par éclater de rire face aux yeux exorbités de la cheffe.
Jungkook venait de se libérer de ses liens serrés sans faire un grand effort.
"Comment... Comment avez-vous fait ça ?! C'est mon père qui m'a appris à faire les nœuds, ils sont censés être impossible à défaire sans les couper !
– Ah... Il me semblait pourtant vous avoir dit qui j'étais, hm ? S'amusa Jungkook en frottant son menton. Il se pencha en avant, posant ses coudes sur ses genoux. Je suis le garde du corps de Taehyung, Madame. J'ai été entraîné pour pouvoir échapper à des situations comme celle-ci, alors vos nœuds soit disant parfait...."
Elle rougit, baissa sa garde, et Jungkook jubilait de ce retournement.
"Mais... vos jambes sont-
– Encore attachées ? Sourit-il en passant celle de gauche par-dessus la droite, reculant son buste contre le dossier de la chaise pour croiser les bras. Allons, ne faites pas cette tête, je suis sûr que vos liens étaient bien ! Seulement... pas assez pour moi."
Elle fronça les sourcils et tapa du pied en faisant les cent pas.
"Madame... ?" Souffla l'homme le plus âgé de la pièce, ses rides trahissaient les années écoulées.
Elle leva sa main pour lui indiquer de se taire, pendant que Jungkook s'étaient mis à refaire les lacets de ses chaussures.
"Garde du corps, donc ?"
Jungkook continuait sa tâche en lâchant un "hmh-hmh" pour approuver.
"Et l'Empereur sait que vous êtes ici ?
– Non, avoua-t-il maintenant debout, adossé contre le mur du fond.
– Pourquoi être parti ?"
Il haussa les épaules.
"Je vous l'ai déjà dit.
– Sauf que cette raison est idiote. Avez-vous perdu la raison, Monsieur Jeon ?! Quitter la Royauté pour venir quémander des vivres à des paysans comme nous qui peinons à nous nourrir et à nous chauffer en cet hiver ! Vos vêtements ne sont même pas assez chauds ! D'ici quelques semaines vous tomberez malade ou alors vous mourrez de faim et de froid.
– C'est un risque que je me devais de prendre.
– Vous avez fui ?!
– Je-
– En fait, vous n'êtes qu'un lâche ! Cria-t-elle en s'approchant de lui, comme si elle ne l'avait pas considéré comme une menace quelques minutes auparavant.
– Ce n'est pas ça...
– Si ! Regardez-vous, Monsieur Jeon ! Renifla-t-elle. Vous êtes là, perdu, entouré de personne ne faisant aucunement partie de vos rangs. Tout le monde aimerait être à votre place !
– Ce n'est pas ça ! Hurla Jungkook en la repoussant en arrière. Arrêtez de me parler comme si j'étais un enfant. Je n'aime pas ça.
– Et qu'aimez-vous, alors ? Les femmes ? Oh ça, je l'ai bien remarqué."
Jungkook secoua la tête et retourna s'asseoir de lui-même à sa chaise.
"Je partirais à l'aube. Laissez-moi juste dormir ici, même le sol me conviendrait. Je suis épuisé." Abandonna-t-il.
Un silence s'installa dans la pièce et la jeune femme se demanda si elle n'était pas allée trop loin, mais qu'importe ! Ce n'était pas de sa faute si ce garde se croyait supérieur aux autres et pouvait débarquer dans un village aussi éloigné du centre pour réclamer de la nourriture qu'il aurait pu avoir à volonté au Palais, et même un lit dans lequel il aurait pu se rouler dedans sans même tomber !
Elle jeta un œil aux quatre hommes qui haussèrent les épaules.
Wow... Quel soutien !
Pouvait-elle réellement lui faire confiance ? Et s'il avait menti ? Pourtant... elle avait envie de lui laisser sa chance. En voyant ses cernes sous ses yeux et ses cheveux en bataille qu'elle s'était permis de tirer, elle jura intérieurement sur sa personne pour sa trop bonne gentillesse.
"Vous pouvez disposer, messieurs. Merci pour votre aide. Venez, s'adressa-t-elle au garde en ouvrant la porte. Vous n'allez pas dormir ici."
Interdit, Jungkook mit du temps à réaliser, mais lorsque la femme poussa un râle, il se leva en la remerciant. Elle laissa tout le monde sortir et referma derrière elle à clef. Le froid fit frissonner le garde qui avait déjà de la neige mélangée à ses mèches brunes. Son manteau d'hiver le couvrait du froid malgré les températures négatives de la saison.
Un hennissement à côté de lui le fit sourire lorsqu'il fit quelques pas à l'extérieur.
"Prenez votre cheval."
Respectant sa demande, Jungkook récupéra sa monture qui avait été attachée au poteau de la maison. Il en profita pour lui caresser la tête pour le rassurer de sa longue absence. Une nouvelle journée s'était passée. Il avait dû rester inconscient plusieurs heures. Une pensée fugace le traversa, son cerveau imaginant Taehyung dansant avec son épouse dans son salon lui serra le cœur. Et si son départ avait finalement été une bénédiction pour l'Empereur... ?
"Cessez de rêvasser et grimpez sur votre monture. Nous avons un peu de route.
– Je ne sais même pas quel est votre prénom, clama-t-il, soudain curieux.
– En quoi cela vous intéresse ?
– Hum... (Jungkook monta sur son cheval et avança lentement pour se mettre à côté d'elle. Le sien était gris, tacheté de noir. Il semblait plus jeune que le sien.) Eh bien, cela me permettrait au moins de vous appeler.
– Êtes-vous toujours aussi entreprenant avec les femmes ? Je n'aime pas les hommes qui font la cours sous prétexte que je suis de leur goût physiquement.
– Vous me voyez donc comme un coureur de jupon, conclut-il.
– N'est-ce pas ce que vous êtes ?
– Mes sentiments sont déjà pris pour quelqu'un.
– Oh ? Serait-ce pour cette raison que vous avez quitté le Palais ?" Déduisit-elle en accélérant le trot.
Jungkook se mit à angoisser. Venait-elle de-
"Je suppose que cette femme à de la chance, lui sourit-elle lorsque le garde revint à ses côtés. Je me suis peut-être trompé sur vous. C'est courageux de tout abandonner par amour. Je ne connais pas votre histoire, Monsieur Jeon, et peut-être n'aurais-je jamais l'occasion de l'entendre, mais j'espère que vous pourrez trouver ce que vous recherchez, ici."
Il relâcha un souffle qu'il ne s'était même pas rendu compte retenir.
"Yuna."
Jungkook la regarda, penchant la tête sur le côté. Les cheveux de la cheffe du village s'envolaient au vent. Il remarqua seulement maintenant qu'elle chevauchait le cheval au lieu d'être assise sur le côté comme les autres filles.
"C'est mon prénom, continua-t-elle de lui sourire. Je m'appelle Yuna.
– Moi c'est Jungkook."
Elle rit.
"Je sais, Jungkook. Vous me l'avez déjà dit. Avez-vous déjà oublié ?"
♔
La nuit était tombée et l'ombre d'une grange apparut devant les yeux du plus jeune. Il ne devrait pas, mais il était tout de même heureux de savoir qu'il dormirait dans un endroit chaud ce soir-là. Il était reconnaissant envers Yuna qui semblait bien plus amicale que quelques heures auparavant.
Jungkook repensait à sa bourse que l'homme ne lui avait pas rendue et se demandait comment il allait pouvoir continuer son périple sans le moindre argent. Il n'en était qu'au début, il ne pouvait pas s'arrêter là ni faire demi-tour. C'était hors de question qu'il reste plus de trois jours dans ce village et profiter de la - soudaine - générosité de la cheffe. Il ne savait pas s'il était réellement le bienvenu, malgré le changement de comportement de cette dernière. Il devait rester sur ses gardes, au cas où la situation déraperai dans le sens contraire de ce qu'il s'imaginait à l'origine.
"Vous pouvez mettre votre cheval à côté du mien. Ils seront au chaud dans l'écurie."
Jungkook hocha la tête, descendit de sa monture pour suivre à pied Yuna et l'attacha à une pilier à l'intérieur d'un box qu'elle lui avait ouvert en passant.
"Ils ont de l'eau et de quoi se nourrir. Demain, ils seront tous les deux en forme pour repartir vers le village.
– Vous vivez loin de la civilisation.
– Oui et non. Cela dépend du point de vue de chacun. Cet endroit appartenait à ma mère qui appartenait à son père avant elle. Cette grange est une longue histoire familiale. Il y a quelques voisins à proximité, elle n'est pas perdue au beau milieu de nulle part."
Elle marqua un temps de pause avant de reprendre.
"Je ne vais pas vous tuer dans votre sommeil, ne vous inquiétez pas.
– Je ne m'inquiète pas.
– Pourtant, vous semblez tendu, s'amusa-t-elle, et Jungkook plissa ses yeux. Je plaisante ! Ne faites pas cette tête. Suivez-moi. Je suppose que vous avez faim."
Le garde récupéra son sac accroché à son cheval, et marcha sur ses pas jusque dans l'entrebâillement d'une porte. Elle donnait directement accès à l'intérieur d'une jolie pièce, éclairée par des cierges que Yuna était en train d'allumer. De la peinture blanche était sur les murs, décorés par des tableaux de natures mortes de toutes tailles. La tête d'un cerf empaillé était également accrochée au fond. Son attention fut attirée par ce grand séjour, spacieux, bien trop grand, d'ailleurs, pour une seule personne. Des coussins étaient mis au sol, face une table basse et une baie vitrée. C'était plutôt féminin avec des plantes en pot à chaque recoin, parfois même sur les murs. Jungkook s'y sentait bien.
"Retirez vos chaussures. La cuisine est là-bas, venez."
Yuna sortit une allumette, la racla contre la boîte et alluma une mèche de bougies et le plus jeune reprit sa route après avoir suivi sa requête, plaçant ses chaussures contre le mur. Il remarqua que des poutres de bois soutenaient le plafond et le sol n'était que du parquet. Ça lui changeait du Palais où tout était blanc, marbre et or. Cette couleur marron le rassurait tout autant que le bruit du parquet qui grinçait sous ses pas.
"Je n'ai pas grand-chose à vous proposer. L'hiver est rude."
Elle sortit tout de même du riz, des légumes, des épices et un morceau de viande déjà cuit de plusieurs placards. La cuisine était également dans cette ambiance que Jungkook appréciait tant. Une odeur de fraise parcourant la pièce malgré le fait que cela ne soit pas la saison.
"Cela sera amplement suffisant. Votre hospitalité est déjà beaucoup pour moi.
– Étonnant, ajouta-t-elle en souriant et en haussant un sourcil.
– Étonnant ?
– Nous ne faisons pas partie du même rang, vous et moi, expliqua Yuna tout en sortant des baguettes, des contenants et un verre qu'elle remplit d'eau, c'est déjà une chance pour nous d'avoir des robinets et de l'eau courante. Vous pourriez aller n'importe où, jusqu'à loger chez des nobles. Ils auraient été ravis de vous accueillir. Alors pourquoi venir aussi loin ? Nous n'avons même pas d'électricité."
Elle ajusta les ingrédients dans l'assiette de bois, mélangea, et Jungkook se rendit compte qu'il aurait été incapable de faire cela lui-même, n'ayant jamais cuisiné de sa vie. Son air surpris le trahit, et elle ricana.
"Vous voyez, c'est ce que je disais, nous ne-.
– J'aimerais apprendre."
Ses gestes s'arrêtèrent et sa joie disparut. Après une seconde, elle reprit, ne prononça plus un mot jusqu'à ce qu'elle dépose le repas de Jungkook devant lui.
"Vous ne pouvez pas, Jungkook. Mangez ceci, je vous montrerai ensuite l'endroit où vous dormirez et demain, à l'aube, vous repartirez.
– Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?"
Le changement d'attitude de son hôtesse l'inquiéta et un sentiment d'oppression lui enserra le cœur.
"Mangez."
Et elle quitta la pièce, faisant flotter ses cheveux qui bouclaient magnifiquement bien sur elle. L'odeur de fraise disparue, Jungkook se sentit étrangement vide et seul. Il prit les baguettes entre ses deux doigts, goutta la nourriture et cru mourir d'extase dès la première bouchée. C'était excellent, vraiment excellent. Cela lui changeait de tous ses plats surfaits qui, au final, n'auraient pas pu être comparables avec celui qu'il était en train de savourer.
Jungkook mangea lentement, posant son sac au sol. Il voulait apprécier ce repas, sachant pertinemment que demain, il n'aurait pas la chance d'en avoir un deuxième. Une quinzaine de minutes plus tard, le plat terminé, il reposa l'assiette sur le meuble, mais en voyant aucunement Yuna revenir, il fit la vaisselle pour la soulager de cette tâche, s'essuya les mains, reprit ses affaires et se balada dans l'habitation pour la trouver. Le jeune garde regardait le moindre détail de la maison. Des portraits de famille étaient accrochés au mur du couloir qui donnait sur différentes pièces. Jungkook s'arrêta devant l'un d'entre eux, interpellé.
Il arrivait parfaitement à reconnaître Yuna, souriante, et plus jeune d'un an ou deux. Ses cheveux, eux, étaient encore les mêmes : magnifique. À côté d'elle, une main posée autour de sa taille, un homme habillé d'un costume élégant et bleu semblait être plus qu'un proche familial. Jungkook ne saurait comment l'expliquer, mais sur cette photo, il avait le sentiment de voir un jeune couple amoureux, prêt à se marier. Et le détail de la robe blanche de Yuna confirma ses pensées.
Au même moment, il entendit des pas derrière lui et une porte s'ouvrir. Il se retourna.
"Je vais vous montrer votre chambre, dit-elle en fermant le battant de la pièce d'où elle était sortie et en relevant le visage pour regarder le portrait que Jungkook était en train d'analyser.
– Votre repas était excellent." Complimenta Jungkook pour camoufler son malaise.
Encore aurait-il fallu que la cheffe du village lui réponde, chose qu'elle ne fit pas, alors il se racla la gorge et se contenta de la suivre dans le silence.
Ils prirent des escaliers pour rejoindre l'étage. Les marches craquaient sous leurs chaussettes, Jungkook adorait ce bruit. Le bois était sûrement bien plus vivant que lui ne le serait jamais. C'était.... oui, légèrement déprimant, mais au fond, ça le rassurait d'être dans un espace qui respirait. Pour une fois, il ne sentait pas étouffer. La grange était pourtant bien plus petite que le Palais et les murs plus étroits, sauf que l'air était plus chaud, plus rassurant, plus réconfortant. Et cette odeur de fraise, lorsque Yuna était dans les parages, le rendait accro à cette atmosphère.
Une fois en haut, Jungkook se rendit compte à quel point tout était si bien structuré. L'architecture était telle que chaque mètre carré était utilisé à bon escient. La grande pièce qui l'avait accueilli l'avait pris de court. Aménagé d'une salle d'eau et d'une chambre où un lit double était déposé au fond de la pièce, un bureau à l'opposé était partiellement recouvert de vieux livres entassés et poussiéreux.
"C'est une des seules pièces ayant un lit. Je l'ai récupéré chez un voisin décédé il y a quelques années. Sa fille a vendu la maison et j'ai donc récupéré quelques affaires. Pour être honnête, je monte rarement ici, alors désolé pour le bazar."
Jungkook trouvait cependant que c'était plutôt rangé, seule la poussière et les traces de saletés sûrement liés à l'humidité sur les meubles et le miroir en face du lit pouvait être ce que Yuna appelait de "bazar", mais en aucun cas il ne s'en formalisa. Il était bien trop heureux de pouvoir dormir au chaud, dans un lit, et de pouvoir prendre une douche.
"Je vous ai mis du savon lorsque vous mangiez. Et..."
Elle hésita. Jungkook crut même durant un instant voir ses joues se teindre d'un joli rose. Cela devait être la fatigue qui le faisait délirer, c'était la seule possibilité.
"J'ai déposé sur le rebord du lavabo des vêtements. Vous en avez sûrement de rechange, mais je me suis dit que ça pourrait tout de même être utile. Ils sont propres, et je pense qu'ils vous y iront. Mon mari avait presque la même morphologie que la vôtre."
Son mari... ?
Ses lèvres se retroussèrent, probablement nostalgique.
"Je vous laisse. Si vous avez un problème, appelez-moi, ou toquez à ma porte. C'est celle devant le fameux tableau que vous regardiez.
– Merci. Sincèrement.
– Ce n'est rien, mais demain vous devrez repartir.
– Je sais."
Ils passèrent quelques instants à se fixer, sans dire un mot. Puis sentant un sentiment bizarre prendre place, Jungkook coupa court.
"Bonne nuit, Yuna.
– Bonne nuit, Jungkook" Répondit-t-elle après une dizaine secondes.
Il rabattit la simple porte de bois derrière elle. L'obscurité l'accueillit. Les simples bougies posées sur les différents meubles tamisaient la pièce. Les rideaux de l'unique fenêtre cachaient la vue de la possible nuit étoilée. Jungkook ne s'en formalisa pas ce soir, préférant poser ses affaires contre le pied du lit et se diriger vers la salle de bain attenante. Comme l'avait dit Yuna, des vêtements avaient été déposés sur le rebord de la baignoire. C'était un style totalement différent du sien. Le pantalon était large, à carreaux, d'une couleur beige. Une chemise était pliée par-dessus, marron, fluide, suffisamment épaisse pour couvrir du froid hivernal. Une paire de chaussettes polaire était mise sur le haut de la pile ainsi que des pantoufles. Le sol était froid, et il était vrai que Jungkook sentait que ses orteils étaient presque tétanisés par cette sensation.
Touché par cette attention, il fit demi-tour pour récupérer un dessous propre de son sac, prendre quelques affaires de toilettes personnelles et retirer ses vêtements qu'il jeta sans faire attention sur la couverture du lit. Le jeune garde prit sa douche dans le calme, ses pensées se baladaient en même temps que l'eau tombant à ses pieds. Il pensait à Taehyung, à ce qu'il pouvait faire actuellement, à quel livre il pouvait être en train de lire, à quelle tenue il était en train de porter. Son cœur s'était mis à battre plus fortement dans sa poitrine, et Jungkook comprit alors une chose.
L'amour ne pouvait pas se semer.
Peu importe la distance qu'il prendrait, peu importe le lieu où il irait, son amour ne pourrait pas s'éloigner.
La pluie s'écroulait sur sa peau, tout comme des larmes roulaient une nouvelle fois sur ses joues. Ses sanglots s'étouffaient parmi le bruit de la pièce et la solitude s'entoura autour de lui pour le réconforter.
Sa promesse avait déjà été brisée, puisque pour guérir, il était d'abord nécessaire d'accepter la peine. L'accueillir les bras ouverts afin de mieux la laisser se dissiper par la suite.
La route allait être longue. Jungkook le savait.
Alors il décida de ne plus jurer une chose qu'il ne pouvait tenir, et s'autorisa à s'effondrer au sol, une main sur sa bouche, l'autre dans ses cheveux, afin d'exprimer toute la souffrance qu'il avait pourtant voulu ignorer. C'était silencieux et si bruyant en même temps, car tout était interne. Les cris n'arrivaient pas encore à sortir de sa gorge enserrée, comme une corde qui se raccourcissait au fil du temps. Comme un pendu qui se rapprochait du vide.
Le vide de l'ignorance, éternelle comme toujours.
Méprisable et destructrice, semblable à un amour impossible et non partagé. Bien que les deux n'avaient rien de commun ; ils avaient des goûts différents dans la bouche, facilement reconnaissables dans l'âme.
Incompréhensible et irrépressible.
Fascinant et meurtrier.
À force de vouloir toucher au feu, on termine brûlé. Totalement bousillé par la chaleur ardente qui s'en dégage. Désirable envie de s'y frotter pour tester les limites, jusqu'à ce que cette limite qui nous échappe finisse par devenir ce qui nous fait le plus de mal.
À jamais des cicatrices incendiaires.
**
Fin du chapitre ehe.
J'espère qu'il est à la hauteur de vos attentes !!
Du coup, petit message puisque je doute sérieusement de moi et du travail que je fournis pour l'écriture. J'ai la sensation que c'est médiocre et que c'est pour cette raison-là que j'ai perdu la moitié de mes lecteurs/lectrices. Peut-être qu'il y a d'autres raisons, mais c'est impossible pour moi de ne pas penser que c'est de ma faute.
Alors j'aimerais avoir des avis honnêtes : est-ce que j'ai réellement ma place sur wattpad ? Est-ce que je vous ai déçu ? Est-ce quelque chose ne va pas dans l'histoire ?
Je suis encore débutante et il est important de savoir ce qui est mauvais pour s'améliorer. Et certes, les vues ça ne veut rien dire et tout ça, mais ça permet de savoir où on en est dans notre travail. C'est gratifiant. Surtout en tant que petit écrivain.
Après un an et demi d'écriture pour Imperial Chains et après un an depuis la publication du premier chapitre, je suis toujours aussi perdue...
Voilà !! J'avais juste besoin d'un peu de clarté <3
Le prochain chapitre ne sortira que début août... Je n'ai pas d'ordinateur avant cette date :( Désolée pour l'attente. Vraiment.
Et j'espère que la suite de l'histoire plaira à ceux qui sont encore ici. Merci pour tout.
Mes histoires vivent grâce à vous. Et à travers vous.
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