CHAPITRE 10 : La chaîne
Aélig sourit.
— Je ne suis pas contre l'idée, se moqua-t-elle à voix basse. Mais ce n'est pas vraiment le moment. En plus, t'as entendu ce que vient de dire le monsieur...
Auster la dévisagea d'un sérieux durant quelques secondes. Elle se retint d'éclater de rire.
— Rien à voir, fais-moi confiance, expliqua-t-il d'un ton déterminé.
Peu convaincue, la jeune femme croisa les bras en haussant des sourcils.
— Les baleines, elles sont bien en acier ? poursuivit-il en chuchotant.
De plus en plus perplexe, elle tâta néanmoins le bas de sa poitrine pour s'en assurer.
— Oui, confirma-t-elle. Mais...
— Et bien, enlève-le.
Grimaçant d'incompréhension, Aélig céda, se tordant en arrière afin de dégrafer le sous-vêtement.
Elle se tortilla ensuite pour libérer ses bras des bretelles, faisant glisser le soutien-gorge par la manche de son sweat avant de le balancer sur les genoux de son compagnon de cellule d'un geste agacé.
— Ça ne s'arrange pas, tes délires bizarres, commenta-t-elle en rajustant son pullover.
Auster pinça la bouche sans répondre.
Le voyant triturer vigoureusement la pièce de lingerie, Aélig hocha la tête de désolation.
— J'ai un plan, d'accord ? dit-il en réussissant enfin à craquer une couture à force de tirer dessus.
— Éclaire-moi, alors, exigea la jeune femme. Parce que ça a l'air à la fois pourri et passionnant.
Il se contenta de lui montrer l'armature en acier entourée de plastique qu'il avait extrait du tissu.
Aélig soupira.
— D'accord, tu viens de bousiller un soutif qui m'a coûté un bras, constata-t-elle. Mais encore ?
Pour la première fois, il eut un sourire.
— Tu aurais fait un très mauvais commando, tu sais, dit-il en se redressant.
Elle ne bougea pas, devinant plus ou moins ce qu'il avait en tête, et elle se rendit compte que cela ne lui plaisait pas du tout.
— Sans vouloir t'offenser, prononça-t-elle alors qu'Auster examinait attentivement les rations disposées sur la table vissée au sol. Mais pour moi, ça ressemble au plan d'évasion le plus nul de l'histoire humaine.
— Je ne vais pas laisser mon patron entre les pattes de cette connasse, se justifia-t-il avec une colère réprimée. Et ton père approuverait.
— Mon père approuve toutes les choses dangereuses et mortelles qui existent tant qu'il n'a pas à y participer directement, rétorqua-t-elle en se levant à son tour.
Auster avait ouvert un petit paquet beige pour en humer le contenu, incapable de lire le russe dans lequel était rédigée l'étiquette.
— Beurre de cacahuète, diagnostiqua-t-il avec satisfaction. Parfait.
— Dans quel monde ce truc est parfait ? s'étonna Aélig.
— C'est parfait pour graisser les gonds, je veux dire, ajouta-t-il en s'en mettant plein les doigts. Ça évitera qu'ils nous trahissent.
— Seigneur, lâcha-t-elle en le voyant s'accroupir près de la porte. C'est qu'il est sérieux, en plus.
— Il n'y a personne dans les environs, prononça Auster en s'efforçant d'enduire les chevilles de la porte avec la matière marronasse.
Il en élimina l'excès sur ses mains en le léchant, grimaçant de dégoût.
Elle leva les yeux au ciel.
— J'espère que t'es pas allergique, dit-elle.
— Ils n'avaient pas prévu tout ça, reprit-il, ignorant ses remarques sardoniques. Ou ils croient peut-être qu'on est du genre à rester sagement dans notre coin sans rien tenter.
— Ou alors, ils n'avaient tout simplement pas envisagé que quelqu'un soit assez barge pour essayer de s'échapper avec une baleine de soutif et du putain de beurre d'arachide, qui sait, supposa Aélig en s'approchant.
Se collant aux barreaux glacés, elle guetta le moindre mouvement à l'extérieur.
Tout était calme. Cela devait être la nuit.
— Forces spéciales, madame, commenta Auster en se redressant, armé de la mince tige recourbée.
— Ah bah pour être spéciales, elles le sont foutrement, prononça Aélig, plus impressionnée qu'elle ne le laissait paraître. Moi qui croyais bêtement qu'on vous apprenait juste à tuer de toutes les manières possibles et imaginables.
— Pas que, répondit Auster dans un murmure tout en essayant de passer une main entre les barres de métal. Déjà entendu parler du stage SERE ?
— Jamais.
— Je t'expliquerais un jour.
Sa main se coinça au niveau du poignet. L'espace entre les barreaux était vraiment étroit.
— Merde, lâcha-t-il, ennuyé et retirant ses phalanges. Je peux pas atteindre le cadenas.
— Donne, se décida Aélig. Tu me diras quoi faire.
Presque à contre-cœur, Auster lui remit la baleine.
Comme elle avait l'ossature légèrement plus fine, elle parvint sans problèmes à glisser son bras jusqu'au lourd cadenas, se serrant inconfortablement contre le mur d'acier glacé.
— C'est une serrure assez basique, lui murmura-t-il. Cherche un point de résistance vers le fond.
Le poignet tordu dans une position peu naturelle et très désagréable, Aélig s'escrima du mieux qu'elle le pouvait.
— Je l'ai, souffla-t-elle au bout d'un court instant.
— D'accord, ça doit être l'unique piston, répondit Auster. Il faut le pousser vers le haut.
Glissant sa deuxième main en dessous du mécanisme pour le stabiliser, elle parvint enfin à le déverrouiller avec un soupir de triomphe.
Sentant Auster tirer doucement sur la chaîne pour la faire glisser vers lui, elle maintint la serrure de toutes ses forces, prise de panique à l'idée de la voir basculer pour se heurter au sol ; un son qui rameuterait leurs gardes à coup sûr, si toutefois il y en avait aux environs.
La dernière portion de la corde en maille se faufila à l'intérieur, tractée par Auster.
Se baissant, Aélig déposa lentement le cadenas ouvert sur le sol. Elle en avait mal aux doigts, un fourmillement électrique les parcourant tandis qu'elle les dépliait et les repliait en se relevant. Y appuyant ses deux paumes, Auster poussa la porte avec mille précautions.
La grille racla légèrement contre le montant avec un crissement mat, mais les gonds gardèrent le silence.
Elle crut rêver en le voyant se glisser dans le mince interstice ainsi créé, la respiration rendue courte par un soudain afflux d'adrénaline.
Ils avaient réussi.
Elle sortit à son tour, se contorsionnant dans un froissement de tissu.
— Bougez pas ! grogna une voix toute proche, et elle reconnut celle du garde qui était venu taper contre les barreaux.
Il était seul, et ne portait plus de casque, sûrement pour fumer la cigarette dont il cracha le mégot en levant son fusil automatique vers eux.
Blond, aux pommettes hautes, son visage était rougi par le froid ambiant.
Dans un réflexe primitif, Auster lui envoya la chaîne en pleine face, lui démolissant la joue et l'arcade dans un craquement humide.
Aveuglé par le sang et la douleur, l'homme se mit à tituber, gémissant des sons indistincts.
Esquivant un crochet maladroit aux allures de spasme que lui destinait le militaire, Auster bondit dans sa direction, crochetant sa nuque nue avec les maillons, l'enroulant autour de ses propres poignets avant de les croiser dans le dos de son adversaire pour l'étrangler.
Celui-ci rua et le sergent encaissa un coup de coude renforcé par un servomoteur dans l'estomac, étouffant un cri.
S'il restait plus longtemps au contact de l'exo, il allait se faire broyer.
— Aide-moi, putain ! éructa-t-il à l'adresse d'Aélig.
Le garde de Vladof-Sokoviev émit un gargouillement ignoble, tentant à nouveau de frapper son agresseur à l'aveuglette, le ratant de peu.
Ahanant, Auster serra plus fort et elle vit les yeux de l'autre s'exorbiter sous l'effet de la terreur animale. Elle allait vomir.
— Grouille ! l'exhorta-t-il, commençant à s'essouffler.
L'homme fit tomber son fusil tandis qu'elle les rejoignait enfin, s'emparant de la chaîne à son tour pour tirer de toutes ses forces.
À eux deux, ils devaient représenter une traction de cent cinquante kilos, soit à peu près la moitié de ce que pouvait réellement soulever une armure de cet acabit.
Mais la corde d'acier rentrait désormais profondément dans la chair du blond, qui en oublia son équipement de pointe, portant les mains à son cou pour tenter de s'en débarrasser.
— Mais crève ! entendit-elle Auster cracher, tandis qu'il serrait la maille avec plus de hargne encore, la tirant en arrière d'un centimètre supplémentaire.
Le russe éructa à nouveau d'une voix baveuse, essayant de défaire l'étau d'acier, mais les gantelets de l'armure étaient trop épais pour accrocher les maillons et ses gestes devenaient brouillons à cause du manque d'air.
En entendant sa trachée craquer dans un bruit cartilagineux, Aélig sentit sa vision se brouiller et la chaîne lui glissa des mains.
Quelque chose de très lourd la percuta et elle eut vaguement conscience qu'elle tombait. Roulant sur le côté, elle ravala difficilement un afflux de bile.
Une radio se mit à babiller en langue étrangère et au crépitement qui suivit, elle comprit qu'Auster venait de l'écraser à coups de talons cloutés.
Perdue dans une bouillie de sensations indescriptibles, elle accepta mollement la main qu'il lui tendait pour l'aider à se relever, puis la bouche qu'il collait à la sienne pour l'embrasser brutalement. Ça avait le goût du sang.
Elle sentit un désir sauvage lui comprimer l'entrejambe, se transformant presque aussitôt en une nausée incompressible.
Elle repoussa Auster, recula, et se plia en deux pour vomir en lui tournant le dos.
S'essuyant les lèvres d'une main tremblante, elle évita de regarder le cadavre aux traits déformés en tenue anthracite qui gisait non loin de ses pieds.
Combien de temps cela allait-il encore durer ? Combien de temps, avant que cette folie absurde, cette violence, ne la happe entièrement, ne laissant d'elle qu'une coquille vide ?
Cela avait déjà commencé, elle le sentait en elle.
Depuis Hines, et même bien avant, alors même qu'elle entrait dans cette maudite clinique de Varesj hantée par un spectre reptilien aux dents pointues.
Tout ça, c'était à cause du Thanyxte, d'elle-même, d'Hélion, de son père et d'Auster. C'était à la fois leur faute et celle de personne.
Une colère au goût acide de sucs gastriques lui envahit le palais, et elle eut envie de hurler à ne plus en finir, mais elle se tût.
Auster ne faisait déjà plus attention à elle, se penchant sur le corps inanimé pour le dépouiller, passant la bandoulière du fusil d'assaut par-dessus sa propre épaule et défaisant le holster de l'arme de poing pour l'accrocher à sa ceinture.
Détachant également un étui du torse du mort, il en sortit une lame dentelée, mi couteau de plongée et mi baïonnette, que les russes fixaient parfois au bout de leurs mitrailleuses quand ils tombaient à court de munitions. Ce que cet outil représentait lui donna des frissons.
Dans un monde qui avait fait de la guerre une affaire de combats à distance et de guidage électronique, qui était encore assez malade pour foncer dans la mêlée à coups de baïonnette contre l'iridium impénétrable des exos ?
Cette question ne semblait que peu préoccuper Auster, qui lui tendit silencieusement le pistolet et le couteau, qu'elle accepta à contre-cœur.
— Éloigne-toi d'ici, la prévint-elle. Trouve-toi un coin sûr. Tu seras plus en sécurité en dehors du camp que si tu restes avec moi.
— Et ensuite quoi ? réussit-elle à demander.
— Je vais ouvrir aux autres. On accède à nos exos et à nos véhicules, puis on trouve ton père.
Il ne mentionna ni Cooper, ni l'alien.
— À dix contre un en moyenne ? renifla-t-elle, guère rassurée.
— Je sais ce que je fais, affirma Auster, confiant. Ils sont plus nombreux, mais peu préparés. Ils ne s'attendent pas à ce qu'on débarque foutre la merde, on a donc l'avantage de la surprise. Crois-moi.
— De toute façon, quoi que je dise, tu ne m'écouteras pas, s'admit-elle vaincue.
Content de ne pas l'entendre insister, Auster la remercia d'un mince sourire. Les doigts encore gourds, la jeune femme glissa le couteau à la lame noire dans son sweat.
— Je ne veux pas de ça, dit-elle en lui rendant le pistolet d'un geste mal assuré.
Il la jaugea d'un regard sévère.
— Sors vite d'ici, lui intima-t-il. Tant qu'il n'y a personne dans les environs. Ça ne va pas durer. Essaie de rallier le Lance.
Aélig hocha de la tête, évitant de lui rappeler que le vaisseau était à plus de quinze kilomètres, entouré des véhicules ennemis et que sans radio, ou tout autre dispositif de communication à distance, elle se heurterait au même bouclier cinétique infranchissable que les hommes de Vladof-Sokoviev.
Auster s'était éloigné, avançant prudemment dans le couloir, fusil d'assaut à l'épaule.
Faisant le moins de bruit possible, il cherchait les cellules artisanales dans lesquelles on avait enfermé le reste des miliciens.
Aélig se rendit compte qu'elle n'avait absolument aucune envie de se retrouver seule dans un milieu hostile en pleine nuit, armée seulement d'une lame et d'un paquet de cigarettes à moitié vide. Mais Auster avait raison.
Statistiquement parlant, elle avait plus de chances de survivre en se faufilant en solitaire plutôt que si elle restait parmi le groupe de la sécurité de l'entreprise. De plus, ils auraient probablement autre chose à faire que de surveiller la fille moyennement dégourdie qu'elle était.
C'était la meilleure chose à faire.
Lui adressant un court signe de la main, elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie.
Elle se souvenait parfaitement du chemin que lui avaient fait emprunter les gardes de Vladof.
Heureusement pour elle, elle ne croisa personne.
Auster avait raison : le sous-traitant du CSW ne s'était pas vraiment attendu à leur présence sur la planète. Ils avaient dû être surpris de découvrir leurs véhicules près du transporteur alien et avaient improvisé après les avoir cueillis à la sortie.
Mais alors, à qui étaient véritablement destinées les geôles dans lesquelles ils avaient été enfermés ? On n'installait pas ce genre de pièces en seulement une heure.
Cela n'avait pas vraiment d'importance, elle n'y était plus prisonnière, et c'était ce qui comptait.
Il faisait encore plus froid à l'extérieur. Une brise hivernale s'était levée, balayant la lande dans un froissement.
Tout près d'un générateur inactif, Aélig repéra toute une batterie de projecteurs sur pilotis. Ils étaient éteints, leurs câbles ignifugés serpentaient dans le vide, attendant d'être raccordés. Vladof s'installait à peine.
Situé à une centaine de mètres, leur campement à moitié monté était plongé dans des ténèbres bleu marine entrecoupées par des tâches de lumière éparse aux endroits où l'alimentation avait été établie.
Plus loin encore, mince ligne à l'horizon sombre, le vaisseau Prométhéen se superposait aux étoiles desquelles il était originaire.
S'accroupissant derrière le groupe électrogène et les vieux tanks rouillés de récupération des eaux, la jeune femme mit un temps à vaincre son malaise.
L'herbe mouillée détrempa rapidement le bas de son pantalon, épargnant néanmoins ses chaussures imperméables.
Réprimant un frisson nerveux après s'être assurée que les environs boueux demeuraient déserts, elle quitta son abri.
Elle aurait pu disparaître sans problèmes dans les champs de blé tendre qui jouxtaient la plaine herbeuse, mais un sentiment d'urgence confus la poussa à en longer la périphérie, se courbant pour offrir le moins de surface possible à d'éventuels tireurs invisibles.
Un cours d'eau parsemé de galets l'obligea à s'arrêter une centaine de mètres plus loin.
La petite rivière glaciale louvoyait, contournant la ferme dans son dos, aussi noire que du pétrole, et poursuivait son cours jusqu'au mirador improvisé.
Un rai de lumière crue dégringolait de l'ancien réservoir, se déversant dans la direction opposée à la sienne, si vif qu'il semblait déchirer les ténèbres de part en part.
Il était donc occupé.
Il fallait qu'elle s'en éloigne impérativement.
Elle ne connaissait même pas la position exacte du Lance, et la perspective d'errer sur des kilomètres de vallons remplis de cultures jumelles jusqu'à s'y perdre la terrifiait.
Elle n'était guère équipée pour une randonnée à l'aveugle.
L'atmosphère, d'une humidité glaciale, commençait déjà à la faire claquer des dents.
Une grosse forme cubique attira subitement son attention tandis qu'elle faisait demi-tour.
Elle ne l'avait pas remarquée auparavant. Il s'agissait d'un préfabriqué de dimensions standard, pas encore tout à fait terminé, car il lui manquait le recycleur d'air et les panneaux solaires qui auraient dû se trouver sur le toit, mais qui étaient posés en vrac près de l'échelle permettant d'y monter.
Ce n'est pas son isolement qui l'intrigua le plus, mais plutôt la porte qu'on avait renforcée à l'aide d'une barre d'acier trempé très épaisse, comme si on voulait à tout prix qu'elle résiste le plus longtemps possible à ce qui se trouvait à l'intérieur.
Aélig s'en approcha, en faisant le tour d'un pas prudent, avisant au fur et à mesure de profondes traces prouvant qu'on avait récemment tracté le cube habitable à l'écart, retournant la terre sur de longs mètres.
Elle courut, se collant à la paroi arrière, s'attendant à voir surgir une patrouille armée à tout moment.
Les alentours étaient parfaitement silencieux. C'en devenait presque trop facile.
Elle n'arrivait pas à croire qu'Apkar et ses hommes étaient idiots à ce point. Mais ils ne s'attendaient sûrement pas à une révolte sanglante de la part d'une poignée de miliciens téméraires.
Difficile de déterminer qui étaient les véritables imbéciles, finalement.
Se déplaçant toujours sur la pointe des pieds dans un réflexe inutile, Aélig refit lentement le tour de la petite installation aux murs contreplaqués de plastogène, s'arrêtant pour en examiner l'entrée.
En plus de la poutre métallique qu'elle serait bien incapable de soulever toute seule, cette dernière comportait une serrure magnétique de facture industrielle qui devait actionner les vérins hydrauliques à l'intérieur de la porte. Impossible de passer par là.
Se mordant la bouche, elle essaya de trouver une solution jusqu'à ce que ses yeux ne tombent sur le climatiseur débranché et les panneaux photovoltaïques entreposés près de l'échelle soudée à la paroi.
Avec un peu de chance, il y avait une ouverture sur le toit, de celles, minces et rondes par lesquelles on glissait les entrailles du purificateur d'air avant de le fixer d'une manière définitive à l'aide d'un pistolet à colle chaude.
Essayant d'ignorer la morsure impitoyable de l'acier gelé sous ses doigts tandis qu'elle grimpait, Aélig se hissa jusqu'au toit.
La surface de celui-ci était granuleuse, mollassonne, recouverte d'une espèce de mousse expansée qui étouffait le moindre de ses pas dans de doux crissements de neige.
Consciente d'être bien trop visible à cette hauteur, elle s'accroupit et chercha la trappe d'accès d'un regard fiévreux.
Son intuition ne l'avait pas trompée.
Il y en avait bien une, destinée au raccordement de l'air conditionné, un trou d'environ un mètre cinquante de large, recouvert d'une épaisse bâche en plastique cloutée au pourtour.
Sortant l'embout de baïonnette de sa poche ventrale, elle l'enfonça dans le tissu ciré, s'étonnant de le voir céder aussi facilement.
Cette lame était de toute évidence aussi tranchante qu'un rasoir.
Ou que les dents de celui qu'elle aperçut ensuite à travers l'ouverture déchiquetée.
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