Pédiatre
Il sourit de toute ses dents blanches étincelantes, ravis. Je lève le bras gauche pour exhiber la fameuse coquille dont il avait vaguement entendus parler la veille avant de frapper dessus dans un son creux de plastique :
« -Grâce à ça plus de problème.
Pourquoi ils t'ont pas mit un bandage en fait ?
Parce que ça c'est solide, il n'y a pas de fibres qui puissent s'emmêler dans les fils et c'est plus solide. En prime c'est transparent donc même pas besoin de le retirer pour voir ce qui se passe dessous.
Je vois ... Tu vas te doucher avec ça ?
Bonne question ... Il faut croire que oui.
T'es beau tient.
Merci toi aussi, tu es magnifique.
C'était de l'ironie. Tu sais, l'ironie, l'humour, le sens contraire ?
Pas moi. »
Il frotte son bout du nez au mien avant de m'embrasser, marmonnant un fameux « T'es con » au passage dans sa barbe, ou plutôt son absence de barbe. Il ne lâche pas ma main de toute sa conduite, et je réalise qu'il gère comme un pro même d'une main :
« -T'es plus stresser au volant ?
Si, un peu, mais ça va.
Et tu arrive à lire les panneaux maintenant ?! C'est génial mon cœur, tu progresse. Tu vois, tu pourras ... »
Sa mine s'assombrit et il me coupe la parole :
« -J'y arrive pas Philippe, les nom de ville c'est trop compliquer.
Mais alors comment tu ...
Je connais le chemin par cœur. Ou alors je me sert du GPS.
Mais pour entrer les coordonnées tu dois bien ...
Je recopie bêtement sans savoir ce que j'écris. Je copie une première fois sur un post-it quand je suis sur d'avoir trouver le bon lieu, et après je me sert de ce qu'il y a de tracer sur le post-it pour mettre la même chose dans le GPS. Les lettres c'est encore trop abstrait pour moi. Les chiffres ça va, si je me concentre je m'en sort. Mais les lettres c'est impossible, impossible. Je les confonds toutes et ... J'arrive à peine à lire mon prénom ... Ça fait ... Ça fait un an Darling, plus d'un an que je suis sortit du coma. Il m'a fallut un an pour pouvoir associer des traits bizarres et biscornus avec mon propre prénom ... Et si la police d'écriture est trop alambiqué j'y arrive même pas ... Darling je ... Je n'arrive pas à lire mon propre prénom s'il est écrit tout en majuscule ... »
Il me lâche la main et de petites larmes se forment au coins de ses yeux. Traces d'eau qu'il efface méthodiquement avant que j'ai put dire quoi que ce soit pour le consoler. Il inspire en un grand coup et agrippe fermement le volant avant de reprendre d'une voix moins étranglé et brisé :
« -Tu ne sais pas à quel point c'est dur. Ce monde entier est basé sur la lecture et l'écriture. Il a fallut que je change de signature par exemple. Et que je trouve un nouveau mot de passe pour ma carte bancaire, parce que j'étais incapable de me souvenir de l'ancien.Maintenant je ... Je suis obliger de tout schématiser : mes mots de passes, mes trajets ... Je ne peut plus lire le soir, comme avant. Je peut plus ... C'est ... C'est vraiment dégradant tu vois,pour un homme de plus de trente ans, de se faire faire la lecture par une voix off, tout ça parce qu'on est illettré.
T'es pas illettré.
Si Darling, c'est comme ça que ça s'appelle et pas autrement. Je sais que tu ne te rend pas compte mais ... Merci. Merci d'avoir fait des efforts à la maison et d'avoir acheter tous les produits avec des images descriptives dessus. Ça m'aide vraiment tu sais ... Quand ... Quand je prend une bouteille dans le frigo je sais ce que c'est, j'ai pas à y réfléchir et ... Le plus dur c'était avec les agents d'entretien. Mais tu vois, tu as fait attention et si les produits était différents tu les as choisis de marques différentes, toujours les mêmes, pour que je puisse savoir quoi est quoi. C'est ... C'est très important tu voix, tu ne prête peu être pas attention à ce genre de détailles désormais mais moi oui. Et ça me fait plaisir que tu me simplifie la vie comme ça ... Tout ça pour dire que, que sans toi je serais perdus tu vois. Je ... Je pourrais même pas acheter le lait en poudre de Sacha parce que ... parce que je sais pas ... je peut pas reconnaître l'age tu vois ... je peut pas reconnaître ... L'âge qu'il y a écrit sur les petits pots de Sacha ... J'ai pas sut ... J'ai pas sut lire son prénom ... sur son bracelet à la maternité ... J'ai pas put ... J'ai pas put lire ... le nom de mon fil ...
Oh non bébé, pleurs pas, pleurs pas.
Je suis désolé .. C'est l'émotion-on, ça veut pas-as s'arrêter.
Gare toi au bord de la route.
Ou-oui ... »
Il arrête la voiture et vient poser sa tête sur mon épaule. Un an ...Il lui aura fallut un an pour mettre de côté sa fierté et avouer qu'il n'y arrive pas, que cet handicape le ronge. Et dire que c'est ma faute s'il est comme ça.
« -Chuuut, chuuut. Je suis là. Je ne ferais plus rien de dangereux, je ne te laisserais pas seul Mathéo, jamais. »
En palpant plus attentivement son crane je le sent : ce petit renfoncement à l'arrière de sa tête, là où il avait deux agrafes, là d'où est partit son choc. Une pièce de la voiture la frappé à cette endroit, c'est ça qui a secouer sa boite crânienne et provoquer la lésion. Ce petit trou minuscule de moins d'un demi centimètre, à peine plus profond que l'épaisseur d'une pièce de monnaie cuivré, c'est la preuve de ma faute. Il cesse bien vite de pleurer avant de relever la tête et de sourire comme si de rien n'était :
« -Ça va mieux, désolé.
C'est rien mon amour, c'est rien. On rentre à la maison maintenant.
Oui ... »
Il m'embrasse rapidement avant de redémarrer. Il met la radios pour le reste du trajet, reprend ma main dans la siennes et quelques instants plus tard sifflote à tue tête ses titres préférés du moment. Je sert un peu ses doigts ... Mat', tu es une personne forte, bien plus forte que je ne l'ai jamais été et bien plus forte que je ne le serais jamais.
Mathéo se gare sur le trottoir devant notre petite maison boisé. Elle est belle, depuis qu'on l'a acheter il y a planté des fleures supplémentaires. Je suis content de vivre dans une impasse, comme ça le petit pourra faire du vélo, en plus il y a les champs pas loin et le bois communal qui commence juste derrière. Ce sera un super« jard-ungle » pour jouer les explorateurs, et la route pour lui tout seul afin d'apprendre à faire du vélo, Sacha sera vraiment heureux ici. J'ai besoin de le voir ! Tout de suite !Le bruit de la portière claque déjà loin derrière moi, lorsque j'ouvre la porte d'entrée un deuxième claquement retentit. Mon brun sort juste de la voiture ? J'ai été si rapide, si presser ?De toute façon je surgit dans mon salon et apparaît dans une cacophonie de pas sous l'œil médusé de Marthe. Ma belle-mère porte mon fil dans ses bras, on se regardent comme deux étranger.C'est très étrange, je suis droit comme un piquet à plusieurs mètres d'eux : j'ai l'impression qu'à la façon dont elle me regarde elle me juge. Ses yeux son froid, ses mains fripée protectrice autours de son petit-fil, elle a le visage fermé :« As tu ta place en tant que père de cet enfant ? Toi qui était prêt à l'abandonner ? » , « N'as tu pas honte de revenir ? De vouloir le prendre dans tes bras après ce que tu lui a fait ? » semble elle me dire. Nous sommes toujours pétrifié l'un face à l'autre lorsque Mathéo entre dans la pièce. Sa présence me rassure, me donne le mordant nécessaire pour parler :
« -Belle-maman ? Je ... Je peut le prendre ? »
Je tend les mains vers le petit corps blottit contre elle. Je veut mon bébé, je veut le prendre dans mes bras, le serrer contre mon corps,je veut regretter mon acte encore et encore grâce à lui. Soudain le regard de Marthe s'adoucit, son attitude devient clémente si vite que ça me surprend, elle sourit comme à son habitude.
« -Bien sur mon grand, c'est ton fil. »
Je soupir de soulagement et m'approche d'elle, de son précieux chargement. Son ton doux et maternelle est redevenus celui qu'il était pour moi autrefois, elle m'a redonner le surnom d'avant aussi.Je prend amoureusement mon cher fil et l'embrasse partout. Je le couvre de baisé, je l'aime comme un fou. J'embrasse sa tête et ses petits cheveux, plus jamais je ne lui ferait subir l'absence d'un père. Je l'embrasse sur la joue, dans le coup, sur tout le corps, si moi je n'avais pas eut mes deux parents je n'aurais sans doute pas put comprendre grâce à la comparaison entre ma mère et mon père que ce dernier était horrible. Je l'embrasse partout, je serais devenus exactement comme lui si ma mère n'avais pas été timoré et exemplaire. Parce que j'ai rencontrer plusieurs sortes de personnes,et parce que je n'avais pas assez fréquenté des gens différents,je suis devenus équilibré. Je veut qu'il soit équilibré, plus que je ne l'ai été durant ma propre enfance en tout cas. Je veut son bonheur. Je veut voir la joie dans ses yeux pour les grandes occasions comme pour les petites choses heureuses. Je veut être la pour penser ses plaies et sécher ses larmes. Je veut voir son sourire et l'entendre rire. Je veut le voir grandir et s'épanouir comme n'importe quel autre enfant, mieux que les autres enfants même, car c'est mon fil donc il est forcément le meilleur quoi qu'il fasse. Et qu'il m'appelle Dada, P'pa, Dad, Papa, Daddy
Mathéo et moi remercions sa mère : c'est grâce a elle si mon petit loup à put rester bien au chaud et en sécurité à la maison pendant que son papa venais me réconforter. Je m'assoie lourdement dans mon canapé sans attendre que la vieille femme énergique soit sortit. Cette histoire m'a épuiser, j'enroule un pled autours de nous, de Sacha et moi. J'ai chaud, je suis bien, je suis content, je commence à m'endormir.
Je dors paisiblement, mon bébé contre la poitrine. Les battements effrénés de son petit cœur font répercutions aux miens bien plus lents et plus puissants. Nous sommes tous les deux apaisé, bercé par les bruits de nos corps collés l'un a l'autre. Sacha tette en s'assoupissant de nouveau, je le sent, je l'entends, je sourit et pousse un soupir satisfait.
« -Darling ... Darling ... debout. »
Je ré-ouvre les yeux doucement, Mathéo est penché sur moi, un très léger sourire au coin.
« -Tu me le passe, je vais le coucher et ensuite on mange. »
J 'approuve d'un hochement de tête et n'esquisse pas un geste alors qu'il soulève la petite bouillotte qui se reposais sur moi sans la réveiller. Immédiatement l'air plus froid prend sa place donnant un désagréable sentiment de manque.
« -Ca fait combien de temps qu'on dort comme ça ?
Presque 4 heures.
Lui aussi ?
Surtout lui, vous deux.
C'est bien. Il est pour quand déjà son rendez-vous chez le pédiatre ?
Dans deux jours, samedi. »
Je le vois s'éloigner puis disparaître au détours du couloirs, seuls quelques mèches blondes dépassaient de son épaule trahissant la présence de son protégé. Je baille est m'étire, il faut que je reprenne rendez-vous chez mon médecin moi. Peut être qu'il a enfin son nouveau traitement pour moi. Mon brun revient le sourire aux lèvres, je ne peut m'empêcher de l'embrasser et de l'attraper parles hanches :
« -On va à table mon amour.
Qu'est-ce-qu'on mange ?
Des pâtes au pesto avec des côtes de bœuf.
Et bien, je suis bien soigné moi.
Ne crois pas que ça soit un encouragement pour ce que tu nous as fait.
Je sais mon cœur, je suis désolé ... Je ne recommencerais plus, je n'étais pas dans mon état normal. Je ne le referais plus jamais. Je t'aime.
A table. »
Il ose un baisé sec sur ma joue et je lui répond sur la bouche du même ton. Nous mangeons vite et en silence, discutons peu. Au lit tous les deux, après avoir changer, nourris et reborder le petit, après avoir enfin aux bout de longues heures réussi à l'endormir, je me perds dans la contemplation du plafond au dessus de moi. Je réfléchis :
« -Tu cuisine toujours aussi bien tu sais.
Merci.
Je ne regretterais jamais notre mariage, j'en suis sûr maintenant. Même si tu crois le contraire ou si les choses semblent compliqué je ne regretterais jamais.
Alors pourquoi tu as fait ça ?
Je ... Je ne voyais plus notre union comme avant. Je ne voyais plus à quel point nous étions heureux, à quel point j'étais heureux avec toi. Juste une chose ... Est-ce-que toi tu as des regrets ? Même infime, je pourrais comprendre.
Non, aucun. Et toi ?
J'avoue que beaucoup de choses me font douter, peur, ou m'inquiète au moins.
Ah oui ?
Je ... Tu crois que notre rencontre a vraiment été une bonne chose ?
Pourquoi tu dit ça ?!! Tu regrette ?!
Non. Non, pas du tout. Mais ... Ton accident, tout ce qui nous arrive ... C'est dur. Tu ne regrette pas ?
Non, tu vaut le coup. Et moi ? Je vaut le coup ? »
La réflexion va très vite dans ma tête, ma décision à se sujet est prise depuis longtemps :
« -Bien sur que tu vaut le coup. A vrai dire on pourrais me faire souffrir dix fois, non milles fois plus, tu vaudrais toujours le coup. »
Il lâche un genre de demi-soupir / demi-rire et éteins la lumière totalement. Je le sent se blottir contre moi, comme avant quand il était à l'université et que je venais le chercher. Il se servait de moi comme oreiller lorsque nous passions nos premières nuit ensemble, et maintenant aussi.
Le samedi suivant, soit le 15, nous avons rendez-vous chez le pédiatre pour Sacha. Cette visite chez un médecin est devenus une nécessite absolus : mon fil est en danger réelle, il s'épuise à ne pas dormir et ni moi ni Mathéo n'arrivons à lui faire trouver le sommeil. Mon pauvre petit reste des heures éveillé sans fermer les yeux, il faut qu'il soit si fatigué que ceci se ferment d'eux même pour qu'enfin il sombre dans les limbes. Parfois il ne dort qu'une heure, ou deux, parfois un peu plus, jamais très longtemps. C'est très inquiétant. Avec ma coquille sur le bras impossible de conduire normalement c'est donc mon brun qui a prit le volant aujourd'hui, au retours il m'a promis de me laisser essayer de conduire quand même, après tout ça ne me gène pas tant que ça pour plier le bras. Je me retourne et regarde mon fil assis dans son grand siège auto qui gazouille tranquillement.
« -Hey, craspouille ? Coucou.
Arraaaaaaaeeeeh !
Moi aussi je suis content de te voir bébé. On arrive bientôt, le docteur va trouver quelque chose pour que tu puisse faire des gros dodos. Hein bébé ? Bah oui, t'as des petits yeux la.
Bfsflrmlghtda !
Tu fais des bulles ? »
Sacha me répondit encore par une série de bruit plus étranges les uns que les autres et le moteur s'arrête. Avec toutes ses histoire ce n'était pas demain la veille que je prendrais rendez vous chez mon médecin, mais qu'importe, ma progéniture est plus importante que tout le reste. Je remarque seulement la mine soucieuse de mon amour de chauffeur :
« -Ça va pas Sweet ?
Qu'est-ce-qu'il va dire à ton avis ? Tu crois que Sacha à un problème ? Une maladie grave ? Et si ...
Arrête avec tes « et si », il est parfait. Un peu insomniaque mais parfait. Il n'y a pas de raison pour qu'il ait quelque chose de grave : il a été testé à la naissance.
Oui mais ...
Mais ?
Il y a forcément un truc qui cloche et j'ai peur pour lui.
T'inquiète pas, je suis sûr que c'est rien du tout. »
Tout du moins c'est se que j'espère, moi aussi je suis inquiet, très inquiet même. Mais je le cache, mon brun est trop sensible et je ne veut pas le faire paniquer. Le bâtiment est moderne et assez grand,Mathéo va ouvrir la porte arrière côté tête blonde, le détache et le soulève dans un « ouf » assez drôle. C'est vrai que notre petit garçon à pris pas mal de poids, il a de petites joues un tout petit peu ronde, pas au point de ressembler à une bouboule mais il mange bien et ça se vois. Je pousse le battant de la porte pour mes deux hommes et nous entrons dans une vaste salle d'attente au murs austères mais au mobilier accueillant. Sur un fauteuil design blanc une femme regarde son fil d'environs deux ou trois ans jouer avec une des multitudes d'occupations pour les enfants que compte la pièce. Il reste pas mal de places de libre dont une banquette un peu plus loin, je m'assois à l'écart mais Mathéo prend directement place au côté de l'autre maman. Je regarde mon fil avec envie et lui fait un signe de la main auquel il répond avec de grands mouvements désordonnées. Je rit tout seul,il est adorable ce môme. Mathéo me regarde avec sûrement cette jalousie dans les yeux. Il me chuchote pour ne pas que sa voisine entende :
« -Tu veut le prendre Darling ?
J'aimerais bien mais pas avec mon bras.
Tu en as encore pour longtemps ?
Oui, un petit bout de temps. »
Il pousse un soupire et m'envoie un baisé volant de ses iris amandes.Sacha semble remarquer que son papa ne prête plus trop attention à lui et réclame d'être au centre de la conversation. Il reçoit un bisous sur chaque joue en riant, saleté de petite furie, puis il ferme ses yeux fatigué : son accès d'énergie n'aura pas duré bien longtemps. Ils sont de moins en moins long d'ailleurs ...Je m'inquiète, sa santé se dégrade et nous en avons tous les deux consciences sans pouvoir rien y faire. La bonne femme semble se désintéresser de son marmot et remarquer le père et son fil entré il y a quelques minutes. Mat' qui est un bavard invétéré commence la conversation sous simple prétextes que leurs regards de parents se sont croisé :
« -Bonjour.
Euh ... Bonjour.
Il a de l'énergie votre petit bonhomme.
Oui, il est assez difficile à gérer.
Un peu surexcité ?
Oh non, il n'est pas si débordant que ça.
Vous venez souvent ici ?
C'est la sixième fois pour Gabin. »
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