C'est une question d'éducation

« -Bon, on rentre ?

Bonne idée, on doit avoir dépassé midi.

On mange quoi papa ?

Tu préférerais quoi ?

Purée !!

Un hachis parmentier alors ? Ou on peut faire de l'aligot. Comme tu veut trésor.

C'est quoi l'a lit go ?

Tu te souviens plus ? La purée avec du fromage, celle qui colle. Tu avais bien aimé ...

La purée fromage !!

Avec une bonne entrecôte ou un Rumsteck Daddy ne dit pas non, fit-je en l'embrassant sur la joue.

Daddy y c'est un canibole des vaches. Hein papa ?

Non, c'est un mangeur de saucisse.

Honey !!

Quoi ? Tu ne t'es jamais plein quand on faisait un barbecue ou quand je faisait des lentilles, sourit-il.

C'est pas bon les lentilles, boude le petit.

Peut-être mais il faut manger de tout trésor. »

Alors qu'on retourne à la voiture, juste avant que je ne démarre, je choppe mon époux par le col et le tire brusquement vers moi tout en murmurant ( faudrait pas que le petit monstre entende )

« -Puisque tu es un vilain garçon qui me harcèle sexuellement ce soir je te met à la diète. Punis.

Quoi ? Oh non. Darling, tu peut pas me faire ça.

Si. »

Je démarre après l'avoir embrassé sèchement une dernière fois, fier de mon coup fourbe et parfaitement calculé. Il est 13h passé de beaucoup quand on rentre à la maison donc aussitôt notre expert cuistot se met derrière les fourneaux tandis que je m'occupe de la petite furie et la fait patienté. Lorsque on se met enfin à table Sacha, comme toujours, s'empiffre comme un goinfre et parle la bouche pleine de choses sans queues ni tête.

« -Avale avant de parler trésor, lui demande mon brun.

Guekoi ? Fit-je la bouche exagérément pleine de viande ce qui déclenche un tonner de rire d'enfants et le large sourire apitoyé de mon mari.

Très malin espèce de blond, fait il toujours amusé. Comment veut tu que je lui apprentie les bonnes manières moi ?

Chais pas. »

Je ne joue pas souvent les pitres rebelles alors j'en profite un peu en poussant ma bêtise jusqu'au bout puis j'avale pour remettre les cadres. La plaisanterie avec Daddy doit rester de la plaisanterie, je tient à ce qu'il soit bien éduqué.

« -Bon, papa a raison. On ne doit pas faire ça, c'est très mal polie.Je l'ai fait parce que nous étions entre nous et juste une fois. Tu me promet Sacha de ne pas faire mes bêtises, hein ? Je compte sur toi pour être plus sage que moi. »

Il hoche la tête en fourrant sa fourchette tout au fond de sa bouche,concentré sur son assiette.

« -Daddy ? C'est vrai que le steak c'est de la vache ?

Mmm-mmh.

Comment qu'on transforme la vache en steak alors ?

On la tue et puis on découpe un morceau de viande, du muscle, et en fonction du nom du muscle ça donne le nom du morceau de viande qu'on mange.

Quoi ? Mais la pauvre vache ... C'est méchant ! Pourquoi y tue la vache ? Pourquoi y font ça ?

C'est pour qu'on mange petit monstre, on ne la tue pas pour rien. Tu as besoin de manger de la viande pour devenir grand et fort.

Comme toi ?

Encore plus.

Daddyyy. C'est paaaas pooossible encoore plus.

Si c'est possible, répond mon brun, d'ailleurs ça me fait peur. Alors si tu pouvait évité de dépassé ton père ça m'arrangerais.

Tu aurais peur de moi si j'été plus fort que daddy ?

Un peu oui. Mais tu serais quand même mon bébé.

Mais non ! Si je devenirait plus grand que daddy je sera plus un bébé !

Si ! Toujours ! Mais là tu es aussi un peu mon grand garçon, un tout petit peu.

C'est quand que je sera plus grand que Daddy ?

Tu as tout le temps trésor.

Papa ... Pourquoi tu appelle daddy « ton père » et Daddy y t'appelle aussi « ton père » ?

Et bien parce que c'est vrai.

Mais papa et daddy c'est pas pareil alors pourquoi on l'appelle pareil des fois ?

Parce qu'un père c'est un monsieur adulte qui s'occupe de son enfant.

Mais vous disiez que le monsieur qui avait donner ma graine c'était aussi un « ton père » ... Pourtant y s'occupe pas de moi.

Oh ... C'est compliqué. Tu vois il y a deux sortes de pères : ceux qui donnent les graines et ceux qui s'occupe des enfants. Des fois c'est les deux en même temps, et des fois ce sont des personnes différentes. Tu comprends ?

Mmm-mmh ! Oui ! J'ai comprendre.

Tu es un petit gars très intelligent tu sais ça, fit-je en lui ébouriffant ses mèches bouclées. Allez, mange. Tu néglige ton assiette.

Et pourquoi papa et daddy y se font tout le temps des bisous ?

Parce qu'on s'aiment fort.

Moi je n'aime Daddy et papa fort et je fais pas des bisous beurk sur la bouche avec la langue tout cracra ! C'est vraiment très dégouttant.

C'est pas le même amour trésor. Daddy et moi c'est un amour entre grandes personnes, c'est pas pareil.

C'est bizarre.

Tu comprendra quand tu sera grand. Tu veut une dannette en dessert ?

OUAIS !!

Tu ira les chercher quand tous le monde aura finit. Surtout toi, finit ton assiette. »

Il se dépêche donc d'ingurgité son plat, comme toujours l'annonce du dessert est particulièrement efficace pour booster la vitesse dure pas et arrêter ses myriades de questions sans fins. Je finit de débarrassé la table quand Mat' semble pris d'une illumination :

« -Mince ! Ça fait deux semaines que vous n'avez pas appelez mamie Françoise les garçons !

Oh flûte. Mais le weekend dernier aussi on était chez ta mère. Mer... Zut !

GROS MOT !! cri mon fil. Daddy ! Un sous dans la boite !

Mince, bon bah un sous alors. Plus sérieusement, Sacha file te laver les mains en vitesse il faut vraiment qu'on appelle Oma avant qu'elle nous tape sur les doigts.

Oma ?!

Ja.

Super ! Wenn Daddy ? Wenn ?

Diese mittworch. Schnell, schnell, gehe die Hände wassen. Wir können Oma sprechen, wenn es fertig du.

OK. Und kann ich im einerest telephoniert ?

Ja, ja, Du kanns.

C'est fini les garçon ? Vous revenez sur la planète Jourdan ?

Oui papa ! Beendet !! »

Sacha court à toute baltringue dans le salon, les mains en l'air pour ne pas les salir.

« -Je n'aurais jamais dût accepter quand tu m'a dit que tu voulais qu'il soit bilingue. Je ne comprends rien à ce qu'il dit.

Mais moi, l'allemand, c'est ma langue maternelle. J'ai appris le français seulement par mon père avant d'aller à l'école, sinon j'ai toujours parlé allemand chez moi. En plus c'est bénéfique à Sacha. D'ailleurs je trouve qu'il ne le parle pas assez souvent.

Tu trouve ?

Oui, il fait encore de nombreuses fautes.

Philippe il a trois ans, ne le pousse pas trop.

Tu aurais préféré qu'il soit bilingue anglais. Je me trompe ?

... Peut être bien que oui.

T'en a pas mare de rabaissé ma nationalité !? C'est la quatrième fois de la journée ! C'est plus que chiant ! Tu peut pas foutre la paix à mon sang germanique rien qu'une fois ?! Est-ce-que ça te pose un problème !? Clairement ! Ça te fais chier c'est ça ?! Bah oui ! Putain de merde ! Oui ! Je suis allemand ! ET FIL D'UN NAZI ! PETIT FIL D'UN SS ! LA LISTE EST LONGUE !! Je suis le déchet du siècle dernier ! Oui ! Tu m'a épousé comme ça tu te souviens ? Alors oui !! J'ai le mal du pays des fois ! Même si j'ai eut une enfance de merde ...

Darling.

... j'ai des souvenir de la bah ! Ils n'ont rien à voir avec la culture française et puis merde !

Darling.

Ma mère est allemande ! Je suis allemand ! Alors tu va pas encore me faire chier avec des stéréotypes et des remarques à se sujet ! J'essaie de transmettre à mon gamin ce que moi j'ai vécu ! Ton fil c'est aussi mon fil ! Son éducation c'est aussi mon éducation et pas seulement la tienne ! J'ai le droit de lui donner une part de moi ! Tu me sort par les yeux !!

Phillipe Frank Ludwig ! Tu va m'écouter ? Pas devant le petit. »

Je tourne la tête pour voir mon mioche blottis dans le canapé, les yeux brillants mais j'ai trop de frustration pour m'en soucier plus que ça, alors je tire juste Mathéo par la manche dans une pièce à part. Je claque violemment la porte derrière nous et me met à faire les cents pas comme un lion en cage. Je n'avais pas vu venir ce pique de colère mais la je me retient pour ne pas tout casser dans la maison. C'est plus fort que moi je suis dans une crise de rage noire ! J'ai envie de hurler ! De tout casser ! Et Mat' me regarde comme un demeuré marcher en essayant vainement de me calmer ! Je sais que c'est la faute de mon traitement, je le sait parfaitement. Il peut causer des crises d'irritabilité mais jusqu'à présent j'avais toujours contrôler ça. Je ne m'étais jamais disputé avec son père devant le petit. Toutes nos embrouilles s'étaient faite en privé, dans la chambre, loin de ses yeux et de ses oreilles. Oui, nous ne sommes pas un couple parfait, nous nous sommes disputé en 3 ans. Mais jamais bien longtemps, l'un ou l'autre nous trouvions toujours le moyen de nous calmé mutuellement et de revenir dans les bras de notre moitié.Seulement là c'est différent, même avec le recule du fait que je sait que 50% de ma colère vient du traitement qui me tape sur les nerfs, elle ne veut pas descendre. D'habitude rien que le fait de savoir ça me fait pensé à mon père, me fait pensé que je lui ressemble dans ces moments et ça me calme. Mais pas là ! Cette idée augmente encore ma frustration ! La pensé même d'être exactement comme mon père me file la gerbe et me colle la larme à l'œil. Et pour cacher tout ça, aujourd'hui mon tempérament explosif a décidé que péter la gueule de mon mari serais la meilleurs solution.

« -Darling.

Non pas de Darling ! Ça me gonfle !

Excuse moi. Je ne me rendais pas compte que ...

Tu te rendais pas compte ?! Tsseu ! Il est là le problème Mathéo ! Tu es blessant et tu t'en rend même pas compte ! T'as même pas conscience d'avoir un comportements de connard à ce sujet là ! Je sais que j'ai pas le meilleur lignage, ça merci ! Mais ce qui me fait le plus mal c'est que TOI tu me le reproche. Toi tu devrais savoir ce que c'est d'être stigmatisé ! Tu sais parfaitement que je vis ça très mal ! Et pourtant tu remu quand même le couteau dans la plaie ouverte ! Je suis comme les autres, j'ai rien demander à personne. Ni moi, ni ma mère ! On a pas demandé ! D'autres on choisit pour nous ! Et bah pour une fois je voulais choisir MOI quel héritage je laisserais ! Je voulais donner un truc positif de la merde infâme dont je suis sorti ! Est-ce-que tu regrette d'avoir épousé un petit-fil de SS ?! Tu regrette !?!

... daddy ... »

De grosses larmes coulent sur les jouent rondes de Sacha. Je nous avais isolé pour qu'il ne soit pas face à cette dispute mais trop tard,et surtout inutilement. Rien qu'à ce petits yeux bouffis inondé d'eau salée je devine qu'il a tout entendu, ou du moins suffisamment pour en être choqué dans sa candeur d'enfant. Il renifle bruyamment et essuie de ses petits point le coin de ses yeux d'où partent les sillons humides. On a toujours mal devant la détresse de son enfant.Le voir à ce point perdu ...

« -Sacha ... viens.

Non ... Veut pas ... Tu te dispute encore avec papa ... »

L'entendre me dire ça c'est un coup de poignard là où ça fait le plus mal.Aussitôt cette vue me fait reprendre une voix douce. Je m'accroupis pour être à sa hauteur et essaie de le faire venir chercher le réconfort dans mes bras. C'est mon rôle de père de consoler mon petit loup. Je veut qu'il vienne vers moi quand il a peur.

« -Mon crapaud ... Vient là.

Non !

Petit bout ...

non ...

Ma crevette. Ça arrive que les grandes personnes se disputes. C'est normale, nous ne sommes pas toujours d'accord papa et moi.

Pourquoi tu fâche ...

Petit loup, ce sont des disputes de grands. Tu es encore trop petit. Mais je te promet que tout va bien, des fois les adultes se dispute. Tu n'a pas à t'inquiéter d'accord ? Je sais que c'est mal de crier mais des fois nos émotions sont très très forte et on n'arrive pas à rester calme. Alors ... C'est comme ça mon petit monstre, des fois je ne suis pas du tout d'accord avec papa alors on se fâche. Un peu fort peut être mais ...

Daddy ... Tu l'aime plus papa ? »

Sa petit voix de bébé se brisa au dernier mot, il se mit à hurler, en larme, secoué de spasmes et pleurant tout ce que son pauvre petit être pouvais pleurer.

« -Non, non. Bébé, bien sur que j'aime papa. Je l'aime fort quand même, même si on se dispute. C'est pas parce que je suis en désaccord avec lui que je ne vais plus l'aimer. Bien sur que non.Petit loup ...

Snifff ... Sniiiff ... Tu ... Tu n'aime en-en-en-encore pa-a-papa alo-ors ?

Bien sur que je l'aime. »

Il accepte seulement maintenant que je le prenne dans mes bras où il court se rouler en boule en sanglotant. Je lui frotte doucement le dos en embrassant son crâne et ses cheveux tout doux.

« -Chhuuut. Pleur plus mon petit cœur. Papa et moi on finit toujours par se réconcilier après avoir fini de se disputer. Je te le promet.

J'aime pa-as quand tu cri-i-i-is sur pa-papa et que et que et que papa y y y y y cris sur sur toi-a.

Chuuuuut. Moi non plus j'aime pas. Shhhhh ... Ne pleur plus petit bonhomme. Ça va mieux ? »

Il hoche timidement la tête alors je le soulève dans mes bras et l'emmène dans le salon sans l'éloigner de mon étreinte rassurante.

« -Allez vient on va appeler mamie »

Il hoche encore une fois la tête et finit de s'essuyé les yeux avec sa manche avant de reniflé de manière carrément dégoûtante. Pour finir il me fait un petit sourire mi-figue mi-raisin quand je compose devant lui le numéro de ma mère. Petit à petit, depuis la mort de père et après notre visite avec Sacha nous nous sommes parlé de plus en plus souvent, toujours de manière prompt et peu affectueuse ( on ne créer plus de lien mère-fil passé 40 ans, je n'y croit pas ) mais nous avons disons, un lien cordiale. Lien cordiale qui se fait en Allemand. Il n'y a plus de raison que nous parlions français entre nous : elle ne le parlais qu'à cause de son mari alors vu que ce connard est mort ... De fil en aiguille,à force de revenir à cette langue et de la parler toutes les semaines devant mon rejeton j'ai finit par me dire que la lui apprendre ce serais vraiment bien. Et puis ça reposerais mamie, elle n'aurait plus à réfléchir quand elle parlerais à son petit-fil.Je la ménage de plus en plus, j'essaie de lui facilité la vie parce que j'ai réaliser qu'elle était vieille, très vieille. Elles'épuise hélas ... Elle ne vivra plus éternellement. L' AVC fulgurant de Pétra nous le lui a bien rappelé. Elle a dut embauché une nouvelle bonne à cause de la mort de ma nourrice, de sa gouvernante, de son amie surtout. Evidemment elle ne lui fait pas confiance, c'est une femme forte, méfiante et bornée ma mère, elle n'arrivera jamais à s'entendre avec cette personne qu'elle connait à peine. Elle et Pétra était tellement proche ... Sans cette présence de toujours elle ne se porte plus très bien et d'après ce que j'en sait elle a perdu de sa superbe. Son seul rayon de soleil à présent c'est son petit-fil, c'est Sacha. Il l'appelle une fois par semaine et je croit que c'est en partie ça qui l'aide à tenir la suivante. Si seulement maman ne m'avais pas eut si tard ... Mon gosse à louper de peu la connaissance avec son arrière-grand-mère et il risque de n'avoir aucun souvenir de mes parents. Après tout il ne se souvient pas de la dernière fois où il a vue Anne-Françoise,il était trop petit. Peu être que nous y retournerons, mais il faudra convaincre mon mari et ce n'est pas gagner : c'est loin,c'est des mauvais souvenir aussi, et puis moi même j'ai peur de voir mère faible. Si mère a une faiblesse alors j'ai peur de ne plus être moi aussi un pilier aussi fort. On ne se remet jamais complètement de la mort d'une mère, c'est le premier chagrin qu'on pleur sans elle. Jean en est une preuve terrifiante. Mais fin de pensées morbides : pour son grand âge elle se porte comme un charme. Une vrai survivante, elle nous enterrera tous ! Je commence, tout en Allemand comme à mon habitude :

« - Allô ? Maman ? Comment tu te porte ?

Ludwig. Tout va bien ici.

Philippe s'il te plait, pas Ludwig. Encore moins devant le petit. Je t'ai dit cents fois de ne pas m'appeler comme ça, tu le sait bien.

Oui oui. Comment te porte tu toi ?

Bien.

Et le petit ? Il a aimé sa bicyclette ?

Tu me le demande à chaque fois maman. Oui, il l'adore. Il va l'user avant qu'elle ne soit trop petite.

Tant mieux, parfait. Comment se porte-t-il donc le petit canards ?

Une forme olympienne comme toujours.

DADDY DADDY !! DONNE DONNE !! interrompt-il en sautant sur le canapé.

Une seconde poussin, je finit de parler à Oma et je te la passe. Tu as entendus ?

Toujours aussi intenable à ce que j'ai compris ?

Toujours.

Il ressemble à son père celui-là.

Peut être bien, je veut bien le croire, mais je ne saurais pas dire lequel ... 

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