✴ 38.

Professeur Dandae

Je marche d'un pas vif à travers les couloirs de l'académie. Arrivé devant la grande salle de l'interrogatoire, je m'arrête et me tourne vers Klein.

- Ne fais que répondre aux questions qui te seront posées. Essaie de te souvenir de tous les détails importants

Il acquiesce brièvement avant d'entrer dans la salle. Une fois la porte refermée derrière lui, je me dirige vers le bureau d'Aris.

- Aris... je sais que tu seras là-bas pour observer l'interrogatoire. C'est pour cela que je suis ici

Il soupire bruyamment, laissant échapper toute sa frustration. D'un geste rapide, il fait apparaître un écran à partir duquel nous pourrons suivre l'interrogatoire de Klein. Je me mets à observer attentivement chacun de ses mouvements et expressions. Les yeux fatigués d'Aris se posent sur moi et il me demande.

- Et que penses-tu vraiment trouver en observant cet interrogatoire ?

- Rien de particulier.

Les interrogateurs font signe à Klein de s'asseoir. L'un d'entre eux, assis juste en face de lui, Bradley Crow. Son regard est froid et calculateur, ses traits sévères et empreints d'une certaine autorité naturelle. Ses cheveux noirs, soigneusement coiffés en arrière, contrastent avec sa peau pâle, lui donnant un air mystérieux et insondable. Il commence l'interrogatoire.

- Bien. Bonjour, Klein. Comment allez-vous aujourd'hui ?

Klein, visiblement troublé, répond hésitamment.

- Je ne sais pas...

Crow affiche un sourire compatissant et poursuit

- Très bien. Passons aux choses sérieuses. Pourrais-tu nous expliquer la nature de ta relation avec le professeur Hephilios ?

Il plisse les yeux, cherchant désespérément les mots justes.

- Hephilios était mon professeur, répond-t-il simplement.

Curieux, Crow enchaîne.

- Et les cours avec lui se passaient-ils bien ?

Klein baisse les yeux, fixant le sol devant lui.

- Je ne sais pas, murmure-t-il. Je n'ai jamais réussi à développer mon Ual durant les cours.

Crow arque un sourcil, mais décide de ne pas insister sur cette question. À la place, il demande doucement à Klein s'il appréciait Hephilios. Klein reste silencieux pendant un moment, perdu dans ses pensées. Puis, après un lourd silence, il répond d'une voix éteinte

- Sans doute.

Curieux, Crow continue.

- Pourquoi étiez-vous là si tard à l'académie ?

Klein relève les yeux, regardant l'interrogateur droit dans les yeux.

- J'avais rendez-vous avec le professeur Hephilios, dit-il. Il m'avait demandé de le rejoindre dans son bureau en journée, et c'est ce que j'ai fait.

Crow fronce les sourcils, visiblement intrigué.

- Mais Hephilios avait une réunion avec le grand conseil ce soir-là. Pourquoi vous rencontrer si tard ?

- Il avait quelque chose d'important à me dire. C'est tout ce que je sais.

L'air est pesant dans la salle. Je peux sentir les regards des interrogateurs sur lui, cherchant des réponses à travers chaque mot prononcé.

Crow change soudainement de ton, les yeux rivés sur Klein.

- Avez-vous vu la chose qui vous a attaqués ?

Klein le coupe brusquement.

- C'était une personne. Une personne qui voulait me tuer. Hephilios est mort en essayant de me protéger.

Un murmure parcoure la salle, ils échangent des regards interloqués. Crow prend une profonde inspiration avant de demander.

- Pourquoi es-tu donc encore en vie ?

- Je vous l'ai dis. Il est mort en blessant brutalement l'inconnu qui a dû s'enfuir sans terminer sa tâche.

Crow cherche à mettre ses affirmations en doute.

- Êtes-vous sûr de cela ?

Le regard de Klein se durcit.

- Oui, j'en suis sûr.

Le silence règne désormais dans la salle, alors que Aris et moi observons attentivement la fin de la scène à travers l'écran.

- C'est enfin terminé, je déclare d'une voix épuisée mais satisfaite

J'observe fixement Aris, cherchant à déchiffrer la réaction de mon collègue. Il incline légèrement la tête. Son regard est perçant, révélant une trace de suspicion.

- Penses-tu que Klein ait quelque chose à voir avec la mort du vieux professeur Hephilios ? Me demande-t-il prudemment.

Je me mets à rire, incrédule.

- Es-tu devenu fou, Aris ? Je s'exclame. Klein est peut-être un élève difficile, mais de là à le soupçonner d'avoir commis ce meurtre... c'est absurde.

Alors que nous continuons de discuter, un léger coup à la porte se fait entendre, interrompant nitre conversation. Aris, d'une voix autoritaire, invite la personne à entrer.

C'est ainsi que Bradley Crow fait son apparition dans le bureau.

- Bonjour !!! Nous salue-t-il d'une voix grave mais mesurée.

Aris se tourne vers lui, son regard se durcissant.

- Bonjour, Comment avez-vous trouvé notre témoin ?

Crow hésite un instant, analysant notre réaction avant de répondre.

- Il ne dit pas toute la vérité, Vice-directeur. Il cache quelque chose, c'est certain.

Une inquiétude nouvelle naît au creux de l'estomac d'Aris tandis qu'il échange un regard perplexe vers moi. Je fixe Crow avec un regard inquisiteur.

- Et vous avez vérifié cela ?

Un soupçon de frustration voilé passa sur son visage.

- C'est là le problème. Je n'arrive pas à lire dans les pensées de ce jeune homme. Il a développé une sorte de barrière mentale, un bouclier qui m'empêche de pénétrer ses pensées les plus profondes

D'un ton sarcastique, je lance à Crow.

- Oh, je vois ! Peut-être que c'est votre pouvoir qui fait défaut, hein ? Peut-être que vous n'êtes pas aussi puissant que votre réputation le prétend !

Aris se tourne vers moi d'un air réprobateur.

- Ce n'est vraiment pas le moment de plaisanter, Dandae !!

Je hausse négligemment les épaules et Crow esquisse un sourire narquois.

- Peu de personnes échappent à mon contrôle. Vous feriez bien de vous méfier.

Il fait quelques pas en avant, puis continue d'une voix acerbe.

- Si je n'ai pas pu lire dans les pensées de Klein, c'est parce qu'il m'en a bloqué mon accès, ce qui signifie qu'il cache quelque chose. Et ça, ce n'est pas bon signe.

Je secoue la tête, l'air perplexe.

- Je doute que Klein ait la force nécessaire pour échapper à votre contrôle, surtout s'il ne maîtrise pas encore ses pouvoirs.

Crow lève un sourcil, un rictus méprisant sur les lèvres.

- Pourtant, c'est exactement ce qu'il a fait. Je n'aime pas ce qui se passe ici, je vais devoir en référer au conseil.

Je déglutis , réalisant que la situation pouvait devenir plus périlleuse. Je dévisage ensuite le visage impassible de l'homme en face de moi, essayant de dissimuler mon inquiétude grandissante pour Klein.

- J'espère sincèrement que vous ne ferez rien à Klein, je murmure d'une voix basse.

Il éclate d'un rire cynique.

- Ça ne dépend pas de moi, mais du conseil.

Il s'approche ensuite de la sortie, mais se retourne soudainement, un sourire cruel illuminant son visage.

- Mais je tiens à préciser que je ne prends pas plaisir à torturer les jeunes. À moins, bien sûr, qu'ils ne soient considérés comme dangereux.

Un sourire vicieux étire ses lèvres, accentuant son air menaçant, puis il sort de la pièce, laissant derrière lui un silence lourd et pesant. Nous nous dévisageons, chacun attendant que l'autre prenne la parole. Finalement, je brise le silence.

- Aris, dis-moi que tu ne crois pas véritablement que ...

Aris fronce les sourcils, un mélange de tristesse et de colère se lisant sur son visage.

- Et pourquoi pas, Dandae ? rétorque-t-il avec fermeté. Le seul témoin de ce meurtre est ce maudit humain que tu nous as ramené. Tout s'est déroulé dans le bureau de notre académie magique, un lieu pourtant sécurisé. Alors, pourquoi trop vouloir croire en son innocence ?

Je soupire, comprenant l'amertume qui habite Aris. Je décide de faire un pas de plus vers lui, mon regard empli de tristesse.

- Parce que je sais que tu souffres, tout comme moi, tout comme tout le monde ici, je réplique doucement.

Aris lève les yeux vers moi, sa frustration se reflétant dans son regard.

- Arrête ça, Dandae. Tu n'as pas à jouer les psychologues avec moi, rétorque-t-il sèchement.

Je serre les poings avant prendre une profonde inspiration, cherchant mes mots avec précaution.

- Nous n'avons pas encore parlé de la mort de Hephilios.

- Et alors ?

Je m'approche davantage de lui et pose une main réconfortante sur son épaule.

- Utilise ton bon sens, Aris. Arrête de croire qu'un gamin comme Klein aurait pu tuer Hephilios. Ne serait-ce que pour la mémoire de notre défunt professeur.

Aris reste silencieux, mes mots résonnant en lui. Il se calme peu à peu, ses traits se détendant légèrement. Il se rassoit lentement, fixant le bureau comme s'il avait quelque chose en tête.

Je me dirige d'un pas lourd vers le bureau du défunt professeur Hephilios. Je pénètre dans son bureau, mon esprit encore tourmenté par les événements récents. Je suis surpris d'y voir Klein, debout près de la fenêtre, son regard perdu dans le vide. Je m'approche de lui, préoccupé par l'expression qui assombrissait son visage .

-Klein, que fais-tu encore ici ? Tu devrais être rentré chez toi depuis longtemps, je déclare, cherchant à comprendre ce qui le retenait encore dans ce lieu chargé de souvenirs douloureux.

Il ne répond pas, son regard fixé au loin, perdu dans ses pensées. Je m'approche davantage, posant une main sur son épaule .

- Comment s'est passé l'interrogatoire ? Je demande, espérant savoir un peu plus ce qu'il pense.

Il lève enfin les yeux vers moi, son regard empreint d'une lueur de rage.

- Rien à foutre, répond-y-il d'une voix morne.

Je secoue la tête, conscient que toute cette situation et ces événements doivent lui peser.

- Ce n'est pas le moment de perdre espoir, Klein. Les membres du conseil pourraient décider de ton destin.

Il éclate ensuite d'un rire exaspéré, ses yeux reflétant une détresse profonde.

- Et que feraient-ils ? M'enfermer dans une cellule et me torturer pour obtenir je ne sais quelle information ? J'en ai assez de tout ça, de vous, d'Atlasia, qu'on se préoccupe de moi, je vais très bien !!!! déclare-t-il, laissant échapper un soupir chargé d'amertume.

Je prends une profonde inspiration et réalise que mon élève va vraiment mal. Je pose à nouveau ma main sur Klein, mais celui-ci la repousse brusquement.

- Lorsque j'ai décidé de me faire entraîner par le professeur Hephilios, je pensais devenir plus fort, assez fort pour protéger ceux qui me sont chers. Mais je suis incapable de le faire, murmure Klein, sa voix empreinte de tristesse et de frustration.

Je tente de le rassurer.

- C'est normal, Klein. Tu es encore novice dans la magie. Il te faudra du temps pour maîtriser tes pouvoirs.

Il secoue la tête avec amertume.

- Pendant ce temps, l'assassin du professeur Hephilios continuera de semer la mort autour de nous, conclu-t-il avec colère et désespoir.

J'essaie tant bien que mal d'être là pour lui et d'essayer de l'apaiser, sans succès .

- Ce n'est pas de ta faute. Tu ne peux pas te blâmer pour ce qui est arrivé.

Il finit par s'emporter.

- Vraiment ? Le professeur Hephilios est mort devant mes yeux, et je n'ai rien fait. J'étais juste un putain de spectateur impuissant. Je ne me suis jamais senti aussi inutile de ma vie.

Il continue, sa voix tremblante d'une colère contenue.

- Je sais que l'assassin voulait me voir souffrir. Il a utilisé le professeur Hephilios pour m'atteindre. Il a planifié l'attaque avec Sheyla, il a voulu s'en prendre à Brianna. Cet assassin a réussi à m'atteindre, et il continuera à me traquer.

Je tente de le raisonner.

- Tu te fais des idées, Klein. Tu ne sais pas de quoi tu parles.

Il secoue la tête avec frustration.

- Vous ne comprenez rien.  murmure-t-il avant de se détourner et de quitter le bureau, me laissant seul avec observent une fraction de secondes le fauteuil où jadis s'asseyait notre cher Hephilios.

Je regarde Klein partir, un sentiment d'impuissance m'envahissant.

- Ne fais aucune bêtise, Klein, je lui lance, sachant que les ténèbres qui menacent de le submerger sont bien plus profondes et dangereuses qu'il ne l'avait imaginé.

Je le comprends ...si seulement il pouvait le voir ...

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