✴ 37.

Klein

La journée avait été longue pour moi et mon estomac gargouille de faim alors que je me dirige d'un pas fatigué vers la cuisine. Je m'approche de la corbeille de fruits sur le comptoir et y prend une pomme juteuse, croquant avec appétit dans sa chair sucrée.

Mais à peine la bouchée avalée, une douleur intense me traverse les tempes, me faisant lâcher la pomme qui roule au sol. Je sens mon front pulser et mes tempes battre au rythme de ma migraine grandissante. Je me courbe, posant une main tremblante sur mes genoux, tentant de calmer la douleur qui semble prendre le contrôle de mon esprit.

Soudain, une voix familière résonne dans ma tête, « Klein, j'ai besoin de toi » souffle la voix du professeur Hephilios.

L'irritation provoquée par cette intrusion inattendue ne fait que m'exaspérer et je proteste vivement.

- Putain ! Vous êtes malades !!! Qu'est ce qui vous prend d'entrer dans ma tête ?!

La voix perçante du professeur, pleine d'inquiétude, résonne à nouveau dans ma tête. « Je suis désolé, Klein, mais il s'agit d'une affaire urgente.»

Je me redresse, frustré par cette interruption soudaine. Je décide ensuite de ravaler ma colère et demande d'une voix plus calme.

- Le cours n'était-il pas terminé ?

Hephilios garde son calme et m'explique que c'est au sujet de Sheyla, il doit en savoir plus sur l'attaque. J'inspire profondément, réalisant que cette conversation est plus importante que je ne l'avais d'abord pensé.

- Très bien. J'arrive, dis-je d'une voix résignée.

Dans ma chambre sombre, je fouille dans ma poche pour sortir la petite bague en argent. Dans un éclair de lumière, je me retrouve devant les majestueuses portes de l'Académie.

J'ouvre les portes qui grincent légèrement et pénètre dans le bâtiment. Les couloirs sont déserts, seulement éclairés par quelques torches vacillantes. Je grimpe les marches qui menent au bureau du professeur. À ma grande surprise, la porte est grande ouverte, laissant filtrer une lumière tamisée à l'intérieur de la pièce.

- Professeur Hephilios ? j'appelle en espérant entendre une réponse familière.

Le silence me répond, amplifiant mon malaise. Je balais la pièce des yeux à sa recherche. Rien. Le bureau est vide, sans aucun signe de présence récente. Je fronce les sourcils, intrigué. Je m'assieds dans l'un des fauteuils, réfléchissant à ce qui peut bien se passer.

Les minutes s'étirent, et je commence vraiment à trouver cela étrange. Il faudrait peut-être que j'y aille. Soudain, le professeur entre directement dans la pièce et je me lève brusquement en le voyant.

- Klein que fais tu ici ? Me demande-t-il ayant l'air surpris.

- Ce n'est pas vous qui ...

Avant que je ne puisse terminer ma phrase, une lumière noire fulgurante nous projette tous les deux contre le mur ...

J'ouvre lentement les yeux, ma vue floue se troublant de lumières étincelantes. Des sons étouffés me parviennent, créant une cacophonie dans ma tête. Péniblement, je tente de bouger, mais une force invisible me maintient fermement ancré au sol. Mon corps est comme figé, les membres engourdis par cette étrange emprise.

Haletant, je lève la tête et mon regard se pose sur un homme avançant vers moi. Ce jeune inconnu, vêtu de sombre de la tête aux pieds, dégage une aura mystérieuse et menaçante. Ses cheveux blonds révèlent une pâleur inhabituelle, tandis que ses yeux noirs semblent refléter l'obscurité elle-même.

L'inconnu semble percevoir ma détresse et me dit d'une voix calme.

- Ne perds pas ton énergie. Tu ne pourras pas bouger, même si tu essaies.

Je sens mon sang se glacer dans mes veines en réalisant que c'est lui qui a un contrôle sur moi, empêchant toute tentative de mouvement. Epuisé, je fixe l'inconnu tentant de comprendre ce qu'il veut.

- Est ce moi que vous voulez ?

L'inconnu disparaît soudainement, disparaissant de ma vue en un éclair. Je parcoure la pièce du regard, cherchant frénétiquement à comprendre où se trouve mon assaillant. Le professeur Hephilios, malgré son âge avancé, réussit à se redresser et se tient debout non loin de moi.

- Qui êtes- vous ? demande-t-il avec une fermeté nouvelle.

C'est alors que l'inconnu réapparaît, me surplombant de manière menaçante. Tout mon corps se contracte de douleur sous le poids du jeune homme mystérieux, qui semble tirer une satisfaction morbide de son emprise sur moi. Je serre les dents pour retenir un cri, le souffle court.

Soudain, une boule de feu jaillit de la paume du professeur et file droit vers l'inconnu. Trop rapide pour être touché, ce dernier réagit avec une agilité surprenante, bondissant avec une fluidité animale et atterrissant sur la table du bureau, juste à temps pour éviter le projectile incandescent.

Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. Il semble presque apprécier le défi qui lui est lancé. Le mystérieux inconnu, sautant avec une agilité impressionnante de la table, et fixe Hephilios droit dans les yeux.

- Ce n'est pas vous !!, déclare-t-il d'un ton mystérieux. Je suis simplement l'instrument d'une volonté plus grande.

Sans attendre, Hephilios fait un geste de la main et une puissante boule de feu jaillit de ses doigts, fusant droit vers l'inconnu. Celui-ci, d'un mouvement rapide, créé un tourbillon d'ombres autour de lui, formant une barrière protectrice qui absorbe l'attaque enflammée.

Les ombres s'élèvent tout autour de lui, prenant la forme de lames acérées. Elles tournoient dans les airs dans une danse sinistre, prêtes à ensanglanter leur proie. Hephilios parvint à se protéger en créant un épais bouclier de feu qui le recouvre entièrement, mais chaque impact envoie des étincelles qui révèlent la fragilité de sa protection.

- Je croyais que vous étiez plus puissant que cela, chuchote l'inconnu d'une voix feutrée.

Le professeur tente d'analyser rapidement la situation, cherchant un moyen de contrer ces attaques furtives.

Tout à coup, la salle est plongée dans une obscurité totale, comme si quelque chose avait éteint toutes les sources de lumière. Je sens le sol se dérober sous nos pieds alors qu'une force invisible nous soulève dans les airs. L'inconnu a utilisé ses pouvoirs pour les déplacer dans un autre endroit, aussi sombre que la nuit elle-même.

L'inconnu se fond dans les ténèbres, disparaissant presque entièrement de la vue. Mais soudain, il réapparaît juste au-dessus de moi, dominait de toute sa hauteur immatérielle. Les ombres s'étendent de son corps comme des bras démoniaques, se préparant à enserrer leur victime. Alors que je tente désespérément de bouger je finis par accepter que je suis impuissant.

Cependant, juste au moment où les mains fuligineuses veulent m'effleurer, le professeur réagit avec une vivacité étonnante. Il invoque les flammes primordiales, les lançant vers l'inconnu en un torrent ardent. Les ombres sont repoussées. Il tente ensuite de profiter de l'instant de distraction pour attaquer l'inconnu. Il inverse la gravité, faisant voler l'inconnu tête en bas dans les airs. Mais ce dernier se rétablit rapidement.

Les ombres environnantes s'animent, dansant et se tordant autour de l'inconnu. Elles semblent prendre vie, s'étirant et se déplaçant selon sa volonté. Les ténèbres se rassemblent en une forme humaine spectrale qui se matérialise devant nous.

La silhouette sombre se mouvoit avec une grâce sinistre. Elle se dirige rapidement vers le professeur, envoyant des attaques rapides et précises. Le professeur, bien qu'affaibli, parvient à esquiver la plupart des coups grâce à son expérience et sa ruse.

Alors qu'il lutte pour sa survie, une lueur dorée, entourant mon corps d'une énergie aussi brillante que la flamme d'un soleil ardent. C'était sans doute une manifestation de ma rage, mais je suis incapable de la contrôler ou de me déplacer. Mon corps est figé, entraînant un sentiment d'impuissance qui crie à l'injustice.

L'inconnu est surpris par cette manifestation soudaine. Sa technique d'ombres vacille légèrement sous la force de mon Ual, mais il parvient à se ressaisir rapidement lorsque mon Ual se calme.

Les deux adversaires continuent de s'affronter, leurs pouvoirs contraires clashant dans une danse chaotique. Malgré les attaques persistantes de l'inconnu, le professeur Hephilios ne se laisse pas démonter. Armé de sa détermination sans faille, il bloque, esquive et riposte avec une précision acérée.

L'inconnu, malgré le fait qu'il utilisait ses ombres pour contrer les attaques du professeur, commence à montrer des signes de fatigue. Son énergie diminue petit à petit tandis que le professeur, puisant dans ses réserves magiques, reprend l'avantage.

Finalement, le professeur trouve l'ouverture qu'il attendait. D'un geste vif et précis, il brandit une épée enflammée dont les flammes léchent les bords de la lame, crépitant comme des langues affamées et transperce l'inconnu. L'acier brûlant pénètre sa poitrine, provoquant un cri déchirant. L'arme enflammée semble alors emporter l'inconnu dans une brûlure dévorante, le consumant rapidement.

Le professeur, à bout de forces, me prend dans ses bras et nous quittons précipitamment ce lieu obscur où l'inconnu nous avait entraînés. Une fois dans son bureau, il pose un regard inquiet sur moi, cherchant à s'assurer de mon bien-être.

- Ça va aller, mon garçon ? Me questionne-t-il, sa voix légèrement tremblante.

Je tente de répondre, mais avant que je ne puisse prononcer un mot, une épée transperce soudainement le professeur. Un cri d'horreur et de surprise s'échappe de nos lèvres, alors que nous nous tournons vers l'inconnu qui vient d'apparaître derrière le professeur.

Hephilios, le souffle coupé, demande d'une voix faible.

- Comment... ?

L'inconnu sourit d'un air sinistre.

- Je ne pensais pas avoir besoin d'utiliser ce pouvoir. Ça nécessite une quantité d'énergie magique considérable, dit-il d'une voix glaciale. Mais les circonstances exigent parfois de telles actions.

Alors qu'Hephilios s'effondre sur Klein, l'inconnu se dirige vers moi. Il utilise ses ombres pour comprimer mon cœur, m'infligeant une douleur insupportable. Je hurle de douleur avant de succomber à l'inconscience.

- A une prochaine fois, murmure-t-il sinistrement.

L'inconnu disparaît alors sans laisser de trace, laissant derrière lui un silence assourdissant ...

Mon réveil est brutal. Alors que je sors doucement des bras de Morphée, mes paupières s'ouvrent sur une scène cauchemardesque. D'innombrables personnes vêtues de capes et d'armures se tienent dans la pièce, leur silence lourd comme une tombe emplissant l'atmosphère.

Mon regard triste se pose sur le corps sans vie du professeur Hephilios, que des gardes transportent vers la sortie. Mes épaules s'affaissent, une douleur sourde me martelant le cœur.

Au même instant, le professeur Dandae fait son entrée dans la pièce. Les yeux emplis d'inquiétude, il se précipite vers moi alors que je tente de me relever. Sa main tendue m'offrr un soutien ferme tandis qu'il m'aide à me remettre sur mes deux jambes tremblantes.

- Dites-moi, Klein, tu es blessé ? s'enquit-il, inquiet.

Je hoche simplement la tête, perdu dans mes pensées tourbillonnantes. Les images de l'attaque se bousculent dans mon esprit, tandis qu'un mélange de rage et de tristesse me submerge.

Dans le silence pesant, le vice-directeur Aris s'avance vers nous, le visage dur.

- Dandae, ce jeune homme doit être interrogé immédiatement, déclare-t-il d'une voix froide.

Le professeur Dandae ne répond pas immédiatement, me fixant avec une expression préoccupée. Le vice-directeur insiste sans attendre de réponse.

- Il semble aller bien, je ne vois donc pas pourquoi nous devons attendre , argumente-il.

Finalement, le professeur Dandae se tourne vers Aris et reprend

- Avant de l'interroger, Klein doit être examiné par Eléa. Seulement après cela, je le laisserai répondre à vos questions.

Le vice-directeur grimace, mécontent de l'insistance du professeur. Cependant, il hoche la tête en signe d'acceptation.

-Très bien. Je leur demanderai de patienter , consent-il d'un ton maussade avant de s'éloigner.

Alors que nous quittons la pièce, le silence me sert de confident dans la tourmente. Les yeux rivés sur le sol froid, je semble encore prisonnier de mes pensées. Les souvenirs de l'attaque se mêlent aux images de la mort d'Hephilios dans mon esprit meurtri. La tristesse et la colère s'entrelacent dans son cœur, un mélange toxique qui menace de m'emporter.

Nous arrivons finalement devant la porte du bureau du professeur Eléa. Je pousse doucement la porte et entre timidement dans la pièce. Pendant ce temps, le professeur Dandae se tient à l'extérieur du bureau, me laissant cet instant de répit avant de l'inévitable interrogatoire.

- Klein, installe-toi, je t'en prie, dit-elle en désignant une chaise face à elle.

Néanmoins, je remarque que les yeux d'Eris se baladent vers moi, emplis de compassion. Je suis pris d'un sentiment de réticence à la fois à l'égard de sa sympathie et de sa pitié.

Eléa me fixe intensément dans les yeux et me demande avec une voix préoccupée.

- Klein, est-ce que tu as mal quelque part ?

- La douleur que je ressens n'est pas physique ...

Un sourire triste se dessine sur les lèvres du professeur alors qu'elle se lève de sa chaise. D'un geste délicat, elle se rapproche de moi, posant sa main près de ma poitrine.

Un léger soupir m'échappe.

- Humm... ,murmure-t-elle, les sourcils froncés.

Eris est restée près du plan de travail, les yeux rivés sur moi. Eléa se tourne vers elle et lui dit d'une voix calme mais ferme.

-Eris, va me chercher la potion que j'étais en train de préparer.

Eris hésite un instant, son regard cherchant le soutien d'Eléa. Mais le regard du professeur insiste pour qu'elle obéisse. Résignée, elle s'avance vers moi, qui détourne le regard.

La question qui brûle dans mon esprit m'échappe alors qu'Eris s'approche.

- Est-ce qu'on aurait pu sauver le professeur Hephilios ? Je demande, espérant secrètement une réponse réconfortante.

Eléa secoue lentement la tête, ses yeux se remplissant de tristesse.

- Je ne sais pas ...

Pendant qu'Eris me tend la potion, je chuchote, perdu dans mes pensées .

- Pourquoi ne m'as-tu pas tué ?

Eris baisse les yeux, déstabilisée par une telle question. Je prends la potion et la bois d'une traite, puis me lève brusquement. J'ai besoin de sortir de cette pièce qui me semble étrangement oppressante.

Une fois à l'extérieur, je ferme les yeux essayant de prendre une profonde respiration pour me calmer. Soudain, j'entends une voix familière, celle de Brianna. Elle se précipite vers moi, me serrant dans ses bras. Je me laisse aller un instant, avant de retirer délicatement Brianna de mes bras.

- Je vais bien, merci ...

Juste à ce moment-là,  Damon, Justin et Alexandra arrivent également. Alexandra s'approche lentement de moi, mais avant qu'elle n'ait eu une chance de dire quoi que ce soit, je me tourne vers le professeur Dandae.

- Nous pouvons y aller maintenant ...

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