✴ 34.

Klein

J'ouvre difficilement les yeux, luttant contre le sommeil qui m'enveloppe encore. Ma vision est floue et je peine à distinguer les contours qui m'entourent. Je cligne des yeux, essayant de me réveiller complètement. C'est alors que j'aperçois le visage du professeur Hephilios, penché au-dessus de moi avec une expression d'inquiétude mêlée de soulagement.

- Vous ? Je murmure d'une voix enrouée. Depuis combien de temps ai-je dormi ?

Hephilios me fixe , son regard empreint de profonde admiration pour ma résilience.

- Tu as dormi pendant deux jours entiers, mon garçon. Tu es très chanceux et incroyablement robuste. Je suis sincèrement étonné que tu sois encore en vie.

J'écarquille les yeux de surprise avant de me redresser, ignorant la douleur qui émane de chaque muscle de mon corps.

- Ça fait plaisir ... Comment va Sheyla ? Est-elle réveillée ?

Le visage du professeur Hephilios se ferme un instant avant qu'il ne réponde d'un ton grave.

- Sheyla est en vie, mon garçon. Mais les dégâts qu'elle a subis sont bien plus importants que nous ne le pensions

- Je ne comprends pas... je balbutie, le regard empli de confusion et de peur.

Hephilios soupire, hésitant un instant avant de répondre.

- La créature qui vous a attaqués , n'a pas seulement blessé gravement le corps de Sheyla. Elle a également aspiré une partie de son essence vitale. Les guérisseurs et les mages font tout leur possible pour la ramener, mais il n'y a aucune certitude quant à sa guérison complète.

Un silence lourd s'installe dans la pièce. Les mots résonnent dans mon esprit, m'arrachant un frisson d'effroi.

- Il doit y avoir un moyen de la sauver, n'est-ce pas ?

Le professeur Hephilios hoche la tête dans un geste de compréhension.

- Nous ferons tout notre possible, Klein. Maintenant dis moi, comment vous êtes arrivés vers le barrière d'Ishgar ?

- Nous marchions tous les trois dans la forêt de Brightwood lorsque nous avons été... enlevés, emportés par une force inconnue. Ensuite on a été séparés et nous nous sommes retrouvés près d'Ishgar, je révèle, perdu dans mes propres pensées.

Hephilios hoche la tête, prenant note de ces informations cruciales.

- Je vois. Et toi, comment as-tu pu te retrouver, une fois de plus, dans une situation aussi dangereuse ? Il y a seulement quatre jours, je t'ai demandé de te reposer après ton attaque... Et voilà qu'aujourd'hui encore, tu te mets en péril , me fait remarquer Hephilios, le regard soucieux.

- Je voulais juste les accompagner. Je ne pensais pas que tout cela arriverait. Croyez-vous que tout cela soit lié à moi ?

Le professeur Hephilios soupire, sa voix empreinte de lassitude.

- Je ne sais pas, mon garçon. Je ne suis pas certain de ce qui s'est passé exactement. Mais tu sais, comme d'habitude, tu as été imprudent.

Je me sens immédiatement sur la défensive, mes émotions mêlées.

- Comme d'habitude vous ne savez pas. Voilà près de quatre fois qu'on nous attaque et je suis toujours présent, désolé de penser que c'est lié à moi. J'espère que la prochaine fois, ils viendront une bonne fois pour toute m'attaquer moi.

- Et que ferez vous ?

- Je ...

- La seule chose chose que vous ferez c'est mourir. C'est beau d'être courageux mais pas stupide !

Je ne peux pas rester au lit comme un patient docile. J'ai besoin de bouger, de réfléchir et de trouver un moyen de changer les choses. Malgré les interdictions du professeur Hephilios, je me lève d'un bond.

- Attendez ? Où allez-vous ? Vous n'êtes pas complètement remis !!

- Mais je suis vivant ! Merci de vous inquiétez pour moi, ça me touche.

J'ouvre doucement la porte de la chambre. Mon cœur fait un bond lorsque mes yeux se posent sur la silhouette familière d'Alexandra qui m'attend devant la porte. Sans hésiter, elle se jette dans mes bras dès que j'apparais, laissant échapper un soupir de soulagement.

- Klein ! Enfin, tu es sorti ! murmure-t-elle, ses bras m'entourant étroitement.

Sans me donner le temps de répondre, elle presse doucement ses lèvres contre les miennes, un baiser doux et passionné à la fois.

Je réponds à son étreinte sans hésitation, sentant mon corps se détendre instantanément. Mes bras se resserrent autour d'elle, la tenant fort contre moi. Mon souffle chaud chatouille sa peau, lui rappelant à quel point elle m'a manqué.

- Je suis désolée d'être si préoccupée, mais ces deux jours ont été si difficiles pour moi, chuchote-t-elle contre ma poitrine.

Je peux sentir les vibrations de sa voix, signe de son anxiété et de sa détresse profonde.

- Je comprends, je réponds avec tendresse, caressant doucement ses cheveux. Je suis là maintenant, tout va bien.

Sans prévenir, elle me donne une tape légère sur le torse, faisant mine de ne pas s'en rendre compte. Je feins alors une douleur exagérée, me pliant légèrement sur moi-même.

- Ouch ! Tu m'as fait mal ! Je plaisante, esquissant un sourire.

- Sérieusement, est-ce que ça va ? demande-t-elle avec un air d'inquiétude, se rapprochant de moi et cherchant à inspecter mon torse.

Je prends doucement ses mains, lui assurant que tout va bien. Elle me regarde avec tendresse avant de m'embrasser de nouveau. Après un bref moment de silence, je décide de la questionner sur Sheyla.

- As-tu des nouvelles de Sheyla ? La fille qui s'est faite attaquée avec nous.

Elle secoue tristement la tête.

- Non, malheureusement. Mais j'ai eu de la peine pour sa mère, elle était là il y a quelques minutes et elle avait l'air si désemparée ...

Mon front se plisse de frustration et d'inquiétude, comme si le poids du monde reposait sur mes épaules.

- Si au bon moment, nous avions un véritable mage guérisseur à nos côtés, Sheyla ne serait pas dans cet état, je déclare d'un ton sombre, les yeux brûlants de colère retenue.

Alexandra retient un soupir et secoue la tête.

- Ça suffit, Klein. Arrête de blâmer les autres pour ce qui s'est passé.

Je la regarde, incrédule.

- Tu veux me dire que son incompétence n'a pas joué un rôle dans tout ça ? Je me contente de dire la vérité, rien de plus.

Soudainement, l'atmosphère devient tendue. Alex ne peut contenir sa frustration plus longtemps. Elle lève la main et me gifle d'un mouvement brusque. Le silence s'installe, le bruit sourd de la gifle encore présent dans nos oreilles.

- Ça suffit ! s'exclame-t-elle d'une voix tremblante de colère. Cela fait deux jours qu'Eris ne me répond pas, tu sais ? Elle doit se sentir déjà coupable de ce qui s'est passé. Et heureusement qu'elle n'est pas là pour entendre ce que tu dis. Je sais que tu ne l'apprécies pas, mais tu n'as pas besoin de la prendre pour bouc émissaire. Ce qui est arrivé à Sheyla n'est pas de sa faute.

- Al...

- Dommage que tu sois toujours obligé d'être détestable avec les gens.

Elle me regarde pendant un instant, puis, poussant un soupir, elle se retourne brusquement. Je la regarde s'éloigner, sa colère visible dans chacun de ses pas. Mais je refuse de me laisser submerger par mes émotions et décide de mettre de côté mes soucis personnels pour aller voir Sheyla.

Lorsque je pousse la porte, l'atmosphère de la pièce semble immédiatement plus lourde, comme si une aura étrange enveloppe les lieux. Mes yeux se posent sur Sheyla, allongée au centre de la pièce dans ce qui ressemble à une étrange sphère translucide. La lumière d'un blanc nacré émane de cette étrange prison, caressant les traits pâles et fatigués de Sheyla.

M'approchant doucement de la sphère, je la scrute avec attention. Elle semble être faite d'une matière lumineuse et malléable. Chaque fois que je pose la main sur la paroi, je peux ressentir une légère vibration, comme si une énergie invisible coule à travers elle.

Les yeux de Sheyla sont clos, son visage paisible, presque serein malgré la situation désespérée à laquelle elle est confrontée. Je sens une boule se former dans ma gorge, étouffant mes mots et amplifiant ma colère à l'égard de mes propres faiblesses. Je me penche légèrement, les lèvres se rapprochant de l'étrange membrane.

- Je suis désolé, Sheyla, je murmure à voix basse, espérant que mes paroles atteignent son oreille. Peut-être que j'aurais dû te persuader de ne pas y aller. Peut-être j'aurais dû être plus fort. Plus fort oui.

Le silence de la chambre semble peser sur moi alors que je lutte pour retrouver mon calme. Les émotions qui me submergent se transforment en rage. Je prends une profonde inspiration avant de poursuivre.

- Sheyla, je te demande de ne pas mourir. Continue à te battre, même si c'est difficile. Les mages guérisseurs trouveront une solution, j'en suis convaincu. S'il te plaît, réveille toi.

Puis, mon regard se pose une dernière fois sur elle avant que je ne me décide à quitter sa chambre.

***

Je passe la porte d'entrée de la maison, fatigué et les yeux fixés au sol. Alors que je m'avance dans le couloir, une voix familière me fait presque sursauter.

- Klein ! Enfin de retour ! Mais où étais-tu passé ces deux derniers jours ? s'enquit Jana, s'approchant de moi avec un torchon en main. Sa voix trahissant une pointe d'inquiétude mêlée de soulagement.

Fatigué par ce qui s'est passé ces derniers temps et par mes pensées tumultueuses, je ne souhaite pas entrer dans les détails avec Jana.

- Chez un ami, je réponds simplement, espérant mettre fin à la conversation.

Les sourcils de Jana se froncent légèrement alors qu'elle serre les lèvres.

- Tu aurais au moins pu répondre à mes appels, Klein. Je m'inquiétais pour toi, dit-elle d'un ton à la fois réprobatif et préoccupé.

Lassé de cette attention étouffante, je perds patience et réplique plus durement que je ne l'aurais voulu.

- Arrête de t'inquiéter pour des futilités. Je sais me débrouiller tout seul.

Elle lève les yeux au ciel et s'approche de moi en posant doucement ses mains sur mes épaules.

- Je sais que, parfois je me demande si j'oublie ma place ici. Mais je ne veux que ton bien, Klein.

- Ne dis plus ça, Jana. Tu sais très bien que tu as une place importante dans ma vie. Tu es ma famille. C'est juste que j'ai énormément de choses en tête ces derniers temps.

Un sourire se dessine sur son visage ridé. Elle tapote affectueusement ma joue, comme pour me rassurer.

- Allons, ne te fâche pas, je plaisantais, dit-elle avec tendresse. Mais pourquoi as-tu l'air si triste ? Quelque chose te tracasse, n'est-ce pas ?

Je soupire et prends une profonde inspiration avant de répondre.

- Une amie à moi... Enfin, si on peut l'appeler une amie, est à l'hôpital et ne va pas bien du tout. Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète autant pour elle. Après tout, je l'ai rencontrée il y a à peine quelques jours...

Elle hausse les épaules, un brin de malice dans ses yeux.

- Tu deviens sentimental, Klein. C'est une facette de toi que je n'ai jamais vue auparavant.

Agacé par son ton moqueur, je fronce les sourcils.

- Arrête de te moquer de moi, Jana. Ce n'est pas le moment.

Elle rit encore une fois avant de prendre une posture plus sérieuse.

- D'accord, d'accord. Mais écoute, il est tout à fait normal de s'inquiéter pour quelqu'un qui nous tient à cœur, peu importe depuis combien de temps on la connaît.

- Bref, oublie ce que j'ai dit !

Elle me rend un sourire taquin et me donne une légère tape sur l'épaule.

- Allez, rentre-te reposer, Klein. Tu en as bien besoin. Et n'oublie pas de manger quelque chose, tu sembles épuisé. Et aussi, ton père veut que tu lui téléphones.

- Je vais voir ...

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