✴ 30.
Klein
Je suis assis en face du professeur Hephilios. L'atmosphère mystique de la pièce est accentuée par les nombreux livres anciens qui jonchent les étagères et l'odeur envoûtante de l'encens qui flotte dans l'air. La lampe à huile vacille doucement, éclairant faiblement nos deux visages.
Le vieux Hephilios, m'observe attentivement, ses yeux sages scrutant les moindres mouvements que j'effectue. Il avait accepté de m'aider à maîtriser mon énergie magique, après que la sphère ait été incapable de définir à quel pouvoir je suis affilié. Pourtant il semble qu'il pense désormais que je n'essaie pas suffisamment et ne suis pas concentré dans mon apprentissage.
Je viens pourtant de consacrer des heures interminables à m'exercer, mais mes efforts sont vains. La magie continue à être un véritable mystère pour moi. Je soupire et marmonne.
- Ça ne marche pas. Je n'arrive pas à ressentir cet énergie qui serait en moi.
- Klein, tu prétends que ça ne marche pas, mais es-tu vraiment en train d'essayer ? demande Hephilios, les sourcils blancs se fronçant légèrement.
Mon regard empli d'une certaine arrogance et je réplique d'un ton dédaigneux.
- Peut-être que je ne suis tout simplement pas fait pour ça. Peut-être que je devrais abandonner.
Le professeur Hephilios me fixe ensuite avec sévérité.
- Abandonner ? Tu ne peux pas abandonner quelque chose que tu n'as même pas encore essayé de maîtriser. Pourquoi es-tu ici, Klein ? Qu'est-ce qui t'a amené à la Highland Academy d'Atlasia ?
Je prends quelques instants pour réfléchir à la question, les mots se bousculant dans ma tête.
- Je suis ici pour protéger ceux que j'aime, et moi-même, je réponds finalement, la voix empreinte d'une sincérité profonde.
Hephilios acquiesçe lentement.
- Alors, mets cette même envie, cette même détermination dans ton apprentissage , me conseille-t-il. Tu ne peux pas protéger les autres si tu ne parviens pas à maîtriser tes propres pouvoirs.
Le professeur fait une pause, m'observant avec compassion.
- Et qu'est-ce que la magie représente pour toi, mon garçon ? demande-t-il d'une voix douce.
Je me sens déstabilisé par cette question, réalisant que je n'avais jamais vraiment pris le temps d'y réfléchir.
- Je ne sais pas vraiment... rien , j'avoue, me sentant légèrement confus.
Hephilios remarque mon hésitation et décide de m'offrir un nouvel éclairage.
- La magie, Klein, c'est bien plus que des sorts et des enchantements. C'est une force qui émane de chaque être vivant, une énergie qui relie tous les aspects de notre monde. Elle est à la fois créatrice et destructrice, et seuls ceux qui sont capables de comprendre cette dualité peuvent la manipuler de manière responsable.
J'écoute attentivement ce qu'il dit, absorbant chacune de ses paroles bien que non intéressantes pour moi. Le professeur Hephilios poursuit.
- La magie ne peut pas être forcée, elle doit être embrassée. Tu dois trouver ton propre lien avec elle et accepter sa présence en toi. C'est seulement alors que tu pourras commencer à la maîtriser.
Puis, le professeur se lève et annonce qu'il doit assister à une réunion importante, me laissant seul dans la salle. Avant de partir, il me lance un dernier conseil.
- Continue de t'exercer en mon absence, mon garçon, médite et laisse ton énergie magique te guider. Crois en toi-même et en tes pouvoirs. Tu y arriveras, j'en suis convaincu.
Après le départ du professeur, je reste seul dans la pièce, perdu dans mes pensées. Je commence à me dire que mes doutes et mes frustrations sont peut-être simplement les fruits de mon propre manque de compréhension de la magie. Peut-être suis-je aveuglé par mes propres excuses.
Je sors du bureau du professeur avec une expression inquiète sur le visage. Je continue en déambulant dans les vastes couloirs de l'académie. Le bruit des conversations, les rires étouffés et les portes qui claquent résonnent dans mes oreilles alors que je cherche désespérément un visage familier parmi la foule.
Mon regard se pose finalement sur Alexandra. Un sourire étire mes lèvres alors que je m'approche silencieusement derrière elle. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je la prends doucement par surprise et dépose un baiser léger sur sa nuque. Alexandra sursaute et se retourne brusquement.
- Klein ! Tu m'as fais peur, s'exclame-t-elle, les joues légèrement rosies.
- Je suis un si mauvais petit ami pour que tu finisses par avoir peur d'un baiser qui ne devrait venir que de moi ?
Alexandra me sourit.
- Depuis quand tu es romantique ? Me demande-t-elle.
L'on s'échange alors un regard complice et mes mains viennent se glisser autour de sa taille, nous rapprochant encore davantage.
Nous nous mettons à flirter, oubliant tout ce qui nous entoure. Mais notre douce bulle est brusquement interrompue par l'apparition de Jason.
Ce dernier se dirige d'un pas déterminé vers sa salle de cours, ignorant totalement notre présence. Je le remarque immédiatement et, d'un geste rapide, j'arrête Jason pour engager la conversation.
- Casterfield, attends une minute, je l'interpelle d'un ton autoritaire.
Le jeune homme prend alors un air surpris, avant de se renfrogner légèrement. Il n'apprécie visiblement pas mon attitude dédaigneuse , je ne peux pourtant pas m'en empêcher, on dirait que ça fait partie de ma personnalité.
- Klein, qu'est-ce que tu veux ? rétorque Jason d'un ton froid mais contenue.
- Rien de spécial, juste discuter un peu... en tant qu'ami d'Alexandra. C'est ce que tu es pas vrai, je réponds un sourire en coin ornant mon visage.
Alexandra, voyant la tension monter, intervient rapidement pour calmer le jeu.
- Jason, s'il te plaît, va à ton cours. Klein, arrête de provoquer... Ce n'est pas le moment. déclare-t-elle d'un ton ferme.
Jason, discernant qu'il n'était pas judicieux de prolonger l'affrontement, obéit à contrecœur et s'éloigne sans un mot supplémentaire.
Une fois Jason parti, Alexandra se tourne vers moi, les sourcils froncés et le regard assombri par la colère.
- Klein, je ne comprends pas ton attitude envers Jason. Je t'ai déjà dit qu'il n'y avait rien entre nous. Pourquoi ne veux-tu pas me faire confiance ? Me reproche-t-elle d'une voix chargée d'émotion.
- Bien sûr que je te fais confiance mais pas à lui.
- Tu es détestable parfois ... tu sais ?
Je sais que je dois arrêter d'être si aussi arrogant et possessif. Je pose ensuite doucement mes mains sur ses joues, essayant de lui redonner le sourire.
- Je suis un idiot, je le sais. Mais heureusement que je t'ai avec moi, je murmure, cherchant à apaiser sa colère.
Alexandra soupire et son visage s'adoucit enfin. Elle m'a toujours dit que j'avais ce pouvoir particulier de faire fondre son cœur en un instant.
- D'accord, je te pardonne. Mais promets-moi d'avoir confiance et de ne plus avoir ce genre de réactions impulsives.
Un sourire réapparaît sur mes lèvres alors que j'approuve d'un signe de tête.
- Je te le promets, Alexandra
Je me penche tout de suite après doucement vers elle et l'embrasse tendrement. Puis, elle brise doucement ce baiser en se rappellant de son cours imminent.
- Je dois y aller !
- Ok !
Je la regarde s'éloigner en esquissant un sourire satisfait avant de me remettre en chemin.
J'ajuste ensuite ma cape et commence à marcher lentement, les mains glissées dans les poches. Le silence qui règne dans ces couloirs semblent étrangement oppressant, comme si chaque pas heurte une barrière mystérieuse, renforçant une atmosphère tendue.
Soudain, un murmure confus et des rires bruyants me parviennent aux oreilles . Intrigué, je tourne dans un couloir adjacent et y découvre une scène envoûtante. Devant moi se trouve une foule d'élèves. Certains semblent s'affairer autour de petits étals où sont exposées toutes sortes d'objets, tandis que d'autres discutent passionnément entre eux.
Au milieu de cette agitation, j'aperçois une jeune femme vêtue d'une robe en soie pourpre, ornée de broderies mystiques. Elle est dotée d'une beauté surnaturelle, sa longue chevelure d'or semblant briller d'une lueur pâle et ses yeux d'un bleu profond captivent tous les regards posés sur elle. Elle semble être le centre d'intérêt de cette foule colorée.
Je me fraye un chemin à travers les élèves, intrigué par la scène qui se déroule devant moi. Je m'approche enfin de la jeune femme et me permet de l'aborder avec prudence.
- Excusez-moi, mademoiselle, que se passe-t-il ici ? Je demande poliment, essayant de percer le mystère de cette agitation.
La jeune femme sourit doucement, ses lèvres incarnat se courbant gracieusement.
- Bienvenue au marché des enchantements, répond-t-elle d'une voix mélodieuse. Tous les deux cycles de lune, nous organisons ce rassemblement où les étudiants peuvent acheter ou échanger des trésors magiques.
Je ne peux m'empêcher d'être fasciné par tout ce que je vois. Les étalages regorgent de parchemins anciens, de pierres mystiques, de plumes ornées aux reflets chatoyants, d'amulettes et de potions aux couleurs vives. Les étudiants cherchent avidement l'objet de leurs désirs et discutent avec les vendeurs aux allures curieuses.
- Je suis nouveau ici, j'avoue à la jeune femme, ne réussissant pas à détourner les yeux de son étalage. C'est la première fois que je vois tout ceci.
La jeune femme hoche la tête avec bienveillance.
- C'est tout à fait normal, ne vous inquiétez pas. Servez vous, ce marché est un véritable trésor magique de notre académie. Vous n'aurez peut-être pas une autre chance.
Alors que je suis emporté par ma curiosité, une voix m'interpelle par derrière. Je vais volte face avant d'apercevoir le visage de la fille qui m'a fait visiter l'académie la dernière fois.
- Hey Klein !
- Hmm ...
- Sheyla, t'avais vraiment oublié mon nom. Et qu'est ce que tu fais là ?
- Eh bien je regarde !
- Tu as des pièces d'or ou des objets magiques que tu peux échanger ?
Je secoue la tête négativement. Dire que je n'y avais pas pensé.
- Laisse moi te payer quelque chose !
- Je refuse qu'une fille le fasse.
- Ah ouais, alors on a un côté machiste ?!
- Non !
- Bien. Vu que tu n'as rien pour payer et que tu refuses que je te paie quelque chose, ça te dirait qu'on aille voir un spectacle ? C'est gratuit, je te rassure.
- Tu me dragues là ?
- Narcissique en plus. Non tu n'es pas vraiment mon genre.
- Ah !!! ok je vois ! Mais je dois y aller, je crois qu'il doit faire nuit. Je suis persuadée que tu trouveras quelqu'un d'autre.
- Oui, j'ai une amie qui acceptera certainement ...
Elle m'adresse un sourire moqueur avant de s'en aller. Moi également je quitte Atlasia pour retourner chez moi. Sur le chemin, je prends mon téléphone pour appeler Brie. Ça fait deux jours qu'elle m'évite.
- « Salut Brie ...»
- « Tu veux quoi ?»
- « Juste prendre de tes nouvelles. Je m'inquiète pour toi, tu sais. »
- « Je n'y crois pas une seconde. Je n'ai pas envie de te déranger, tu as peut-être autre chose à faire. »
- «Ok. Je passe»
Le soleil décline lentement à l'horizon, projetant des ombres de plus en plus longues sur la route déserte. Le bruit régulier de mes pas résonne dans le silence de la nuit. Le vent frais commence ensuite à balayer doucement mes cheveux noirs tandis que je continue ma marche.
Soudain, alors que la voiture passe à toute vitesse, je remarque un gamin d'environ sept ans qui tente de traverser la route sans prendre garde. Le temps semble se figer alors que, agissant instinctivement, je décide de me jetter sur l'enfant pour le protéger des roues tournoyantes. La voiture s'arrête brusquement, le moteur vrombissant encore un moment avant de se taire.
Le conducteur descend de sa voiture dans un état d'inquiétude visible.
- Est-ce que tout va bien ? s'enquit-il, scrutant l'enfant et moi.
Je reprends mon souffle, en hochant la tête et répond d'une voix légèrement tremblante.
- Oui, tout va bien. Merci d'avoir arrêté votre voiture à temps.
Le conducteur, un homme âgé bienveillant, acquiesçe et retourne rapidement à sa voiture, rassuré de n'avoir causé aucun dommage. Il reprend sa route, me laissant avec le gamin.
Je m'approche de lui, curieux de savoir où étaient ses parents.
- Dis-moi, petit, où sont tes parents ? Je demande doucement.
Mais l'enfant demeure silencieux, ses yeux fixés sur l'horizon sans aucune volonté de répondre. Je sens une étrange sensation de malaise m'envahir, mais je m'efforce de rester calme.
- Comment t'appelles-tu ?j'insiste en espérant faire naître une réponse de la part de l'enfant.
Cependant, le silence persiste. Le mystère grandissant autour de l'enfant commence vraiment à me préoccuper. Je sens que quelque chose ne va pas, mais ne parvient pas à mettre le doigt dessus.
Perplexe, je prends la main du garçon et décide de l'emmener au poste de police local, espérant qu'ils puissent l'aider à retrouver ses parents. Mais alors que j'essaie de faire avancer le garçon, je sens sa résistance. Étonné, je fronce les sourcils et me demande ce qui peut bien le retenir.
Soudain, une sensation étrange parcourt mon corps. Je sens une lueur de danger, mais il est trop tard pour réagir. Sans avertissement, des griffes longues et acérées jaillissent des doigts du petit garçon, brillantes à la lueur de la lune. Ses yeux d'un noir profond trahissent une présence sinistre.
Dans un mouvement éclair, le garçon se jette sur moi, plantant ses griffes dans ma chair. Une douleur lancinante se répand dans tout mon corps. Déconcerté par cette attaque inattendue, je tente de me débattre, mais en vain. Le petit est étonnamment fort.
Après avoir infligé une longue griffure sur mon torse, l'enfant, tout aussi mystérieusement qu'il est apparu, s'évapore dans une brume sombre, me laissant un goût amer de l'inconnu.
Mon corps affaibli, je m'éffondre sur le sol, inconscient et vulnérable ...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top