Eris

Trystan me retient alors qu'il voit que je perds l'équilibre. C'était quoi toutes ces images ? Encore un avertissement ?

- Eris ? Ça va ?

- Oui. J'ai juste perdu l'équilibre.

- Parler d'Ishgar ferait pâlir n'importe qui.

Je hoche la tête en essayant d'oublier tout ce que je viens de voir et Trystan propose de m'amener autre part où nous pourrons être assis. Nous traversons donc la grande place où se déroulent généralement les plus grandes attractions du royaume, nous passons également par la Loyd Acedemy, plus à l'est de Dohia. C'est l'une des deux écoles de la ville. D'après Trystan, il y en a huit autres mais elles se trouvent dans les autres villes d'Atlasia.

Nous arrivons finalement dans une sorte de taverne. Je lui jette un regard dubitatif qui le fait rigoler. Lorsqu'il me parlait d'endroit pour s'asseoir, je ne pensais vraiment pas ça. Je le suis donc malgré tout en entrant et tous les regards se tournent vers nous. Il y a toute sorte d'individus ici mais la majorité sont des hommes qui ont d'avoir plus de vingt cinq ans.

Trystan nous trouve une place et à notre gauche se trouvent des membres de l'armée écarlate.

- Pourquoi tu m'as amené ici ? Je lui demande en chuchotant

- Pourquoi tu chuchotes ? D'accord, tu m'as semblé fatiguée lorsque tu allais t'évanouir et je me suis dis que tu aurais envie de manger quelque chose.

Très gentille attention de sa part mais ce n'est pas vraiment la faim qui m'as mise dans cet état. Je finis par me détendre et une dame assez corpulente, très grande de taille, les cheveux bruns avec des mèches dorées vers l'avant s'approche de nous. Elle remet en place son tablier avant de donner une forte tape au dos de Trystan.

- Micha !!! S'écrie-t-il

- Qu'est ce que tu fais ici ? Et depuis quand tu ramènes des filles ici ?

- Ce n'est pas absolument pas ce que tu crois

- Ah ça allait me surprendre, rétorque-t-elle en m'analysant avec ses yeux verts avant de tapoter de nouveau Trystan.

- Eris je te présente Micha la propriétaire de la taverne, Micha c'est Eris.

- Ravie de vous rencontrer, je complète en essayant de ne pas me laisser intimider par cette femme imposante.

- Bon vu que tu as emmené une amie ci, je vais vous préparer quelque chose.

Elle tourne les talons et Trystan m'assure que ces plats sont un régal et que je ne serais pas déçue. Il continue ensuite avec la hiérarchie du royaume d'Atlasia en parlant cette fois des chercheurs. Ils sont le plus souvent en déplacement et traversent les différents royaumes de ce monde pour trouver d'autres mécanismes de défense et en apprendre plus sur la source d'ual des habitants d'Ishgar. Le professeur Hephilios fait parti de cet ordre.

Ça en fait beaucoup mais au moins j'en apprends plus sur Atlasia. Une question continue de trotter dans ma tête et je décide de la lui poser.

- Tu sais pourquoi la fille de ce matin s'en est pris à moi ?

- Rien, c'est juste que le vice directeur Aris a émis un commentaire sur le fait que vous pouviez être potentiellement dangereux et ça a commencé à se répandre.

Je ne sais pas trop comment le prendre parce qu'au final nous sommes des étrangers dans leur monde, leur académie. C'est un peu logique qu'ils doutent de nous. J'ai presque envie d'en rire, du plus loin que je m'en souvienne, ça a toujours été une habitude pour moi de défendre ''mes agresseurs''.

Micha revient avec deux bols qu'elle place devant nous. Je regarde l'intérieur avant de remarquer qu'elle est toujours là et qu'elle scrute ma réaction. Le repas a l'air différent de ce que je mange d'habitude. C'est une soupe verte avec quelque chose qui ressemble à des champignons accompagné d'un gros morceau de viande. Trystan m'attend également et je crois qu'ils veulent tous que je commence.

Je plonge ma cuillère dans la soupe avant de la faire entrer dans la bouche. Le liquide passe très rapidement, on dirait que c'était un mélange de plein d'herbe.

- J'avais jamais goûté à ça, je lui déclare.

- Alors vous aimez ? Me questionne-t-elle.

- Je mange de tout... enfin je veux dire que j'adore manger... donc si je mange ça veut dire que c'est bon.

- Je vois ... souffle-t-elle en lançant un regard dubitatif à Trystan avant de s'en aller.

Derrière nous, j'écoute sans le vouloir la conversation entre deux hommes qui discutent sur un corps trouvé hier près de la frontière avec Ishgar. Selon celui qui raconte, le corps était celui d'une femme et complètement déchiqueté. L'autre est moins compatissant et accuse la jeune femme d'avoir sa mort. Surtout avec le fait qu'ils savent tous que la barrière est très devenue très faible au fil des années. Il pense même que certains habitants d'Ishgar ont réussi à pénétrer à Atlasia et se déplacent sans éveiller le moindre soupçon.

- Eris !!! M'appelle Trystan.

- Oui tu me disais quelque chose ?

- Tu ne sais pas que c'est mal d'écouter les conversations d'autres personnes.

- Non ... en fait...

- Surtout qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte, m'indique-t-il en parlant plus bas.

- Tu crois que c'est faux ?

- Je crois juste qu'aujourd'hui c'est facile de commettre un meurtre et placer le corps près de la frontière pour détourner les regards.

Je vois où il veut en venir. Pourtant avec tous les mages qu'ils ont et leurs pouvoirs, je me suis dit qu'il était possible de remonter le temps pour savoir ce qu'il s'est réellement passé.

- Je dois t'avouer quelque chose, continue-t-il. Si je t'ai approché, c'était pour vérifier les dires du professeur Aris.

Je savais bien qu'il y avait raison, je le sentais.

- Et tu en dis quoi ?

- Je ne crois pas que tu sois si dangereuse. Avec ces quelques heures passées, je peux dire que tu as l'air de quelqu'un de bien, inoffensif et très faible pour un mage surtout avec ma cousine.

- Ta cousine ????

Le visage de la fille qui m'a agressée des heures plus tôt ressurgit dans mon esprit. Cette fille et lui sont donc cousins .

- Peu de gens le savent donc si tu pouvais éviter de le répéter.

- Ok. Mais je pourrais te surprendre et être plus dangereuse que tu ne crois.

- J'en doute.

Je fais la tête de celle qui est choquée mais je ne le prends pas mal. Je me rends ensuite compte que ça fait des heures que je suis dans ce monde et il faudrait peut être que je rendre chez moi. Après avoir fini le repas, nous disons au revoir à Micha avant que je ne rentre à la maison. Je réapparais directement dans ma chambre et maman ouvre tout à coup la porte.

- Eris ?

- Maman ?

- Tu étais dans ta chambre tout ce temps ?

- Euh ...

- C'est quoi cette horrible cape que tu portes sur toi ?

- Hmmm ... un cadeau.

- D'accord. Change toi et viens m'aider à la cuisine.

Quelques heures plus tard, alors que nous sommes encore en cuisine, Jason rentre à la maison. Il a l'air complètement exténué et peine à marcher. Il s'allonge directement sur un sofa. Ma mère me jette un coup d'oeil.

- Ahhhhh !!!! S'écrie-t-il en s'étirant. Si seulement quelqu'un pouvait me faire un bon massage.

- Qu'est-ce que qu'il ne faut pas entendre ? Rétorque ma mère avant de recevoir un coup de fil qui la fait monter dans sa chambre.

Je m'approche donc de Jason et je m'assieds près de lui inquiète.

- Tu vas bien ? Je lui demande.

- Imagine j'ai commencé l'entraînement avec Castiel aujourd'hui.

- Ah c'est juste ça.

- Juste ? Ce mec il est balèze. Plus balèze que tous les mecs que j'ai eu à rencontrer dans ma vie.

- Tu vas donc stopper ton entraînement ?

- Bien évidemment que non. Imagine que quelque chose vienne nous attaquer à la maison, faudra bien que je défende tout le monde.

Je lui souris. J'espère que ça n'arrivera jamais parce que malgré le fait que j'ai également des pouvoirs, ils ne servent qu'à soigner donc je serais complètement inutile. Je ne voudrais même pas imaginer que Jason soit le seul à nous défendre contre des êtres surnaturels. Malgré son courage que j'admire vraiment, j'ai peur qu'il y perde plus.

Après le dîner, je suis montée dans ma chambre pour enfin commencer à étudier le livre que le professeur Eléa m'a donné. Plus je tourne les pages, plus je me rends compte qu'il y a à apprendre. Chaque page contient un cas de maladie ou virus et le nécessaire qu'il faut pour le soigner. Je me demande bien à quoi servira tout ça lorsque j'apprendrais à maîtriser mes pouvoirs.

Je me lève de mon lit et je me place sur le balcon pour prendre un peu d'air frais en observant l'horizon. Je commence étrangement à sentir un froid glacial qui enveloppe mon corps. Je suis sur le point de rentrer à l'intérieur lorsque mes yeux descendent vers notre rue. Quelle est ma surprise de revoir placée là, la vielle dame qui m'a offert les biscuits empoisonnés.

Je prends immédiatement peur en entrant avant de décider de descendre voir si c'est bien réel. Je ne sais pas vraiment pourquoi je prends cette décision, c'est stupide, irréfléchi et dangereux. Normalement, je serais restée cachée pour me protéger, mais on dirait que ces derniers temps, je prends des décisions aussi stupides les unes que les autres.

Arrivée en bas, je vois que la rue est vide. J'y crois pas, elle était là, je sais que je n'ai pas rêvé. Le vent se met à souffler et j'ai la sensation que quelqu'un m'observe, pour changer. Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche, je le sors et je vois que c'est un numéro inconnu qui m'appelle. Je décide de décrocher et la seule chose que j'entends c'est le bruit du vent.

On dirait que je suis sortie pour rien, je me mets à penser en raccrochant avant de rentrer à la maison. Je ne sais pas ce que vielle dame me veut. Qu'est ce que je raconte, elle a essayé une fois de m'empoisonner, elle veut sans doute recommencer. Je me mets à penser aux paroles de Trystan sur les mages d'Ishgar. Soudainement, mon pendentif se met à émettre une lueur dorée puis violette.

Je ne sais pas pourquoi je commence à chercher mes différents croquis et je tombe sur un dessin de ''mon ange gardien''. L'intensité de la lueur émanant de mon pendentif devient plus forte. J'ai l'impression que mon pendentif a l'air de connaître mon dessin où plus précisément la femme sur le dessin. Je n'avais jamais fait le lien, mais j'ai trouvé ce pendentif la nuit où cet ''ange'' m'est apparu pour la première fois . Je me souviens encore de la peur que j'avais eu dans la cave, l'ombre qui est sorti de ma peluche. Peut-être que c'est elle qui a fait en sorte que je trouve ce précieux bijou. Mais pourquoi à moi ? Pourquoi ai- je également la sensation qu'il ne faut que je n'en à personne ?