Chapitre 3

Parfois je me demande ce qui cloche chez moi pour adorer provoquer des personnes qui peuvent me tuer en un
claquement de doigts.

***

J'emmène Viskaya dans le couloir menant aux dortoirs. Arrivées devant ma chambre qui est désormais notre chambre, je passe mon poignet sur le scanner et déverrouille la porte.

— Et bien nous y voilà. J'ai pris le coin droit de la chambre, le gauche est tout à toi, dis-je en ouvrant la porte.

— Wow, tu as vraiment une belle chambre, dit-elle en entrant dans la pièce.

— Il y a même une salle de bain personnelle, indiqué-je.

— Super, je déteste les douches communes, répond-t-elle en frissonnant de dégoût.

J'attrape mes affaires pour les cours.

— Tu as tout ? je demande.

Elle hoche la tête et je remarque le sac à bandoulière à son épaule.

— Oui, nous commençons par quoi aujourd'hui ?

— Histoire, super début de journée, n'est-ce pas ? répondis-je sarcastiquement.

Elle rigole et je la guide dans le couloir.

— J'aime beaucoup l'histoire. Enfin, je n'aime pas spécialement l'avoir le matin mais c'est un cours que j'apprécie, m'apprend-t-elle.

— Parfait, tu m'aideras pour les devoirs, lui dis-je.

Elle sourit.

— Seulement si tu m'aides pour les maths. Monsieur Mor m'as dit que tu étais un vrai génie.

— Oh, il t'a dit ça ? demandé-je

— Oui, apparemment tu as 107% en cours, elle dit avec un sourire.

— En vérité, j'ai 112% mais peu importe. Marché conclu : tu m'aides en histoire et je t'aide en maths, dis-je. Nous nous serrons la main pour consolider notre accord.

— Oh et la prof Mme Leigh a un très mauvais caractère. Donc si tu ne veux pas te faire bouffer, essaye d'être toujours de son côté, suggéré-je avant d'aller m'assoir dans un coin au fond de la classe.

Ma table est plus éloignée que celles des autres et se situe dans un coin sombre de la pièce. Il n'y a pas de lumière, mais les nombreuses fenêtres aident à éclaircir la pièce.
Les sièges sont des tabourets et non des chaises, car s'assoir avec un dossier dans le dos est difficile lorsqu'on a des ailes.

Je vois tout à coup Viskaya marcher vers moi et mes yeux s'écarquillent de panique. Je secoue la tête rapidement et elle me regarde, confuse. Ses sourcils se froncent mais elle se détourne. Je soupire de soulagement quand je la vois s'assoir de l'autre côté de la pièce. Il y a quelques étudiants que je ne connais pas. J'imagine que ce sont les nouveaux transferts.

La pièce est divisée en deux : les anges de lumière à droite et les anges noirs à gauche. On ne les voit pas souvent se mélanger; une autre raison pour laquelle je suis censée garder mon identité secrète.

Madame Leigh entre dans la classe. Elle marche dans la pièce en faisant voler ses cheveux blancs tout en expliquant la programme de cette année. La plupart des étudiants tirent la tronche, mais Viskaya sourit et écoute attentivement.

Je regarde discrètement autour de moi, heureusement, personne ne fait attention à moi.

Mon bonheur ne dure pas longtemps puisqu' un morceau de papier atterrit devant mes pieds. Je relève la tête lorsqu'un autre papier vole dans ma direction. Il me faut faire violence pour ne pas réagir et le laisser me frapper droit dans les yeux. Quelques types rient et tapent dans la main du lanceur.

— Bien joué Keenan, chuchote un type en lui mettant une tape dans l'épaule.

— Merci, mais c'était facile elle n'a aucun réflexe, il renifle de mépris et je me retiens de lui montrer mes "réflexes".

— Hé Créature! J'entends Keenan crier et me retourne pour le voir me sourire. Il est l'un de mes pires bourreaux et de loin le plus idiot.

— Elle a discuté avec une ange noire, chuchote un de ses laquais, incrédule.

— Pourquoi t'a-t-on vu marcher avec une nouvelle ? Je croyais que Kallista t'avait ordonné de rester loin des transferts, crache Keenan.

Je serre les poings jusqu'à sentir mes ongles s'enfoncer dans mes paumes.

— Monsieur Mor m'a dit de lui montrer la salle de classe puisque sa chambre se situe à côté de la mienne, mentis-je.

Keenan plisse les yeux, soupçonneux.

— Et bien si je demande à Monsieur Mor si tes propos sont vrais et que ce n'est pas le cas, tu vas le payer. Je déteste être trompé, m'averti-t-il.

Comme s'il me faisait peur. J'ai depuis longtemps cesser de trembler devant leurs menaces et Barinthus n'aura aucun mal à mentir pour moi.

— Vas-y, me moqué-je.

Il doit détecter la lueur menaçante dans mon regard car il finit par me tourner le dos et se concentre sur le cours. Je soupire de soulagement et prend mon visage entre les mains.

Et s'ils découvrent que Viskaya et moi sommes colocataire, que vont-ils lui faire subir ?

***

J'entends un bip lorsque je passe mon poignet sur le scanner d'identification de la salle des profs. Une main sur mon épaule me fait sursauter.

Je me retourne, poing levé, prête à me défendre... lorsque je vois Viskaya.

— Merde, tu m'as fait flipper ! je siffle, posant une main sur mon coeur battant furieusement.

— Tu allais me frapper ! Elle crie. Je hausse les épaule innocemment.

J'entre dans la salle des profs et elle me suit.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Ce n'est pas la pause déjeuner ? demande-t-elle.

— Je ne sais pas si tu n'y as pas prêté attention ou si tu es extrêmement naïve, mais ils ne m'aiment pas ici. Ils pensent tous que je suis une criminelle simplement parce que je n'ai pas d'ailes et qu'il m'est interdit de dire pourquoi. Le conseil voudrait me voir déchue, ou encore morte. Il suffit que j'en dise un peu trop pour qu'ils se chargent de moi ces sales...

À l'instant où j'ai prononcé cette phrase une douleur aiguë me transperce le crâne, me faisant défaillir. Je gémis de douleur, mes jambes me lâchent et je tombe au sol.

— Arrêtez ça, espèces d'enflures !

La douleur se fait plus intense et je me mords la lèvre inférieure pour ne pas crier. Viskaya s'est agenouillée à côté de moi pour m'aider à me redresser.

— Arrêtez ça !

La douleur disparaît et je me relève comme si de rien n'était. Je suis légèrement chancelante, mais je n'ai plus mal.

Ça m'apprendra à en dire trop sur ces psychopathes du Conseil.

— Évite-moi le plus possible si tu ne veux pas être traitée de la même façon. Je suis le petit mouton noir ici, tout le monde me traite comme une moins que rien. Et je m'y suis faite.

Je me dirige vers la cuisine et laisse Viskaya bouche-bée dans le couloir. En ouvrant le frigo, je sors un sandwich avec le nom d'un prof écrit sur l'emballage. Je le retire et fourre le sandwich dans ma bouche.

– C'est dégueulasse de te maltraiter simplement parce que tu n'as pas d'ailes, marmonne-t-elle.

Je soupire. Je ne sais pas pourquoi, mais sous ses aires de petite fille naïve je suis sure que Viskaya n'est pas si innoncente que ça. Peut-être que je suis parano et que le fait qu'une personne puisse s'intéresser à moi –autre que Osh ou Barinthus – est trop surréaliste, mais je suis certaine que Viskaya ne me dit pas tout.

— Tu viens du centre de rééducation n'est-ce pas ? Alors pourquoi es-tu si gentille avec moi ? Il faut avoir enfreint un péché capital pour être envoyé ici alors qu'est-ce que t'as fait ? Je lui demande en lui tendant un sandwich. Ses yeux s'écarquillent tandis qu'elle me regarde.

— Quoi ? Je demande lorsqu'elle reste muette.

–Je ne suis pas censée en parler, murmurent-elle, jetant un regard sur le sol.

Peut-être que j'y suis allée trop fort...

—Bien je ne te le demanderais pas alors. Mais tu ne devrais pas être gentille avec moi, ni traîner près de moi sinon tu seras traitée comme je le suis. Peut-être même en pire. Et les anges noirs ne sont pas censés être gentils, ajoutais-je.

–Je vais parler à Monsieur Mor et essayer de trouver une raison pour laquelle nous passons autant de temps ensemble.

Je hausse les épaules et finis ma nourriture.

– Eh bien, tu pourrais toujours être mon agent de libération conditionnelle, je rigole et elle sourit.

— C'est parfait ! Je serai la personne qui te surveillera, je serai un gardien sous couverture, dit-elle joyeusement.

Je roule des yeux devant son enthousiasme mais souris tout de même.

–D'accord, quelle est la classe avons-nous ensuite ? Demande-t-elle en avalant le reste de son déjeuner.

–Entraînement de vol, dis-je avec une excitation factice.

–Pourquoi as-tu une formation de vol si tu n'as pas d'ailes ? Tu n'as pas à y répondre si tu ne le veux pas, dit-elle rapidement, mais je lui dis.

—Ne t'inquiète pas, l'entraînement de vol est un cours obligatoire qu'on soit ailé ou pas. Et je suis sûre que ça doit faire jubiler le Conseil de me voir poireauter au sol tendit que les autres s'amusent dans les airs..

Viskaya me regarde et ce que je vois dans ses yeux ne me plaît pas du tout. Je ne veux pas de la pitié des gens.

–Nous devrions probablement y aller, nous avons un peu plus de cinq minutes avant le début des cours.

Je la conduis dans le couloir et les escaliers jusqu'à rejoindre le vestiaire des filles.

Je m'appuie contre le mur, attendant qu'elle se mette dans ses vêtements avant de nous diriger vers le gymnase. La tenue de sport pour filles est constituée d'une chemise à dos nu grise, un short en spandex ou un pantalon de jogging et des baskets. Les gars ne portent pas du tout de chemise mais simplement des shorts ou des pantalons de jogging accompagnés de baskets.

La salle de sport regorge déjà d'anges, clairs d'un côté et sombres de l'autre, comme d'habitude. Je m'appuie contre le mur, fixant inconsciemment leurs ailes avec envie. Les ailes de Lucynella sont parmi les plus belles que j'ai jamais vu, très sombres et miroitantes. Elles traînent de quelques centimètres sur le sol et font probablement 3 mètres. J'arrache mes yeux de ses ailes tandis que monsieur Klaus accapare notre attention.

–Aujourd'hui, nous allons continuer les tests de compétences, nous allons sortir et vous volerez aussi haut que possible avant de voler aussi vite que vous le pourrez, et demain nous testeront votre force. Nous commencerons par Eddine, puis les transferts afin que vous puissiez voir ce que vous êtes censés faire, annonce-t-il et tout le monde commence immédiatement à bavarder avec enthousiasme.

Nous le suivons tous à l'extérieur dans l'immense champ vert derrière l'académie.

— Prêt ? Demande monsieur Klaus à Eddine.

Ce dernier étire ses muscles rapidement avant de déployer ses ailes blanches, fier de leur blancheur éclatantes et de leur envergure. En une rafale, il est déjà en haut dans les airs. Le professeur le suit rapidement dans le ciel, un altimètre portable à la main. Il vole assez haut avant de redescendre, puis il test ensuite sa vitesse et revient au sol. Eddine a de quoi sourire : son test est l'un des plus courts que je n'ai jamais vu.

— D'accord, très impressionnant monsieur Hollis ! Voyons qui est le prochain maintenant... Knox Andarios ! Il crie tandis que je regarde autour de moi pour voir à qui appartient ce nom inconnu.

La foule d'étudiants se séparent soudainement et ma mâchoire tombe. Un Apollon s'approche de Monsieur Klaus et même lui semble surpris. Même avec un t-shirt je peux voir son torse et ses abdos sculpter, ses muscles ondulent sur tout son corps à chaque mouvement.
Ses cheveux sont noirs de jais avec des reflets métalliques et ses yeux sont violet très foncé, presque noirs. Sa mâchoire est forte et il pu la puissance à plein nez. Qu'est-ce qu'un type comme lui fait ici ?

Il faut savoir une chose sur les anges noirs : plus ils sont mauvais, plus ils sont beaux...Avec un physique pareil, ce type doit être l'Anté-Christ.

Je sens mon souffle se retenir dans ma gorge à sa vue et je sais que toutes les autres filles partagent le même sentiment. Il fait un signe de tête à Monsieur Klaus et ses ailes s'étirent, me laissant bouche bée. Elles ont la couleur de l'encre, un noir uni, et sont sombres comme les ténèbres. Elles s'étirent sur au moins sept mètres. Inouï pour des ailes de départ.

Je sent soudainement en coup de vent qui me fait reculer de quelques pas et je lutte pour ne pas ne pas tomber tandis qu'Apollon disparaît dans le ciel. Monsieur Klaus ne peut même pas s'approcher de lui pour le suivre, il lui faut plusieurs minutes avant qu'ils ne reviennent au sol. Je le regarde avec incrédulité, il doit sûrement sentir mes yeux sur sa nuque car il se retourne pour me regarder à son tour. Ses yeux violets foncés se fixent aux miens et des flammes s'y reflètent subitement. Je cligne des yeux, sous le choc. Mais lorsque je les ouvre à nouveau, ses yeux sont de nouveaux violets.

Je l'entends marmonner un mot avant de se détourner, me laissant perplexe.

Que voulait-il dire par « trouvée »?


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