Chapitre 12
La lune est mon soleil,
La nuit est mon jour,
Le sang est ma vie,
Et tu es ma proie.
— Pourquoi est-ce qu'il a fallut que je me change pour porter ces bouts de tissus ? Demandé-je, mal à l'aise face aux regards insistants des personnes que nous croisons sur notre chemin.
— Premièrement, l'uniforme de l'Académie risque de nous poser problème : si un démon nous voit avec, il ne se gênera pas d'aller moufté au-près d'un des anges qui traînent dans le coin pour obtenir une récompense. Deuxièmement, je dois t'exhiber comme ma Tentation, et de ce fait, l'objet de mes désirs. Voilà pourquoi tu es habillée ainsi : pour que tous puissent observer ma possession dans ses moindres détails.
Je déglutis.
La Cité Obscure porte bien son nom. La pièce est saturée par une énergie démoniaque qui me fait presque suffoquer. Des déchus et des démons se trouvent indéniablement ici. Ces êtres sont des créatures vicieuses et primitives, et cet endroit en est plein à craquer.
Knox est plus proche que jamais de moi, et fusille du regard quiconque ose poser un regard appréciateur sur ma silhouette.
Pour assurer ma sécurité, il m'a dit qu'il devra prouver à tout le monde que je sienne, et ce faisant, si une personne m'attaque, il prendra ce défi personnellement. Les démons sont connus pour leur impulsivité, leur excitation, leur recherche d'excitation et leur satisfaction immédiate. Ils pensent que tout le monde est une proie potentielle. si je ne veux pas terminer à servir de cure-dent à l'un d'entre eux, je dois continuer à jouer le jeu.
Qu'est-ce qu'il est au juste ?
J'aurais dû être effrayée par ce pouvoir brut, mais j'en étais qu'émerveillée.
Il y a vraiment quelque chose qui tourne pas rond chez moi...
Knox m'a prévenue que notre venue ne passera pas inaperçue, qu'il n'est pas inconnu aux habitués et qu'il connaît le gérant de la cité. À chacun de nos pas, les démons aux alentours lui envoient un signe de tête respectueux qu'il leur renvoie.
Les traits de Knox sont tirés et, comme je m'accroche à lui, je peux sentir que ses épaules sont crispées. Il m'a tenue informée des masques que nous devons portés, et depuis, il est resté silencieux.
Ce qu'il m'a demander de faire ne me fais pas peur, au contraire c'est un défi que j'ai envie de réaliser.
Nous avons finalement franchi le seuil d'une pièce au trône scintillant d'onyx. Il est gravé de bêtes sombres et froide. Ces bêtes sont gravées dans des colonnes soutenant l'auvent en ébène, si haut que les détails les plus ténébreux de ces sculptures ont disparu dans l'obscurité. Les bêtes semblent presque réels, elles observer les moindres faits et gestes dans cette pièce.L'une des têtes des créatures dépasse du dossier, comme si en regardant l'épaule du bel homme assis là, les dents canines tombaient dans le cou d'une jeune femme assise sur la cuisse.
Il doit avoir l'âge de Knox. Ses cheveux noirs lui arrivent aux épaules, il porte une chemise à volants noir et un pantalon en cuir de la même couleur. Sa peau est parfaite, ses doigts longs et pâles encerclent la gorge de son repas chaud. Ses yeux sont d'un bronze pénétrant, une couleur si riche, si vive, telle que je n'en ai jamais vu. Je me noie dans son regard envoûtant.
Il semble tout aussi fasciné. Son attention s'est concentrée sur moi dès le moment où nous sommes arrivés et il n'a pas détourné les yeux de ma personne. Dans n'importe quelle autre situation, ce genre d'inspection constante aurait été troublante. Ce soir, c'est ensorcelant.
La seule chose qui rompt le charme, c'est cette noirceur que même moi je peux voir. Elle s'échappe de lui lorsqu'il tourne la tête trop vite vers sa proie ou se penche trop brusquement pour replonger ses canines dans sa gorge. La noirceur, le démon qui se cache en lui, hésite une microseconde de trop et laisse une trace de fumée sombre, témoignage de son essence, comme un enfant qui fait du coloriage et ne parvient pas à rester dans les lignes.
Une foule est rassemblée et, pendant un instant, je crois apercevoir un soupçon de l'enfer, tant l'atmosphère est malsaine. L'ambiance est un peu la même que du côté des humains, mais en plus déchainée, plus sauvage, plus primitive. Les démons se déchaînent sous les tambours de la musique, ils se chevauchent, s'enlacent, se défient sans retenue.
Knox avance vers le trône, son pouvoir emplit la salle, m'hérissant les poils et faisant dresser mes tétons au travers de ma robe.
Mon sang chante devant le pouvoir émanant de lui, exulte devant la beauté de cette magie. La musique s'arrête. Le silence dans la salle est si absolu que seuls les bruits de nos pas résonnent.
— Knox, ça fais un bail mon cher ami, lance l'homme sur le trône.
Le bel homme sur le trône relève la tête et lui adresse le rictus d'un commandeur des armées avide de sang.
— Ezore, toujours aussi gourmand.
Les bottes de Knox s'arrêtent en face du trône. De ses doigts brûlants, il relève mon menton.
Tout le monde nous observent. C'est le rôle qu'il m'a demandé de jouer : celui de la nouveauté et de la diversion; celui de sa Tentation. Ses lèvres se retroussent, découvrant ses dents.
— Quel joli présent tu m'amènes ?
Knox claque la langue et resserre sa prise sur mon menton.
— Celle-ci est à moi.
Tout le monde peut remarquer la pression de ses doigts et le port de sa tête qui a tout de celui d'un prédateur.
– Rejoignez-moi, me dit Ezore.
Il me scrute de la tête aux pieds et quand son regard devient vitreux, je frisonne. Il repousse la fille qui est sur ses genoux et s'essuie la bouche avec le revers de sa manche avant de nous sourire, dévoilant des canines longues et aiguisées.
Vampire. Mais pas seulement, c'est également un démon. Un hybride.
Il donne l'impression de posséder chaque centimètre de ce trône et de chaque personne présente dans la salle.
Knox s'assoit sur le trône jumeau, me saisit par la taille et m'attire sur ses genoux.
Une main de Knox glisse sur ma taille et l'autre le long de ma cuisse dénudée. Son pouce caresse lentement et longuement l'intérieur de ma cuisse, comme en guise d'excuse.
Tout dans ses gestes cri « mienne ! ».
— Pourquoi cacher son visage ? Demande Ezore.
Knox se penche vers moi et approche la bouche de mon oreille pour me caresser de son souffle.
– Chaque homme ici présent se demande ce qu'il serait prêt à donner pour sentir ce jolie corps contre le sien. S'ils voient aussi son visage, je vais devoir les étriper pour qu'ils ne l'approchent pas.
Tout le monde peux l'entendre, il en est parfaitement conscient. Sous la capuche de ma cape, je sens mes joues rougir et chauffer.
— Que la fête continue ! Lance Ezore, et la seconde qui suit, la musique emplit la pièce et les démons se remettent à se déchaîner.
Ses yeux se posent ensuite sur moi, parcourant chaque parcelle de ma peau dénudée jusqu'à tomber sur mon visage caché par l'ombre de ma capuche.
— Tu ne te présentes pas ?
Je me racle la gorge.
— Je m'appelle June, je suis la Tentation de Knox, je dis d'une voix que j'espère sincère.
Knox pose la main à plat sur ma cuisse et incline la tête pour me regarder. En faisant ça, il montre à Ezore que seul lui a le droit de me contempler entièrement.
– N'est-elle pas adorable ?
Un raclement de gorge se fait entendre.
— Je croyais que tu tu avais dit t'appeller Jane ?
Nevicen. La garce. Ezore plisse les yeux et Knox se raidit sous moi, mais je gère la situation.
— Très chère, les oreilles c'est comme le cul : ça se lave.
Ezore éclate de rire et je peux sentir Knox se décrisper. Nevicen quant à elle, fulmine.
— Elle n'est que grossièreté, je te pensais plus sélectif Knox, crache-t-elle.
— La jalousie ne te va pas très bien.
— Ce qui me siérait, ce serait ton sang sur mes mains.
Elle part en furie.
Knox claque la langue et me regarde avant de taquiner le lobe de mon oreille du bout des dents, comme pour me réprimander.
— J'adore ton humaine ? Est-ce que tu me la prêteras un jour ? Demande Ezore.
Je me crispe. Pas question que je devienne son prochain repas.
— Pas même dans tes rêves les plus fous, répond Knox.
Je relâche les muscles. Bonne réponse.
— Ta venue ici a un lien avec ta soudaine disparition ?
— On peut dire ça. Ma Tentation a été victime d'une attaque.
Ezore se rapproche, soudain très intéressé.
— Heureusement je suis arrivé à temps, sinon il n'aurait fait qu'une bouchée d'elle.
— Le petit chanceux, susurre Ezore en lorgnant sur mes jambes nues.
Je me me positionne confortablement contre le torse musclé de Knox. Son pouce remonte le long de ma cuisse, jusqu'à venir caresser la peau sensible beaucoup plus haute, en une longue touche sensuelle. Je me perd le file de mes pensées, le souffle court.
Je sais qu'il à remarquer ce petit changement en moi, son doigt se fait plus langoureux.
— C'est une des sept bêtes.
Soudain, Ezore change complètement de comportement. Ses muscles se crispent et ses yeux se voilent.
— En es-tu sûre ?
— Tu doutes de moi ?
— Ne dis pas de telles sottises. Les démons sont enfermés, tu peux donc comprendre mon ébranlement.
— Pourtant, j'en ai exécuté un il y a à peine deux heures. Ils semblent moins forts qu'avant. Ou peut-être que la personne qui s'est offert en sacrifice était faible.
Ses autres doigts se sont joint à la danse, et désormais, il me caresse le haut de la cuisse beaucoup plus intensément. Les danseurs se mettent à se coller, se serrer, se défier sous le rythme d'une musique sensuelle et sauvage. Mais rien ne compte pour moi, hormis les doigts de Knox sur ma peau brûlante.
— Il faut être extrêmement puissant pour invoquer un des démons. Et la plupart des personnes qui s'y essaient meurent d'épuisement.
Je ne rate pas un mot de leur discussion, c'est la première fois que j'étends parler de telles choses.
— Qu'est-ce qu'ils sont exactement ? Je demande à Ezore qui semble plus informé que Knox.
Ce dernier serre ma cuisse, comme pour me réprimander d'entrer dans leur discussion.
— Là d'où je viens, les Sept sont communément appelés les bêtes de l'enfer, mais, ici sur Terre, on les appelle plutôt les chiens de l'enfer.
— Des chiens de l'enfer ? demandé-je, stupéfaite. Pour de vrai ? Ce sont des chiens de l'enfer ?
— Oui. Ils ont été emprisonnés il y a des siècles. On dirait qu'ils se sont échappés.
Je siffle malgré moi.
— Des chiens de l'enfer, des vrais de vrais. C'est incroyable. Pourquoi ont-ils été emprisonnés ? Tu en as aussi déjà croisé un ?
Il roula les mâchoires et sourit face à ma curiosité. Knox lui, me mordille l'oreille de ses dents aiguisées.
— Tiens ta langue, vilaine petite chose.
Je déglutis, mes joues rougissent.
Ezore me répond tout de même :
— Ils sont ingérables. Incontrôlables. Ils tuent tout ce qui se trouve sur leur passage. Mais la question est de savoir, pourquoi ils t'ont attaqué toi, petite humaine. S'ils t'atteignent, commença-t-il, mais Knox se reprend et l'interrompit avant qu'il ne puisse terminer, à mon grand regret.
— Ils n'y parviendront pas.
— Ils le feront si tu ne la surveilles pas de très près. Ils vont la déchiqueter et te forcer à regarder.
Mes poils se dressent sur la nuque, mon cœur s'emballe à cause de la panique qui m'envahit.
Knox se rembrunit tellement que j'entends ses dents grincer.
— Montre-lui le sceau, lui dis-je
Knox me fusille du regard.
— Qui te dis que je l'ai apporté ?
Je le regarde, absolument pas convaincue.
— Sérieusement ? dis-je d'un ton blasé.
Il lève les yeux au ciel et attrape le papier dans sa poche, effleurant ma peau nue offerte à lui. Je me crispe, lui également.
Il tend le papier à Ezore, qui l'observe pendant de longues secondes.
— Je sais comment fermer le sceau.
— À quelle condition ?
— Je veux simplement goûter son sang.
Mon sang se glace.
— Hors de question, tranche Knox.
Je plonge mon regard dans le sien. En y réfléchissant, est-ce que ce serait si grave que ça de le laisser me mordre ? Il ne me tuera certainement pas. S'il me mord, je pourrais sauver de nombreuses vies...
— Il est notre seul moyen d'arrêter cette bête. Quelques gouttes de mon sang contre la fin de cet horreur, ce n'est rien.
— J'ai dit non, tonne Knox.
— C'est mon corps, j'en fais ce que je veux, je m'emporte.
D'un geste sauvagement sensuel, Knox m'attrape par la gorge et plonge ses yeux dans les miens.
— Tu m'appartiens.
Il prend son rôle très a cœur, à tel point que ses paroles semblent sincères.
— Arrête de jouer au con.
— Et toi, cesses de me défier.
— Vous êtes si mignons, nous coupe Ezore pince-sans-rire.
Je me renfrogne. Knox repose sa main sur ma cuisse, un peu trop haut pour ce que doit innocent, et je me déteste d'adorer cette proximité.
— Allez mon ami, je m'ennuie à mourir ici, alors un peu d'action me ferait le plus grand bien ! Et ce serait dommage qu'une telle créature meurt.
Il se pencha et sa bouche se tordit en rictus.
— Si ça te rassure, je la mordrais au poignet et non à la gorge. Et tu m'en dois bien une après ce que j'ai fais pour toi..
Là, il a piqué ma curiosité, Knox semble fulminer. Il garde le silence longtemps avant de répondre:
— Tu te nourriras d'elle, seulement après que nous ayons exterminé toutes les bêtes.
Ezore lui lance un regard agacé.
— Ça pourrais prendre du temps.
— Elle mérite que tu patiente pour elle.
Et encore une fois, mon cœur s'emballe. Je suis faible.
— Je ne vais pas te laisser la goûter si je ne suis pas sur que les bêtes ne referont pas surface, explique Knox.
— Ils essaieront, continue Ezore.
— Alors, je les attendrais de pied ferme pour les renvoyer en enfer.
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