003. Anthony Bridgerton

× anthony bridgerton ×

Emilia avait passé sa courte vie amoureuse d'Anthony Bridgerton mais n'avait jamais obtenu ses faveurs. Il avait huit ans de plus et alors qu'il cherchait une fiancée, elle jouait encore à la poupée. Puis, le destin avait frappé : la mort de Lord Bridgerton avait changé bien des choses. Anthony, désormais sans père, jura ne plus vouloir d'épouse. De son côté, Emilia avait laissé derrière elle ses jouets d’enfant pour revêtir les robes de bal et faire son entrée dans le monde des adultes.

Elle était loin d'être une simple figure parmi d'autres dans la haute société. Sa beauté, discrète mais indéniable, se distinguait par sa simplicité, cette lueur naturelle qui captait les regards sans effort. Ses traits, doux et harmonieux, semblaient plonger dans un charme sans prétention, ce qui la rendait encore plus captivante. Elle n’avait pas besoin d’artifice pour briller.

Ses joues, naturellement rosées par le soleil, n’étaient pas couvertes de poudre, et ses cheveux, d’un doré chaleureux, n’avaient jamais connu la teinture. Elle conservait ce léger arrondi au visage qui la rajeunissait, un trait de son enfance, que beaucoup voyaient comme une preuve de naïveté. Pourtant, ceux qui prenaient la peine de la connaître savaient qu’Emilia n’avait rien de stupide.

Elle était différente des autres jeunes femmes de la haute société. Là où elles s’adonnaient aux plaisirs des bals et des conventions, Emilia se passionnait pour les vertus des plantes médicinales, préférant les herbes sauvages aux dentelles délicates des soirées. Elle adorait courir, son pied léger soulevant les pans de sa robe, distrayant les enfants avec des histoires ou des jeux, plutôt que de s'installer à une table pour coudre des étoffes fines.

Anthony Bridgerton, cependant, ne lui accordait jamais ce regard particulier, celui qu’elle attendait secrètement.

— Tu devrais trouver un autre parti au lieu de t'accrocher à lui, lui avait dit sa plus grande sœur, avec une lueur de désapprobation dans les yeux.

Emilia avait catégoriquement refusé d'écouter les conseils de sa sœur. Elle continuait de sourire à Anthony chaque fois qu’il passait en visite chez elle. Elle avait même sourit lorsque finalement, il se fiança avec une autre, masquant la douleur qui se logeait profondément en elle.

Mais elle préférait souffrir en silence tout en restant proche de lui plutôt que de souffrir loin de lui.

Puis la chance, ou plutôt le destin, tourna, mais pas de la manière dont elle l’aurait imaginée. La mort tragique de Kate, l’épouse d’Anthony, ouvrit une brèche, un vide qu'il ne savait ne savaient comment combler. Emilia, toujours serviable, toujours attentive aux besoins des autres, avait proposé de s’occuper de la maison. Elle aurait fait cela pour tout le monde, alors il était logique qu’elle fasse la même chose pour Anthony.

Elle n'avait jamais voulu que ce soit la souffrance de Kate qui les rapproche, mais la vie était cruelle parfois, et il était difficile de lutter contre les circonstances.

Durant ces mois sombres, une attirance silencieuse, pure et profonde s’était doucement installée entre Emilia et Anthony, une attirance qui n’était pas fondée sur le désir physique mais sur une connexion mentale. Emilia, bien sûr, était toujours amoureuse d’Anthony, mais ce n’était pas seulement pour sa beauté ou sa position sociale. Elle appréciait la manière dont il parlait, sa voix tremblante lorsqu’il partageait des souvenirs de Kate ou ses réflexions plus profondes.

Anthony, de son côté, se retrouvait à attendre leurs discussions, à se surprendre à apprécier le confort de ses mots, l’atmosphère calme qu’elle apportait avec elle. Il n’avait jamais cherché à comprendre pourquoi il se sentait ainsi, mais une chose était certaine:

Emilia avait sa place à ses côtés.

Mais tout cela s'effondra lorsqu'il l'embrassa dans un moment de faiblesse. Elle était en train de parler du temps quand il l'avait fait taire d'un baiser douloureux. C’était un acte spontané, un simple élan d’émotion, mais pour lui, il signa le début d’un tourment.

La culpabilité le rattrapa aussitôt. Après ce baiser, il disparut, se réfugiant dans des jours de silence, de remords et de confusion, fuyant tout contact avec le monde extérieur, et encore plus avec Emilia. Ses pensées se tournèrent alors vers Kate, vers l’amour qu’il lui avait porté, la fidélité qu’il se sentait obligé de lui garder, même au-delà de la mort.

Il se sentait comme un traître, même si au fond de lui, il savait que ce qu'il avait fait n'était pas mal. Il n’avait rien fait, et pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se haïr. Il se sentait pris dans un dilemme insupportable. Il n’avait pas envie d’oublier Kate, mais il avait aussi besoin d'Emilia d’une manière qu’il n’avait jamais anticipée.

Dans un élan de frustration, il s’était emporté contre elle un jour, hurlant, espérant qu’elle fuirait. Il voulait qu’elle parte, pour éviter d’être confronté à ce qu’il ressentait, à ce qu’elle avait réveillé en lui mais en voyant qu'elle continuait de venir, qu'il retrouvait toujours un plateau repas devant sa porte, il lui avait clairement dit de partir pour ne plus revenir.

— D'accord, avait dit Emilia.

— D'accord? avait répéta Anthony, sa surprise évidente dans ses yeux.

Il ne s'attendait pas à une réponse aussi tranquille. Il pensait qu'elle s’opposerait, qu’elle discuterait. Mais elle ne fit rien de tout cela et une part de lui aurait voulu qu'elle persiste.

— Oui, d'accord, avait-elle répété.

Elle l'aimait, c'était un fait qu'elle n’avait jamais cherché à cacher, même si elle n'en avait jamais parlé depuis longtemps. Mais quand on aimait vraiment quelqu'un, parfois il fallait savoir le laisser partir. C’était ce qu’elle s’était dit, de plus en plus fort dans son cœur. L’amour ne signifiait pas toujours rester aux côtés de l’autre, parfois, il fallait aussi accepter de s’éloigner pour qu'il puisse guérir, ou simplement pour lui offrir ce dont il avait besoin, même si cela faisait mal.

Elle savait qu’Anthony le savait. Et il savait depuis longtemps qu’elle l’aimait. Emilia lui avait avoué, la première fois qu’elle l’avait vu, alors qu’elle n’était qu’une enfant de dix ans. Ils avaient ri tous les deux, pensant que ce n’était qu’une confession innocente d’une enfant.

Puis, à treize ans, elle lui en avait reparlé, et il lui avait répondu, avec une légèreté maladroite, que cela passerait. Et, elle n’avait plus jamais répété ces mots mais il savait, d’une manière inexplicable, qu’elle l’aimait encore et pourtant, Emilia ne demandait rien de plus que d'accepter la décision qu'il avait prise. Elle lui laissait la liberté de ses choix, même si cela signifiait l'abandonner.

— Tu es tellement compréhensive, avait-il soufflé en lui replacant une mèche de cheveux derrière l'oreille. Comment pourrais-je ne pas t'aimer?

Anthony s’était figé instantanément, frappé par la portée de ses propres mots. Il avait prononcé une vérité qu’il n'était pas prêt à admettre, et il en avait conscience au moment même où les paroles avaient quitté ses lèvres. Il était aussi stupéfait qu’Emilia qui, les yeux écarquillés, le fixait, comme si elle venait d’entendre quelque chose d’inimaginable. Rapidement, il s’éloigna d’elle, comme s'il venait de se brûler.

— Oublie ce que je viens de dire, murmura-t-il, troublé.

Il n’était pas prêt à affronter ces émotions, à faire face à cette vérité qui le déstabilisait complètement et il était plus troublé par cet aveux que par ce tutoiement soudain. En voyant l'espoir dans les yeux d'Emilia, la réalité de ce qu’il venait de dire le frappa encore plus fort. Il avait un instant cru que peut-être, juste peut-être, tout pourrait changer. Mais non, il n’était pas prêt. Il soupira profondément, un geste presque imperceptible, mais lourd de sens.

— Oh, d'accord, avait-elle murmuré, un peu perdue dans la confusion de ses propres sentiments.

— Non, non, ne dites pas d'accord, avait-il murmuré. Je le pense, Emilia. Chaque mot. Je vous aime.

— Mais vous venez de dire qu'il fallait oublier, avait répliqué la jeune fille.

— Je sais ce que j'ai dit, mais je suis simplement terrifié. J'ai perdu mon père et je me suis juré de ne plus souffrir. Puis j'ai rencontré Kate, et je l'ai perdue. L'idée d'aimer quelqu'un après elle me terrifie.

— Je pense que vous avez besoin de temps. Et je vous en accorde. Je ne veux pas être celle que vous aimez pour guérir, ni celle que vous rejetez par peur. Je veux que vous m'aimiez parce que vous en avez réellement envie, que vous soyez prêt.

— Je ne veux pas vous faire attendre. Je ne sais pas si je serai capable de...

— Anthony, l'avait l’interrompu Emilia. Vous souvenez-vous de ce que je vous ai dit quand j'avais treize ans, lorsque vous êtes venu prendre des nouvelles de ma mère, qui souffrait de maux de tête?

— Oui, chaque mot.

— Dites-les-moi.

— Vous avez dit que vous étiez comme un cygne. Que vous ne donneriez votre amour qu'une seule fois.

— Et qu'est-ce que vous avez répondu?

— Que ça passerait, que vous étiez trop jeune pour avoir de telles pensées.

— Et qu'est-ce que je vous ai répliqué?

— Que vous étiez assez mature pour aller chercher le lait seule le matin, alors vous étiez assez mûre pour savoir ce que vous vouliez. Et ce que vous vouliez, c'était m'aimer, avait déclaré Anthony d'une voix grave.

— Donc il n'est pas question que vous décidiez à ma place si je vous attend ou non, avait-elle dit catégorique.

Après ces derniers mots, elle s'était éloigner, et Anthony s'était retrouvé seul, plongé dans un tourbillon de pensées. Il ne savait combien de temps elle resterait loin de lui, mais cette incertitude le déchirait autant qu'elle le soulageait.

Il y avait souvent pensé, et il y pensait encore, même après deux ans, alors qu'il sirotait son café. Deux ans s'étaient écoulés depuis le départ d'Emilia, et pourtant, son absence était toujours aussi vive.

— Il y a une autre lettre, dit Benedict en entrant dans son bureau, interrompant ses pensées.

Anthony lui arracha presque des mains, ses yeux rivés sur l'enveloppe. Les lettres s'accumulaient sur son bureau, il les conservait précieusement. Chaque missive, chaque mot d'Emilia lui réchauffait le cœur.

Elle était partie avec son frère, parcourant le monde pour l'aider à soigner des malades. Chaque récit de ses aventures, était un écho de son absence, et pourtant, c'était tout ce qu'il avait. Elle n'attendait jamais de réponse de sa part — elle savait que les mots d'Anthony ne traverseraient jamais cette distance qui les séparait parce qu'il ne pouvait pas savoir où elle se trouvait.

Mais cela n'empêchait pas Emilia de lui écrire. Anthony, lui, attendait les lettres avec une impatience qu'il n'aurait jamais avouée à personne. Il les lisait, les relisait. Parfois, dans un élan de désir, il répondait avant de déchirer le papier. Les souvenirs qu'elle glissait dans ses lettres atterissaient sur la bibliothèque. Cette fois, c'était une petite pièce de monnaie Indienne.

— Que dit-elle dans sa lettre? demanda curieusement Benedict, s'installant nonchalamment sur le bord du bureau.

Anthony hésita un instant. Il n'aimait pas partager les mots d'Emilia, ces fragments intimes d'elle qu'elle lui confiait. Ces lettres étaient comme un trésor, une part d'elle qu'il gardait jalousement. Pourtant, Benedict posait toujours la question, insistant sans jamais vraiment attendre une réponse complète.

— Elle est ravie de découvrir la culture indienne, répondit-il d'une voix neutre, détournant le regard. Et... elle dit qu'elle porte des pantalons.

— Des pantalons?! s’exclama Benedict, les yeux écarquillés.

Anthony ne put s’empêcher de sourire en coin face à la réaction de son frère. Cette pensée, loin de l’embarrasser, le ravissait. Il aimait imaginer Emilia en pantalon, libre et audacieuse, déployant un sourire éclatant face aux conventions qu’elle ignorait sans effort. Il chassa son frère du bureau d’un geste agacé, mais sans réelle conviction.

Lorsqu’il se retrouva seul, Anthony reprit la lettre entre ses mains et la relut une énième fois. Chaque mot semblait porter la voix d'Emilia, comme si elle se tenait à ses côtés. Son doigt caressa les lignes, presque comme s’il pouvait effleurer un fragment de son âme.

Elle racontait ses aventures avec cette vivacité qui la caractérisait, ses descriptions si détaillées qu’il pouvait presque sentir les épices, entendre les marchés animés, et la voir, rayonnante, parmi les couleurs de l’Inde. Mais c’était la dernière phrase qui, comme toujours, le bouleversait.

C’était une phrase simple, discrète, mais profondément personnelle. Une phrase qui, une fois de plus, confirmait qu’elle l’aimait toujours, qu’elle l’attendait encore.

Les jours devinrent des semaines, puis des mois, et pour Anthony, le temps semblait s'étirer cruellement. Chaque lever de soleil marquait une attente, chaque crépuscule apportait une déception. Il espérait secrètement qu’elle reviendrait pour le mariage de Colin avec Penelope, une occasion qui rassemblerait tout le monde. Mais dans ses lettres, Emilia n’avait jamais mentionné une telle possibilité. Comment aurait-elle pu? Anthony n’avait aucun moyen de lui écrire ou de lui demander.

Le jour tant attendu arriva enfin, et la maison des Bridgerton était en effervescence. Les rires, les musiques, et les conversations animées emplissaient chaque coin de la propriété. Les invités dans leurs plus beaux atours semblaient rayonnants, mais Anthony, malgré un sourire de façade, se sentait étrangement distant.

Assis à une table, un verre de champagne à la main, il balaya la foule du regard. Il cherchait inconsciemment cette silhouette qu’il connaissait si bien, cet éclat particulier dans les yeux de Emilia, cette lumière qu’elle portait toujours en elle. Mais elle n’était pas là.

Il avait perdu tout espoir et passa les deux heures suivantes à observer les danseurs, quand la porte s'ouvrit soudainement. Emilia fit son entrée, les cheveux relevés en un chignon délicat, parés de fleurs colorées qui semblaient capturer la lumière de la pièce. Elle portait un qipao d'une beauté rare, une robe ajustée à manches courtes, dont la fermeture de boutons épousait parfaitement ses formes.

La soie de la robe, fluide et élégante, était ornée de motifs de dragons majestueux et de poissons nageant gracieusement, comme un hommage aux traditions et aux légendes Chinoises. Le souffle d'Anthony se coupa, son cœur manquant un battement.

Emilia n'était plus cette jeune fille aux joues rondes. Elle avait laissé derrière elle la douceur enfantine de son visage pour se transformer en une jeune femme pleine de grâce, dont la présence seule semblait faire vibrer l'air autour d'elle. La jeune femme s'avança dans la pièce, saluant quelques dames surprises par son arrivée précipitée et sa tenue mais Emilia ne regardait qu'Anthony.

Elle s'assit à côté de lui, sans un mot, comme si sa place était naturellement à ses côtés. Un sourire éclaira son visage et elle déposa délicatement une petite figurine chinoise sur la table entre eux.

— Pour compléter votre collection de souvenirs, dit-elle.

Sa voix avait changé, plus grave mais toujours aussi douce, empreinte d'une tendresse familière. Anthony prit la figurine avec précaution, observant ses détails sculptés avec attention avant de lever les yeux vers Emilia.

— Merci, dit-il.

— De rien, répondit-elle.

Un silence s'installa entre eux, lourd de non-dits et de pensées retenues. Anthony ressentait ce poids dans sa poitrine, l'envie irrésistible de briser la distance qui semblait toujours les séparer.

— D'où arrivez-vous? demanda-t-il enfin.

— De Chine, répondit-elle. Harry et moi sommes rentrés il y a à peine quelques minutes. Je n'avais que des vêtements achetés là-bas, alors je suis venue directement ici en mettant la plus belle robe. Je l'ai acheté spécialement pour le festival des Bateaux-Dragon.

— Le festival des Bateaux-Dragon? Qu'est-ce que c'est? demanda Anthony, intrigué.

Emilia sourit, heureuse de partager un peu de ses découvertes.

— Cela se déroule le cinquième jour du cinquième mois lunaire, expliqua-t-elle. C'est une fête en hommage au poète Qu Yuan. Il y a des courses de bateaux-dragons, et les gens mangent des zongzi, un pain de riz gluant enveloppé dans des feuilles de bambou.

La lueur dans ses yeux, cette étincelle de passion pour ce monde qu'elle découvrait, fit naître chez Anthony un sentiment d'incertitude qu'il n'arrivait pas à identifier. Était-ce la peur qu'elle soit devenue une étrangère, lointaine, insaisissable, ou simplement l'envie de la garder près de lui?

— Est-ce que Londres vous a manqué?
demanda-t-il, la voix plus basse, presque hésitante.

— Non, pas ce Londres-là, répondit-elle doucement.

Il sentit une pincée de douleur. Ce Londres, celui qu'ils connaissaient tous deux, celui des ruelles pavées et des salons huppés, n'était pas celui qu'elle chérissait. Peut-être était-ce le Londres sous la neige qui approchait, ce Londres paisible et tranquille, loin des tumultes et des incertitudes.

— Quel Londres vous a manqué dans ce cas? demanda Anthony.

Emilia le regarda, ses yeux d'une clarté profonde, et son sourire s'effaça doucement pour laisser place à une sincérité qu'il n'avait pas vue depuis si longtemps.

— Vous, dit-elle. Le Londres avec vous. Vous m'avez manqué.

Les mots, simples mais lourds de sens, frappèrent Anthony comme un coup de tonnerre. Son cœur s'emballa, une chaleur inattendue envahit son corps. Il déglutit, incapable de maîtriser l'onde de choc qui déferlait en lui. Sa main, sans y penser, se posa sur la sienne, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.

— Emilia... murmura-t-il, son souffle se coupant dans sa gorge.

La jeune femme baissa les yeux sur leurs mains entrelacées, le cœur battant fort, comme si tout ce qu'elle avait ressenti au fil des années lui revenait d'un coup. Elle l'avait aimé quand il en aimait une autre, elle l'avait aimé quand il l'avait repoussé, et aujourd'hui, elle l'aimait encore.

La douleur de l'attente, de l'incertitude, s'était dissipée en une simple vérité : elle l'aimait toujours, et ce sentiment n'avait jamais faibli.

Anthony, le regard plongé dans les yeux d'Emilia, compris. Il compris que les mots qu'elle avait prononcés à treize ans n'étaient pas une fantaisie d'enfant. Elle l'avait toujours aimé, sincèrement, profondément.

Et cette fois, il se laissa aller. Il accueillit ce qu'il ressentait, il accepta l'irréversibilité de ce moment. Parce que, enfin, il savait qu'il ne voulait plus fuir.

Anthony porta la main de la jeune femme à ses lèvres et déposa un baiser dessus. C'était un petit geste mais rempli d'émotion, d'amour, d'espoir et de désir.

— Je t'ai attendu tellement longtemps, Emilia, dit-il d'une voix rauque. Tellement longtemps.

Il porta la main de la jeune femme à sa poitrine, la laissant sur son cœur. Il battait tellement vite que s'en était douloureux mais il était prêt à cette douleur car elle signifiait un futur qu'il voulait.

— Toujours, dit-il. Même quand je te repoussais, quand j'étais cruel et froid, j'attendais. J'attendais le jour où je pourrais aimer à nouveau, j'attendais le jour où tu serais celle que j'aime.

— Que faisons-nous maintenant? demanda-t-elle, une lueur d'incertitude dans ses yeux. Es-tu prêt à avancer?

— Maintenant, je vais te courtiser, dit-il. Et je vais te demander ta main. Je t'épouserai, Emilia. Je serai un mari et un père si tu me le permets. Je t'aimerai assez fort pour rattraper le temps perdu, pour chaque instant où j'ai douté. Je t'aimerai comme je t'aime en ce moment, et encore plus à l'avenir, si tu m'acceptes.

Emilia sourit, son cœur battant fort dans sa poitrine. Elle posa délicatement sa main sur la joue d'Anthony, caressant doucement sa peau.

Il l'aimait enfin, de la manière qu'elle avait toujours espérée.

— J'accepte, dit-elle, sa voix douce mais remplie d'une force tranquille. J'accepte que tu me courtises, que tu deviennes mon mari. J'accepte que tu sois le père de mes enfants. J'accepte, car j'ai passé ma vie à t'aimer, et je continuerai à t'aimer aussi longtemps qu'il me sera permis.

Anthony sentit l'émotion le gagner. Kate ne serait pas en colère qu'il avance, il le savait maintenant car elle l'avait aimé suffisamment pour savoir qu'elle n'aurait pas voulu qu'il se noie dans le chagrin.

Sans réfléchir davantage, sans prêter attention aux regards autour de lui ni à la foule, il se pencha et embrassa Emilia. Le baiser, doux et profond, portait tout ce qu'il n'avait pas su dire en toutes ces années : la douleur, la promesse, et surtout l'amour qu'il lui offrait enfin. Elle répondit au baiser avec une tendresse et une ferveur qui semblaient effacer tout le temps perdu. Dans ce geste, il n'y avait ni regrets ni hésitations, juste une certitude, un soulagement de se retrouver enfin, après tout ce temps.

🎀 Et voilà pour toi, SarahLiamLouis 🎀

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top