John Shelby - Peaky Blinders

Voici la commande de -jeannedesainte ! Je tiens à dire avant toute chose que je sais bien que la royauté ne fonctionne pas ainsi, mais j'ai tenté de rendre l'histoire la plus plausible possible vu le contexte demandé. Ça été un beau défi et j'ai vraiment aimé écrire cet imagine ! Je dois aussi dire que je n'ai pas écrit depuis des lustres et que je suis disons... rouillée 😅. J'espère que vous apprécierez tout de même cet imagine ! 🥰

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Regarder les gens est devenu un véritable passe-temps pour moi. Chaque jour, je trouve un endroit tranquille pour m'assoir puis j'épie, j'analyse. J'observe les hommes travailler de leurs mains rugueuses, les femmes élever leurs enfants si nombreux. La vie n'est pas une partie de plaisir à Birmingham et je l'ai réalisé dès que j'ai mis un pied dans cette ville. Jamais je n'aurais pu imaginer que mon peuple vivait en réalité dans des conditions si misérables. Autant voir tant de pauvreté à été un véritable choque pour moi, autant j'ai été immédiatement intriguée. Malgré la faim, la saleté et la misère, les gens ne cessent de se battre pour continuer à vivre. Alors, je continues à les regarder, espérant miraculeusement trouver le secret de tant de courage, car Dieu sait que j'en ai besoin en ce moment.

Personne ne connaît la vérité sur moi ici, à l'exception de Thomas Shelby, chef des puissants Peaky Blinders et homme chargé de ma protection. T/P Victoria Mary du Royaume-Uni; voilà le nom sous-lequel je suis née, fille de George V et prochaine reine d'Angleterre depuis le changement de la loi de succession qui a abolit la préférence masculine pour l'obtention du trône.

L'idée que la prochaine personne à gouverner l'empire soit une femme a engendré plusieurs tensions. La question de la succession du trône a causée de nombreux débats qui ont menés à des menaces de représailles. Pour ma sécurité, mon père a ordonné mon exil à Birmingham après avoir conclu un marché avec Thomas Shelby, homme le plus puissant de la ville, si ce n'est du pays après lui-même. Une doublure a depuis pris ma place au palais et j'ai appris à vivre dans le secret au sein de mon peuple.

Mon séjour s'est étendu et ma rencontre avec John Shelby, frère de Thomas, a bousculé ma vie d'une façon inimaginable. Jamais au paravant je n'avais ressentit un amour si soudain et puissant pour quelqu'un. C'est dans le secret le plus total que je me suis finalement mariée avec lui, un mariage gitan sans papiers officiels qui ne pourrait pas être retracé par ma famille. Je sais que ce mariage ne pourra être éternel mais dans mon cœur, notre amour l'est, et il était important pour moi de le sceller de cette façon. John ne connaît cependant rien de mon histoire. Pour lui comme pour les autres habitants de Birmingham, je suis simplement T/P Shelby, jeune fille venue de Londres et désormais femme d'un gangster.

En ce moment, assise à ses côtés au Garrison, j'aimerais plus que tout au monde que le personnage que j'ai créé soit ma véritable identité, que les obligations royales ne me rattrapent jamais. Au plus profond de moi, j'aimerais que le destin de l'enfant imprévu qui grandi dans mon ventre ne soit pas menacé.

- Chérie, est-ce que ça va ? me demande soudainement John, me sortant de mes pensées.

- Oui, désolée. Vous disiez ?

- On disait que tu devrais boire un bon verre de whisky à la place de cette stupide bière, lance Arthur, son frère, assis avec nous à la table et déjà bien sous les effets de la boisson.

Je rigole et décline gentiment la proposition, John étant le seul sachant que j'évite l'alcool fort pour notre futur bébé. Il pose délicatement sa main sur ma cuisse et me sourit de cette façon dont lui seul sait le faire.

Je m'apprête à relancer la discussion lorsqu'un boucan retentit dans le pub. Trois hommes en uniformes viennent d'entrer et mon cœur ne fait qu'un bon en comprenant qui ils sont. Je reconnais à leur tête James, commandant des troupes de l'ordre et ami de mon père depuis ma tendre enfance.

- C'est quoi ce putain de bordel ? crie alors Arthur en se levant d'un bon.

- Nous sommes ici pour parler à mademoiselle T/P, répond James.

John se redresse en même temps que moi, visiblement prêt à empêcher ces hommes de me prendre avec eux. Il tente de répliquer mais je l'empêche aussitôt, ne voulant pas absolument pas que les choses tournent au cauchemar pour lui. Si notre mariage venait à se savoir de ma famille, ce serait la potence pour lui.

- John, je dis en me plaçant devant lui, les yeux rivés dans les siens. Je sais ce qu'ils veulent, ne t'inquiète pas tout va bien se passer. Laisse-les faire, je t'en supplie.

- Qui sont-ils ? insiste tout de même John.

- Dis à Tommy ce qui vient de se passer, il t'expliquera tout. Je dois partir avec eux mais tout va bien se passer, je te le promets. Ne dis rien et laisse-les faire.

Dans l'incompréhension totale, John me laisse finalement partir. Je n'oppose aucune résistance, sachant très bien que si les choses tournent mal, c'est les Shelby qui en paieront le prix. C'est uniquement une fois dans la calèche en direction de Londres que je me permet finalement de pleurer, la douleur dans ma poitrine étant insupportable. Ces hommes me ramènent au château et dès que mes parents remarquerons que je porte un enfant illégitime, ce sera le début d'un vrai cauchemar. Je sais que rien n'ira et que je viens probablement de voir l'homme que j'aime le plus au monde pour la dernière fois.

*

Deux jours se sont écoulés sans que je n'avale la moindre bouchée. Ma gorge est nouée depuis mon départ de Birmingham, tout comme l'est mon destin. Mes parents ont compris immédiatement ce qu'il s'est passé durant mon absence en voyant mon ventre arrondi, comme je m'y attendais. Bien entendu, j'ai strictement refusé de mentionner que le père est John, sachant très bien le sort qui l'attendrait si mon père l'apprenait.

Il a ordonné un avortement. Le médecin doit venir demain alors pour l'instant, je suis enfermée dans ma chambre sans la moindre façon de m'échapper, à l'abri des regards qui pourraient mener au déshonneur de ma famille. Je viens de perdre John, demain je perdrai son enfant et tout ça pour une couronne qui n'a plus la moindre valeur à mes yeux, pour une famille qui m'a détruite au moment où elle m'a enfermée entre les murs de ce que j'appelais autrefois « maison ».

Allongée sur mon lit, les mains sur mon ventre, je fixe le haut plafond en me remémorant chacun de mes souvenirs avec John. Aussi douloureux puissent-ils être en ce moment, je ne veux pas les oublier. Je veux me rappeler de tout: son odeur, son sourire, ses mains sur mon corps, les miennes sur sa peau marquée par les cicatrices de la Grande Guerre...

Soudainement, la porte de ma chambre s'ouvre. Je ne réagis pas, me doutant qu'il s'agit encore d'un serviteur venu me porter un repas que je ne toucherai pas.

- Mademoiselle, je n'ai pas beaucoup de temps, lance la personne qui vient d'entrer dans ma prison dont je reconnais immédiatement la voix.

Je me relève aussitôt pour apercevoir James qui referme discrètement la porte derrière lui.

- Qu'est-ce que vous faites ici ?

- Je ne suis pas supposé vous parler, mais je dois vous poser une question importante. Cet homme, John Shelby, l'aimez-vous ?

J'hausse naturellement un sourcil devant la question du commandant qui m'a ramenée ici contre mon gré. Cet homme qui m'a pratiquement élevé, vu grandir, pour finalement m'emprisonner ici sous l'ordre de mon père.

- Plus que tout au monde, James, je finis par répondre sans pour autant comprendre son intérêt.

- Vous sacrifieriez votre vie pour lui ?

- Je sacrifierais tout, pour lui et pour son enfant que je porte.

Un éclair d'empathie traverse le regard de James. Après s'être assuré que la porte était bien fermée, il s'approche de moi, toujours assise sur mon lit, puis s'agenouille pour être à ma hauteur.

- Dans ce cas, lorsque l'horloge sonnera minuit, dirigez-vous près des écuries. Assurez-vous que personne ne vous remarque, il chuchote avant de se relever brusquement pour se diriger et sortir de la pièce.

- James, qu'est-ce que...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'il a déjà refermé la porte sans la moindre explication. Doucement, je traverse ma chambre, resserre ma main sur la poignée, puis je la tourne: la porte n'est plus verrouillée. C'est à ce moment que je réalise que James vient de me donner la clé de ma liberté. Comment, je l'ignore, mais je ne compte pas laisser l'occasion passer.

J'attends encore une bonne heure avant d'entendre le clocher sonner les douze coups de minuit. Dans la plus grande discrétion, je quitte ma chambre, traverse le château sans être vue puis laisse le froid de la nuit me frapper lorsque je pousse l'une des nombreuses portes menant vers l'extérieur.

Malgré la noirceur, je réussi à distinguer la présence des gardes à leur poste habituel. Je me rend jusqu'aux écuries en marchant dans l'ombre des murs, le cœur battant à tout rompe dans ma poitrine.

- James ? je murmure en longeant les boxes, cherchant celui qui m'a libérée du regard.

Soudainement, une main se pose brusquement sur ma bouche et un bras vient m'emprisonner par derrière. Je me débat aussitôt, tentant de crier mais la personne resserre son emprise sur moi.

- Arrête de te débattre ! me lance alors mon assaillant à voix basse.

Je m'arrête immédiatement de bouger, reconnaissant la voix que j'ai entendue sans arrêt dans mes souvenirs au cours des deux derniers jours. L'emprise sur moi se relâche et je me retourne pour faire face à celui que je ne pensais jamais revoir.

- John... je souffle sans croire qu'il se tient véritablement devant moi.

- On doit se dépêcher, murmure John dont les yeux pâles brillent dans l'obscurité. Une voiture nous attend de l'autre côté du boisé, nous avons seulement quelques minutes avant que les gardes passent ici.

Il attrape ma main et me tire vers la petite forêt qui borde le côté jardin du château. Il me tend un pistolet que j'attrape sans hésitation, prête à tirer sans remords si quelqu'un ose s'en prendre à lui. Nous traversons à toute vitesse le boisé, sillonnant entre les arbres et les branches entremêlées.

Lorsque nous arrivons de l'autre côté, une voiture nous attend en effet avec Charlie Strong au volant. D'autres Bentley sont garées plus loin et je remarque aussitôt que plusieurs membres des Peaky Blinders sont présents, cachés dans l'obscurité. Toujours ma main dans celle de John, je cours derrière lui en direction de ma liberté mais juste avant d'atteindre la portière, un coup de feu retentit, suivit de plusieurs autres.

- John ! Fais-la monter dans la bagnole ! crie alors Charlie qui, un énorme fusil au bras, quitte son siège pour tirer sur la garde royale.

John, accroupi à mes côtés pour éviter les balles, tend le bras pour ouvrir la portière puis me pousse à l'intérieur de la voiture.

- Tu ne bouges pas ! il m'ordonne avant de se redresser rapidement pour tirer en direction de la garde.

- John ! je crie en réponse alors qu'il s'éloigne pour aller au front du combat.

Je ne réfléchis pas une seconde de plus avant de réagir. Je m'assure que mon pistolet est chargé puis pousse la portière pour rejoindre les hommes qui se battent pour ma liberté. Le bras tendu, je vise les hommes autrefois chargés de ma protection au palais.

John fini par réaliser ma présence et crie mon nom en m'ordonnant de retourner dans la voiture. Sa voix suffit à me déconcentrer l'espace d'un instant; la seconde de trop.

Une vive douleur me traverse tout d'un coup le bras, me faisant lâcher mon arme au même moment. Je m'effondre au sol sous la douleur avant de sentir ma tête heurter brutalement le sol. Sonnée, je réalise à peine que John se lance sur moi pour me tirer à l'abri. Sous les coups de feu, il réussit à me hisser de nouveau dans la voiture où Charlie nous rejoint pour démarrer.

Couverts par les autres membres, nous réussissons à nous enfuir et prendre la route en direction de Birmingham. Le visage paniqué de John se dessine devant mes yeux alors que je suis étendue sur le dos, ma tête sur ses cuisses.

- Passe-moi la corde, Charlie ! dit-il en maintenant une pression sur mon bras ensanglanté avant de faire un garrot avec la corde.

- John... tu es là... je murmure, à moitié consciente de ce qui m'arrive.

- Oui, beauté, je suis là. Reste éveillée, nous allons nous en sortir.

Malgré les mots de John, ma tête s'alourdit au fil des minutes qui passent. Ma vision commence à se tacher de noir et bientôt, c'est l'obscurité totale.

*

Lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, je ne suis plus dans la voiture et ma tête n'est plus sur les jambes de John. Je suis étendue sur une surface moelleuse et une douce odeur de bois brûlé me chatouille les narines. Je me redresse difficilement, grimaçant sous la douleur qui m'élance le bras. J'entends des pas se précipiter et bien vite, le doux visage de John se dessine devant moi.

- Comment vas-tu ? me demande-t-il avec une inquiétude palpable dans la voix.

- Je vais bien... du moins, je crois. Où sommes-nous ?

Je regarde la chambre dans laquelle nous nous trouvons sans reconnaître l'endroit. Sur un sofa plus loin, je reconnais Arthur qui se lève pour s'avancer dans ma direction.

- Assez loin de Londres pour ne pas être retrouvés, il me répond en posant une main sur mon épaule. Tu as eu beaucoup de chance, si ce n'était pas de John, tu te serais vidée de ton sang.

- Si ce n'était pas de moi tu n'aurais jamais reçu cette balle, le corrige John avec remord à mon intention.

Je souris doucement et pose une main sur sa joue.

- Je prendrai toutes les balles qu'il faudra pour être avec toi.

- Tu n'auras plus jamais à en prendre une seule, je te le jure beauté.

John dépose un léger baiser sur mes lèvres juste avant que Tommy entre dans la pièce. Je me redresse complètement tandis qu'il tire une chaise pour prendre place face à moi.

- J'ai discuté avec le commandant James Hudson qui m'a mis en contact avec le roi George, ton père. Nous lui avons expliqué tes volontés ainsi que les actions que les Peaky Blinders pourraient prendre si il décide de mettre des hommes a notre poursuite. Les événements de cette nuit seront présentés à la presse comme une attaque des anarchistes. Une tragique attaque au cours de laquelle la princesse T/P Victoria Mary du Royaume-Uni a tristement été assassinée.

- Alors le plan c'est de faire croire que je suis... morte ? je demande confuse en regardant Tommy avec de grands yeux.

- Exactement. Ton frère Édouard prendra la succession du trône dans quelques années tandis que pour l'instant, le pays pleurera ta mort tragique.

- Et... mes parents ? Pourquoi ont-ils acceptés ?

- Tu as dit au commandant James que tu étais prête à sacrifier ta vie pour John, n'est-ce pas ?

J'hoche de la tête sans trop comprendre où il veut en venir avant qu'il continue:

- J'ai fait comprendre à notre cher roi que sa fille m'a supposément demandé de lui tirer une balle entre les deux yeux s'il venait à vouloir intervenir.

Un petit sourire s'étire sur mes lèvres tandis que Tommy me lance un regard complice. Arthur s'approche à son tour de moi en cherchant quelque chose dans la poche de son veston.

- Voici deux passeports pour toi et John le temps que tout ce bourbier se calme, dit-il en me tendant les petits carnets. Il paraît que la Suisse est un très beau pays.

Je regarde John qui me sourit largement, les yeux légèrement embrumés par l'émotion. Je remercie du fond du cœur ses deux frères qui quittent la pièce pour nous laisser un peu d'intimité.

- T'en prendre au roi d'Angleterre, tu es un véritable cinglé, John, je finis par lâcher en rigolant, encore sous le choc des événements.

- Tu es en mauvaise posture pour me reprocher ça, toi qui a préféré risquer ta vie et marier un gitan plutôt que de devenir la prochaine reine d'Angleterre, il réplique avec un petit sourire taquin sur le coin des lèvres.

Comme seule réponse, je comble l'espace entre nous pour l'embrasser avec tout l'amour possible. À bout de souffle, nous finissons par nous séparer puis il se relève en me tendant la main.

- Nous devrions y aller, nous avons beaucoup de chemin à parcourir, votre majesté.

Je roule les yeux puis attrape sa main pour me redresser, grimaçant légèrement sous la douleur. Nous saluons et remercions ses deux grands-frères avant de quitter la petite maison de campagne dans laquelle nous nous étions réfugiés pour prendre la route.

Sur le chemin, à la lumière du Soleil qui se lève paresseusement, je regarde par la fenêtre les habitants des villages que nous traversons. Je les observe, les épie, analyse leurs gestes comme je l'ai tant fait à Birmingham en souhaitant intérieurement être née parmi eux. Le secret de leur courage, de leur force de vivre, est finalement peut-être plus simple que je le croyais. Je comprends seulement maintenant ce que quelqu'un peut être prêt à payer pour avoir la liberté. Jusqu'à cette nuit, j'étais destinée à gouverner ce peuple, mais désormais, je lui appartiens. Mon cœur est désormais celui d'une femme libre, celui d'une femme qui a tout sacrifié pour l'amour et qui serait prête à se battre encore pour vivre ainsi.

*

Voilà ! Comme je l'ai mentionné plus haut, ça fait un bail que je n'ai pas écrit alors il est très possible que certaines phrases soient légèrement douteuses au niveau de la syntaxe. J'ai tout de même vraiment apprécié écrire cet imagine et j'espère qu'il vous aura plu. N'hésitez pas à laisser un commentaire ou un vote, ça fait toujours très plaisir :)

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