Voici la commande de starryyeona (avec beaucoup de retard, milles excuses) ! Le personnage principal est Oriane Shirley Cuthbert, la sœur d'Anne, ce qui change donc légèrement le contexte original ☺️

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- Pour briser cette égalité, épelez-moi le mot « époustouflant », lance monsieur Philips devant une classe fébrile à l'idée de voir qui va remporter ce nouveau tournoi de mots.

Une craie à la main, une goute de transpiration coulant sur mon front, je m'empresse d'écrire la réponse tout en observant du coin de l'œil mon adversaire en faire tout autant.

- É-P-O-U-S-T-O-U-F-L-A-N-T, j'entends alors ce dernier prononcer tandis que j'étais sur le point de marquer la dernière lettre. Je n'ai pas besoin d'attendre la confirmation de notre enseignant que je sais déjà avoir perdu.

- Félicitations monsieur Blythe, avec douze bonnes réponses et aucune erreur vous remporter le tournoi de cette semaine.

Déçue et légèrement frustrée, je me tourne vers Gilbert Blythe qui affiche un large sourire victorieux. Je lui serre la main sèchement sans lui rendre les félicitations qu'il m'adresse puis repars, la tête basse, m'assoir timidement aux côtés de ma sœur, Anne. Cette dernière me connaissant par cœur s'acharne sur moi pour me consoler.

- Tu l'as presque battu, Oriane ! Gilbert n'est qu'un gamin perfectionniste et compétitif qui aime baigner sans pitié ses adversaires d'une honte misérable.

- Je crois que tu exagères légèrement, je réponds à ma sœur en jetant un bref coup d'œil autour de moi pour m'assurer que personne ne me regarde.

- Pas du tout. Gilbert est désagréable et profite du malheur des autres pour se vautrer dans le luxe de la reconnaissance sociale de ses pairs lorsqu'il gagne. C'est pour ça que je déteste du fond de mon cœur lorsqu'il remporte le tournoi, encore plus face à toi ou à moi.

Je pousse un soupire et ouvre un livre pour faire comprendre à ma sœur que je n'ai pas le goût de discuter. Ses paroles de consolations ne m'apporte pas grand réconfort en sachant qu'ils sont largement exagérées et loin d'être véritables. De plus, je soupçonne Anne de cacher son admiration pour lui, si ce n'est d'ailleurs pas plus, derrière ses paroles méprisantes.

Parfois je me demande si l'orphelinat n'a pas mélangé nos papiers à notre arrivée et qu'elle n'est en réalité pas ma sœur. Après tous, nous n'avons pas grand chose en commun. Anne est rousse aux yeux bruns avec un caractère extraverti. De mon côté, je suis châtaine claire aux yeux bleus et je préfère me terrer dans mon coin plutôt que d'attirer l'attention. La vérité est que j'aurais peut-être même pu gagner ce fichu tournoi si ce n'était de l'anxiété que me procurais les vingts paires de yeux fixés sur moi.

Le cours se fini enfin et je ramasse lentement mes affaires, laissant Anne rejoindre Diana. De cette façon, ma sœur commencera probablement une conversation avec notre amie et j'aurai la paix pour le trajet. Lorsque je sors finalement du cours après tout le monde, une voix m'interpelle; celle de Gilbert Blythe. Je pousse un soupire et me retourne vers lui alors qu'il quitte ses amis pour me rejoindre.

- Oriane, ça va ? Tu as l'air déprimée, il commence avec un air inquiet sur le visage.

- Je suis simplement exténuée de ma journée.

Bien sûr, c'est un mensonge. La vérité est que je suis encore affectée par ce maudit tournoi de mots. J'aurais vraiment aimé gagner. Au moins, l'attention portée sur moi aurait été positive.

Gilbert semble se douter que mes paroles ne sont pas véridiques. Il se mord la lèvre et croise les bras.

- Je me demandais... aimerais-tu me rejoindre au petit café à côté du pont ce soir ? On pourrait prendre un journal et se demander des mots. Nous serions tranquille et tu pourrais prendre ta revanche, dit-il avec un petit sourire presque gêné.

C'était la première fois que je le voyais presque mal à l'aise, et je dois avouer que ça me faisais légèrement jubiler. Lui qui semblait n'avoir aucune faiblesse était visiblement embarrassé de me demander de le rejoindre ce soir.

Question de le faire mariner un peu, je fais mine de réfléchir à sa proposition même si la vérité est que je n'hésiterais pas une seconde à prendre cette revanche. Il y a toujours eu cette aura de concurrence entre nous et les regards des autres m'ont toujours déstabilisés. Au moins, ce soir, je pourrai réellement lui montrer de quel bois je me chauffe.

- D'accord, j'accepte ta proposition, je finis par lâcher en haussant avec nonchalance mes épaules. 

Un petit sourire de soulagement se dessine sur ses lèvres.

- Parfait, disons six heures ?

- Ça me convient. À plus !

C'est avec des papillons dans le ventre que je rejoins ma sœur et Diana pour le chemin du retour. J'ignore pourquoi, mais rejoindre Gilbert pour ce petit duel m'excite beaucoup, un peu trop pour que ce soit uniquement l'idée de la revanche qui m'émoustille. Refoulant mon excitation pour éviter d'attirer la curiosité de ma sœur, je la rejoins au côté de Diana et rentre à la maison pour me préparer.

Lorsque l'heure approche, je préviens Marilla, la mère adoptive de moi et Anne, que je sors me promener un peu avant la noirceur et quitte les Pignons verts. En poussant la porte du petit café, je réalise que Gilbert est déjà présent. Deux grands journaux ainsi que deux chocolats chauds ont été posés sur la petite table qu'il a choisie, une petite attention qui fait renaître les papillons dans mon ventre. Il se lève pour m'accueillir chaleureusement puis je prends place sur la chaise face à lui. L'heure est venue de prendre ma revanche.

*

- Si tu réussis celui-là, tu gagnes, m'annonce Gilbert tandis que, l'excitation grimpant en moi, j'attends impatiemment qu'il prononce le possible dernier mot de notre petit concours. Épelles-moi... éperdument, finit-il par laisser tomber.

À l'entente de l'adverbe, un large sourire se dessine sur mes lèvres.

- É-P-E-R-D-U-M-E-N-T, j'affirme sans hésiter, le regard pétillant de joie et de fierté.

Un sourire plein de fierté s'affiche sur le visage de Gilbert qui lâche le journal, me signifiant que j'ai bien gagné. La boule jusque là présente dans mon ventre se transforme en feu d'artifice de bonheur. Enfin, j'ai gagné !

- Félicitations mademoiselle Shirley Cuthbert. Avec un score parfait, vous remportez ce tournoi, me dit-il en me tendant sa main que je sers en rigolant.

- Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à te battre !

- Pourtant tu l'as fait. Crois en toi, Oriane. Ne te préoccupe pas de ce que les autres pensent et fonce. Tu es brillante et tu mérites de recevoir la reconnaissance qui te revient.

Ces paroles qu'il prononce avec une visible sincérité me touchent au cœur. Non seulement je suis heureuse d'avoir gagné, mais je suis encore plus heureuse d'avoir pu me prouver à moi-même ce dont je suis capable.

Je me perds l'espace d'un moment dans le regard de Gilbert, lui qui vient de faire renaître le confiance en moi, avant de réaliser que le Soleil est déjà entrain de se coucher. Je me lève alors rapidement, sachant que Marilla risque de s'inquiéter si je ne rentre pas bientôt.

- Je dois y aller. Merci pour cette soirée Gilbert, je crois que j'en avais besoin plus que je le croyais.

- Si j'ai pu faire une différence je suis heureux.

Nos regards s'accrochent un court instant, des papillons naissant aussitôt dans mon ventre. Je finis par me résonner puis lui affiche un petit sourire timide avant de m'empresser de sortir.

L'air frais de la nuit qui fait son entrée me ramène à la réalité. Ces papillons n'étaient pas le fruit de ma réussite, et je le sais très bien. Qu'est-ce qui m'arrive ? Il y a encore quelques heures Gilbert m'énervait presque autant qu'il peut énerver ma sœur. Et maintenant, il me fait ressentir... ça ?

Je commence à marcher en direction des Pignons Verts, essayant de penser à autre chose qu'aux yeux bruns de mon camarade de classe, lorsque j'entends sa voix appeler mon nom. Est-ce que je commence réellement à halluciner sa présence maintenant ?

- Oriane ! j'entends de nouveau et cette fois, je suis convaincue de ne pas avoir rêvé.

Je me retourne et aperçois Gilbert courant dans ma direction pour me rattraper. Il s'arrête finalement devant moi, légèrement essoufflé et visiblement mal à l'aise.

- Oui ? je demande en voyant qu'il semble hésiter à parler.

- Je me demandais... sais-tu la définition de éperdument ? il finit par lâcher en se mordant la lèvre.

A-t-il réellement couru me rattraper pour me demander ça ?

- Bien sur, je répond en haussant les épaules. C'est un synonyme de extrêmement qui qualifie quelque chose de très fort comme dans...

- Éperdument amoureux, termine-t-il avant que j'aie pu donner l'exemple.

Mes yeux se perdent de nouveau dans les siens, et je comprends uniquement maintenant qu'il n'est pas revenu vers moi simplement dans l'intention de me poser une question banale.

- Gilbert...

- C'est ce que je suis, Oriane, éperdument amoureux de toi... Désolé, tu dois me prendre pour un idiot, je ne voulais pas...

Et, sans réfléchir une seconde de plus, je le coupe dans ses balbutiements en prenant sa tête entre mes mains pour plaquer mes lèvres contre les siennes. Aussitôt, il répond à mon baiser, m'embrassant avec une tendresse si profonde qu'il m'en fait oublier toute la rancoeur que j'ai pu avoir pour lui lors des nombreuses fois où il m'a mis la honte en me battant devant toute la classe.

Car même s'ils sont la clef de notre communication, les mots ne suffisent pas toujours à exprimer ce que l'on ressent réellement. Parfois, seul le cœur sait exprimer ce qu'il y a au plus profond de nous. L'amour est d'ailleurs un de ces sentiments indescriptibles que même tous les mots du monde ne sauraient expliquer.

Je finis par rompre notre baiser au bout d'un moment, laissant mon front contre le siens. Bêtement, je me mets à sourire, fermant les yeux pour profiter encore un peu de cet instant magique.

- J'en déduis que c'est réciproque ? me demande finalement Gilbert, ses mains sur mes hanches pour me garder contre lui.

Et bien... comment dire...

- O-U-I.

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Voilà ! J'espère que tu as apprécié, encore une fois désolée pour l'énorme attente. Je reviens finalement sur ce recueil et j'espère que l'imagine t'aura plu 🥰