82 - Syphon

5x01 - No Sanctuary

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*pov Y/n*

"Le black, l'asiat', le shérif et l'arbalétrier !

-Nous prenez pas les deux !

-Y/n !

Le wagon s'est ouvert comme une boîte de conserve, par le toit, nous découvrant comme une macédoine baignant dans son jus de sueur depuis des heures.

De petites cannettes sont tombées du ciel et nous ont enfumés, à mourir. L'Histoire qui se répète sans qu'on puisse imaginer la réalité vraiment. 

Mes mains se sont attachées à la montre dorée, à me cambrer, poussant mes pieds qui glissent sur le plancher. Ma langue a dit ce que mon cerveau en surchauffe a pensé tout bas.

-Prend la aussi !

Les hommes le tirent et une main se tend et m'attrape par le col.

-Y/n, c'est pas nécessaire, je vais revenir vous chercher....!

Rick tourne la tête vers moi quand je suis tirée par le bras massif, obligée de lui lâcher le poignet.

-Y/n ! N'y va pas !

Carl s'agrippe à mon bras le plus proche mais il est repoussé par un coup surgi du gaz encore très opaque.

Bob disparaît par l'ouverture et Daryl juste ensuite qui se démène comme un forcené en passant à côté pour descendre du wagon haut. Si je me prends une de ses godasses dans les jambes ou le corps, il va me briser les côtes ou me faire perdre le souffle.

-Je sors pour qu'on ait plus de chance de venir vous ouvrir P'tit Mec... Ton père t'a dit qu'il revient te chercher... fais lui confiance ! Peuvent pas m'en prendre deux d'un coup...

Je m'étire une dernière fois vers Carl que j'ai du mal à distinguer, résistant faiblement à la poigne qui me tire vers le dehors. J'ai voulu sortir, je vais sortir.

Le chapeau de shérif se baisse et me cache mon p'tit mec. Michonne lève les yeux en l'attirant contre elle, comme Maggie près d'elle, déjà en larmes.

Est ce que j'ai pas encore ouvert ma gueule à tort et à travers ?

Une fois sur le sol, l'homme me pousse et me fait tomber, à m'étaler à quatre pattes près de Rick. Je retiens un gémissement sous son autre coup de pied qui m'allonge sur le ventre. J'en perds mon souffle et sens comme un truc qui se déchire au dedans, avant la douleur fulgurante. Le shérif me regarde, bâillonné et les poignets attachés dans le dos. On me donne la même panoplie et on nous redresse tous les cinq rudement par le col pour aller en queue leu à l'intérieur d'un des bâtiments.

J'aurais sans doute dû fermer ma gueule, parce maintenant j'ai mal au bide, des abeilles plein les oreilles et les yeux plus en face des trous.

*pov Rick*

Deux hommes nous alignent à genoux contre une grande bassine d'inox reluisante. S'imprime sur ma rétine l'imagine d'un corps nu et amputé installé sur une table plus au fond du grand hangar.

Bob, moi, Daryl, Y/n et Glenn puis quatre autres types fagotés de la même manière. On s'observe tous plus ou moins affolés. Le blond à l'autre extrémité me regarde avec insistance en gémissant à travers le bâillon de tissu déjà souillé de sa salive. Je le resitue à mon tour et il a dû le comprendre. Le mec dans la maison, avant que j'abandonne Carol...

Carol... bien content qu'elle n'ait pas à vivre ça elle non plus. Mes yeux se rapprochent et tombent sur la tête de Y/n qui reste penchée entre Glenn et Daryl, le front posé sur le rebord de la cuve. Ses mèches sont mouillées et dégoulinent le long de la paroi brillante.

Je dis son prénom mal prononcé à cause du tissu dégueulasse que j'ai entre les dents. Faut qu'elle réagisse, c'est pas le moment de se laisser aller ! Fallait pas qu'elle se fasse remarquer, mais on dirait que c'est sa passion dans la vie.

Daryl me regarde et se tourne vers elle. Elle est toute petite, toute recroquevillée, assise sur ses talons, silencieuse et inerte. En d'autres circonstances, j'aurais peut être remercié pour la bénédiction. Nan, c'est pas vrai. C'est la merde, faut qu'elle se redresse. 

Il lui donne un coup d'épaule sans douceur qui lui tombe en pleine tête. Il râle son prénom à son tour. Mais elle ne réagit pas davantage.

On l'appelle à nous deux et Glenn la secoue plus doucement.

"C'est pas bientôt fini, vot' comédie musicale ?!

On se fige tous les trois à l'invective de l'homme dans notre dos. Un bruit de plastique souple.

-Tu peux m'attacher le tablier s'te plaît ?

-J'prends la batte près de la table...

Les deux hommes se parlent sur le ton de la conversation, ils ne font que prendre leur poste et s'entraident à revêtir leurs équipements de travail respectifs : tablier de boucher, batte de base-ball, la routine.

Je secoue la tête à mes idées qui divaguent parce que surtout, je respire de plus en plus difficilement. Et Y/n qui ne se redresse toujours pas. Bob est le premier de la ligne à ma droite et je sens son souffle saccadé sur mon épaule alors qu'il tourne la tête derrière nous, curieux de voir ce qu'il se passe. Ce qu'on nous réserve. 

Mais le bruit de plastique froissé s'éloigne de nous. J'ose relever la tête au delà de celle de Y/n toujours posée, immobile, sur le rebord de métal et Glenn après elle.

Les deux hommes commencent par l'autre bout à gauche. J'inspire. C'est dégueulasse mais j'inspire de soulagement.

La batte s'élève, je ne peux pas m'empêcher de regarder.

Puis elle s'abaisse dans un bruit sourd et la tête blonde s'affaisse comme une balle avant d'être à peine relevée pour laisser jaillir un flux rouge vif qui gicle sur le rebord opposé de la longue bassine.

Un sursaut saisit toute notre ligne, comme si on avait tous été électrocutés en même temps, auquel nous réagissons ensuite tous différemment. Les inconnus suivants crient à travers leur linge, Glenn s'affaisse à son tour alors que Daryl se redresse comme un i, recule du rebord, la tête droite fixant devant, rétrécissant son champ de vision à la seule porte qui est devant nous à quelques mètres.

J'hurle le prénom de Y/n qui reste inerte.

Ca me fait respirer, baver encore davantage sur le tissu qui me cisaille le coin des lèvres. Je répète son nom encore et encore.

-Tu vas la fermer oui ?! intervient le plastique bruissant, excédé. On a un boulot à faire là ! Alors vos gueules, putain !

Le bruit sourd reprend, puis celui de la coupure et puis du giclement. Une fois, deux fois, toujours dans cet ordre, sans plus de pause, sans plus d'hésitation.

Le prochain, c'est Glenn.

Je n'ose plus regarder, mais j'imagine la batte qui s'élève derrière sa tête et son nouveau gémissement me crispe tout entier. Je ferme les yeux. A me faire mal.

Je ne vais peut être pas pouvoir tenir ma promesse à Carl...

*pov Daryl*

La deuxième tête retombe contre la cuve... le sang épais, sombre s'étire jusqu'au syphon presque devant moi. Je me tiens droit, pour lutter contre la nausée qui m'est venue dès le premier giclement.

J'vais pas tenir. Cette fois c'est sûr, j'vais pas tenir.

Y/n est avachie à côté de moi. Ils l'ont frappée ? Elle s'est cognée et a perdu connaissance en tombant là ou quoi ? Pourquoi on l'entend plus ? C'était tout à l'heure qu'il fallait qu'elle ferme sa putain d'grande gueule, quand elle était encore dans le wagon, en sécurité.

Saloperie de gamine.

Je la secoue, ma hanche contre son épaule ne semble pas suffire à la réveiller. Si j'étais pas attaché, j'te la secouerais bien comme un prunier, avec une tarte en prime.

Tiens, de penser à lui faire mal, ça me divertit de ma nausée.

Elle sert enfin à quelque chose, cette gueunon.

La troisième tête rebondit sur la bassine. Le sang s'épaissit et submerge le syphon sous mes yeux qui larmoient. Les mèches de Y/n sont toutes mouillées et leurs pointes toutes fines s'imbibent du liquide sombre.

Mon coeur se remet à partir dans les tours. Glenn se redresse et gémit. Je tourne la tête devant moi.

J'vais pas tenir.

*pov Glenn*

C'est bon, cette fois, je vais y passer.

Les hommes à ma gauche tombent comme des mouches. Le syphon propre est maintenant recouvert de rouge.

Je sens le corps d'Y/n un peu contre moi. Elle ne bouge plus depuis qu'ils l'ont mise là, la tête contre le rebord. On a beau l'appeler, crier, hurler n'importe quoi, elle est partie. J'en suis sûr.

Je l'envie tellement.

Je ferme les yeux quand je sens l'homme au tablier de plastique se placer dans mon dos.

"Adieu mon amour...

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10.04.20
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