79 - Courtois

4x16 - A

Brianstorm - Artic Monkeys

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*pov Rick*

"Le Terminus, il est encore loin ?

-Pas tant je pense...

On traverse la forêt, on distingue la voie ferrée à travers les arbres, pour nous guider. Une grande butte s'élève à quelques mètres de nous.

"On fait une pause !

Ils s'arrêtent tous quasi où ils se tiennent en entendant mes mots. Michonne est plus avant, avec Carl. Ils parlent devant moi depuis plusieurs minutes déjà et je n'entends rien, je ne déchiffre rien de leurs expressions, aucun mot ne vient jusqu'ici. Il est plus ami avec elle qu'avec son père. Et depuis cette nuit, je ne lui en veux même plus. Qui aurait confiance en ce que je suis devenu ?

"Il a besoin d'avoir un autre point de vue...

-Tu as le même point de vue que cette femme, non ?

Elle me regarde, une expression bizarre mais plus amusée que fâchée sur la bouche.

-Juste parce qu'on est du genre féminin toutes les deux tu veux dire ?... Y a que ça qui nous relie ? Y a que ça qui nous définit ?

-Non ! Je voulais pas dire que...

Je sens que je perds tout ce qu'elle vient de m'offrir généreusement : son intérêt, son attention, son regard sur moi...

-Michonne est super balèze pour écouter...

Elle se tient juste là, à peine à la hauteur de mon épaule. Elle lève ses yeux clairs sur moi, sa bouche m'offre un sourire, timide mais bien là, bien pour moi. Elle m'a fait marcher et j'ai cavalé.

Je ne l'ai même pas entendue approcher. Elle m'adresse la parole. Enfin.

Elle est restée en arrière depuis notre départ du pick-up, j'ai cru qu'elle n'allait jamais revenir. Là.

Mais la nuit est passée, le jour est levé, la température est montée d'autant. Des fois, moi aussi rien que ça, ça me rassure, ça me ramène à la vie, après une nuit difficile.

Celle-ci était l'une des pires.

Je m'avance davantage sur la butée alors que Michonne et Carl s'enlacent un long moment. Je ne suis pas contrarié. Non, vraiment pas. S'il n'a pas besoin de moi, il va trouver ailleurs ce que je ne peux sans doute plus lui offrir. Et ce sera bien ainsi. Ce sera ainsi que je ne le perdrai pas complètement.

Un haut grillage est camouflé des plantes grimpantes qui jonchent le sol dans toute la zone. J'écarte quelques feuilles.

-C'est bon, on va pouvoir en avoir le coeur net ?

-Je crois que oui...

Je désigne la grosse enseigne qui orne le long bâtiment en contrebas.

Nos trois compagnons s'approchent à leur tour et nous restons là un moment, à observer notre but enfin atteint.

*pov Y/n*

-Ca a l'air d'être... calme...

Rick me regarde aux mots de son fils.

-C'est pour ça qu'on passe par derrière...

Je hoche la tête pour seule approbation sans le quitter des yeux. Je sais que Carl est crevé et qu'il a envie que ça marche. Mais je ne peux pas être de son avis... trop naïf.

Ouai, je sais, c'est moi qui dis ça.

Mais j'ai peur que ce soit trop beau, trop chaud...

Rick se détache du grillage. Pas sûre qu'à s'y coller comme cinq jolies sardines sages et gaiement alignées, on ne se fasse pas repérer par les gars qui ferment les boîtes de conserves juste en bas du talus.

Je m'éloigne à mon tour, intriguée de son manège. Parce qu'il ne nous dit pas de continuer le long de la clôture, non. Il se met à genou et creuse un trou.

-T'as l'intention de passer carrément par la sortie de secours... même pas encore creusée ?

Il lève les yeux sur moi, ne cachant que mal son agacement. Ouai ok, je ne suis pas en méga forme pour les vannes de compét' mais je m'accroche là, tu vois pas ?

Le sac de sport bleu qu'il se trimballe sans vouloir le lâcher d'un pouce depuis ce matin rentre pile poil dans le trou.

Daryl s'approche à son tour sans un mot.

Rick ouvre le sac et y dépose son Python avec moultes précautions. Il lève les yeux sur le chasseur.

*pov Daryl*

-C'est juste au cas où...

Il laisse son Colt dans le sac et choisit le Smith & Wesson... Je ne peux m'empêcher de noter qu'il s'agit de celui de Joe, avec la jolie crosse en bois...

Il reste accroupi devant le trou et m'invite du regard à participer à la collecte.

-J'ai rien à laisser...

-Moi non plus... hausse des épaules Y/n.

Alors il n'insiste pas et recouvre rapidement l'arsenal de la terre remuée.

Puis on grimpe le grillage. Rick, Michonne puis Carl qui escalade sans grande difficulté.

-Attends, j'suis pas prête...

Y/n vérifie ses armes calées dans les passants de son jean, remonte les zips de ses poches rapidement et pose une dernière fois une main dans son dos, à hauteur de ses reins.

-C'est haut quand même ? Et ça branle vachement non ?!

-C'est toi la branleuse... grimpe !

-Ouuh, j'l'ai pas vue venir celle-là ! Balèze Dixon... ta petite villégiature avec les sales brutes t'a fait gagner en assurance ma parole... !

-Y/n ! Active ! Daryl, ferme la marche !

Rick est de l'autre côté et a besoin de moi pendant que je me fais encore avoir par cette piplette. Elle a retrouvé sa langue, ok, mais c'est pas le moment de me tailler le bout d'gras.

-Accroche toi morveuse et ferme ta putain d'gueule...

Sans prévenir, sans même réfléchir je l'attrape par la taille et la soulève à bout de bras pour qu'elle attrape déjà le haut du grillage.

-Ca pique, merde !

-Ta gueule j'te dis ! Grimpe !

Je la soulève encore à coup d'épaule dans le cul pour la faire piquer du nez par dessus la clôture. Elle glapit mais Rick la réceptionne tant bien que mal, pour ne pas qu'elle ameute tout le lotissement.

Je passe rapidement par dessus le grillage qui en a marre lui aussi et nous avançons en gardant le peu de discrétion qu'il nous reste.

Arrivés à hauteur du premier grand bâtiment juste en face, Y/n s'arrête près de moi, quasi essoufflée. Elle ne me regarde pas, focalisée sur notre environnement a priori désert.

Toute occupée à remettre enfin de l'ordre dans sa tignasse, elle grimace en tirant sur les brindilles qui s'accrochent obstinément à ses boucles qui s'allongent avec son geste, comme un élastique. Les feuilles font moins de manière mais elle les observe tout autant, surprise de découvrir d'aussi grosses prises dans ses cheveux qui ont gagné un nouveau profil, tout aussi brouillon que le précédent. Ca doit être son style depuis le début, ça doit être voulu, c'est pas possible autrement.

*pov Y/n*

Je suis Carl qui court derrière son père et Michonne. On se suit à la queue leu leu avant de trouver une porte restée un peu ouverte sur le premier des hauts bâtiments qui nous entourent.

Ca fait une drôle d'impression après avoir erré parmi les arbres de se retrouver cernés par du béton et des briques, du goudron solide sous les semelles.

Rick prend à peine de précaution pour ouvrir la porte plus grand et nous invite à entrer d'un geste de la tête. Daryl est le premier à s'engouffrer, arbalète en joue.

-Terminus...

Daryl se met en première ligne, trotte rapidement vers le fond, vers une grande ouverture, un arc carré démuni de battant.

-...des cartes au croisement pour vous aider à vous repérer... Sanctuaire pour tous... Communauté pour tous...

Ca donne sur un autre espace, plus éclairé, plus occupé aussi. Daryl y pénètre plus lentement, nous sur ses talons.

-Ceux qui y arrivent... survivent...

La voix se veut sans doute tellement rassurante, calme. Automatique. La femme est la plus proche de nous.

-Bonjour...

Rick est limite aimable mais reste courtois alors que je sais qu'il en a rien à foutre d'interrompre la femme aux cheveux super blancs qui nous découvre déjà bien proches d'elle.

Je n'arrive pas à enlever ma main de mon holster.

L'arrêt de son chant monotone qu'elle donne à un micro devant elle, fixant une carte forestière qui ne doit rien lui dire, assise là depuis un moment, fait réagir tous les autres inconnus, plutôt jeunes, qui bricolent on ne sait quoi un peu plus loin.

-J'parie que c'est Albert qui monte la garde.

L'un d'eux s'arrête à son tour et s'approche de nous. Il est calme, sûr de lui.

-Vous v'nez nous voler ?

Franc avec ça.

-On voulait vous voir avant que vous nous voyiez...

Le shérif semble s'adapter au jeu sans vraiment savoir les règles du plateau où on a tous pris place.

Moi, j'me sens exposée. Et j'aime pas ça.

-Ok... D'habitude on fait ça au croisement... Bienvenue au Terminus !

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06.04.20
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