7 - Rauque

01x03 -  Tell it to the frogs

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*pov Rick*

J'enlève ma main posée sur la tête de Carl pour la tendre vers la fille devant moi. Lori ne bouge pas, toujours blottie et silencieuse. Je sens son souffle tiède dans mon cou, son nez qui frôle ma mâchoire.

Mais je ne regarde que la fille face à moi, qui tient la tête baissée. Obstinément.

Je sais qu'elle me voit malgré son nez vers le sol.

"Y/n, articule-t-elle sans conviction et sans volume.

-C'est Y/n... répète Glenn à côté d'elle, toujours avec son sourire de gamin heureux.

C'est finalement lui qui m'attrape la main, pour ne pas me mettre un vent.

"Mon Sauveur alors... dis je amusé.

-Ouai... rit il nerveusement. Enfin... C'est Y/n qui t'a repéré dès le début, et qui t'a suivi depuis les toits... moi j'ai fait que suivre les instructions ! ricane-t-il encore.

-Arrête, dit-elle encore d'une voix basse.

La voilà. Cette voix aussi rauque que dans mon souvenir.

*pov Shane*

Lori s'est éclairée. Littéralement.

Carl s'est libéré de ses bras pour s'élancer vers son père. Et Lori n'en n'a pas cru ses yeux. Avant de faire les pas, de plus en plus rapides, vers son homme.

Parce que c'est lui son homme.

Pas moi.

Ca me saute à la gueule. D'un seul coup. D'un sale uppercut... en pleine figure. A m'en couper le souffle.

Ces retrouvailles sont touchantes. C'est certain. Elles sont belles parce que surréalistes.

Même pour moi.

Même si j'ai l'impression de faire face à un fantôme. On se coltine bien des rôdeurs depuis des semaines, alors pourquoi pas des fantômes, maintenant ?!

Je pensais être prêt à tout depuis le début de l'épidémie. Bah j'me suis trompé.

Je ne m'attendais pas à ça. J'ai bien commencé mon deuil. J'ai admis la disparition de mon meilleur ami. Parce c'est un fait.

C'était un fait en tous cas. 

Jusqu'à ce que Y/n se pointe au volant de la Mustang rouge et rugissante. Jusqu'à ce que Glenn la rejoigne, tout sourire, après avoir ramené avec lui un fourgon, et mon meilleur ami en prime. Comme un jouet à la tirette.

Je suis heureux de le revoir. J'en crois pas mes yeux, vraiment. Sincèrement, je suis heureux. 

Et en même temps, j'ai les boules. Je réalise que je suis crispé, entre sourire et grimace sans doute.

J'ajuste ma casquette sur ma tête, dans un geste rapide, avant de croiser le regard scrutateur de Y/n, là-bas. 

Cette fille m'agace. Mais elle me divertit de Rick. Elle m'a toujours gonflé. J'ignore foncièrement pour quoi. C'est juste ainsi. Y a des gens comme, ça,  c'est physique. On peut pas les blairer, d'office. Avant même qu'ils aient ouvert la bouche, avant même qu'on ait eu le temps de leur laisser ne serait ce qu'une chance. Aucune pour elle. C'est réglé.

Elle est collée à Glenn. Comme d'habitude. Ils sont inséparables ces deux là. Pas plus hauts que trois pommes à eux deux, mais toujours fourrés l'un avec l'autre. Deux gamins qui jouent à touche pipi... Et là, je la vois qui me fixe, un sourire au coin de la bouche.

Elle me gonfle. Elle m'agace. J'ai envie d'la... Je vais la bouffer un de ces jours, cette petite garce.

J'ajuste ma casquette en soupirant, comme si ça suffisait à libérer l'étau qui enserre ma poitrine depuis qu'on a réalisé qu'on connaissait déjà le nouveau, Lori et moi.

Je toise la gamine sans gêne. Elle fait sa maligne parce qu'elle sait qu'on n'est pas seuls et qu'elle se tient à bonne distance. Mais elle ne perd rien pour attendre. Je lui tomberai dessus quand elle ne s'y attendra pas, quand elle sera entrain de laver ses dents, son linge ou la vaisselle. Quand elle ira chier... Voire dans son pieu, quand elle aura fini de tripoter la nouille de son p'tit asiatique perpétuellement hilare...

*pov Y/n*

Trop mignons !!!

J'ai halluciné quand j'ai vu le petit Carl s'élancer, se jeter dans les bras du flic. Leur étreinte. La bouille de mon p'tit copain contre son père.

Ce môme est un trésor. Une teigne aussi quand il s'y met, mais c'est un gentil gosse, quand sa mère le lâche un peu et n'est pas dans les parages. Il est drôle et plein d'idées de conneries à ne pas faire... 

Alors, le voir heureux, contre son père, ça me fait plaisir pour lui. Vraiment.

J'ai ma joue contre l'épaule de Glenn. Il me regarde, la figure fendue de son éternel sourire blanc. Mais ses yeux luisent, indéniablement.

"Tu chiales, Y/n... me taquine-t-il.

-Toi d'abord... ! ne puis-je m'empêcher de ricaner.

Je ne décolle pourtant pas de son épaule, reportant mon attention sur les retrouvailles de la petite famille sous nos yeux. 

Le flic me fixe.

Il s'est redressé, tenant toujours Carl contre lui. Lori s'est blottie, toute serrée à lui. Tu m'étonnes.

Mais le flic me fixe. Moi.

Et je me laisse faire pendant des minutes entières, comme immobilisée. Délicieusement immobilisée.

"Aller ! Une bière ! annonce Glenn, disparaissant de sous ma joue, en claquant des mains.

-T'es même pas majeur, mon biquet... 

-Parce que tu l'es, minette ?!

-Nan... mais j'ai pas envie d'alcool, moi... je me contenterai d'un soda ou d'un jus de fruit...

-Petite joueuse... Vu ce qu'on vient de faire, on a le droit à une bière, pas vrai Dale ?

-J'suis pas votre père... vous faites bien ce que vous voulez de ce côté là, les jeunes... écartant les bras en riant à son tour.

-Cool... adjuge mon copain.

Il s'éloigne, guilleret.

Alors que Shane remet sa casquette et me regarde de loin. 

Il porte sur moi, un oeil aussi noir que le flic a les yeux bleus.

Ce mec me fait flipper. Peut être que Rick va redresser la balance de l'ambiance vite merdique qui règne sur le camp depuis le début de toute cette merde d'apocalypse.

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