69 - Brosse

4x11 - claimed

---

*pov Y/n*

"Laffer bes dents chous la dousse... Me laffer des dents chous ba dousss... grlllgrlll"

Je retire la brosse de ma bouche pour vider celle-ci en me penchant en avant quand elle déborde de l'eau tiède qui tombe de la pomme de douche, perchée au dessus de ma tête.

Je la remets, en riant toute seule de ma connerie, avant de couper l'eau et de m'envelopper du drap de bain tout en enjambant le bord de la baignoire.

Je me sèche rapidement et enfile une culotte et un jean propre que Carl n'a pas voulu pour lui. Une brassière par dessus mes cheveux qui goûtent encore et je sors de la salle de bain, brosse à dents toujours au coin de la bouche. J'ai oublié un tube de crème dans la chambre du petit mec. Je le vois bien à côté de la N64 mais je ne le jurerais pas.

J'approche de la chambre parentale sur ma droite. Je ne vais pas pouvoir m'empêcher de jeter un oeil par la porte que j'ai laissée grande ouverte tout à l'heure, même si je regarde pour l'instant en face de moi, vers celle que Carl occupe la majorité de ses journées.
Tu paries combien que je tourne la tête à droite.... maintenant !

La porte du jardin claque sèchement.

"Arrête tes conneries... Tu sais que j'te l'aurais chopée avant que t'aies eu fini d'en exprimer même que l'envie !..."

Je reste figée une seconde, regardant l'escalier à mes pieds, sur la gauche, plutôt le palier à mi hauteur. Les pas se multiplient autant que les voix tonitruantes et masculines.
Ma tête tourne vers la droite.
Merde : perdu !

Rick est allongé sur le lit. Il n'a pas bougé d'un iota, le bouquin toujours posé où il l'a laissé.
Je vais pour l'appeler doucement mais un craquement, juste au dessous, me fait pivoter sur moi même, filant d'où je viens.
Je ferme aussi doucement que rapidement la porte de la salle de bain alors qu'éclatent autant de rires gras que d'insultes au rez-de-chaussée.

Quasi au bord de la panique, je tourne encore en rond pour trouver une planque ou une issue. Mes yeux tombent sur le rideau serré de la baignoire. Puis les toilettes dont la lunette est relevée.
Je ne peux que grimacer et gémir faiblement de désespoir.

Un nouveau raclement de gorge se fait entendre. Au premier étage cette fois. Juste derrière la porte, là, sans plus aucun doute possible.

Mes yeux ne regardent alors plus que la poignée ronde qui tourne sur elle-même.

Trop vite.

*pov Rick*

"Y a des femmes qui crèchent ici !
- Elles sont baisables ?
- Y a des ch'mises et des p'tites culottes dans le cellier... Toutes petites ouai... j'dirais même pas non !

Sorti de la chambre, enfin !

Un rire gras suit les mots remplis de lubricité. Quelqu'un grimpe les escaliers et je me précipite... ! Où ?! Où puis-je me planquer ?!!

*pov Y/n*

Ca rote.

Ca pète.

Ca feuillette mon Elle d'octobre 2009 !!!

Je respire l'odeur de ma paume que je colle contre ma bouche. Pas pour camoufler ma respiration saccadée dûe à la trouille que ce gros dégueu m'a faite subir. Non. Juste pour atténuer son odeur de merde ambulante... Il est en train de me pourrir mon sanctuaire, ce connard !

Mais là, je ne peux que le regarder à travers les lattes horizontales de la porte en persienne du placard où je me suis enfermée avant qu'il n'ouvre celle de la salle de bain. Là, je ne peux que me fourrer le nez au creux de mon coude pour calmer mes hauts-le-cœur. Ca fouette, balayette !!!

Si j'avais pu choper mon marteau ou même mon flingue qui sont posés sur la machine à laver, je lui aurais bien sauté à la gueule que je lui aurais défoncée, tout assis sur son trône qu'il serait resté !

Espérons qu'il ne voie pas mes armes et ne se les garde pour lui.

CA PUE LAAAA !

*pov Rick*

Je ferme doucement la porte sur moi, faut que le type ne la voie pas bouger !

Je me redresse lentement en lâchant la poignée que je fixe, à l'écoute de la moindre réaction dans le couloir. Mais rien ne se passe...

Jusqu'à ce que je réalise que je ne suis pas seul dans la pièce.

Je n'ai qu'à tourner les yeux sur le type assis à côté de moi, à hauteur de chiotte.

On se fixe une demi seconde mais je suis le premier à me jeter sur lui.

*pov Y/n*

Quelqu'un d'autre entre dans la pièce ! C'est pas la foire ici, merde !

Cette fois, je porte ma main à ma bouche en découvrant Rick qui se précipite de refermer derrière lui. J'ai envie de sortir de là, de lui sauter dessus de joie, de soulagement, de... !

Un silence, stupéfait, retombe à plat.

Avant la tempête qui soulève de nouveau tout.

Je ne vois que l'écusson sombre sur son épaule beige, de profil qu'il se tient par rapport à moi, avant que le dos du shérif ne se fracasse contre ma porte de placard, tandis que je me recule tout au fond de mon trou par pur réflexe.

*pov Rick*

Le type me pousse en se levant. J'entends la porte du placard craquer contre mon dos, mais mes oreilles perçoivent aussi un gémissement aussi aigu que faible. Tous les flacons et autres tubes ont voltigé dans un tourbillon de tintements en se répandant tous par terre, quand l'inconnu a voulu valser avec moi.

Je dois bien être le seul, mais je sais ce que j'ai entendu : quelqu'un a couiné dans mon dos.

Le type n'est pas totalement seul à couler son bronze.

*pov Y/n*

Je ne vois plus grand chose à travers les lattes, je ne perçois que leurs souffles, leurs grognements d'effort, tout à leur lutte virile. Et je ne peux rien tenter pour essayer d'aider mon ami.

Rick n'a finalement pas besoin de moi et ne met pas de temps à gagner la partie, laissant le gars inconscient tomber au sol. Sans prévenir, il ouvre la porte du placard à la volée, me faisant sursauter en levant les yeux vers lui.

Sans réfléchir, je me jette sur lui alors que sa main attrape ma nuque dans le même mouvement. Je m'accroche à son cou, il m'enlace et me soulève du sol juste le temps d'une seconde. Son odeur m'envahit les sens, le nez plongé dans son cou, la bouche grande ouverte mais muette contre sa peau, les yeux écarquillés de terreur et de soulagement mêlés.

Je redescends sur terre quand il s'écarte doucement.

"On dégage ! souffle-t-il en me tenant toujours la tête entre ses mains, ses yeux plongés dans les miens.

J'opine sans un mot.

*pov Rick*

Sous le lit, je ne pensais qu'à Y/n. Entendant les hommes envahir la maison, je n'avais d'abord qu'une trouille : qu'ils me la prennent.

Mais rien n'est venu. Aucun signe de débusquage, aucune surprise, aucun combat audible. Je me suis ensuite dit qu'elle était peut être sortie pendant mon sommeil, ou qu'elle avait fui en les entendant entrer... J'espérais qu'elle soit en sécurité... même si elle m'avait abandonné... une deuxième fois.

Jusqu'à ce gémissement dans mon dos.

Non. Elle ne m'a pas abandonné. Ni cette fois ni celle d'avant.

La situation restait claire. Je devais éliminer ce type. Sinon, on n'allait pas s'en sortir. Pas que moi. Il n'y avait pas que moi qui jouais ma vie. La sienne était planquée dans ce placard. Fallait donc bien que je bute ce type.

Au milieu du bordel d'ustensiles au sol, avec le cadavre à nos pieds, je cherche encore une issue. Je me précipite sur la petite fenêtre qui doit forcément coulisser, celle-ci. Elle résiste un peu, pour la forme, et finit par céder.

"Y/n, on y va... ! dis je encore tout bas en balançant mon blouson sur le toit du perron, me retournant à peine, plongeant déjà vers la sortie.

Une fois sur les tuiles, le plus discrètement possible, j'avance jusqu'à la corniche pour évaluer la prochaine étape en ramassant ma veste.

Je me retourne enfin, m'attendant à la découvrir sur mes talons. Mais je suis tout seul.

"Y/n ! Amène toi, bordel ! ma voix reste étonnamment basse malgré ma furie.

*pov Y/n*

J'enfile un maillot par dessus ma brassière alors que Rick se redresse déjà sur le toit, au dehors. Je glisse mon flingue et le manche de mon marteau à mon jean, avant d'attraper mes godasses sous le lavabo et de me glisser par la fenêtre.

Je sens le regard du shérif, lourd sur mes épaules. Mais je me concentre à ne pas me casser la gueule, ni à faire grincer quoi que ce soit. C'est pas le moment de me faire remarquer.

Quand je reprends mon aplomb, accroupie sur le toit du perron, je m'avance pour le rejoindre, vu qu'il est déjà tout au bord de la couverture en tuiles glissantes.

"On va descendre... montrant le sol du jardin d'un mouvement du menton.

- Shit...

- Je passe devant...

Sans me demander mon avis, le voila qui s'allonge sur le toit, les santiags en premier, à glisser pour finir par rester pendu par la gouttière. Son regard me fixe, une longue seconde affolé faut avouer, avant qu'il ne lâche tout.

"Putain...

Je souffle en reculant du bord. Je l'entends atterrir dans un bruit sec de feuilles sèches et froissées.

"Putain de putain...

Je regarde autour de moi, toute debout sur les tuiles froides. Si je traîne de trop, les mecs pourraient me voir par une des fenêtres du premier étage. Alors je me recentre, me penche pour ramasser mon bordel, mais je ne parviens pas à me rapprocher du bord.

"Y/n ! me hurle Rick sans crier.

Sa voix est chuchotée mais je sens toute sa colère.

*pov Rick*

Putain, mais qu'est ce qu'elle fout ?!

Je l'appelle encore, aussi fort que je peux, m'accroupissant pour ne pas attirer plus l'attention des nouveaux occupants.

J'attends encore un peu, je vais pour la rappeler quand je vois sa bouille, envahie de ses boucles hirsutes et humides, surgir au bord du toit.

"Qu'est ce que tu fous ?!

- J'vais pas pouvoir... gémit-elle entre ses dents, le visage déformé d'une grimace terrorisée.

- Tu t'fous d'ma gueule ?!!

- Attends...

- N... ! REVIENS !!! dis je tout bas alors qu'elle disparaît encore !

Je fulmine, recroquevillé, prêt à me défendre d'une attaque venue de n'importe où.

"Y/n... dis je, m'obligeant à rester calme. Y/N !

- J'vais pas y arriver... survient elle à nouveau.

- Regarde moi ! Tu vas le faire ! Fais comme moi : à plat ventre et les jambes en premier. Je suis là, je te rattrape...

- C'est trop haut !... J'suis trop... ! levant les yeux vers le ciel.

- Petite ! REGARDE MOI ! Je te rattrape ! Regarde ! lui tendant les bras. Je suis là, je t'attrape les jambes, promis !

Elle hoche la tête, une lippe sur son visage avant de disparaître encore une fois. Puis je vois ses pieds dépasser du bord du toit, glisser laborieusement au delà de la gouttière. Je jette un œil vers la porte d'entrée et le perron, tout deux déserts. Pour l'instant. Puis je me concentre à nouveau sur elle, étirant mes bras au maximum pour tenter de lui attraper les pieds.

Faut il encore qu'elle se recule plus, qu'elle laisse pendre ses jambes...

" Vertical ! Tu les tiens trop à l'horizont...

- J'arrive paaas... J'ai peuuur...

- Ecoute moi, Petite... détends toi... je suis là, ça va aller... laisse tomber tes jambes ... S'te plaît...

Je me tourne et me retourne sur moi-même, pour essayer de la voir. Elle a maintenant seul le ventre sur le toit, les jambes dans le vide mais encore trop hautes, c'est vrai. Elle se redresse, se tortille, pour essayer de me voir aussi et je finis par attraper son regard, totalement affolé, à me déboiter les vertèbres du cou, les bras tendus toujours vers elle.

"C'est bien... Regarde moi... Continue comme ça... je vais t'attraper... Glisse encore... Quand tu auras la gouttière, tu lâches tou...

- Naaan...

- Si ! Continue ma puce, je suis là regarde, je te tiens !

J'attrape à peine son orteil... Et je réalise que cette allumée est toujours pieds nus !!!

*pov Y/n*

Ses mots sont encourageants. Il me presse, à voix chuchotée, presque risible. Il me presse mais m'encourage aussi, mais me presse tout autant. Ca me rassure et ça me stresse tout à la fois. Le vertige me tient trop le ventre. Et puis je pense à un truc.

Un truc de quand j'étais gamine. Quand j'essayais de faire du vélo, ou du roller, et que j'étais pas bien solide sur mes pédales ni sur mes roulettes. et ben quoi ? Je finissais toujours pas me lancer, par éteindre mon cerveau et par me laisser aller.

Mes pieds me ramènent d'abord à la réalité. Ils frôlent différentes sensations qui me chatouillent ou me heurtent. Rick rouspète sourdement. Je pense que je lui ai filé un coup de pied mal placé. Je sens ses doigts qui me chatouillent encore les pieds. Je peux me contenir si on me fait des guilis sur le ventre, mais les pieds, c'est une autre affaire : ça peut partir tout seul, j'ai vite fait de filer un mauvais coup, un très mauvais coup... de celui qui fait bien, bien mal...

"Pardooon... dis je encore vraiment désolée.

Je m'efforce de glisser encore davantage, d'éteindre mon cerveau.

"Ok... pas grave... putain...

Je sais que c'est Rick, mais il a soudain la voix étouffée comme s'il avait la main sur sa bouche, ou le nez bouché.

"Ca va ? tente-je timidement.

J'essaie de me retourner encore, de le voir entre le toit et mon corps, pour le répérer. Je l'aperçois enfin, la main effectivement sur son nez qui a l'air de...

"Tu saignes ?!

- Non... Non ! C'est bon... descends... t'occupe, ça va...

La trouille me reprend mais le peu de force qu'il me reste dans les bras a le dessus. J'ai à peine le temps de sentir des doigts frôler et tenter d'attraper mes chevilles et mes mollets que...

"Je laaaache ! glapis je de terreur.

Tout culbute, ma tête, mon corps, mon assiette.

Après une sale sensation de vide, et de perte d'équilibre en avant, mon souffle se coupe alors que tout s'arrête. Quand mes yeux revoient à nouveau, ils sont à moins de cinq centimètres de ceux du shérif.

*pov Rick*

La chlorophyle.

Mon air est envahit de chlorphyle alors que mon corps supporte le sien, petit et si léger, étendus de tout notre long, l'un sur l'autre.

La chlorophyle.

Ce n'était donc pas vraiment un rêve ?

Ma tête reprend le contrôle et je la fais rouler doucement pour nous redresser et nous mettre à l'abri, le long des escaliers qui surélèvent le perron. Accroupis, le dos contre le petit mur de briques, je me tourne quand même vers elle pour évaluer son état.

Je réalise en tout premier que ses deux chaussures pendent le long de ses flancs, tenues par leurs lacets noués.
Puis je vois qu'elle me fixe, sans doute depuis le début, prenant clairement sur elle pour retrouver une respiration normale. Sa poitrine se soulève effectivement à une vitesse anormalement rapide. Je lui fait signe de ne pas faire de bruit alors elle met sa main sur sa bouche tandis que ses yeux s'écarquillent davantage. Je comprends enfin qu'elle est au bord de la rupture.

Quand la porte d'entrée grince et que des bottes claquent sur le perron au dessus de notre tête.

*pov Y/n*

Mon cœur ne veut plus s'arrêter de battre.

Rick met son doigt sur ses lèvres pour m'intimer de ne pas faire de bruit. Alors je ferme ma bouche de ma main, tellement elle souffle fort. Et comme si ça ne suffisait pas, un des types déboule sur le perron juste au dessus de nous. Le Shérif me fixe encore et je m'efforce de ne me concentrer que sur ses yeux vert d'eau. Sauf que je comprends bien que le gars vient de ce côté de la rembarde, l'entendant s'appuyer de tout son poids sur le support de bois mal entretenu.

Tout les deux accroupis, je sens les doigts de mon ami attraper ma main libre posée sur une de mes chaussures et me la serrer d'un geste de soutien. Je découvre, en même temps que son geste, qu'il a dégainé son Python de l'autre côté. Je lève les yeux au ciel, découvrant les avant bras massifs de l'inconnu qui ignore toujours notre présence.

Mais pour encore combien de temps ?




Nous voici rendus à fin octobre et surtout à mon dernier chapitre en magasin... Le #nanowrimo commençant la semaine prochaine, je vais devoir "m'absenter" tout le mois de novembre... du moins en terme de publication ici pour pouvoir clapoter comme une damnée durant les 30 jours qui s'annoncent enchanteurs et terrifiants à la fois.

En espérant que cela soit productif et publiable surtout... ici mais surtout ailleurs 😉

A bientôt, j'espère toujours. Et merci encore d'être venus jusque là.

D.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top