67 - Pudding
4x09 - After
Punaise... j'ai eu du mal... mais finalement, mes doigts et mon cerveau ravagé m'ont guidée là où je n'aurais pas pensé de moi-même... j'espère que cela va vous plaire... (écrit le 29.05.19)
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*pov Y/n*
"Hey, Papa ?... Réveille toi... réveille toi... allez, réveille toi !! Réveille toi !!!... RÉVEILLE TOI !!!! RÉVEILLE TOI !!!!
La porte d'entrée mal fermée se met à gigoter sur ses gonds, tapant une ou deux fois sur le canapé qui la bloque.
Je reste figée au milieu de l'escalier alors qu'il sort par derrière, furieux. Ca tambourine maintenant à la porte d'entrée, faisant un peu vibrer le canapé qui maintient le panneau éclaté fermé. Carl a disparu. les râles lancinants continuent de grogner de l'autre côté.
"HEY ! Sa les pourris... venez par là. .. y a de la chair fraîche !
La voix du p'tit mec, lointaine, assourdie au dehors, les interpelle et les rôdeurs cessent dans l'instant. Je tombe assise sur une marche, la tête me tombe dans les mains.
"C'est donc à ce point là..."
Le souffle à peine audible de Rick est ma seule réponse, mon seul soutien.
Encore un instant et je me lève pour approcher du grand dossier. Dans l'ombre du coin du salon, j'observe le visage du dormeur, en espérant qu'il se sente épié, qu'il réagisse à ma présence. Ses hématomes ont encore pris un ton de bleu et une taille d'enflement. Son œil gauche est totalement fermé maintenant, boursoufflé à presque ne plus distinguer les cils sombres de ses paupières. Sa pommette n'est hélas pas beaucoup plus sexy. J'écoute encore une fois, plus attentivement, coupant ma propre respiration pour laisser toute la place à la sienne trop faible.
"Tu es toujours là ? dans à peine un murmure.
Une inquiétude me serre le ventre alors que je fixe le sien, sous sa chemise qui ne se soulève pas assez à mon goût. Alors je me décide à me pencher au dessus du haut dossier du canapé, tendant mes doigts vers son visage, visant sa carotide plus bas. Son cou est tiède, mais bien plus chaud que mon propre index hésitant, en tous cas. Il glisse à l'angle de sa mâchoire et descend doucement le long de son cou. Je le plie parmi sa barbe à peine longue, la pulpe de mon doigt est trop sensible mais ne perçoit pas ce que je cherche. Ma phalange se réchauffe instantanément contre la pulsation enfin dénichée au creux de son cou, à la naissance de sa clavicule, sous le col de sa chemise sale. Elle est très timide, mais bien là.
Je reste ainsi pliée en avant, le ventre contre l'appui tête du gros meuble, sur la pointe des pieds ne touchant plus le sol d'un côté du dossier, le bras tendu au maximum de l'autre, penchée sur lui à perdre l'équilibre, focalisée sur ce visage tuméfié mais calme, quasi apaisé.
"Déconne pas Shérif, hein..."
Encore une seconde et je me redresse d'un coup d'abdos pour reprendre mon assiette. Je ne peux pas rester là à l'observer, je vais faire une connerie : le secouer ou le serrer trop fort. L'un ou l'autre le tuera sans doute.
Faut que je m'éloigne. Il ne risque rien là.
Faut que je sorte moi aussi.
Si je ferme bien la porte de derrière, il ne risque rien.
*pov Rick*
Le martèlement contre ma tête a cessé. Je sombre à nouveau. Je sais que je sombre, comme une chute, rapide mais douce, sans la sensation de vertige, mais avec celle de glisse, de chaleur douce. De ténèbres.
Je tombe
Un toucher frais sur ma joue, dans mon cou, jusque sur l'épaule presque, puis il s'arrête un moment là. Un souffle encore, calme et sans bruit, juste l'air déplacé, juste... Une voix murmurée. "Déconne pas Shérif, hein..."
Je tombe
Un poids sur ma poitrine, sur ma jambe droite. Un souffle, ce souffle, le même, plus proche dans mon cou, plus frais sur ma peau en nage.
Je tombe
Un chatouillement au nez, un tapotement sur le torse. Un métronome, léger, qui tapote ma poitrine, faisant danser mon cœur.
Je tombe
*pov Y/n*
"J'ai ramené à manger ! Evidemment, Carl va préférer les chips... et moi aussi. Mais pour toi, Shérif, j'ai duuu... bœuf en sauce ! la boite tendue au dessus de ma face souriante, à la fenêtre de la cuisine. J'suis sûre que t'adores ça, pas vrai ?!... non non, ça me fait plaisir, hein... Je me contenterai des céréales rassies laissées ouvertes sur la table là, et des chips barbecue... Si, si... C'est bon, va... Ca va, pas d'ça entre nous... C'est toi l'homme de la baraque là, t'as besoin de protéines... pour tes biscotos..."
Mes conneries s'épuisent dans le silence pesant de la maison vide alors que je fais le tour du canapé disposé contre la porte d'entrée n'en voyant que le dossier, de la cuisine ouverte où j'ai posé mes provisions piquées dans la maison voisine. Carl n'est visiblement pas revenu. J'ai été plus rapide que lui en plus. Mais ça, y a personne pour le prouver, évidemment.
J'approche de l'assise plongée dans l'ombre, redoutant de la découvrir désertée. Mais non. Rick est toujours là, étendu, pas bougé d'un poil même. Il a les mains posées sur son plexus, jointes.
On dirait un mort.
Alors sans plus réfléchir, je m'étends à mon tour. Avec moultes précautions, je m'appuie d'un genou entre ses jambes à peine écartées et m'allonge le dos contre le dossier. Je glisse à moitié entre les coussins et son corps, sur le côté, ne quittant pas son visage du regard. Je redoute presqu'il choisisse mon incrust' trop près de lui pour se réveiller et me surprendre en pleine action. J'étends mes jambes et m'appuie sur lui, posant ma tête contre son épaule, le menton toujours levé vers lui, attentive à la moindre de ses réactions. Mais rien ne le fait broncher. Alors je pose ma tempe, découvrant le salon sous un nouvel angle, qui s'ouvre devant moi à l'horizontal. Son cœur bat sourdement dans mon oreille... ma main droite se pose d'abord tout doucement sur son torse à hauteur de ma tête.
Je rêve qu'il lève son bras droit pour m'envelopper l'épaule, qu'il enlace mes jambes des siennes, qu'il pose ses lèvres sur le dessus de ma tête et que je sente son corps contre le mien, vraiment.
Mais on dirait juste qu'il est mort.
Ma main à plat contre son cœur reste là un moment. Ensuite, mon doigt marque de lui même le rythme du battement lent et sourd.
On dirait, mais le shérif n'est pas encore mort.
*pov Carl*
Papa tombe du canapé. Je recule encore alors qu'il tend son bras vers moi. Le fauteuil tape dans mon dos.
"Y/n... ! Y/N ! crie-je.
Papa grogne alors que je ne peux plus retenir mes sanglots.
"Y/n ! Réveille toi, putain !
Elle rouspète dans son sommeil. Son bras me tombe sur l'épaule. Quand je suis rentré, je l'ai trouvée assise en travers du grand fauteuil, poussé en face du canapé, endormie, les jambes pendantes par dessus l'accoudoir. Papa n'avait pas bougé de là où on l'a installé il y a maintenant plus de dix-huit heures.
La table de la cuisine était encombrée de boîtes de bœuf en sauce et de sachets, tout étalés, comme exposés. J'y ai ajouté ma propre récolte. Elle m'a battu cette fois. Je ne sais même pas où elle a été trouver tout ça. J'ai du faire au moins deux ou trois maisons.
En attendant, pour l'instant, cette Y/n de mes deux ne me sert à rien. Tu parles d'une baby sitter.
"Y/N !!!"
Papa est mort... Cette fois c'est sûr... Il m'a entendu tout à l'heure et il est mort. Il me laisse tout seul me démerder.
J'ai perdu mon père.
J'attrape la main de Y/n pendant à mon épaule et la secoue pour que mon amie, au bout, se réveille ; pour pas faire face, seul, à mon rôdeur de père.
Je réalise que lui aussi, je vais devoir l'achever. Pas sûr que j'en aie la force cette fois-ci. Y/n va devoir s'y coller. J'pourrai pas. J'pourrai plus.
Papa s'approche, se traine encore vers moi. Et je m'accroche aux doigts de Y/n dans mon dos.
"Putain...
Son mot, soufflé, aspiré, me redonne ma propre respiration, coupée sous l'image, d'un corps rampant dans l'ombre, que j'ai sous les yeux. Malgré ma terreur, je tourne un peu la tête, trouvant Y/n au dessus de moi, qui s'est enfin redressée de son siège, sa main toujours dans la sienne. Elle bascule pour mettre ses jambes près de moi. Je regarde, fasciné, ses pieds nus sur le tapis, à me toucher, assis par terre, pétrifié que je suis. Levant un peu les yeux, son autre main tient son marteau, sagement posés sur ses genoux à hauteur de mon nez alors qu'elle reste elle aussi immobile, silencieuse, focalisée sur mon père qui n'est qu'une ombre, rampant laborieusement au sol. Il s'appuie maintenant pour se redresser à peine sur un de ses avant bras, tendant l'autre vers moi.
"Carl, reste en sécurité à l'intérieur...
Ses doigts atteignent juste ma chaussure, ses doigts se posant sur la semelle alors qu'il retombe de tout son poids, inerte, à plat ventre au milieu du salon.
"Le Shérif n'est pas encore mort...
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