63 - Dunk

4x08 - Too far gone

Tyr - Wardruna

Pale Blue Eyes - the Kills

Je n'ai rien revu de ce terrible épisode, restant dans ma foulée quant à la destinée de Y/n. Il y aura certainement des incohérences, mais le résultat - qu'on connait tous - sera le même. Promis.

A chialer devant l'image d'Hershel... juste parce que je cherchais à revoir la couleur de sa chemise sous ses bretelles... 😭

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*pov Y/n*

Touchant le mur du bloc C, je descends les marches, mais je me concentre obstinément sur toutes les petites aspérités des briques sous mes doigts. Va bien falloir que j'affronte ma peur. Celle de découvrir la prison infestée derrière moi, celle de son abandon évident, celle de ma solitude accablante.

Arrivée au pied de l'escalier, je dois me résoudre à m'éloigner, à marcher, à avancer de moi-même, sur mes seules jambes, dans ma seule tête. J'avale, avec difficulté, et me retourne, caressant le manche de mon marteau, glissé au passant de mon jean, comme pour me donner un poil de courage en plus. 

Avant de lever les yeux vers le dehors. 

Comme prévu, tout a changé. Totalement. 

Mais pas du tout comme je l'avais imaginé, marchant sur la mezzanine. Cette réalité là n'était que présumée, celle qui me fait face est surprenante, saisissante, mais bien là, concrète. Urgente.

La bouffée d'air qui entre dans mes poumons est comme nouvelle, bienfaisante, malgré l'horreur qui se déroule sous mes yeux. Je suis avant tout reconnaissante, et tellement égoïste. Avant de n'être qu'angoissée.

Je m'élance, courant d'abord, avant de ralentir dans la pente d'herbe vers le potager, vers le grillage là-bas, où tout semble se dérouler. J'entends l'homme parler fort au-delà de la grille, prétentieux, comme à son habitude, mais je ne comprends pas ses mots, ne les écoute pas surtout. Je me contente d'avancer, par grandes enjambées, allongées par l'inclinaison du terrain qui m'emporte dans mon propre élan. 

Je découvre au fur et à mesure, comprenant par morceaux, saccadés par les corps qui me tournent le dos, l'image invraisemblable qui se met en place de l'autre côté.

Michonne. A genoux...

Hershel. Près d'elle. Séparé des croisillons métalliques. A genoux ?

Blake. Juste derrière eux. Droit, grand et maître dans sa stature. Souriant ?!

A l'aide de la pente je surplombe encore un peu tous ceux de mon côté du grillage. J'ai encore une vue imprenable sur tout le groupe qui nous fait face. Ils sont nombreux, réunis autour de leurs véhicules militaires déjà vus il y a quelques jours. 

Nous y voilà donc. La guerre est arrivée à notre porte. Bien plus vite que je n'aurais redouté. J'ai trop dormi. J'ai trop rêvé. Toute l'histoire de ma vie. Peut être que c'est aujourd'hui le début de celle de ma mort.

La lame aiguisée du katana brille dans la lumière alors qu'elle s'élève élégamment au dessus de toutes les têtes. Sauf qu'elle n'est pas dans les bonnes mains, et surtout pas au dessus de la bonne tête. 

Alors dans un réflexe plus que dans une volonté clairement décidée de ma part, mon beretta vise et touche un des gars montés sur la plateforme d'un pick-up derrière tout ce petit monde. Je vois à peine la tête de l'homme partir violemment en  arrière, n'entendant que le bruit assourdissant que mon arme inflige à mes oreilles, mes bras poussés sous la force du recul de l'arme lourde entre mes doigts. Mes foulées s'arrêtent d'elles-mêmes. Mais pas mes coups de feu dont les projectiles font mouche sur toutes les têtes que je vise froidement. 

La lame s'abat quand même.

Les soeurs Greene hurlent leur effroi, soutenues par leurs seuls doigts accrochés dans les maillons de fer.

Le chaos prend le dessus. Tous se retournent vers moi et prennent leurs places alors que les véhicules de l'autre côté de la clôture s'ébranlent pour passer à l'attaque.

Après leurs dos, je ne vois plus que leurs visages courir à moi, grimpant le reste de pente pour prendre leurs positions, comme définies à l'avance alors que j'abaisse enfin mon arme tenue dans mes deux mains encore fourmillantes de sa détonation, comme sonnée.

Ils s'écartent, m'évitent, hébétés pour la plupart, flous, tous. Glenn surgit à mes yeux, plus net. Il soutient Maggie, à demi pliée, avançant avec une difficulté évidente. Elle se redresse en approchant, posant sa tête au creux de l'épaule de Glenn, trop effondrée pour pouvoir se tenir seule. Ma gorge se serre encore davantage. Mon ami s'approche avec son fardeau, tendant vers moi son bras libre.

"Y/N ! Bouge de là ! Viens à couvert !! crie-t-il à mon attention.

Il tente de m'entraîner avec lui, mais je ne bouge pas. La vue est enfin dégagée. Et le paysage est terrifiant.

Je l'entends s'éloigner, grimper la butte rapidement avec Maggie qui gémit, rapidement avalée par le bruit des véhicules qui forcent l'entrée une nouvelle fois. Un char écrase les grands pans de grillages qui ne résistent même pas un peu.

Je ne vois qu'au delà, là-bas le corps de mon vieil ami, étendu dans les herbes hautes, fraîchement piétinées. Son pantalon sombre, ses bras de chemise marronnasse et sale, les bretelles marquant une grande croix sombre dans son dos, telle une cible, facile...  et ses cheveux longs et filasses, sa barbe blanche, généreuse et ancestrale... à plus d'un mètre de son corps. Impossible. Est ce que c'est le vent qui soulève ses longues mèches ou bien sa mâchoire commence à remuer ? Non. Sans doute mon imagination saturée. 

Je n'ai qu'à peine perçu les pas de chacun passant plus ou moins à proximité, n'identifiant aucun et abordée par personne. Je n'ai fait attention à aucun visage, trop focalisée par mon observation morbide, mais ultime, du doyen de ma famille. 

"Y/N ! ARRACHE TOI CRETINE ! hurle Daryl.

J'entends juste sa fureur avant de sentir son épaule contre ma tête, tel un plaquage ultra viril digne d'un Allblack en plein élan. Il manque juste de me soulever toute entière alors que je n'ai pas d'autre choix que de faire demi tour tant bien que mal pour ne pas subir la force de sa rage. Je sens sa poigne attrapant le maillot dans mon dos et me poussant sans pitié pour que j'avance devant lui à une vitesse que je ne me connaissais pas.

Il va sentir que j'ai pas d'soutif !

Tout me retombe dessus, m'écrase d'un coup, et me fait encore avoir des idées à la mord-moi l'noeud ! Bordel de Dieu, c'est pas vrai d'être comme ça !

Je cours, je cavale, je décanille, pour ne pas attiser la fureur qui me colle le cul et qui souffle comme un forcené. Sauf que je ne regarde pas où je vais et qu'il tire cette fois sur mon linge qui me stoppe et me fait reculer sans prévenir, mes jambes perdent à demi le contrôle, manquant de finir assise par terre.

"ATTENTION ! crie-t-il encore à mes oreilles pleines.

On pivote, parfaitement synchro alors qu'il nous abrite derrière une armoire métallique plantée là, en plein dans l'espace de béton. On est où là, au juste ?! Il appuie fermement sur mon épaule, me faisant plier les genoux contre lui, tombant, perdant l'équilibre contre ses jambes. Je lève la tête vers lui, totalement paumée, comprenant qu'il installe dans le même temps son M4 sur le dessus du meuble de métal, concentré sur sa cible.

Faut que je m'y mette, non ?!

Je me retourne, à quatre pattes, l'épaule calée contre son mollet droit évitant de poser mon genou sur son pied en pivotant, tant qu'à faire, pour être enfin face à ce qu'on doit combattre. Un véritable capharnaüm. Y en a partout, des gens, des rôdeurs, des véhicules déjà abandonnés, affluant le danger de toutes parts,  telles des vagues gigantesques. Mon beretta reprend du service, comme de lui même au bout de mon  bras tendu, descendant du vivant comme du mort.

"Fais gaffe à toi Y/n !

Daryl me tire par le cou, sa main attrapant ce qu'elle trouve quand il se penche, risquant une pause pour m'attirer davantage à couvert. Accroupie, je réalise qu'il a raison, dans mon enthousiasme, je me suis décalée, à découvert de notre protection de fortune et du chasseur entier. Je me remets en place tandis que mon chargeur est vide. Assise par terre, appuyée contre ses mollets je lève pour la première fois le nez sur ce qu'il se passe dans notre dos. Je n'ai que le temps de faire claquer le chargeur plein dans mon unique fidèle avant de faire feu sur les rôdeurs qui ne sont plus qu'à deux ou trois mètres maxi de notre cul.

"Chasseur ! Y en a plein, là !

- Y en a partout, tu crois quoi ?! 

Ses mollets me poussent dans le dos quand il se décolle de l'armoire métallique. Je regarde encore un coup au devant. Le tank écrase tout sur notre gauche, alors que le feu repart de plus belle juste en face... Je me redresse, poussant sur mes cuisses déjà brûlantes d'effort, m'aidant en m'appuyant, par étapes, contre le chasseur dans mon dos, préférant surveiller les rôdeurs qui arrivent toujours plus nombreux sur nos arrières.

"L'armoire va plus suffire, Daryl !!!

Debout, contre lui, faisant feu sur les rôdeurs les plus proches de nous, je le sens qui se retourne à demi, son souffle aussi court que bouillant tombe sur mes oreilles, jugeant de la situation en une seconde.

"Ok... Laisse celui-là approcher...

- Tu déconnes ?! lui offrant une grimace en échange.

- Flingue les autres !!! Laisse Woody approcher, j'te dis !!!

- J'comprends que dalle... tirant de plus belle sur toutes les têtes sauf la plus proche.

Le rôdeur vient docilement, voulant se joindre à mon couple qu'il doit trouver terriblement glamour.

"Dixon, j'te présente Woody ! 

J'attrape le cadavre qui se penche sur moi, le tenant par le col, bras tendu pour le garder gentiment à distance. Sa bave me tombe sur la tête en longs fils gluants, juste au moment où je la baisse par seul réflexe de préservation. Ma raison va finir par péter son boulard sous peu.

"J'ai ton pote de partouse, Dixon ! Active, là !!! 

Je tourne la tête vers la gauche, voulant savoir ce qu'il branle. Mais je sens son mouvement sur mon épaule collant son bras contre ma tempe droite quand je reporte mon attention à Woody qu'il attrape  par l'oreille sans un mot. D'une savante et rapide valse, il se retrouve dans le dos du mort, et moi qu'il a attrapée encore par le bras, tirée derrière lui. Il cale à nouveau la lanière de son arbalète et  remet correctement celle de son M4 par dessus, avant de se tourner une dernière fois sur moi. Il tient le rôdeur qui nous protège de son poing serré au milieu du dos. 

"On avance par là ! montrant la direction de sa main libre. Tu restes derrière, et tu fais pas ta maligne ! Sinon, c'est moi qui t'défonce, compris ?! aboie-t-il.

Je me contente de hocher la tête en le fixant, sérieuse. Flippée surtout. Utilisant Woody comme un bouclier du SWAT, il avance à demi courbé, le côté contre le dos du rôdeur qu'il pousse en avant. On entend distinctement les salves entières de balles pénétrer dans le corps déjà mort qui reste pourtant debout. Et j'avance, recroquevillée par mimétisme, avançant lentement, suivant le chasseur que je ne lâche pas des yeux. Il se redresse un peu le temps d'une nouvelle seconde pour évaluer l'état du champ de bataille face à nous. 

Le tank est immobilisé toujours sur notre gauche. On s'en approche régulièrement.

"Y a un mec à l'intérieur ! comme si mon idée subite allait tout figer.

- Evidemment !

Je sais que mon information est évidente. Mais je n'ai que ça. Je regarde dernière nous. On s'est éloignés des rôdeurs qui explorent maintenant l'armoire métallique à plusieurs mètres. Je vérifie par automatisme l'état de mon chargeur avant de revenir à la figure de Daryl à moins d'un mètre de moi. Il porte un truc à sa bouche. Je ne mets qu'un quart de seconde à comprendre ce qu'il tient dans sa main, gagnant encore un niveau de terreur.

"C'est quoi ?! glapis-je malgré moi.

- Un super dunk de la mort, ça te dit ?!... me sourit il. Suis moi !!

Sans m'en dire davantage, il pousse Woody sur le côté qui s'écroule sous le poids de sa lobotomie, nous dégageant la voie d'un seul coup. Daryl pique un sprint jusqu'au canon encore fumant du tank qui m'apparaît comme monstrueux à mesure que je m'en approche en courant. Je dois admettre que son geste est stylé, sautant et déposant la grenade dans le goulot sombre de l'arme de guerre dont il s'éloigne déjà en accélérant encore sa pointe de vitesse. Je me présente ensuite devant la longue tige de fer montée à une hauteur inatteignable pour moi, même en sautant comme le meilleur de la NBA. Je me contente de continuer de courir alors que mon cerveau perçoit le bruit métallique de la grenade qui bringuebale le long du tuyau vide.

Je ne peux faire que quelques mètres supplémentaires avant d'être vivement projetée en avant, perdant l'équilibre, l'ouïe, l'odorat et la vue qui blanchit tout, dans le même temps. Je me retrouve à plat ventre dans une odeur de fer et de chair brûlés, opaque et épaisse.

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