62 - Bloc C
4x08 - too far gone
---
*pov Y/n*
Mes yeux s'ouvrent. Tout seuls. C'est le silence qui me réveille. Le sommier du lit du dessus. Il ne grince plus, comme il m'a semblé les minutes d'avant. A moins que ce soit les heures. J'inspire en me tournant sur le côté. La chaise est vide, seules quelques fringues sont à nouveau posées sur le siège. Hershel était assis là encore tout à l'heure. J'entends sa voix, sans me souvenir de ses mots. Mais j'entends le ton, son timbre, son rythme. Mais je l'ai sans doute rêvé. J'ai bien dormi. Ça fait un moment que je n'avais pas dormi comme ça, même si je sais avoir rêvé d'un milliard de trucs. Il y avait tout le monde, les filles Greene, mon nem, les gamines Lizzie mais surtout Micha ; beaucoup Hershel, bavard comme une pie mais bien plus souriant que tous les autres... tous ces visages accrochés au mur. Tous ces rôdeurs derrière la porte fermées à passer les bras au travers des barreaux, à râler, grogner, toujours plus fort, plus hargneux, à en dėgonder la porte.
Une nouvelle inspiration me soulève et me fait m'asseoir. La tête ne me tourne plus. Je n'ai pas fait que rêver. J'ai aussi cauchemardé sévère visiblement. Je me gratte la nuque frénétiquement repliant mes jambes en tailleur. Je relève les yeux vers le rideau de la porte qui est tiré et ne fait passer que la lumière des carreaux de verre.
Daryl est venu. Pas entendu le son de sa voix mais je l'ai vu et surtout senti dans ce rêve discontinu. Devant la porte, à contre jour où dans la pénombre entière, je me souviens de sa présence, sa silhouette dessinée et immobile. Sa carrure dans l'encadrure. Impressionnante mais plus protectrice qu'effrayante, totalement protectrice, même. Pas une vanne, pas une réprimande. Juste un souffle, court, discret s'il n'était pas chargé de tabac et de forêt.
Je tourne la tête encore vers la chaise comme une amnésique portée par ses souvenirs qui remontent à la surface. Non, au chevet, à la tête du lit, là, par terre, puis vers les lattes au dessus de ma tête. Elles grincent à chaque fois qu'il se tourne et retourne.
Ses boucles contre ma bouche quand je me suis mise sur le côté gauche, l'odeur de ses cheveux plein le nez quand sa tête était posée si près de la mienne, alors que son corps n'était pas contre le mien.
Sa chaleur quand j'ai repoussé la couverture de mes jambes trouvant les siennes, toutes habillées, par dessus. Mon genou a souvent heurté... Je ne sais quoi de son anatomie trop proche de moi. Ses grognements aussi aigus que surpris m'ont crissé aux oreilles avant le calme à nouveau, avant le rêve qui continuait sans vraiment s'arrêter. C'est reposant et apaisant à la fois.
C'était bien s'il n'y avait pas cette chaleur et cet air glacial qui s'amusaient à me rendre folle. Un coup trop chaud, un coup trop froid. Je ne cessais de mettre et enlever la couverture qui me démangeait quand elle ne me réchauffait un peu ou trop. Assise maintenant avec elle sur les jambes en tailleur, je tends les bras devant moi lentement. Je n'ai plus mal partout non plus mais ma peau est rougie et griffée de partout sur les avant bras, les biceps et mes épaules. Je me gratte encore la nuque une fois, mes cheveux me tombent dans les yeux alors que je ferme les yeux en baissant ma tête, le menton contre ma poitrine, sentant mes ongles griffer ma peau à la naissance de mes cheveux, y trouvant ce soulagement insensé immédiatement avant la douleur des micro plaies que mes doigts furieux m'infligent d'eux même. Foutue névrose.
Je finis par poser la main à plat sur mon échine courbée, comme une main maternelle caressant la gifle qu'elle vient de claquer. Garce.
J'ouvre à nouveau les yeux en redressant la tête, découvrant mon torse nu, soulevant la couverture et trouvant mes jambes à l'air. En simple culotte je suis. Ok. Ces rodeurs m'ont vraiment filé chaud... à moins que ce soit le shérif. Je me retourne un peu évaluant la largeur du matelas rapidement. Pas trop pour deux.
Dans un sourire, je m'étire, touchant les lattes mais pas le pied du lit de mes jambes qui se déplient toutes seules.
Je lève un peu les genoux pour poser mes pieds nus sur le béton tiède. J'attrape mon jean sur la chaise en face et enfile les deux jambes avant de me lever et l'attacher. La tête me tourne, mais je respire en fermant les yeux une seconde. Ca passe. Ca va mieux. J'ai l'impression d'avoir hiberné pendant des semaines.
Et ce foutu silence qui dure. Mais je ne veux pas y penser. Pas tout de suite.
Sur le siège, le beretta noir et mon marteau, posés sur le coton du maillot au dessous. Le jean n'est pas propre, c'est celui que j'avais... la dernière fois... J'attrape le linge sans faire tomber mes armes et enfile le maillot par dessus tête, à même la peau. Le sous-tifs attendra, doit y en avoir dans les paniers de Carol. Au pire, je lui demanderai. C'est pas comme si j'allais courir un marathon. Et même... je relève encore les cheveux de ma nuque en baissant la tête avant de tirer le haut sur mon ventre qui gargouille maintenant bruyamment.
"Je crève la dalle, putain... dis je entre mes lèvres.
Ca me fait drôle d'entendre ma voix. Celle-là, ça fait un moment qu'elle n'a pas résonné à mes oreilles, c'est clair.
Une fois mes chaussures attachées, le marteau à la ceinture et le flingue glissé dans mon dos, je tire le rideau et... manque de me prendre les barreaux de la porte en pleine poire. Le bout de ma chaussure bute contre le fer qui résonne. Je ne peux plus le repousser cette fois. Le silence.
Le silence occupe tout l'espace.
Je lève les yeux sur le haut de la porte en fronçant les sourcils comme si sa tête était quelque part en haut. La force de l'habitude. Une angoisse me saisit les boyaux en même temps que ma main les barreaux.
"Vous avez pas fait... ça... dis je doucement.
La porte pivote en couvrant mes mots de son grincement aigu qui m'agresse les oreilles. Je soupire de soulagement en fermant les yeux par réflexe, passant le seuil. Je me souviens de la régle d'Hershel, raisonnable, à l'époque.
Mais je n'ai fait que dormir, que rêver... pas besoin de l'appliquer pour moi, si ?
Je tourne sur la gauche lentement, faisant quelques pas sur la mezzanine en regardant toujours la porte à barreaux que je pousse jusque contre le mur. Puis j'avance lentement regardant les fenêtres à carreaux de verre puis la première cellule après la mienne, grande ouverte, normale, encombrée à l'intérieur de quelques bricoles auxquelles chacun de nous s'attache. J'observe tout la couleur des murs, du plafond haut, comme le premier matin où je me suis réveillée ici. J'impression qu'il y a de ça une éternité. J'ai aussi l'impression que c'était hier.
Non. Il n'y avait pas le silence la première fois.
Il n'y avait pas Henry étendu sur le dos, le visage couvert de sang noir dans le filet de sécurité, la première fois.
L'angoisse me mord de nouveau le ventre alors que je grimace et accélère le pas pour arriver plus vite vers le perchoir.
Je n'ose crier, ni appeler quelqu'un. Bien trop peur de la réponse.
Le couchage du chasseur maintenant à mes pieds est en chantier, comme étalé et replié à la va vite à la fois. Il a peut être dormi un peu là. Cela me rassure une demi seconde. Oui. Ok. Mais quand, pour la dernière fois ?
Je me retourne pour descendre les escaliers métalliques, lentement, comme si je ne connaissais pas les lieux maintenant comme ma poche. Comme si j'avancais dans le noir complet sans aucune torche, parmi les rôdeurs endormis du silence qui m'écrase maintenant toute entière, à chaque marche descendue. Je suis chez moi. Je n'ai aucune crainte à avoir.
Sauf celle d'avoir perdu ma famille entière. Encore une fois.
Dans ma descente prudente je découvre d'en haut les cellules du rez de chaussée qui sont ouvertes mais toutes aussi désertes que celles de l'étage. Inutile de vérifier l'arrière, ni les douches au fond. Je devine la réponse. Je préfère avancer vers le réfectoire, la cuisine.
Carol va s'y tenir, à bricoler un truc pour le repas, comme elle ne cesse de faire. Son sourire maternel aux lèvres, immuable.
C'est ça : je m'inquiète pour rien. Il semble faire beau, il est super tard et tout le monde est dehors à bricoler un truc, son propre truc.
C'est ça : ils ne sont pas tous partis en me laissant ici, m'abandonnant en me pensant définitivement endormie, à rêver d'eux pour l'éternité. Comme j'ai fait pour le shérif...
"Rick ?
Ma voix m'échappe, chevrotante, découvrant la cuisine, le réfectoire, le poste de surveillance. Vides.
"Shérif ?!
Elle recommence, pleine de larmes cette fois. Il m'inflige ce que je lui ai fait subir. Je l'ai abandonné. Dans ce couloir d'hôpital glauque, j'ai osé le laisser tout seul, et bien moins mort que je semblais l'être sans doute, étendue là haut dans mon lit.
Ce n'est que justice pour un flic qui plus est. Belle ironie, je te félicite, Chéri !
Mes lèvres s'étirent d'un sourire alors que je leur porte un verre d'eau resté sur la table. La faim s'éteint, nourrie d'angoisse.
Ma main libre attrape un cristal vert clair posé à côté du verre. Je le fais tourner entre mes doigts, avant de le glisser dans ma poche refusant de trop réfléchir. Refusant de me formuler qu'il est vert d'eau, refusant de faire le lien avec les yeux du shérif. Parce que Rick est dehors, juste dehors, quelque part entre ici et le potager.
Mais si je tiens à distance mes pensées, mon corps réagit avec plus de pragmatisme.
J'ouvre la grille de la petite cage où on entrepose les munitions. Je n'ai pas besoin de grand chose. Mais je préfère faire le plein de chargeurs avant de sortir. Si je suis sans doute la dernière, les rôdeurs n'ont pas du m'attendre pour reprendre la place.
"Je me suis servie... juste pour te prévenir, GRIMES !!!
Elle finit par crier, voulant sûrement prévenir, être certaine d'être vraiment abandonnée et dire adieu.
Au moins, moi, ça me fait respirer.
Je glisse tous les chargeurs du beretta que je ramasse autour de ma ceinture et dans les poches arrière de mon jean. J'ignore l'état d'invasion. Au pire, j'atteindrai le potager. Ce sera déjà pas mal.
Il semble faire vraiment beau.
Je pousse la porte, ouvrant sur la première petite cour.
Je n'ose regarder l'étendue de la prison abandonnée. Je fixe l'inscription du mur en descendant les marches.
BLOC C, ma maison.
Il fait super beau, ouai.
Aller, le potager, c'est bien.
Pour Rick.
Qui doit y bricoler un truc.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top