59 - Appuie

4x05 - internment

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*pov Y/n*

Où sont partis Carol et Rick ?! Je ne les ai pas vus de toute la soirée ni de ce matin. La cuisine était déserte quand je suis venue réchauffer une énième casserole d'eau.

C'est vrai que la Hyundai n'était pas dans la cour non plus, maintenant que j'y repense.

Faudrait que j'aille dormir un peu quand même.

Rick n'est pas venu au moins prévenir qu'il avait l'intention de sortir ? Je vais demander à Hershel, s'il est au courant. Ca ne m'étonne pas non plus qu'il m'ait évitée. Mais du coup, pourquoi avoir choisi Carol plutôt que Maggie ?... Hershel doit être au courant. Forcément.

Je redescends de la mezzanine pour aller chercher Sasha. J'ai bien entendu Glenn tousser de la première cellule à partir du perchoir, mais je veux m'occuper de Williams d'abord. Je la trouve roulée sur son matelas, dos à la porte.

"Sasha... excuse moi, mais... On doit te changer de cellule... Tu vas monter à l'étage avec Lizzie et Glenn... Tu seras mieux...

- Mieux que quoi ?

Elle se retourne lentement pour me regarder. Son teint est terreux et inquiétant. Je l'aide à se redresser et la soutiens comme je peux, lui arrivant sous l'épaule. Elle soupire et on doit s'arrêter plusieurs fois pour qu'elle tousse sèchement, avant d'atteindre les escaliers. Mais elle ne proteste pas.

"Ty ne va pas tarder à rentrer... On va pouvoir te soigner... et tout va rentrer dans l'ordre..."

Je l'encourage mais réalise aussi que mes mots veulent surtout me réconforter moi-même.

Enfin parvenues dans la cellule au milieu de la mezzanine, Sasha s'allonge lentement en fermant déjà les yeux. Je la recouvre soigneusement jusqu'au cou et lui caresse la tempe, humide de fièvre.

"Repose toi... Je te préviens dès qu'il est rentré... dis je encore tout bas.

- Merci... Sauve toi de là, d'abord... et ferme la porte..."

Je me retourne du seuil où j me trouve, saisie en comprenant le sens de sa demande.

"Si tu veux... Dors bien..."

Je m'arrête sur la mezzanine, m'accrochant à la rembarde, le temps que mon cœur se calme du soubresaut qu'il vient de subir et qui fait vibrer mes tympans.

"Reviens Chasseur... dis je entre mes dents serrées, retenant les larmes que je sens monter subitement. Que fais tu Shérif ?..."

Encore une minute, les bras tendus, attachés à la barre de fer, pliée en deux, je me concentre sur ma respiration. Puis mes yeux tombent sur Hershel qui continue ses allers et venues entre chaque malade, juste sous mes pieds. Il ne lève pas les yeux vers moi, bien trop préoccupé par Caleb sans doute. Il n'a pas à me reprendre, je me redresse d'un coup, toute seule.

"Allez, t'en as trois... Il a tous les autres..."

Sauf que celui que je m'apprête à visiter est celui qui m'inquiète aussi le plus.

"Hey... me voulant un peu optimiste.

Seule une quinte de toux sèche m'accueille, alors que Glenn se redresse laborieusement sur son lit. Je me précipite à l'intérieur de la cellule pour lui tendre un verre d'eau.

"Tu veux que je te ramène une tisane, plutôt ?"

Il secoue la tête, toujours dominé par sa mauvaise toux, tentant de prendre le verre de mes doigts.

"Respire... dis je doucement.

Je dois être agaçante à m'asseoir à côté de lui, tenant toujours le verre, nos deux mains l'une sur l'autre pour ne pas qu'il tombe. Je dois sans doute l'énerver de lui frotter le dos de ma paume libre. Comme si mes gestes de mamie condescendante pouvaient l'apaiser...

"Merci... finit-il par gargouiller avant de boire deux longues gorgées d'eau tiédasse.

Il tient le verre contre sa jambe en poussant un soupir de soulagement, posant sa tête contre mon épaule.

"Excuse moi... dis je encore.

- De quoi ?...

- D'être si conne...

Glenn se redresse pour me regarder, les soucils froncés.

"Qu'est ce que tu racontes... ?

- Je suis chiante, là, à pas savoir comment t'aider... !

Il sourit et repose sa tête sur mon épaule.

"Alors oui, si c'est ça, t'es vraiment conne... mais continue comme ça...

- Tu veux de la tisane au moins ?

- Non... trop chaud... fermant les yeux. Maintenant que tu le dis, c'est vrai que tu as un côté petite mamie...

- Oooh... tu m'as manqué mon nem... posant ma joue sur ses cheveux.

Nous restons un moment ainsi, appréciant ces quelques minutes d'accalmie. Mais au bout d'un instant, je ne peux m'empêcher de lui toucher le front.

"Arrête ça, Mamie... dit-il sans bouger pour autant.

- Je pensais que tu dormais ! Je vais te chercher de la tisane... me dégageant lentement.

- Finalement, t'es chiante ! gémit-il en penchant de l'autre côté pour s'étendre avec une douloureuse difficulté.

- Tu as encore beaucoup de fièvre, Glenn... et je préfère que tu me trouves chiante plutôt que de me faire laminer par ta femme, la prochaine fois que j'irai à la cuisine !

- Tu as vu Maggie ?! à nouveau sérieux.

- La suite, après la tisane de Mamie, ma nouille jaune !

Je lui souris en m'élançant sur le perchoir.

"Aaah ! râle-t-il en se laissant retomber sur son matelas. Arrête de fricoter avec Dixon !

*pov Glenn*

Les murs tanguent, le lit bouge, je flotte en apesanteur et ma nausée me prend dès que j'ouvre un œil.

Un bruit régulier rythme la voix qui hurle dans mes oreilles depuis des heures et des nuits entières.

"Tu dois rester avec moi..."

Par dessus celle qui se contente d'hurler sans articuler quelque mot intelligible, une autre voix, claire, si proche me berce doucement, calmement, me répétant, au rythme du bruit, de rester vers elle.

Mais les vertiges reprennent, les murs dansent de plus belle et la voix douce s'éloigne encore.

Seul le bruit régulier est immuable, envoyant une bulle de conscience, en rythme.

*pov Y/n*

"Dis que tu n'as plus froid aux gencives..."

Je pose ma main sur son front maintenant trempé de sueur froide. Il ne réagit plus à mes conneries.

"Tu ne devrais plus avoir les yeux chauds..."

Hershel se présente sur le seuil alors que je tourne la tête vers lui, au bord de la panique.

Il a du s'occuper de Caleb. J'ai l'impression que ça fait des jours. Le doc est blanc comme un linge alors qu'il observe Glenn immobile.

"Appuie là-dessus toutes les 6 secondes...

Il me tend le ballon froidement, sans même me regarder. A vrai dire, je n'ai pas besoin de plus d'instruction pour comprendre le mode d'emploi du petit insufflateur. Je pose l'embout doucement contre les lèvres déjà asséchées de mon ami et appuie à fond sur le plastique souple, presqu'aussi gros qu'un ballon rugby.

"T'es sûr que ça va l'aider... ? fixant Glenn qui ne réagit pas davantage.

- Il faut... Il faut qu'il tienne...

Hershel s'approche presque malgré lui. Je finis par sentir ses jambes dans mon dos alors que je suis à genoux à même le sol, au chevet du brun.

"Je n'ai plus que ça... Faut que Daryl revienne au plus vite... sinon, il ne va pas passer la nuit...

Je me retourne pour le fixer, horrifiée, ouvrant la bouche pour lui intimer de se tai...

"Appuie. N'arrête jamais d'appuyer... Je reviens...

J'appuie.

Hershel tourne les talons et sort comme portant le poids du monde entier sur ses épaules.

J'appuie.

Je retiens une vague de rage me montant à la gorge.

J'appuie.

Je respire par le nez.

J'appuie.

Je respire par la bouche.

J'appuie.

Je me retiens de hurler.

J'appuie.

Je me laisse hypnotiser par cette bouffée d'air à l'odeur de plastique que j'envoie obstinément dans ses poumons.

J'appuie.

J'appuie.


J'appuie.

J'appuie.

J'appuie.

J'appuie.

J'appuie.


J'appuie.



J'appuie.







J'appuie.











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