53 - Bloc D

4x02 - infected

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*pov Carol*

Les tables du petit déjeuner sont presque libérées. Je ramène la vaisselle entassée et sale vers la bassine où s'active Y/n depuis le lever du soleil. Elle ne parle pas beaucoup, toute à son travail.

"Merci pour ce que j'ai trouvé sur mon lit hier soir...

-Ha... oui... de rien. J'avais envie...

Elle me sourit enfin, même si elle est triste à n'en pas douter.

"Beth va s'en remettre, tu sais... Elle est solide.

-Certainement... hochant la tête avec une moue qui veut s'en convaincre.

Elle plonge les assiettes sales que je lui tends dans son eau moins savonneuse.

"Ce qui m'a fait le plus rire, c'est de trouver ton nom sur le carton d'emballage... Pourquoi ne pas l'avoir donné à Daryl plutôt ? C'est lui Pookie !

-Je sais bien... mais... C'était pour le clin d'œil... Je me vois mal lui donner un poussin automate moche ! Il m'accrocherait au mur ! J'avais envie de vous faire plaisir à toi et Ri... avant que tout s'effondre... Littéralement...

-Je me doute que ça ne devait pas être facile... là-bas j'veux dire...

Je ne me retiens pas de lui toucher l'épaule. Je sais qu'elle a besoin de parler à quelqu'un et qu'elle n'a personne réellement. Elle ne fait que se chamailler avec Daryl ou Rick, s'occupe de Carl et de Judith à l'occasion, mais je ne la vois avec aucun en particulier  et avec tout le monde à la fois.

"C'est surtout pour Beth que j'm'inquiète... Moi, ça va al...

Des détonations sourdes me font tourner la tête alors que Y/n s'interrompt dans sa phrase, se crispant dans son sursaut. On s'interroge du regard alors qu'elles se succèdent, de plus en plus rapprochées.

"Le D ! Y a un problème au bloc D ! réagit elle plus vite que moi.

Elle tourne sur elle même agitant ses mains toutes mouillées, comme à la recherche de quelque chose.

"J'ai rien sur moi... mon marteau...  ! finissant par s'essuyer les mains sur son jean, elle touche le passant vide à sa taille... mon arme... absente dans son dos. Fait chier !... Ca !!

Elle se jette sur la grande fourchette à viande dont je me suis servie hier soir pour distribuer les restes de chevreuil et qu'elle me montre maintenant comme un trésor, un sourire de gamine illumine sa bouille, ravie de sa trouvaille parfaite.

"Dis aux autres que c'est au D !

-Attends !  me décidant enfin à attraper un long couteau.

*pov Y/n*

Zack, Beth, Bob... qui devais je sauver au final ? Daryl et Glenn ? C'était si facile.

Le bruit des coups de feu me fait bondir le cœur quand je l'identifie enfin, au bout de ce moment infini, où j'ai l'impression de tomber dans la quatrième dimension, incrédule.

Je cours - je me vois courir - vers le bloc où les gens de Woodbury se sont installés. Je rentre là-dedans sans précaution, sans penser à rien si ce n'est à une dispute qui a mal tourné. Vraiment mal tourné.

Mais ce que je découvre est mille fois pire que mes petites illusions gentillettes.

Tout le monde fuit, comme il peut, les vieux, les jeunes, les moins jeunes, comme les petits. Quelques uns me bousculent en sortant, en larmes, en terreur. Je m'élance, ne laissant pas la frayeur me gagner et me mets à crier des directives, comme s'ils ne connaissaient pas le chemin de la sortie. Un des leurs se plantent soudain devant moi, grand, et râlant. Je ne regarde qu'une demi seconde ses yeux vitreux... que la fourche aux deux longues dents de mon arme improvisée se plante sous son menton. Il tombe sur lui-même quand je retire le manche qui s'est couvert de ses fluides internes. Je ne saurais dire son nom. Mais je sais qu'il me disait gentiment bonjour à chaque fois qu'on se croisait. Et que je ne lui ai pas répondu à tous les jours. Je ne le jurerais pas... Plus maintenant en tous cas.

Les cris de panique reprennent mes oreilles. Deux gamins d'à peine huit ans sont plantés au pied de l'escalier. La fourchette retrouve ma ceinture et je leur tends chacun une main en me penchant vers eux. Deux petites gouttes d'eau identiques.

"On va sortir d'ici les garçons, d'accord ?!

-Je veux Mamaaaaan !!!

-Elle est dehors Maman, viens, on va aller la voir maintenant ! Mais il faut courir ! Faut me montrer comment vous courez super vite, d'ac' ?

Les deux enfants acquiescent en ravalant leurs larmes, gardant le silence. Je les fais pivoter en les tenant chacun par une main, pour faire face à la grille de la sortie. Ce bloc est identique au C. Mais l'odeur n'est pas la même, et il me semble maintenant trois fois plus long que le nôtre.

"Allez on... !

Je m'interromps en trouvant une fillette encore plus petite que les deux miens, qui pleure le long du mur. D'où elle sort, putain ?!

"Allez les gars, on reste ensemble et on court, vous restez bien devant moi, j'veux vous voir, j'veux que vous fassiez la course la plus vite du monde !

Je les lâche pour attraper la môme blonde, peut être de cinq ans quand même, perdue qui s'agrippe à mes épaules. Elle s'arrime à ma hanche. Sauf que j'ai sous estimé son poids et sa taille, ses jambes battent quasi à mes genoux et je ne suis déjà  plus sûre de pouvoir la tenir ainsi jusqu'à la sortie.

"Allez, on fait la queue leu leu, vous passez devant, vous vous tenez et toi, tu me tiens aussi ! C'est parti !

J'ignore s'ils trouvent ça amusant, mais ils obéissent et on trottine en rythme, en file indienne, parmi la cohue. Je tourne la tête vers les cellules qu'on longe par réflexe. La gamine fait pareil.

"Regarde moi, Chérie... Accroche toi, on est bientôt dehors..."

Sauf que nous n'atteignons que la porte du réfectoire et que je suis déjà à bout de souffle, prête à lâcher la gamine de ma hauteur. Les garçons vont pour passer la première porte, me jetant un œil interrogateur et hésitant. Je hoche la tête pour les encourager, quand ils percutent un homme venant en sens inverse. Ils se faufilent tous les deux et disparaissent entre lui et la porte à barreaux.

"Y/n ! Qu'est ce que tu fous là ?! surgit Daryl.

-J'ai entendu... !  montrant l'espace dans mon dos de mon bras libre, tenant je ne sais encore comment l'enfant, plus accrochée à moi que moi à elle, toutes les deux face à lui. C'est le foutoir ici ! Faut faire sortir les petits !

-Donne la moi !

Faisant valser son arbalète sur son épaule, il me prend la fillette des bras, qu'il soulève comme une plume.

"Sors de là ! Rick arrive, on va...

-Pas question ! Ces gens ont besoin de... !!

Je me retourne pour m'apercevoir qu'il n'y a plus que des corps étendus au sol.

"On se barre, Y/n ! Bouge !

De sa main libre, il m'attrape l'avant bras et me tire avec lui vers la sortie. Rick arrive à son tour sur le seuil du bloc D, effréné.

"C'est un carnage...  prévient doucement Daryl en déposant la petite sur ses jambes qui file au dehors en se faufilant entre les deux hommes sans dire un mot.

-On fait quoi ? demande le shérif en posant les yeux sur moi, juste derrière.

-Faut nettoyer... dis je tout bas. Ils ont été attaqués pour la plupart...

-Pas besoin d'toi... se retourne Daryl.

-On ne sera pas trop de trois ! J'ai ce qu'il faut !

Il lève les yeux au ciel en découvrant les grandes dents de ma fourchette à viande.

"Adéquate, y a pas à dire... se penchant en avant pour armer son arbalète dont il pose délicatement la crosse au sol.

-On y va et on fait vite...

Rick passe devant nous deux, grave et déterminé.

Les carreaux volent au dessus de ma tête, bien avant que je ne puisse approcher un rôdeur que j'ai du mal à identifier comme un habitant de Woodbury.

Rick avance devant chaque cellule. La plupart des occupants sont toujours couchés, se réveillant encore une fois... Sur la mezzanine, les rideaux de tissus sont tous tirés et le passage est libre. On pourrait facilement croire que rien ne s'est passé juste au dessous.

"Fais gaffe Shérif... plus bas.

Il me regarde une seconde en dépliant son canif qui me semble bien ridicule avant d'entrer dans une des pièces. Le râle qui s'éveille, encore timide qu'on y entend ne tarde pas à se taire.  Daryl me fixe, les yeux comme dans le vague, déjà vanné.

On détaille tout les deux une femme blonde, étendue sur le sol de la cellule devant laquelle nous nous arrêtons, les yeux et la bouche grands ouverts comme surprise d'avoir été saisie pour l'éternité.  Je passe le seuil sans un mot et m'accroupis devant elle, tournant le dos au chasseur qui tient le rideau.

"Grouille toi, elle va se réveiller.

-Je sais... dis je pour couvrir le bruit des fourches qui pénètrent son crâne.

Je sors de là alors qu'il tient toujours le linge. Je sens bien ses yeux qui cherchent mon contact mais je regarde ailleurs obstinément. Sinon, je ne sais si je vais me mettre à hurler ou à pleurer jusqu'à m'assécher  l'intérieur. De toutes manières je ne veux pas qu'il voit, personne ne doit.

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