22 - Nettoyage de printemps

3x01 - seed

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*pov Daryl*

"On va chasser"

Après avoir échangé quelques mots bas avec Hershel, Rick s'avance vers moi. Il ne m'accompagne pourtant jamais, mais là il semble plus que décidé.
Alors je recale la lanière de mon arbalète à mon épaule et ouvre la marche.

Je n'ai chopé que deux écureuils. Ça fait quasi une heure qu'on avance sans un mot dans ce bois traversé par une petite voie ferrée. Nos pas martèlent les traverses en rythme monotone, certaines foulées plus petites, font crisser le vieux ballast fatigué ; quand les rails débouchent sur un talus dégagé.

Je continue à faire gaffe où je mets les pieds quand je réalise que les pas ont cessé de me suivre. Je lève le nez et me retourne. Rick s'est immobilisé, tourné vers notre droite, pris par la vue.
Y/n, restée plus proche de lui fait de même en me regardant, grimpée en équilibre sur le rail de métal devenu rouge, secoue la main pour me désigner ce qu'ils observent.

Devant nous s'ouvre une grande étendue verte, clôturée de plusieurs rangs de hauts grillages barbelés... protégeant un bâtiment gris immense, orné de tours de guet.

On reste encore silencieux un moment. Je suis plutôt indifférent. Je vois le visage de Y/n qui fait sa moue devenue habituelle depuis plusieurs semaines maintenant. L'automne puis l'hiver derniers ont semble-t-il eu raison de son enthousiasme. Elle ne dit plus grand chose de la journée. Mais le reste s'est perfectionné indéniablement. Elle m'accompagne maintenant à toutes mes sorties. Elle garde mes arrières, elle et son marteau, pendant que je peux me concentrer pleinement sur la traque de plus ou moins gros gibiers. Et avec le silencieux qu'on a ajouté à son Glock19, elle est même parvenue, une fois, à achever un petit chevreuil que j'avais touché mais qui fuyait. A deux, nous l'avions ramené tant bien que mal et Carol en avait fait un super souper, un déjeuner et encore un autre dîner.
Mais il y a des mois de ça. Maintenant, elle me couvre et m'aide dès que j'ai besoin. Ce qui me pèse étrangement le plus c'est son silence, l'absence de ses sourires aussi, de plus en plus rares...

Le visage de Rick, au contraire, s'illumine au paysage pourtant sinistre a mes yeux, qui s'ouvre à nous.

"Voilà ce qu'il nous faut... dit il en me regardant avec un grand sourire.
-Glauque... dis je sceptique.
-Infesté... articule à peine Y/n sans cesser de fixer l'espace vert grouillant de rôdeurs.

*pov Rick*

Après avoir rapidement exposé mon plan, on s'élance. Chacun sait ce qu'il a à faire.

Maggie, Glenn, Y/n et TDog ouvrent la voie en éliminant les rôdeurs au corps à corps, à coup de tiges de fer, de marteau et de lame de chasse. Je découpe le premier grillage avec une pince, Y/n est juste dans mon dos, plantant ceux qui ont échappé à Maggie et T.
Puis j'ouvre le passage, écartant la grille fine, évitant que les pics ne pénétrent mes doigts et mes paumes. Lori passe la première avec précaution, posant sa main sur mon épaule, l'autre sous son ventre arrondi. Le reste du groupe prend le même chemin.

"Aller ! dis je calmement mais fermement pour qu'ils activent.

Carl, Hershel, Glenn et Maggie, Daryl et Carol puis TDog.

"Y/n ! ne la voyant pas suivre.

Un bruit spongieux, juste derrière moi.

"Oui Chef... déboule-t-elle enfin, n'ayant quasiment pas à se courber pour passer par l'ouverture.

Une fois traversé aussi, je tresse mon câble rouge au travers des maillons coupés. Je serre au maximum. Faudra faire mieux. Mais plus tard.

A l'intérieur du chemin de ronde qui est cerné par deux hauts grillages, les filles, TDog, Hershel et Glenn attirent les rôdeurs de la cour à eux. Ils s'approchent du grillage et ils les éliminent un par un, méthodiquement. Les filles crient de leurs voix aiguës. Ça fonctionne bien, en plus de défouler les plus jeunes, vu qu'on leur impose une grande discrétion voire le silence complet, la majorité du temps.

Daryl, Carol et Carl prennent d'assaut la première tour qui ferme le chemin de ronde.

Je me suis octroyé le plus compliqué : le guet, celui à l'intérieur. Au delà de la cour. Je dois traverser l'étendue d'herbe scarifiée d'un chemin de terre montant jusqu'à l'entrée. Deux cents mètres, deux cent cinquante peut être, à faire au milieu des rôdeurs nonchalants.
Pouvoir ouvrir et refermer la porte grillagée assez rapidement et atteindre la porte de la tour de garde à quelques mètres encore au delà. En priant pour qu'elle ne soit pas verrouillée parce que les rôdeurs occupent aussi toute la cour intérieure.

"Aller, on y va !! dis je tout haut pour leur donner du courage, à moi tout autant, mon Colt en main.

Lori ouvre la porte en me fixant et la referme immédiatement derrière moi. Je vois son hochement de tête, son sourire timide d'encouragement. Mais je n'y réponds pas. Manque d'énergie sans doute, ou bien je veux rester concentré, certainement.
Y/n est passée furtivement entre nous, maintenant devant moi, à trois pas à peine mais elle se dirige vivement vers le cadavre le plus proche. Le bruit de son marteau entrant dans la tête pourrie met l'ambiance, direct.
Je m'active pour la suivre sur le chemin qui grimpe finalement plus que je ne pensais jusqu'à l'entrée à proprement parlé des bâtiments de béton.

La petite abat deux ou trois rôdeurs, je tire sur autant, plus éloignés. Elle a dégagé le terrain quand j'arrive à la dernière porte grillagée. Je laisse passer Y/n en regardant Lori qui est agrippée là bas, je vois ses doigts accrochés aux maillons de fer. Elle ne me quitte pas des yeux mais ne dit rien, pour ne pas attirer l'attention des rôdeurs à elle.
Je referme la porte que Y/n s'en prend déjà à son second mort dans cette zone. Ils déboulent plus vivement ceux là, bien plus nombreux que je n'avais évalué surtout.

"Y/n ! dis je sans crier. Laisse tomber, amène toi !

C'est là que tout se joue.

Verrouillée, pas verrouillée ?

Y/n est juste là. J'entends son souffle court très proche. Elle reste vigilante mais lève son regard vers moi, luisant, enfin vivant. Elle est maculée d'éclaboussures sombres. Elle respire fort, le bras toujours prêt à s'abattre sur une cervelle trop entreprenante à son goût. Je réalise que son marteau est super efficace mais que le corps à corps est tout autant épuisant.

Je la fixe en tirant sur la porte, retenant inconsciemment mon souffle.
Le pan s'ouvre en grincant. Douce musique à mes oreilles.

"Vas y ! la poussant presqu'à l'intérieur avant de refermer aussi vite, sur nous deux.

Plongés dans une épaisse pénombre, je passe devant en trouvant les marches. A mon passage très proche d'elle, je sens ses doigts s'attacher aux miens alors qu'elle me suit à la trace dans l'ascension. Nous ralentissons, une fois parvenus en haut sur le petit balcon qui surplombe la cour d'herbe comme la zone intérieure.

Je ne retiens pas le sourire qui fend mon visage, regardant Y/n près de moi. Elle me fixe toujours, ne savourant pas ce qui s'étale à nos pieds, ce que nous avons gagné aujourd'hui.
Non. Elle me regarde moi, et un sourire finit par étirer ses lèvres devenues si pales, par détendre ses traits tellement sérieux ces derniers mois.

Je réalise aussi que nos doigts ne se sont pas encore lâchés.

*pov Daryl*

Je guide Carl et Carol jusqu'à la première tour de guet. On cavale dans les escaliers pour atteindre le balcon.
On tire sur les rôdeurs trop proches de Rick et Y/n qui sont déjà dans la cour.

"Désolée! s'excuse Carol tout haut sous le regard assassin que lui jette le shérif.
-Pas grave, je l'encourage. T'as fait que louper ses pieds... continue...
-T'as raison....
-Vous parlez de mon père là ! rouspète Carl qui tire en s'appliquant mais en faisant mouche à chaque fois.
-Ouai... excuse...

Je descends plusieurs rôdeurs. Je sais que je récupérerai mes carreaux. Alors je ne lésine pas.

Rick et Y/n progressent bien sur le chemin. Elle ne cesse de s'approcher des rôdeurs, l'un après l'autre pour les abattre sans relâche. Ses coups de marteau sont déterminés, forts et précis. Sa petite taille, flagrante par rapport à certains macchabées qui viennent à elle ne semble pas la freiner dans son élan. Un coup dans la jambe, ça s'agenouille devant elle, et facilite d'autant la sentence finale en pleine tête. Adjugé. Au suivant.

"Daryl ! me rappelle Carol à l'ordre.

Je lui jette un regard froid sous sa reprimande verbale, tombant sur ses yeux d'acier. Ne pouvant lutter, je me concentre à nouveau sur la cour.

"Ils ont passé la deuxième porte ! s'écrit joyeusement Carl.

Je regarde à nouveau la tour, là bas. La porte rouge les a engloutis et je ne la vois que se refermer. Je suspens encore mon geste. Un peu comme tout le monde cette fois....

Puis le shérif surgit enfin au sommet. Une petite tête semble collée juste sous son épaule, tout les deux de profil dans le coucher du soleil.
Ils restent immobiles. Mais je les sais en sécurité. Alors je pousse un sifflement et fait un cercle de la main.

"Kill them all... dis je avec un clin d'oeil au p'tit mec.
-Coool me répond il tout sourire, comprenant mon allusion.

On se cale tous et on shoote tous ces enfoirés avec une facilité et un plaisir non dissimulés.

*pov Y/n*

La nuit est tombée. Ils ont allumé un feu au milieu de la cour d'herbe. Je finis mon premier tour de la clôture grillagée. L'herbe est haute, la terre sèche et plutôt plane. Aucune ouverture aucune anomalie détectée sur le grillage. Rick fait le même tour dans l'autre sens. On arrive à notre quatrième longueur, on ne va pas tarder à se croiser.
Je n'accélère pas mon pas. Lui, peut être un poil, mais je ne le jurerais pas.

"Y a un truc ?
-Non... dis je sur le même ton en secouant la tête. Mais tu as un champ de vision plus haut que le mien...
-Pas d'mal... sourit il encore en approchant. Je continue à regarder en haut alors?
-ouai... et moi en bas...

Il est à ma hauteur et reste face à moi, pivotant sur lui même comme pour me contourner mais en me regardant toujours. Il transpire la satisfaction.

"Tu as bien joué aujourd'hui, Shérif... dis je en continuant mon chemin sans me retourner mais sachant qu'il m'écoute toujours.
-Merci... j'ai une bonne équipe faut dire...

Je baisse la tête et me recentre vraiment sur ma tâche, avançant lentement.

Encore un demi tour et j'approche du bus couché sur le côté.
Des pas font craquer la tôle. Je lève les yeux et découvre Daryl qui me fixe alors que j'approche du second essieu.

"Tout va bien... ? dit il de sa voix rauque.
-Pas mal, et toi ?
-Yep...
-Cool...

Je hoche la tête et continue mon chemin, posant ma main sur la crosse de mon arme pour me donner un genre de contenance. Je ne sais quoi dire de plus. Parce que je n'ai rien à dire sans doute.

Ça fait un moment que je n'ai plus l'envie de m'exprimer. Parce que je n'ai plus grand chose à extérioriser. Quoi ressentir quand la vie est de toutes manières un cul de sac? Quand on sait que rien ne sera plus jamais comme avant et que cette nouvelle version est merdique à souhait ?

J'avance pour mon second tour. Plus sombre dans ma tête, malgré la nuit claire que nous avons. Le râle constant mais éloigné des rôdeurs qui nous encerclent encore ne m'effraie pas, ne perce même pas l'isolement que je ressens à l'intérieur.
Rick approche encore, déjà.

"Côté du bas...
-RAS... dis je en faisant une moue.
-Hey... c'est une bonne nouvelle... s'approchant encore, se voulant optimiste.
-Ouai c'est vrai... baissant la tête.
-Encore un demi et tu vas te réchauffer auprès du feu...

Il refait son manège, à me fixer, me contourner, à me frôler cette fois.
Mais je ne le regarde pas du tout.

"Ça va Petite ? demande-t-il, plus sérieux.

Il s'arrête et m'attrape le bras.
Je soupire, ou sursaute à son contact, je ne sais pas trop. Je sens son inquiétude grimper.

"Quoi ? dit il plus exigeant.

Bien plus proche aussi.

"Rien. Fatiguée sans doute, haussant les épaules sentant les larmes monter.
-Vas y. Maintenant... Je vais faire un dernier tour complet... pour le bas....

Je renifle faiblement sous son humour irrésistible en secouant la tête.

"C'est bon... Je finis... t'as pas mangé non plus...
-T'es sûre? penchant la tête pour m'obliger à le regarder.
-Sûre.
Il baisse la tête et presse mon bras une nouvelle fois. Il inspire comme pour dire autre chose ou pour faire quelque chose. Mais il s'éloigne finalement.

Je le regarde faire, les sourcils froncés, convaincue d'un acte manqué.

*pov Rick*

Lori n'est pas encore en sécurité.

Demain il faut qu'on éclate tous ces rôdeurs pour entrer dans ces murs. Impérativement.

Lori est épuisée.

Carl à besoin de calme et de stabilité.

Lori ne va pas tenir encore des jours à ce rythme. Elle est exténuée et si maigre. Ce ventre est si énorme que j'ai du mal à l'approcher. Mais ça va passer. Quand le bébé sera né, ça va passer. Aujourd'hui je ne dois me préoccuper que de sa sécurité. A elle et à Carl.

J'ai été si soulagé tout à l'heure, sur la tour. Une joie si énorme, libératrice. La main de Y/n dans la mienne y a fait aussi pour beaucoup. Je sais qu'elle a ressenti la même chose que moi. Son sourire, timide mais renaissant à tout dit. On veut la même chose. Elle était là et je ne voulais qu'elle pour partager ces trente-cinq secondes de répit et de pleine satisfaction.
Et puis tout à l'heure quand on s'est croisés, enfin seuls, à l'écart de tous les autres, hors de leurs oreilles, à son approche, j'ai eu envie de rire encore. Je n'ai pu sortir qu'une idiotie un peu méchante sur sa taille. Toujours aussi doué pour dire les choses. Elle n'a pas semblé mal le prendre. Faudra que je m'excuse. Plus tard. Au prochain tour.

*pov Y/n*

Je dépasse le bus et ensuite j'arrête.
A nouveau, les pas sur la carlingue.

"...Prêt pour une petite baise... ?

Je me raidis en reconnaissant les mots de Carol. J'active le pas pour dépasser le second essieu de l'épave. Mais je bute sur une pierre qui n'était pas là au tour précédent et manque de piquer du nez en glapissant lamentablement.

"Ça va Y/n ?! demande Carol en débouchant à l'angle opposé du bus.

Je me retourne, me redressant en voyant le poncho bariolé surgir derrière elle.

"Ouai... me tapotant le torse même pas poussiéreux. Tout va... bien... je regarde un truc et... me détournant d'eux, désignant vaguement quelque chose d'invisibile de la main plus avant.

Mais Carol s'éloigne déjà, ne se souciant plus de la qualité ni de la cohérence de ma réponse. Daryl, sur ses talons, me regarde en me faisant un signe de tête pour m'inviter à les suivre.

Je secoue la tête avec une moue muette pour seul refus, et je reste plantée là une minute, leur tournant le dos volontairement, entendant leurs pas s'éloigner. Je regarde le ciel gris anthracite tout éclairé de lune, soupirant pour refouler encore la vague de larmes qui monte et qui recule.

*pov Rick*

Ça devrait aller pour la nuit. Je descends la petite bute pour rejoindre le groupe. Je m'asseois en silence entre Lori et Carl. Mon garçon me tend un ramequin rempli de baies et de viande séchée. Encore le même menu. Sans pouvoir la regarder, je le tends à Lori avant de me servir.

"J'en ai déjà... dit elle doucement.

Mais je ne bouge pas. Je vois Carol et Daryl, en face,  venir du bus.
Lori finit par piocher dans le ramequin. Je croque un morceau de viande.
Beth commence à chanter. D'abord faiblement puis prenant de l'assurance au refrain.
Une mûre explose dans ma bouche, fixant Y/n, de profil, toujours là haut, prêt du bus. Elle reste immobile, la tête levée. Qu'est ce qu'elle fabrique ?
Tous ont tourné leurs regards vers les filles Greene qui chantent maintenant toutes deux le dernier couplet.
Y/n se décide à venir vers le feu, la lumière orange me fait réaliser qu'elle s'essuie les yeux d'un revers de main hargneux.

Pourquoi n'ai je rien fait tout à l'heure ? La tenir contre moi. Juste une seconde. Qu'est ce que ça me coûtait ? Mon mariage moribond?

Elle aussi a besoin que je lui offre la sécurité. Ça je peux le lui offrir. Dès demain.

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A y est ! J'ai trouvé le chemin de la #teamrick !!❤

Mais je n'ai plus que deux ou trois chapitres d'avance maintenant... alors je vais publier mais ensuite, faudra bien que je m'y remette... et avec cette saison 9 qui a repris, bah... ma tête est pleine mais pas mes chapitres 😁

Merci en tous cas pour vos encouragements qui me font super plaisir.... c'est toujours vous les meilleurs ❤

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