12 - Bredouille

2x02 - Bloodletting 
2x03 - Save the last one

Perfect Day - Lou Reed

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*pov Y/n*

"On doit être à cent mètres à vol d'oiseau... indique Daryl 

- J'aimerais être un oiseau... commente Andrea

Je regarde Daryl avec un petit sourire. Il roule des yeux de dépit. Ca fait vingt fois que les filles lui demandent si on est bientôt arrivés.

On avance groupés, et chacun isolés à la fois.

Puis Andrea hurle. Et voilà, on est séparés. Où elle est, Boucle d'Or encore ?! Elle est invisible !

Immédiatement après son cri de détresse, Daryl s'élance et on le suit tous. On trouve la blonde. Tombée au sol, elle se débat avec un rôdeur en hurlant à la mort... Ca va rameuter tous les autres du coin, mais je tiens ma langue.

Quand un cheval surgit de nulle part, puis une batte de base-ball se balance pour percuter violemment la tête du rôdeur. Une brune, montée sur l'animal, nous explique un truc.

Je ne comprends que quelques bribes. Il s'agit de Carl, de balle, de poitrine, d'une ferme et d'une boîte aux lettres...

Je suis abasourdie, la fatigue, l'hypoglycémie aussi sans doute. Glenn, à côté de moi, est tout aussi figé, amorphe. Mais clairement pour une toute autre raison. Je regarde la brune. Je regarde mon ami. Et je lis sur le visage abruti de mon voisin comme dans un magazine porno.

"Ok ! dit Daryl. On y va ! ordonne-t-il à tous, quand Lori disparaît avec la brune, toutes deux sur le dos du cheval qui s'éloigne au grand galop à travers les arbres.

J'ai rien suivi. Et je peux rien dire, ni demander à ce qu'on répète. 

Andrea et Carol emboîtent le pas du chasseur. Je regarde toujours dans la direction du cheval disparu.

"Y/n, Glenn ! Ram'nez vot' cul ! C'est pas l'moment d'lambiner, les filles ! nous crie Daryl.

-Glenn, faut y aller mon pote... Je vais pas prendre toutes les réflexions du bouseux pour toi jusqu'à la fin de ma vie.

- C'est qui cette fille ?

- Cathie la p'tite fermière ! Qu'est c'j'en sais ?!... On verra ça plus tard... On retourne d'abord au van, là !

Je le tire par la manche et il consent enfin à me suivre, moi.

"T'as jamais été amoureux ma parole ?! dis je en rigolant, sans oublier d'activer la cadence.

-Nan... 

-Quoi ?! 

Je pile sous la surprise. Il est sérieux là ?!

"Y/N ! me crie encore le chasseur à quelques mètres devant. 

Je le toise de loin, trop fixée sur la révélation de mon ami qui s'est arrêté à son tour. Il va jamais me lâcher la grappe lui, là-bas ?!

"Avancez, merde ! On vous suit ! ET P'IS FOUS MOI LA PAIX ! crie-je à mon tour contre Daryl.

Je le vois lever les bras au ciel, et m'adresser son majeur. Ce n'est rien contre mon agacement qui grandit face à tous ces emmerdeurs de mecs !!

"... TOI MEME !!! crie-je encore telle une gamine qui pique son caprice.

Je sais, je suis nulle en répartie. Surtout quand je suis contrariée.
Glenn reprend notre avancée en baissant la tête. Je vois bien son petit sourire béat. Ce qui n'arrange rien à mon humeur.

"Tu déconnes pas vrai ?!

Je me précipite derrière lui, qui ne me dit pas un mot de plus, relevant le nez comme un abruti face à la butée qu'on doit gravir avant d'atteindre la route.

"Hein oui que tu m'fais cavaler là !?"

*pov Daryl*

Ils me font tous chier, bien profond là ! C'est quoi encore cette histoire avec TDog ?! Putain, on peut pas les laisser quinze secondes tous seuls sans qu'il y ait une cata !

"Voilà la réserve de mon frère... Pourquoi vous l'avez pas dit avant ?!

J'ouvre le sachet en plastique... Y a plein de shoots à s'faire dans cette poche. Si j'étais pas clean depuis des mois, ça me chatouillerait bien quelque part.

Y/n et Glenn arrivent enfin sur la route et elle s'approche de moi, le souffle un peu court. 

"C'est quoi tout ça ?

-Le stock de mon frère... T-Dog a la fièvre... montrant l'intéressé contre le van là-bas.

-Quoi ?! dit elle s'éloignant de moi.

Elle va vers l'afro, assis sur le pare-choc arrière du van.

"Ba mon Théodore Douglas, t'as bobo où mon p'tit loup ?

-Ta gueule... T'es aussi raciste que lui ! lui crache-t-il.

-Voila de l'amoxycilline... Vous avez d'la chance que mon frère avait une chtouille d'enfer... balançant le flacon à un Dale tout sourire à cette nouvelle.

-Qu'est c'que tu racontes T ?! se penchant vers le black.

-Tu fricotes avec Dixon... ! Tu crois qu'j't'ai pas vue faire ? T'es de plus en plus fourrée avec lui !

-Qu'est ce qui s'passe ici ? m'approchant en entendant  mon nom sous le ton furieux du grand black.

-Tu peux pas être mon pote et  t'farcir ce putain d'petit raciste blanc ! C'est pas possible ça ! dit il encore.

-Tu délires T !!! s'écrit elle, offusquée.

Je la regarde. Elle se tourne vers moi, les yeux quasi exorbités. Elle pique un fard là ?!

-Du calme les jeunes... intervient Dale. Il a une fièvre de cheval... Il dit n'importe quoi depuis deux heures. Pas d'panique... Tout le monde en a pris pour son grade, vous pouvez me croire ! Sauf s'il a raison... haussant les épaules en passant entre moi et elle, pétrifiée, avec son éternel sourire de vieux qui sait tout.

On le regarde donner ses cach'tons au plus jeune qui les avale docilement. On reste plantés là comme des cons. Puis Dale nous fait à nouveau face. Toujours sourire, cet enfoiré. Ça le fait bander ces conneries j'suis sûr... quoi d'autre peut encore lui mettre la gôle que de nous afficher, à son âge ?!

"Ca veut dire qu'il a raison alors ? Félicitations les jeunes ! m'assénant d'une grande tape amicale sur le biceps qui claque bien notre honte mutuelle. 

Y/n s'éloigne, grimaçant de gêne, d'un pas rapide en levant les bras au ciel, revenant au pick-up.

"Alors quoi ? lui demande Glenn.

- Alors on fait comme on a dit. Tu prends le pick-up et t'emmènes TDog à la ferme, répète Dale.

-Pourquoi toujours moi ?! proteste le bridé.

-Parce qu'il y a cette jolie cavalière en prime... suggère Y/n, le ton clairement plus acide que la minute d'avant.

-Et tu viens pas ?! lui demande son ami, déjà perdu.

-Pour quoi faire ? T'as besoin que j'te la tienne aussi ?! rit elle jaune. Je vais rester là... T'es un grand garçon maintenant, non ?

Je fixe Y/n. Elle aussi a vu ce que j'ai vu. Et là, elle est la meilleure des meilleures amies. 

Parce que je vois bien le coin de sa bouche qui frémit de rage ou de chagrin... J'hésite encore.

P'tit bouchon.

*pov Y/n*

Je garde les yeux fermés.

Mais je ne dors plus depuis un moment déjà. Recroquevillée sur une des deux banquettes de la table, la tête contre la vitre. J'ai envie d'étendre mes jambes ankylosées. Mais si je fais ça, je vais m'en vouloir de laisser Daryl dormir à même le sol du camion. 

Il est le seul qui dorme.

Sur le lit du fond, Carol pleure sans plus de retenue depuis des quarts d'heures entiers. Andrea tripote son arme démontée sur la table dans mon dos. J'ai envie de tout lui faire voler des mains, tant elle fait du potin avec son bordel. Je m'imagine la lui faire bouffer ou lui défoncer la gueule avec, voire les deux successivement ou simultanément, j'hésite encore, quoi... Dale surveille les alentours sur le toit. Ses pas, se voulant discrets, résonnent sur la toiture plate au dessus de notre tête. 

Daryl est le seul qui dorme encore.

Mais il me fait mentir, alors que je l'entends se redresser, me faisant ouvrir les yeux quand ses jambes touchent le bout de mes chaussures contre la banquette sur laquelle il s'appuie un peu avant de baisser les yeux sur moi, s'apercevant qu'il me touche. Il pince ses lèvres en m'attrapant les yeux.

"File moi mon chargeur, murmure-t-il à Andrea qui le lui tend sans un mot, lâchant sans soin une pièce de son arme sur la table, me faisant sursauter. Je vais la tuer. Et elle ne me verra pas venir. Je le jure.

Il reporte encore son regard luisant sur moi, le visage grave. Même si je sais qu'il s'adresse davantage à elle qu'à moi. Je n'ai pas bougé. La tête tournée, le visage contre le dossier de la banquette, il n'y a que lui qui ait vu que j'étais réveillée.

"J'vais faire un tour... Chercher Sophia...

Etrangement, j'ai pas envie de le chambrer. J'ai plus envie de rire. Carol a cessé de pleurer aussi. Je me redresse. Andrea semble surprise de me voir éveillée, mais elle ne dit rien. Pas intérêt. Suis pas d'humeur pour ses conneries. Je me mets debout face à lui une seconde alors qu'il sort du grand habitacle. Ou bien me fuit il ?

"Elle verra peut être ma lampe torche, je l'entends dire à Dale une fois dehors.

Je m'approche de la porte restée ouverte. Je suis incapable de dire un mot. Pourtant je sais que je ne suis pas d'accord avec cette idée. Ok, la nuit semble claire... mais dans la forêt, c'est une autre histoire, c'est plus...

Andrea me bouscule pour sortir à son tour sans un mot d'excuse pour moi.

"J'viens avec toi, lui annonce-t-elle.

Voilà ce qu'il fallait que je dise !

Il se contente de hocher la tête, en me regardant, toujours plantée sur le seuil de la porte du van. Muette. Conne. Surtout conne.

A peine partis, Carol est montée sur le toit auprès de Dale. 

Je fais du thé grâce à la petite bouteille de gaz de la mini cuisinière. Dale me rejoint une minute après.

"Tu gaspilles, Y/n... me dit il pourtant gentiment.

- Tu es inquiet... Carol aussi... Alors y a pas de gaspis ici...

- Et toi, t'es inquiète pour deux...

- N'importe quoi... lui souriant, même amèrement. Ils vont retrouver Sophia, hochant la tête, convaincue.

- Il aurait été plus efficace avec toi qu'avec elle... et j'aurais été moins inquiet de fait.

- Je suis pas inquiète pour Andrea... Si elle piaille pas comme tout à l'heure, évidemment... Et Carl... Ca va aller pour Petit Carl...

On a bu notre thé sur le toit, tous les trois, quand des lumières agitées réapparaissent le long de la barrière de sécurité.

Mais il n'y a bien que moi qui suis soulagée.

Carol retourne dans le van, suivi de Daryl qui ne me regarde pas une seconde, perchée au dessus de la porte d'entrée.

Soulagée et culpabilisant de l'être, tombant dans le fauteuil de fils de Dale.

*pov Daryl*

Bredouille.

J'arrivais pas à dormir. Je supportais plus d'entendre Carol pleurer. C'est pour ça que je suis sorti.

Bredouille.

Je lui ai redonné de l'espoir pour le lui flinguer illico.

Et Andrea m'a fait gaspiller un carreau pour un putain d'pendu.

Bredouille.

Me voilà revenu au van. Je vois Carol  entrer précipitamment à l'intérieur, et Dale descendre du toit. Il ne me dit  pas un mot mais il me sert sa mine de désolé.

Je n'ose même pas lever la tête, juste au dessus, devinant Y/n qui se tient sur le toit. Je redoute trop son regard à elle. De reproches. Plein de déception.

Qu'elle aille se faire foutre. Elle avait qu'à venir avec moi.

Je retiens un soupir en entrant dans le van, faut que je m'excuse auprès de la mère.

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Bon... je repars dans mes travers... Ca commence par mélancolie et ça finit par Daryl.

Pardon. Faut que je me resaisisse... mais entre maman chialeuse et Cathie la p'tite fermière... notre petite Y/n va pas péter d'bonheur, j'en ai peur...

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