PDV Evelyne

   Quelques semaines plus tard, l'affaire était presque résolue. Ils avaient tout, mobile du meurtre, endroit, arme du crime, et même suspect. D'ailleurs, nous allions en ce moment chercher ledit suspect. 

   Je me trouvais dans la voiture de Thomas, avec Chloé et Rocher bien sûr. Chloé discutait car elle voulait participer à l'opération mais, n'ayant pas les habilitations pour, Thomas ne voulait pas.

"-Eve, dis lui toi, que c'est trop dangereux. Me demanda Rocher.

-C'est trop dangereux pour que tu puisses venir."

   Je ne faisais pas trop attention à ce que je disais, trop concentrée sur les évènements. Un élément me dérangeait dans cette affaire... Tout cela ne collait pas. La majorité des choses fonctionnaient bien ensemble mais certains éléments ne rentraient pas dans le profil que j'avais établi. 

"-Très convaincant dis moi.

-Mmmh..."

   Chloé posa sa main sur mon épaule et je me tournais vers elle. Ils voulaient sûrement me demander si j'allais participer à l'opération...

"-Eve, qu'a tu décidés à propos de l'opération ?"

   Qu'est-ce que je disais.

"-Je ne sais pas, je ne pense pas y participer.

-Eve, on en a déjà parlé. Tu es un élément de valeur, tout le monde sait de quoi tu es capable. Dit Thomas."

   Je tournais la tête vers le paysage. Pourquoi je n'arrivais pas à le contredire. Au début, Rocher ne m'aimait pas, cela se voyait et se ressentait dans toutes ses actions. Il se demandait encore comment j'avais pu lire en lui. Mais malgré tout, il avait fini par accepter ma présence et ce qu'il appelait mon "talent".

   Finalement, on s'entendait vraiment bien, nous étions une fine équipe. Il avait partagé des choses avec moi, sûrement parce que je partirais dans peu de temps. Moi, au contraire, je ne m'étais pas ouverte à lui, trop de choses sombres hantaient mon passé. J'avais déjà du mal à les accepter alors comment arriverais-je à les partager. Je l'entendais me sortir des arguments pour que je vienne durant l'opération. Voulant avoir un peu la paix avant tout ça, je dis.

"-C'est bon, c'est bon, je viens c'est d'accord."

   Je vis Chloé sourire et Thomas également. Ils font un sacré duo aussi tout les deux. Encore un peu et on dirait un petit couple. 

   Après quelques minutes de route, nous nous arrêtâmes devant un café, le suspect avait été repéré entrant dans le bâtiment. Nous sortîmes rapidement de la voiture, ouvrant le coffre, j'alla chercher un gilet pare-balle. J'en donnais un à Chloé tout en lui disant de rester près de la voiture. Lorsque Thomas s'apprêta, je m'approchais de Chloé.

"-Dis-moi, tu as réfléchi à ce que je t'ai dis ?

-Effectivement, et je suis d'accord avec tes conclusions, quelques choses ne va pas dans cette enquête. Il faut trouver quoi.

-Que trouves-tu d'anormal ?

-Toutes les preuves sont là, mais quelque chose dans le fond me gêne. Je n'arrive pas à savoir quoi mais j'ai remarqué des anomalies sur les lieux du crimes. Chaque endroit est totalement chaotique, ça je n'ai rien à dire, mais le désordre est trop... désordonné. Lors d'une bagarre, le désordre suit une sorte de logique, celle de la bagarre.

-Mais si la bagarre est simulée, alors les lieux ne suivent aucune logique.

-C'est ça."

   J'hochai la tête, examinant les éléments qu'elle venait de m'apporter. Il fallait donc ajouter tout ça à mes conclusions. Ca changeait beaucoup de choses. D'autres détails portaient à confusion, notre suspect était bel et bien un garçon, et tout me persuadait qu'il était coupable, aucun doute la dessus. Mais un détail m'échappe, il manque quelque chose..

"-Eve, prête ?

-Ouais... on y va."

   Je sortis mon arme et m'avança vers le café. Thomas entra dans le bâtiment, moi sur ses talons. Nos armes n'étaient pas trop visibles au vu du tempérament du suspect. J'inspectais la pièce du regard, cherchant où il est. Ha... Au bar, ça y est. J'attirais l'attention de Thomas en posant ma main sur son épaule. Lorsqu'il tourna la tête vers moi, je lui montra le bar. Il hocha la tête en s'approchant du bar.

"-Gregory Feber ! Police ! tournez vous lentement et mettez vos mains en évidence"

   Il se tourna et tenant un verre de whisky dans la main droite. Il semblait être calme, son dos appuyé contre le bar, détendu. Ce n'était pas normal, il avait trop calme. 

   On dirait la même situation qu'il y a 19 mois, dans ma dernière affaire. A la seul différence que, l'ancien suspect avait utilisé un piège pour nous avoir, ici, il y avait bien trop de gens pour un piège.

   Mon cerveau fonctionnait vite, je ne voulais pas avoir la même situation que la dernière fois, je ne supporterais pas que Thomas... enfin voilà, je ne le supporterais pas. 

   Tout cela était bizarre... Le calme en apparence, son air détendu. Les fausses bagarres sur les lieux des crimes. La musique... Il y avait de la musique sur les lieux, de la musique classique même, laquelle ? Une valse, la numéro 2 de Shostakovitch, c'est très... féminin. Encore un élément m'échappe. Tout cela m'énerve encore plus. Pourquoi je n'arrive pas à retrouver cet élément ?

"-Police ? Je ne vois pas ce que j'ai bien pu faire pour intéresser la police ?

-Vous êtes suspect dans une affaire de meurtre.

-Ha oui ? Tient c'est bizarre, je ne me rappelle pas avoir tué trois femmes."

   Je relevais la tête d'un coup. Il but une gorgée de whisky.

"-Nous n'avons jamais dis qu'il y avait trois femmes... Dis-je.

-Toute cette affaire tourne en boucle à la télé, tout le monde le sait. Violette Hunt, Iris Darn et Jacinthe Demonto. Trois femmes, trois meurtres.

-Seul deux ont été révélés au public. Vous êtes en états d'arrestation."

   Violette, Iris, Jacinthe... Mais bien sûr ! L'élément manquant c'est ça !

"-Une femme..."

   Gregory posa son verre vide sur la table, il sourit encore plus en regardant derrière nous. Ne voulant pas me retourner, je levai la tête. Je vis un reflet dans les bouteilles d'alcool. L'image était floue mais je pu bien voir ses cheveux, noirs, et la personne leva quelque chose devant elle. Non.

"-Thomas !"

   Le poussant sur le côté, nous entendîmes un coup de feu, dont la balle alla éclatée une bouteille derrière le bar. Je levai mon arme vers la personne et tira, la touchant à l'épaule, elle tomba à la renverse. Une équipe débarqua dans le café en entendant les coups de feu. Ils immobilisèrent Gregory qui essayait de s'enfuir et s'occupèrent de la jeune femme. Je me précipita près de Thomas, qui avait l'air un peu assommé.

"-Thomas, tout va bien ?"

   Il releva la tête vers moi et acquiesça. Il devait avoir été un peu assommé lorsque je l'avais poussé. Je l'aidai à se relever en plaçant un bras sous son épaule.

"-Comment tu as su ?

-De quoi ?

-Qu'il y avait une femme ?

-La musique classique, une valse, c'est très féminin comme choix. Et puis, il y avait aussi Violette, Iris et Jacinthe.

-C'est-à-dire ?

-Des fleurs, et sur chaque scène de crime, l'odeur de la fleur s'y trouvait. De la violette chez Violette, l'iris chez Iris. Le choix du parfum de fleur est d'autant plus féminin.  

-Bien vu.

-J'aurais du le voir plus vite."

   On sortit du bâtiment, des secouristes vinrent vérifier que tout allait bien. Autant vous dire qu'ils n'ont même pas pu poser la main sur Thomas étant donné que celui-ci était assez contre. Il s'assit dans sa voiture et je me penchais vers lui.

"-Tu es sûr que ça va ?

-Oui, je me suis juste cogné la tête quand tu m'as poussé.

-Désolée... Je ris quelque peu et inspecta sa tête. Pas de sang, ça ne doit pas être grave."

   Il sourit lui  aussi et retira son gilet pare balle. J'allai remettre le sien et le mien dans le coffre. Je lui lança pour rire.

"-Enfin, si ça te fait vraiment mal, je peux toujours te faire un bisou magique."

   Je l'entendis rire. Il avait un magnifique rire. Durant les quelques semaines passées ensemble, j'avais eu le temps de l'observer et il faut bien avouer que je n'étais pas tout à fait insensible.

   Je sentis deux bras autour de moi et un torse contre mon dos. Je me crispai automatiquement à son contact, une vieille habitude. Il me fit me retourner vers lui, les bras autour de moi.

"-Au fait, merci.

-De quoi ?

-D'avoir évité que je me fasse tuer.

-C'est normal. Je ne voulais pas que ça arrive."

   Je lui souris en regardant par-dessus son épaule, n'osant pas croiser son regard. Il me déstabilisait beaucoup trop à mon goût.

"-Pourquoi tu ne voulais pas que ça arrive ?"

   Je soupirai en retirant ses bras de ma taille. Je n'avais pas l'habitude de parler de ça.

"-Il y à 19 mois, j'ai participé à une opération en banlieue avec mon coéquipier. Le suspect était coupable, tout le monde le savait, et il était au courant qu'on était contre lui. Lorsque nous sommes arrivés, il nous attendait. Il avait tout préparé et une fraction de secondes après que nous soyons entrés... La maison a explosée."

   Je relevai la tête pour le regarder, il me fixait attentivement. Ses mains prirent les miennes et ses doigts caressaient ma peau.

"-J'ai hérité de ceci."

   J'ouvris un peu mon haut pour lui montrer la brûlure qui couvrait mon épaule gauche. Il ouvrit des yeux étonnés et posa une de ses mains sur mon épaule. Ma peine fraîchement cicatrisée était assez sensible, il fit étonnement preuve d'une grande délicatesse en passant ses doigts dessus.

"-Mais cela est bien peu comparé à ce que mon coéquipier à vécu. 

-C'est-à-dire ?

-Son corps était brûlées à plus de 85%, il n'avait aucune chance. Je l'ai regardé mourir dans d'atroces souffrances. Cela aurait été moins douloureux de mourir atomisé dans l'explosion."

   Il remonta ma chemise et la referma. Il me prit contre lui, caressant mes cheveux doucement. Je fus surprise mais souris, passant mes bras dans son dos.

"-C'est ma faute. J'ai voulu aller trop vite chez le suspect, sans laisser le temps aux équipes de sécuriser la zone. J'ai causé sa mort par mon impatience. Si seulement j'av...

-Chut... Ce n'est pas ta faute. Tu sais aussi bien que moi que les équipes n'aurait pas pu désamorcer le piège et, au pire, le tueur se serait enfuit."

   J'hochai la tête et posai ma tête sur son épaule. Il me calmait, je ne sais pas comment, mais il me calmait. Il déposa un baiser sur mon front. Descendant ensuite sur mon nez. Je souris en posant mon front contre le sien. C'est lui qui emprisonna mes lèvres dans les siennes.

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Et voilà, je me sens un peu inspirée ces temps si dit donc.

Helllia