F1 | Charles & Max - Foutu Verstappen


27 mars 2022 - Grand Prix d'Arabie Saoudite 


- P2 Charles, P2, et tu prends aussi le tour le plus rapide. Superbe course. Quelle bataille avec Verstappen ! 

- Ouais, merci les gars, bon travail tout le monde. La prochaine fois, on vise la P1. 

   Charles tenta tant bien que mal de contenir sa frustration, ne voulant pas la laisser transparaître dans sa voix. Ils avaient bien bossé, chez Ferrari, ce week-end, Charles avait pu se qualifier en P2, juste derrière Sergio, mais, surtout, deux places devant Max. Cependant, toutes les courses ont leur lot de surprises, bien que le fait que Max revienne au-devant de la course n'en soit pas réellement une. Le pilote Ferrari a subi les affres des courses plus d'une fois, il voulait se montrer un minimum fier de lui, ou essayer de faire semblant à la radio, pour son équipe. Même s'il s'en voulait de ne pas avoir gagné, il savait que, contre Max, il fallait être rien de moins que parfait, et il ne l'avait pas été cette fois.

   Il conduit sa voiture jusqu'à la place qui lui était attitrée aujourd'hui, juste à la gauche de Max. Il prit son temps pour s'extirper de sa monoplace et passa rapidement les formalités. Il ne pouvait s'empêcher de suivre Max du regard quand celui-ci fêta sa victoire avec son équipe. Charles rejoint également Ferrari, recevant leurs félicitations, et il apprit également la P3 de Carlos, ce qui leur offrait un très joli doublé. Il se força à sourire durant l'interview d'après course. S'il était honnête avec lui-même, il aurait bien voulu rejoindre immédiatement sa cabine privée et pouvoir se poser seul. Mais cela n'était pas souvent possible, surtout quand on s'appelait Charles Leclerc et qu'on se plaçait en première position au championnat pilote, suite aux deux premières courses de 2022. 

   Tout se déroulait machinalement pour le Monégasque. Il se trouva rapidement dans la cool room, à écouter Max et Carlos débattre sur les images de la course qui passaient à l'écran. Il faut dire que Max et Charles venaient de s'offrir quelques belles passes d'arme ce soir. Le jeune Néerlandais avait décidé de faire oublier son DNF de Bahreïn, et avec la manière. La montée sur le podium, les salutations, les applaudissements, la remise du trophée et le champagne s'enchainèrent alors de la même manière. Dans un sens, Charles remerciait le monde de la F1 de toujours suivre les mêmes protocoles, il pouvait se mettre en automatique et simplement suivre le mouvement imprimé par ses pairs. 

   Quand il regagna enfin sa cabine, il retrouva quelque peu ses esprits. Il fixa un instant le trophée de second dans ses mains et la frustration remonta en lui. Il posa ledit trophée sans délicatesse dans un coin en soufflant "Foutu Verstappen". Charles retira sa casquette, passa une main dans ses cheveux, comme il en avait l'habitude, il s'affala sur la banquette et jeta sa casquette, qui vola rejoindre le trophée.


   Il prit une grande inspiration, rejetant la tête en arrière, fermant les yeux. Bien sûr, il la sentait toujours, cette fameuse frustration, il la connaissait bien depuis le temps. Pour la première fois depuis la fin de la course, il put se recentrer sur ses sensations. Il commença par remarquer le bout de ses doigts qui picotait doucement, trop faiblement pour être remarqué auparavant. Son ventre était resté contracté depuis la sortie de la voiture, ce qui ne lui permettait pas de prendre une respiration profonde. Enfin conscient de cela, il se força à se détendre et put inspirer pleinement. L'air qui emplissait ses poumons lui fit du bien. 

   Son cœur battait vite, avait-il seulement ralenti depuis le passage de la ligne d'arrivée ? Ca, il n'en était pas sûr. Il essaya également de reprendre le contrôle dessus, ce qui s'avéra plus compliqué. Il ne comprenait pas exactement pourquoi il se retrouvait dans cet état. Il avait fini P2, il n'avait pas gagné, était frustré, alors pourquoi avait-il l'impression de ressentir toute cette tension en lui, car ce n'était pas une tension dû au fait d'avoir perdu. Celle-là, il la reconnaitrait entre mille, mais ce n'était pas cela, non. Cette tension ci lui tordait le ventre, lui coupait la respiration, elle faisait accélérer son cœur, court-circuitait son cerveau sans demander son reste.

   Il rouvrit les yeux et se redressa sur sa banquette. Une idée lui vint alors en tête. Enfin, une idée... Plutôt une voiture noire et rouge, et surtout son pilote. Il se saisit rapidement de son téléphone et fonça dans sa galerie. Il trouva rapidement ce qu'il cherchait, une vidéo. Il la lança sans hésiter et ce qu'il y vit ne le laissa certainement pas de marbre. 

   Cette vidéo, c'était lui et Max, dans leur voiture respective, durant le Grand Prix de Grande-Bretagne de 2019. Un ami lui avait envoyé cette vidéo, qui reprenait les meilleurs moments de leur affrontement en piste. Il devait bien avouer qu'il la regardait de temps en temps. Il se trouvait tellement bon sur la piste sur ces images, à se battre contre Max. Les deux avaient livré une nouvelle bataille intense durant de nombreux tours, prenant et reprenant la place de l'autre tout le long de la course. 

   Des frissons apparurent sur les bras de Charles. Il se souvenait très bien du sentiment qui l'avait parcouru tout entier ce jour-là. Il était extatique, complètement plongé dans l'affrontement. Il courait avec 18 autres pilotes, mais durant cette bataille, il ne voyait que la RedBull au numéro 33. Et devant cette vidéo, il ne pouvait pas non plus détacher ses yeux de la voiture du Néerlandais. Cela faisait trois ans, et pourtant Charles revivait ses émotions comme à l'époque. Ce jour-là, c'est lui qui l'avait emporté sur Max, finissant devant lui. Pas premier, mais il s'en fichait, il était devant Max, alors rien ne comptait. 

   Mais pourquoi ces images réveillaient-elles ça au fond de lui ? Elles n'auraient pas dû. Ils avaient l'habitude de se battre en piste depuis l'enfance, rien ne sortant de l'ordinaire. Rien, mis à part le fait qu'ils se battaient désormais à plus de 300 km/h, et que cela faisait oublier tout le reste à Charles. D'aussi loin qu'il se souvienne, Max était le seul à n'avoir jamais provoqué cela en lui. Plus jeune, il l'irritait, profondément, avec ce petit air supérieur, comme s'il savait déjà qu'il était le meilleur. En grandissant, il avait appris à le respecter, puis l'apprécier. Max était plus que tout ce qu'il laissait paraître de lui. Profondément bon et compatissant, avec cette intelligence de course si rare. Charles ne comptait même plus leurs nombreuses conversations à la sortie des Grands Prix, commentant n'importe quel aspect de la course qui venait d'avoir lieu. Il reconnaissait que cela pouvait être étrange, ils donnaient l'impression d'exclure le monde de leur conversation, ce qui pouvait être très gênant pour le troisième pilote qui se joignait à eux sur le podium.

   Max, c'était ça, ce duel sans partage entre cet homme si bienveillant, hors de la piste, et ce pilote sans merci, qui se battait jusqu'au dernier tour. Charles devait concéder qu'il ne savait pas laquelle de ces deux facettes il préférait. La bonté de Max avait envahie sa tête tout comme ses gestes attentifs et ses mots choisis avec tant de soin. Cependant, lorsque Charles pensait au Max de la course, il percevait son regard déterminé, il entendait le ton de sa voix qui régnait à la radio, il distinguait ses gestes assurés dans sa monoplace, sûr de ses actions. Charles le confessait, le nouveau frisson qui le parcouru était totalement de la faute de Max. 

   Si sa face lumineuse, souriante, rayonnante, avait conquis son esprit, c'était bien sa face sombre qui empoignait son cœur.  

- Foutu Verstappen... 

   Il passa de nouveau une main dans ses cheveux, en penchant la tête sur le côté, comme vaincu. C'était ça, la tension, il l'avait bien compris désormais, et rien ne servait de se voiler la face. Sa main passa sur sa nuque, qui était couverte d'une fine couche de sueur. Il n'avait pas encore pris le temps de se laver, totalement absorbé dans ses pensées. Et lesdites pensées n'aidaient pas à garder sa température corporelle basse. 

   Ses yeux se posèrent de nouveau sur les images qui défilaient sur son téléphone. Il dut rapidement éteindre l'écran et écarter l'objet de lui, s'il n'arrêtait pas tout de suite, il risquait de prendre des décisions qu'il regretterait. Décision qui consistait surtout à rejoindre le plus tôt possible ce Foutu Verstappen, à le plaquer contre un mur et à abandonner toute forme de bon sens.  


   Charles se pencha vers l'avant, les mains couvrant les yeux, il essayait de faire le vide, en se concentrant sur l'obscurité, le silence, et en tentant de calmer sa respiration. "Merde", murmura-t-il, avant de s'affaler de nouveau sur sa banquette, rejetant la tête en arrière, un avant-bras couvrant ses yeux. Malgré toute sa bonne volonté, on aurait dit que son corps refusait de lui répondre. Son cœur battait vite et fort, sa respiration était superficielle, et il se demandait s'il avait toujours fait si chaud dans sa cabine. 

   Heureusement pour lui, avant que son esprit ne s'aventure dans d'autres coins sombres de son imagination, il entendit frapper à sa porte. Les coups étaient légers, mais clairs, le projetant de nouveau dans la réalité. Il n'avait pas envie de voir son équipe, ou Carlos, ou qui que ce soit, et il ne voulait surtout pas parler de données de course ou de performance dans cet état.

- Qui que ce soit, je ne veux voir personne pour le moment. En lieu et place du silence, ce furent trois nouveaux coups qui retentirent. Charles se redressa une nouvelle fois, laissant tomber son bras sur le bord de la banquette. 

- Carlos, si tu viens pour le débriefing, dis-leur que je viendrai plus tard, maintenant, va-t'en. 

- Et si ce n'est pas Carlos ? 

   Bien sûr. Il avait bien évidemment fallu que ça soit lui. Il ne comprenait pas ce que Max faisait devant sa porte, mais il hésita avant de lui dire d'entrer. Il n'était pas présentable, qui plus est si c'était Max. Il était sans doute aussi rouge que sa voiture, il mourrait de chaud, son cœur battait à tout rompre, et il se mettrait sûrement à bégayer devant Max. Pourquoi fallait-il que le Néerlandais se présente pile au moment où toutes les pensées de Charles étaient tournées vers lui ? 

- Je sais que ta porte n'est pas fermée à clé, Charles, mais si tu veux que je parte, alors je le ferais. 

   Charles fut surpris par son ton, plus bas que d'habitude, mais pas par ces paroles, Max lui demandait toujours, il le respectait tellement. Cela, associé à son prénom ainsi prononcé, fit sortir un long soupir de la bouche de Charles. Il ne voulait définitivement pas que Max parte.

- Entre, Max.

   Le Néerlandais lui obéit en franchissant le pas de la porte et en refermant derrière lui. Charles hésita entre se lever ou rester assis, il choisit la seconde option, pas certain que ses jambes le portent, et encore moins certain qu'elles ne le mèneraient pas directement dans les bras du champion du monde. Toutefois, pour sa propre santé mentale, il détourna rapidement le regard de Max. Il eut le temps d'apercevoir sa combinaison de pilote à moitié retirée, qui pendait à sa taille, révélant son thermique noir. Putain, qu'est-ce qu'il adorait quand Max portait ce thermique... 

- Charles...

- Pourquoi tu es là, Max, besoin de quelque chose ? Le coupa-t-il, sa voix tremblant légèrement.

   Ledit Max mit du temps à répondre lui aussi. Dans ce silence, alors que Charles tentait de contrôler sa respiration, c'est le souffle du Néerlandais qui lui parut désordonné. Il crut qu'il l'avait rêvé, jusqu'à ce que Max ne parle.

- Charles... Regarde-moi.

   Bien qu'il en avait terriblement envie, le Monégasque se retint à la dernière seconde. Il avait failli obéir à Max sans même y réfléchir, sans que l'information ne passe dans son cerveau. S'il relevait la tête et croisait le regard de Max, tout serait fini, il le savait. Il avait jeté son téléphone au loin, justement pour éviter de tenter le diable. Mais c'était nettement plus dur de résister quand le diable se présentait en personne à vous. 

- Charles, lève la tête et regarde dans quel état je suis à cause de toi. 

   La voix de Max n'avait rien d'accusateur, elle était juste...Grave, profonde, porteuse de beaucoup trop de sens pour que Charles ne les comprenne tous. Cette fois, il ne put qu'obéir, relevant doucement la tête. Et, bordel, il n'en croyait pas ses yeux. Là, ce n'était pas le Max lumineux en face de lui, loin de là. Lui qui avait du mal à calmer sa respiration depuis le début se retrouva le souffle coupé. 

   Max ne dit rien de plus, mais il n'en eut pas besoin, son corps parlait pour lui. Les muscles de son corps paraissaient plus détendus que ceux de Charles, mais tout dans les détails. Sa poitrine qui se soulevait à une allure trop rapide, parfois irrégulière. Ses mains, ouvertes, mais légèrement tremblantes, qui pendaient contre ses flancs. Sa bouche, entrouverte. Le scintillement de sa peau, signe de sa moiteur. 

   Charles, toujours assit, fit sans doute sa pire erreur, ou la meilleure, en laissant son regard être capté par celui de Max. Parce que, si son corps parlait déjà haut et fort, ses yeux, eux, hurlaient. Il lisait trop de choses dans ses pupilles dilatées. Il vit l'envie, si peu cachée, il vit le désir, si peu camouflé. Mon Dieu, pourquoi avait-il croisé ce regard ? Il ne pourrait plus jamais s'en détacher. Il était déjà persuadé que ce n'était pas le Max lumineux qui se tenait devant lui, mais c'était encore bien pire que cela, Max se tenait devant lui avec cette passion qui le rendait complètement dingue. Rien qu'avec ce regard, il avait éteint le cerveau de Charles et embrasait son cœur.

- Ca, c'est de ta faute. Soupira Max. Chaque fois que tu me défies sur cette piste, chaque fois que tu réponds à mes attaques, c'est toi qui attises ce feu. Je n'en peux plus Charles, ça fait si longtemps, si je ne fais rien, je vais finir par me consumer. 

- Max...

- Soit tu éteins cette flamme en moi, une bonne fois pour toutes, soit tu laisses mon cœur s'embraser pour toi.


   Le jeune Monégasque déglutit, fixant toujours Max dans les yeux. Se rendait-il seulement compte des mots qu'il venait de prononcer, de leur sens pour Charles, pour eux deux ? Charles reprit une respiration qu'il ne pensait pas avoir stoppée. Il voulait réfléchir, prendre le temps de décider ce qu'il devait faire. Mais comment faire quand Max Verstappen est devant vous, avec ce regard, avec ces mots, si déterminé, si fort, si...Lui.  

   Charles avait toujours réussi à faire preuve de bon sens, de distinction. Il avait su gérer ces émotions durant si longtemps. Il avait fait preuve de retenue, tellement de fois, en tellement d'occasion qu'il ne pouvait plus les compter. Il risquait de perdre leur amitié, leur relation durement mise en place, il risquait des problèmes avec les écuries, avec les sponsors, avec la F1. Max Verstappen valait-il la peine qu'on prenne autant de risques pour lui ? La réponse lui vint clairement, éteignant tout ce qui restait de ses barrières. Oui. 

   Alors Charles se leva, ses jambes ne tremblaient plus. Il s'approcha de Max, se plaçant devant lui, à quelques centimètres à peine. Il le fixa droit dans les yeux, il espérait que Max lirait aussi dans ses yeux tout ce qu'il ne lui avait pas encore dit. 

- Laisse-le.

- Quoi ?

- Le feu. Laisse-le brûler. 

   Charles passa une main dans la nuque de Max, et l'autre rejoint le creux de ses reins. Il attira l'homme à lui et posa ses lèvres sur les siennes. Max posa ses mains sur la taille de Charles, en répondant ardemment au baiser. Charles eut l'impression que son cœur voulait sortir de sa poitrine et rejoindre celui de Max, sa prise se fit plus forte sur sa nuque, tandis que leurs lèvres bougeaient ensemble, enfin scellées. Bon sang, pourquoi n'avait-il pas fait ça plus tôt ?

   Le baiser dura aussi longtemps qu'ils le purent, avant de devoir absolument reprendre leur souffle. Cependant, ils ne restèrent pas longtemps séparés. Les mains de Max, auparavant sur sa taille, passèrent dans son dos et l'enlacèrent, les rapprochant encore plus l'un de l'autre. Leurs lèvres se joignirent de nouveau. Ce baiser n'avait rien d'innocent, rien. Par lui, chacun pouvait sentir les sentiments de l'autre se mêler aux siens. Aucun ne savait plus quand et où il se trouvait. Tout ce qu'ils sentaient, c'était la présence de l'autre, et ça leur suffisait. Là, dans ces bras, Charles se sentait aimé, profondément. Il connaissait Max et Max le connaissait, parfois mieux que lui-même. Charles n'avait pas peur, plus maintenant, pas quand Max le tenait si fort contre lui, pas quand Max l'embrassait avec cette passion. 

   Il appuya un peu plus le baiser et un sourire gagna ses lèvres. Ils se séparèrent de nouveau, jamais bien loin, leur front collé. Pour la première fois depuis longtemps, Charles se sentait en paix avec lui-même. Et il avait l'intime conviction que Max ressentait la même chose, ce qui lui suffisait amplement. 

- Oui. Laisse ton cœur brûler pour moi, car le mien brûle déjà pour toi depuis longtemps. 





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