The Cambridge Case

— Donc en se voit dans deux heures?

Niall avait une pratique de soccer, mais je ne pouvais pas l'y accompagner. Enfin, si, je pouvais, mais il fallait qu'il y'ait le moins de doute possible dans l'esprit de son père, pour qu'il ne découvre pas qu'on sortait ensemble.

— Parfait, on se retrouve chez moi?

Il hocha la tête et sans y penser, je m'avançai pour l'embrasser, mais il recula.

— Je...il faut que j'y aille, balbutia-t-il avant de s'empresser à partir.

Je soupirai en replaçant mon sac sur mes épaules. Ça faisait presque deux ans qu'on sortait ensemble et il agissait toujours de la même façon. Il m'avait expliqué dès le début de notre relation, qu'on ne pourrait pas vraiment s'afficher parce que les membres de l'équipe de soccer (football) ne pouvaient pas être en couple. Le coach considérait qu'en plus du sport, les filles seraient une distraction de trop pour leur réussite scolaire. Petit problème, le coach était aussi son père, donc même aller chez lui était impossible.

— C'est pour toi! Cria ma mère depuis le salon.

En vitesse, sachant de qui elle parlait, je sortis de ma chambre pour aller accueillir Niall.

— Hey, désolée pour le retard, ça été plus long que prévu.

— Ça l'ait toujours.

Je lui tirai la langue puis marchai en direction de ma chambre jusqu'à ce que je remarque qu'il ne me suivait pas.

— Quelque chose ne va pas?

Il soupira en regardant ses souliers, puis ramena son regard vers moi.

— Désolé pour tantôt, je crois que je deviens parano. J'ai l'impression que mon père voit absolument tout ce que je fais.

— Au moins t'es sûr qu'il n'est pas ici, rigolai-je en lui donnant un furtif baiser.

— Tu as peint ta chambre ou ç'a toujours été comme ça et j'ai jamais remarqué? demanda-t-il en prenant place sur le lit.

— Le blanc était trop fade à mon goût alors j'ai changé bleu, répondis-je en m'installant dans ses bras.

— Bon choix.

Je souris sans répondre pendant qu'il jouait avec mes cheveux.

— Niall?

— Hmm?

Je comprenais qu'il tienne à conserver sa place dans l'équipe de sport, mais en même temps, ça me tuait de ne pas pouvoir passer plus de temps avec lui. Je ne voulais pas non plus passer pour la fille égoïste...

— Je sais que c'est dur, il murmura, devinant ce dont je voulais lui parler, mais l'année prochaine on aménage ensemble. Un peu moins qu'un an à tenir.

Il avait raison. On avait planifié tout ça avec mes parents et la mère, qui elle encourageait notre couple. On avait tous deux envoyés nos candidatures à l'université McGill et passés nos entrevues. Niall avait reçu une réponse positive, mais moi n'en avait encore reçu aucune.

Driing

Le téléphone sonna et je sursautai légèrement. C'était sûrement McGill.

— Oui allo?...Oui c'est moi... Vraiment?! C'est génial...mais je ne peux pas... J'emménage avec mon copain... Oui, McGill aussi...Horan, Niall Horan...d'accord... Vraiment?...Parfait merci beaucoup!

— C'était qui?

— McGill!

— Vu ta face j'imagine que ce sont d'excellentes nouvelles?

— T'imagines même pas. Je leur avais dit pendant l'interview que je voudrais aller à Cambridge mais que c'était loin et que mes notes n'avaient rien d'époustouflant. Et la madame vient de me dire que mon dossier était super intéressant malgré tout et qu'ils s'étaient arrangés avec Cambridge pour que j'aille là bas. Et quand je lui aie dit que je pouvais pas accepter parce qu'on aménageait bientôt ensemble, elle a dit qu'elle te transférait à Cambrdige aussi, si tu es d'accord, et qu'elle nous aiderait à nous trouver un endroit là bas.

Les yeux de Niall étaient agrandis par la surprise et moi j'étais épuisée d'avoir parlé aussi vite pour dire tant de choses.

— Tu veux dire que l'année prochaine, on va à Cambrdige ensemble?

— Ouiiii!!

— Cambridge. J'arrive pas à y croire, Cambridge, j'ai été accepté à Cambrdige, répétait-il en extase...

...

— J'ai été accepté à Cambridge.

— Vraiment?! Mais c'est génial! S'exclama son père.

— Mais je ne continuerais pas le soccer là bas.

La phrase qui tue. Son père lâcha ses ustensiles, légèrement plus rouge.

— Comment ça tu arrêtes le sport? Tu adores le soccer depuis que t'es tout petit!

Tout d'un coup, je regrettais d'être là. J'étais seulement venue faire un travail d'équipe, et les parents avait insisté pour que je reste souper. Et voilà que maintenant j'étais coincée dans un conflit de famille qui risquait de mal finir à coup sûr, super.

— Oui, mais... J'aime ma copine encore plus.

En entendant ça, je faillis recracher ce que je mangeais. Pas très élégant, en effet, mais je n'étais pas la seule qui était sous le choc. La mère avait un sourire en coin, s'étant toujours demandé quand Niall aurait le courage d'affronter son père, et ce dernier avait des rides apparaissant sur son front à cause de la colère.

— Quelle copine?

Niall me serra la main et le père, en regardant à tour de rôle le visage déterminé de Niall et le mien rouge tomate, finit par faire deux plus deux.

— Elle?

Il hocha légèrement la tête, et le père se tut pour absorber la nouvelle. Un silence pesant s'ensuivit, silence trop lourd pour que je puisse le supporter une seconde de plus. Je me levais soudainement.

— Je vais...

— Tu ne vas nul part ma belle, coupa Niall catégoriquement en m'empoignant par le bras.

Sous la force de sa poigne, je fus obligée de me rassoir, gigotant sur ma chaise, mal à l'aise. Le père  me fixait comme si j'avais fait de leur fils un monstre puis le regardait comme s'il ne le reconnaissait plus. Le long silence fut brisé par un tout aussi long soupir de sa part.

— Et ça fait combien de temps?

— Presque deux ans, répondit Niall sans flancher sous le regard sévère de son père. Et on a l'intention d'emménager ensemble, répéta-t-il.

Tant d'informations en même temps, franchement, il ne le ménageait pas.

— Comment ça emménager ensemble?

La voix se faisait plus grave et plus forte, et j'eus des frissons dans tout le corps en réalisant que son père me faisait peur.

— Elle aussi a été acceptée à Cambridge. En fait, c'est surtout grâce à elle que j'ai été accepté là.

— Tu...

— Alors, coupa Niall, soit tu me laisses emménager en Angleterre avec elle et je continue le soccer, soit tu m'empêches d'être à l'école et j'arrête le sport à McGill.

C'était un ultimatum et son père l'avait compris. Et ça ne lui plaisait pas. À Niall non plus, même s'il ne le montrait pas. Il aimait le soccer, ça l'avait suivi toute sa vie, mais il savait que c'était le meilleur moyen de forcer son père à le laisser emménager avec moi.

— On a déjà trouvé un endroit, maman est d'accord et ses parents aussi, rajouta Niall.

Ce fut comme un combat invisible. Le père fixait le fils et aucun des deux ne détournait le regard. Puis, las, comprenant qu'il avait perdu dès que sa femme avait donné son ok, le père secoua la tête.

— C'est vrai ce qu'il dit?

Sa femme hocha la tête.

— Écoute, tu ne vas pas les empêcher de s'aimer, il n'y a pas que le sport dans la vie. Et on parle quand même de Cambridge, c'est pas rien.

Le regard de l'homme s'adoucit un peu.

— J'imagine que tu as raison.

Et sans rien dire d'autre, il quitta la table.

— Ne vous inquiétez pas, il s'en remettra, assura la mère de Niall.

J'espérais qu'elle avait raison...

— Je suis tellement content que tout soit enfin réglé, confia Niall quand j'eus finis de mettre mon manteau, prête à rentrer chez moi.

— Moi aussi! Je t'aime Niall.

— Je t'aime aussi, murmura-t-il avant de m'embrasser longuement.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top