8- Un lien particulier

De retour dans la bâtisse de la ville de Pharekth, Draguir s'éveille dans la lumière baignée de soleil en entendant des ronflements sonores. Il se frotte les yeux avant de se lever, grognant sur la personne faisant un tel boucan. Il se dirige vers une vasque et se rafraîchit le visage pour se réveiller.

— Déjà levé ?

Méric est sur le pas de la porte transportant des seaux d'eaux qu'il déverse dans les autres vasques.

— J'ai dormi combien de temps ? Grogne Draguir irrité par le son persistant dans l'autre pièce.

— Une journée et demie, répond son ami avant d'ajouter, j'ai apporté de l'eau à ton destrier, il est aussi bougon que toi au réveil, rit-il.

Le fauconnier sourit faiblement, connaissant son destrier qui n'aime pas rester statique dans un même lieu, préférant galoper en toute liberté. Il s'assied après avoir récupéré de quoi se rassasier et demande :

— Qui s'est qui ronfle comme ça ?

— Luka, il est rentré tard cette nuit, répond Méric, la mine sombre.

Draguir fronce les sourcils, devinant que les choses ne se sont pas passées comme prévu, et incite Méric à développer la bouche pleine. Celui-ci soupire en attrapant un bol et en se servant à son tour. Il prend le temps d'avaler une cuillère de riz aux épices Pharien avant de joindre ses mains devant son visage pensif :

— Ce n'est pas bon, commence-t-il.

— De quoi ? La nourriture ? Ça, je le savais déjà, rétorque Draguir pour le charrier.

Il secoue la tête, exaspéré par sa connerie :

— Tu n'en rates pas une toi, crache-t-il.

Son ami lui sourit en plissant les yeux de malice.

— Luka est revenu affolé, explique Méric, il n'a pas pu me faire de retour sur les autres avant de s'écrouler de fatigue. La seule chose qu'il a réussi à articuler est qu'ils ont avancé.

— Avancé ? Qui ça ? interroge le fauconnier perplexe.

— L'armée de feu, lâche-t-il après un soupir.

Sa cuillère tombe sur le sol en découvrant que les hommes de feu, réputés pour maintenir une barrière infranchissable à Voltamur, sont sortis de leurs zones pour marcher sur les plaines.

— D'après les renseignements que j'ai pu obtenir des habitants, ils ont cessé le trafic naval, car se rendre sur les terres vertes devient de plus en plus dangereux. Plus aucun bateau ne traverse la mer Azura.

— Mais que cherche-t-il à la fin, je ne comprends pas ? crache Draguir perturbé par ces informations.

— Ils cherchent les déesses et Sophia, informe une voix dans leur dos.

Luka descend les marches après s'être réveillé, il a une mine déconfite due à un sommeil agité. Passant torse nu à côté de ses compagnons pour se rafraîchir, Draguir remarque une griffure profonde sur ses côtes.

— Tu t'es blessé ? demande Méric, inquiet.

Le loup s'arrête et regarde la blessure en grimaçant et rechignant :

— Je vais finir par le tuer !

— Comment t'es-tu fait ça ? interroge Draguir.

Luka s'assied à son tour, un godet en main, puis entame son explication :

— J'ai pu me rendre à Cascalaris, qui devient de plus en plus difficile d'accès. Les autres vont bien, ils essayent de trouver un moyen de protéger la population des attaques incessantes des rabatteurs qui capturent davantage d'esclaves.

— J'espère qu'ils arrivent à les repousser, soupire Méric.

— Avec l'ancien fondateur des boucliers de givre, oui, mais ils commencent à peiner dans leurs défenses, répond sérieusement le loup.

Draguir se retient d'écraser la tête de Luka contre la table quand il l'entend boire son eau avec autant de bruitage de déglutition. Il attend patiemment qu'il poursuive son récit :

— En repartant, j'ai été faire du repérage avec Jackiel. Sur le terrain, avec son pouvoir, il est facile pour nous de nous échapper et c'est là que nous avons vu une vision effroyable.

— Qu'as-tu vu ? s'enquiert Méric, intrigué.

Luka prend une grande respiration, les mains crispées sur son godet :

— La chaîne de montagnes de Blackvoïd est en feu, de la lave coule le long des flancs rocheux. La plaine a commencé à brûler. Ils entassent des cages par centaine avec des prisonniers hurlants à l'agonie. Des hommes, des femmes, des enfants, termine-t-il dans un souffle en tremblant de colère.

— Nom d'une déesse, s'exclame Méric.

La surprise funeste qui sévit près de Blackvoïd fait pâlir les compagnons face à l'horreur que leur décrit Luka. Le loup leur explique qu'en contournant les ennemis, ils avaient croisé Félix. Grâce à Jackiel et à son don, il a pu en réchapper de justesse avant de revenir ici avec un petit souvenir du félin.

— Cerulazu est encore épargné, mais pour combien de temps, je n'en sais rien, commente-t-il avant d'ajouter, j'ai surpris la conversation de deux jeunes rabatteurs qui se vantaient d'avoir trouvé le moyen pour capturer les déesses et la jeune force, comme ils l'appellent en parlant de Sophia et d'extraire leurs pouvoirs.

Un silence pesant s'installe autour de la table, pensant à la situation compliquée que subissent les habitants de l'autre côté de la mer. Draguir espère fortement que si Sophia revient sur Imaginarium, elle n'atterrisse pas dans les lignes ennemies, mais il grimace en pensant à la poisse qu'elle se traîne.

— Effectivement, ça se complique, annonce Méric, perdu dans ses pensées.

Il se redresse et fixe intensément le fauconnier qui ne saisit pas de suite sa demande silencieuse.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-il, interrogateur.

— Tu n'as pas un rapport à nous faire sur ce qu'il s'est passé auprès des autres ? s'enquiert-il agacé par sa perte de mémoire.

— Ah oui ! Il sourit de toutes ses dents en se fichant de sa poire.

Méric se tape la main contre son front, dépité par mon éternel comportement. Draguir leur fait un état de ce qu'il s'est passé sur Terre auprès de sa petite sauvageonne. La soirée, la balade nocturne... Il n'épargne pas les détails et arrive au moment du bosquet sur l'île :

— Elle a toujours ses pouvoirs, ce qui me rassure, explique-t-il à ses compagnons, mais elle avait l'air d'être contrôlée par Gan.

Devant leurs mines surprises, il développe :

— Le destrier ayant traversé le portail avec le rejeton de H, n'est autre que Gan. Il semble être à la recherche de l'épée également. De plus, j'ai pu obtenir deux informations importantes pendant notre entretien musclé.

— Et qu'en est-il ? demande Méric, impatient de le découvrir.

— D'un, le nom de H. Gan pensait que je ne l'avais pas relevé, mais si. Notre ancien maître s'appelle Hellakiel.

— Ce nom ne me dit rien, annonce Luka, ce mec ou cette chose n'est pas de ce monde.

Ces compères confirment sa suggestion sur l'origine de H. Draguir se garde d'en dévoiler plus, remarquant pendant son affrontement que Gan semblait d'en savoir énormément sur leur maître et reprend pour détourner leurs attentions :

— Ensuite, il m'a donné un indice sur l'objet de notre quête, comme il l'a si bien nommé.

— Qu'est-ce qu'il en est ? sollicite Luka, curieux.

— L'un ne peut fonctionner sans l'autre, un truc comme ça.

— Il parlait de l'épée ? questionne Méric.

Draguir acquiesce, se souvenant que le fauconnier de sable la recherchait également avant d'être interrompu par une force mystérieuse. Méric et Luka émettent des hypothèses concernant l'indice que leur compagnon leur a donné, tandis que celui-ci repense à sa dulcinée perdue dans le bosquet où se trouvait Gan.

— L'un ne va pas sans l'autre, réfléchit à haute voix Luka.

Méric est complètement dans le flou, entendant le loup répéter sans cesse la même phrase.

— L'épée doit sûrement être complétée par un autre objet, mais lequel, si nous avions ne serait-ce qu'un visuel de cette épée, nous saurons ce qu'il lui manque, fait remarquer le sac à puces.

— Nous ne l'avons jamais vu, on ne s'est pas à quoi elle ressemble, soupire Méric.

Luka baisse le regard, faisant mine de réfléchir, pendant que le fauconnier se lève pour aller enfiler un t-shirt. Le loup se cramponne la tête en tapant du pied, agaçant fortement Draguir qui soupire bruyamment contre ses agissements. Ignorant les piques de son collègue, Luka se redresse d'un coup en renversant sa chaise :

— J'ai trouvé, s'exclame-t-il tout sourire.

— Et ? répètent en chœur ses compagnons.

— Nous l'avons déjà aperçu, dans la caverne de givre à Blasqueen lors du réveil de Herba, indique-t-il.

Un meuble tombe à la renverse, perturbant la réflexion de Draguir et de Méric. L'ancien chef des rabatteurs attrape son bâton et le braque devant lui alors que Luka se vide de ses couleurs. Quant au fauconnier, il se retourne en levant le bras pour attaquer l'intrus. Son geste se suspend dans son élan quand il découvre Sophia chancelante devant eux en tenant sa tête désorientée.

— Sophia ? murmure-t-il, surpris de la voir ici.

Elle fronce des sourcils et se tient au mur pour se maintenir debout alors que Draguir s'approche d'elle pour l'aider à se diriger vers le lit. Reconnaissant l'accoutrement de la soirée à laquelle il avait assisté, il se retourne vers ses amis pour les rassurer :

— Vous n'avez rien à craindre, contrairement aux apparences, ce n'est pas Gothika, mais Sophia, affirme-t-il avec sérieux.

Le regard de Luka se met à pétiller et sans que Draguir s'en rende compte, le loup se jette sur elle pour la serrer dans ses bras. D'abord surprise, Sophia accueille son étreinte chaleureuse, un peu bouleversée. Le fauconnier en colère agrippe le loup par la peau du cou et le relève sèchement en lui crachant :

— Laisse-la respirer, tu ne vois pas qu'elle est sonnée !

Luka va pour rétorquer, mais en prenant acte de l'état de son amie, il se retient d'affronter le fauconnier à son sujet. Satisfait de sa résignation, Draguir apporte de l'eau à sa sauvageonne qui accueille dans un sourire timide son geste. Méric la regarde méfiant, tenant sa position devant la jeune femme qui l'a berné sur les falaises de Blackvoïd, mais surtout quand il l'a vue la première fois au refuge, insensible au pouvoir d'Alex.

Le fauconnier s'assied près d'elle en remarquant son état d'épuisement et les bandages lui couvrant une partie de son corps. Il la prend dans ses bras, effleurant son dos avec son pouce, provoquant des frissons à la demoiselle qui se remet les idées en place. Elle scrute la pièce où elle se trouve et remarque, Méric, qu'elle fusille du regard :

— Tu pourrais baisser ton bâton, je viens de m'en prendre un similaire dans la tête et je ne peux pas me permettre d'avoir d'autres blessures, crache-t-elle à son intention.

Il se recule, surpris et baisse lentement son arme en pâlissant devant la tirade de la demoiselle :

— Tu... non, c'est impossible, chuchote-t-il en baissant la tête.

Sophia se tourne vers Draguir et l'invite à l'écouter attentivement :

— Draguir, je suis de nouveau dans le coin, par contre une personne est venue à ma rencontre et j'ignore qui c'est. Je sens que je retourne dans mon corps, donc les seules indications que je peux te donner pour que tu me retrouves au plus vite sont : un bosquet d'arbres morts au milieu d'un désert.

Il hoche la tête devant son empressement, puis elle se tourne vers les autres :

— Luka, j'ai hâte de te revoir en chair et en os, sourit-elle à son intention.

Elle se lève en chancelant légèrement, puis regarde une dernière fois Méric :

— Tu as le même regard que ta mère, maintenant, veuillez m'excuser, mais j'ai un cul à botter.

Elle sourit autant mélancoliquement que déterminée avant de disparaître. Son apparition brève les a complètement déstabilisés, mais Draguir devine sans mal l'endroit où elle se trouve et se lève à la hâte pour préparer des sacs.

— Tu sais au moins où chercher ? s'enquiert Luka.

— Oui, et vous allez venir avec moi, le lieu qu'elle m'a décrit, je le connais et si l'on part maintenant, on pourra la retrouver, répond-il en souriant.

Ils le regardent perplexe et le suivent sans en rajouter en fermant derrière eux. Draguir se dirige vers son destrier qui a senti que le départ est annoncé en piétinant le sol d'excitation. Luka se transforme pour pouvoir porter Méric sur son dos et chacun enfile une cape et un foulard sous la chaleur ardente du soleil.

Leur destination est séparée par un désert aride où les tempêtes de Cycla font rage même sans sa présence dans son domaine. D'un coup de talon sur le flanc de l'animal qui se braque, les compagnons galopent vers Sophia.

* * * * *

Affrontant une tempête de sable, Luka grogne de mécontentement en recevant de la poussière dans les yeux et la gueule. Il avance péniblement en calant sa tête sur le côté, transportant difficilement Méric sur son dos qui se protège sous son capuchon.

Draguir les suit sur son destrier, couvrant les parties sensibles de sa monture avec un voilage noir, permettant à la bête de voir où il va sans être gêné par le sable. La traversée est longue et périlleuse, surprenant le groupe par un caprice de la déesse des tempêtes qui, sans être sur place, s'amuse à créer des catastrophes qu'elle balance par la suite sur les habitations.

La situation n'arrange pas le fauconnier qui peste sous son foulard après avoir vu la projection alarmante de Sophia. Elle avait l'air de ne pas se trouver seule là où elle se trouve, et ne sait pas comment elle va réagir en face de l'intrus.

— Nous devons trouver le moyen d'accélérer, hurle-t-il sous son foulard pour me faire entendre.

— T'es mignon quand tu t'y mets, toi, rétorque Méric en plissant les yeux. Tu as vu ces rafales ?

Draguir plisse les yeux face à la remarque de son ami. Il préfère cent fois affronter les tempêtes de neige de Blasqueen, plutôt que celle-ci. Mais, sa réflexion quand il sent la patte de son destrier s'enfoncer dans un sable mouvant. Il tire sur son mors pour l'aider à se dégager, mais rien n'y fait. Il ne voit pas à deux mètres devant lui et ne sait pas si le soleil est toujours haut dans le ciel ou non.

Refusant de laisser sa monture sur place, il interpelle ses compagnons en leur indiquant de continuer sans lui. Cependant, une sensation étrange lui parcourt l'échine comme un feu se débattant pour s'échapper de la noyade. Il sent que sa sauvageonne n'est plus très loin, en revanche, il se trouve bloqué avec son destrier dans cet endroit de malheur.

— Draguir ? interroge Méric, inquiet.

— Nous devons repartir et vite ! cri-t-il sentant l'angoisse l'envahir.

Il ne faut pas plus d'une seconde de réflexion à Luka pour comprendre l'empressement soudain du fauconnier, et se met à courir sans laisser le temps à Méric de répliquer quoi que ce soit.

Draguir les regarde disparaître dans la tempête, effacer par un épais nuage de terre. Il descend de sa monture qui pose son front contre son épaule en le repoussant.

— Hors de question que je te laisse ici, peste-t-il en posant les poings sur mes hanches.

La bête le supplie du regard de le laisser sur place, serrant le cœur de Draguir de désarroi. Il se refuse d'abandonner sa monture, cet acte est au-dessus de ses forces.

Un lien particulier unit un fauconnier à un destrier, les mettant chacun sur un pied d'égalité. Si l'un est en danger, l'autre en souffre et se doit d'intervenir, hormis quand un certain ordre est donné.

Draguir pose sa main sur le cou de la bête, caressant son doux pelage ténébreux. Puis il pose son front contre le sien. La peur de rester seul dans ce désert se ressent dans les tripes de l'animal. Pourtant, il sait que plus son maître reste ici à l'aider, plus il perd du temps à venir en aide à la déesse. De son museau, il repousse Draguir en le chassant pour qu'il accomplisse sa mission.

Mais ne l'entendant pas de cette oreille, le fauconnier revient à la charge, tirant de force sur les rennes. Le destrier hennit de mécontentement et renouvelle sa charge, plus énervée, en se débattant dans le sable. Draguir retente une dernière fois, mais l'attaque de la bête le fait tomber à la renverse.

S'opposer à un destrier revient à accepter que l'homme soit fou. Néanmoins, le piège mortel dans lequel la bête s'enlise l'épuise fortement alors qu'il emploie ses dernières forces pour repousser son maître. Au travers de son regard déchirant, Draguir voit la vie de sa monture défiler, ressentant la joie, la dureté, la tristesse, mais de surcroît la douleur de la séparation.

Il sait que la bête ne veut pas l'abandonner, ressentant tout à travers leurs liens si particuliers. Il tape du poing sur le sol, impuissant face au sable mouvant qui aspire le destrier dans les profondeurs de la terre. La souffrance du sable mou mordant la peau de la bête, lui lacérant les pattes, le fait hennir de douleur.

— Je suis désolé, souffle Draguir désespéré de devoir le laisser mourir là, seul.

Il déploie ses ailes, faisant voler un nuage de sable autour d'eux, alors que son cœur hurle de douleur face à cette décision plus que pénible. Surtout quand son destrier lui lance un regard de gratitude avant qu'il ne s'élève dans les airs.

Ses ailes l'emportent au-dessus de la tempête, laissant les nuages brunâtres recouvrir le corps du destrier. Draguir regarde en direction du bosquet pour évaluer la distance restante en apercevant que le jour décline. Il serre fermement ses poings avant de prendre sa décision.

— Ça ne va pas se passer comme ça !

Il plonge en piqué à l'endroit où gît la bête, transperçant les nuages par la force de ses ailes. Le destrier tente de lui-même de se sortir de ce guet tapant, aggravant son cas au fur et à mesure qu'il bouge. La bête est surprise quand son maître atterrit sur son dos, remuant son museau dans tous les sens pour le repousser. Mais, Draguir lui répond avec hargne contre ses tentatives :

— Tu vas apprendre à voler, donc je te conseille de te tenir tranquille.

Le destrier se fige d'un alors qu'un sourire espiègle se dessine sur les lèvres du fauconnier, sentant la noirceur se propager dans ses veines. Il entoure ses bras autour de la partie du corps non ensevelie et se met à battre puissamment des ailes.

— Tu as pris du poids, mon gros, lance-t-il, la mâchoire crispée par ses efforts.

Un à un, les os de Draguir se disloquent au fur et à mesure qu'il tire sur le destrier, forçant son corps à repousser ses limites pour libérer sa monture des entrailles de la Terre. Ses efforts surhumains commencent à payer en sentant le corps de la bête venir vers lui. Ses ailes ne baissent pas d'intensité bien que la tempête se soit calmée autour d'eux.

— Encore un effort, raille-t-il, la gorge enrouée.

Le corps du destrier se dégage subitement de la terre, propulsant lui et son maître à plusieurs mètres au-dessus du sol. Draguir rattrape de justesse sa monture et admire le paysage que leur offre le coucher de soleil à cette hauteur. La bête n'est pas à l'aise en voyant le sable et les nuages défiler sous ses pattes. Cependant, il transmet sa gratitude à son maître qui, malgré ses repousses, ne l'a pas abandonné.

Tous deux arrivent difficilement près du bosquet, apercevant Luka arriver à la lisière de celui-ci. Mais, ce qui intrigue le plus le fauconnier, c'est de voir Méric sauter du dos du loup et de foncer dans le bois sans prendre de précautions, suivies de Luka sous sa forme humaine.

Délicatement, il dépose son destrier sur le sol, l'intimant à se protéger. Il se redresse face au bosquet en ressentant une puissance phénoménale se dégager des branchages avant de secouer la tête et de s'avancer à son tour dans le lieu. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top