43- La fin de Hellakiel
Au fond des tunnels des mines de Blackvoïd, les cellules accueillent les prisonniers étouffant par la chaleur s'y dégageant, alors que la lumière n'y pénètre pas. Dans l'une d'elles, le plus reculé des autres, Sophia est allongée sur le dos privé de ses pouvoirs, et regardant le plafond dans le vide.
Sa dernière attaque l'a complètement vidé de son énergie, mais elle ne se pose pas la question de qui a pu échapper à l'énième désastre qu'elle a provoqué. Son humeur reste inchangée, tout comme son objectif : tuer Hellakiel.
Elle se touche machinalement le poignet, ressentant de plus en plus l'absence d'Evy. Elle sait que c'est le fauconnier de l'ombre qui s'en est emparé à son insu, pendant qu'elle était à Destria. Mais ce ne sont là que les bribes de souvenir que lui a modifié Gabriel dans sa mémoire.
Quand elle tente de visualiser le fauconnier, cela lui est impossible de mettre un visage dessus, ne laissant qu'une ombre apparaître devant ses yeux. Pourtant, elle se sent mal à l'aise en sa présence, sans savoir comment elle doit se comporter avec lui. Devrait-elle le tuer ? C'est une proposition qu'elle trouve alléchante, mais au plus profond d'elle, une voix lointaine lui indique de ne pas le faire.
Elle se lève et cogne son pied contre un caillou, qui dans l'obscurité et le silence pesant que lui offre ce lieu, ricoche de façon sonore contre les parois. Le cliquetis de la serrure résonne contre la porte avant de s'ouvrir. Les torches du tunnel font vaciller la lumière qui se faufile à l'intérieur de la cellule. Sophia se cale dans un coin en silence, forçant ses yeux à se réhabituer à la luminosité, faible, est-elle.
— Elle se planque.
— Je voudrais y aller en douceur cette fois-ci, annonce Keith, ne me fais pas comme la dernière fois.
— Tss.
Les deux rabatteurs entrent dans la cellule et la fouillent du regard avant que leurs yeux ne se posent sur la jeune femme. Elle s'est adossé au mur opposé, s'agrippant à la roche, ne comprenant pas pourquoi les deux geôliers si loquaces lors de son premier séjour, ne prononce aucun mot.
— Vous comptez rester planté là ?
Les deux hommes sursautent en la présence de Draguir qui arrive derrière eux. Quant à Sophia, elle sent ses poils se redresser aussi sec en ressentant d'innombrables frissons. Le fauconnier pénètre dans la cellule, encapuchonné sous sa cape noire. Son visage est recouvert d'un foulard de la même teinte, tandis que dans ses yeux, les ténèbres s'y propagent tel un tourbillon de désespoir.
La peur prend les tripes de la jeune femme sans crier gare. C'est lui qui, dans ses souvenirs de cet homme grand, hante ses rêves en les modelant à sa guise en de profonds cauchemars. Il attrape les menottes d'un geste sec dans les mains d'Alex, qui ne pipe mot. Pas de réplique cinglante de sa part, alors que Sophia avait déjà eu affaire à une altercation entre les deux, et il ne se laissait pas démonter. Tout comme elle, il tremble de peur.
Une goutte de sueur froide tombe dans la nuque de la demoiselle quand il s'approche un peu plus d'elle. Sa prestance macabre bloque la lumière, recouvrant ainsi son visage d'une pâleur sans pareil par l'ombre de sa capuche. Sophia tente de reculer, alors que son palpitant s'accélère anormalement, mais le mur lui colle déjà le dos. Dans a panique, elle lance son bras en avant, voulant invoquer une onde de feu, mais aucune magie ne se propagent.
Son corps tremble comme une feuille quand sa main glacée attrape son poignet pour enclencher une menotte. Il se rapproche un peu plus et lui attrape avec force son deuxième bras, et enclenche l'autre menotte. La paire est reliée par une chaîne assez lourde qui force ses bras à retomber à cause du poids. Draguir s'affaire en silence d'attacher la chaîne aux menottes, puis tire un coup sec dessus pour décoller la jeune femme du mur.
Ils se rapprochent des deux rabatteurs, qui, depuis le début, regardent leurs collègues. En passant devant eux, Alex murmure à Keith :
— Il n'est plus aussi tendre avec elle qu'autrefois. Depuis qu'il est revenu, il est plus flippant que Gan.
Draguir s'arrête, tandis que Sophia se cogne contre son dos. Elle relève la tête et aperçoit le bras du fauconnier se lever et se découvrir. Les veines d'un noir profond ressortent de sous sa peau apparente entre la cape et le gantelet, alors qu'une se propage se sa paume. Celle-ci s'entoure autour du cou d'Alex et force ses pieds à décoller du sol.
Alex s'agrippe au cou, virant au bleu à mesure que le souffle lui manque. Ses yeux, si provocateurs à la base, se révulsent. Keith tente de défaire la prise pour le libérer, mais rien n'y fait, la main du fauconnier se resserre sur elle même. Son objectif est de broyer la nuque d'Alex, mais il est interrompu par un toussotement qui lui fait lâcher prise. Le rabatteur retombe au sol, inconscient.
— Keith, emmène Alex à l'infirmerie en expliquant ce qu'il vient de se passer, annonce Méric qui a interrompu Draguir.
Le jeune métis hoche la tête en reprenant son sérieux, tandis que Sophia tente de voir qui a donné l'ordre, mais elle fait face au dos imposant de celui qui tient ses chaînes. Sa présence lui glace le sang d'une force incroyable, alors qu'elle se penche sur le côté pour voir la personne et reconnaît sans mal le chef des rabatteurs.
Méric tourne la tête vers elle, puis analyse ses mouvements pour voir si elle ne va pas tenter quelque chose de stupide. Mais, il reporte son attention sur le fauconnier qui n'a pas bougé d'un pouce. Il lui fait un hochement de tête et l'invite à le suivre. Sans ménagement, Draguir tire à nouveau sur les chaînes, ce qui entraîne Sophia avec force en avant.
Ils empruntent un dédale de couloirs rocheux qu'elle avait parcouru en partie lors de sa première tentative d'évasion. Cela s'était résolu par un échec. En regardant sur le côté, elle aperçoit des cavités où de nombreux esclaves martèlent la roche pour y extraire des gisements de pierres précieuses. Plusieurs espèces sont présentes, des femmes et des hommes, aux métamorphes. Des jouets animés, aux fées rencontrées au refuge, tandis que les enfants et les vieillards ne font pas exception à la règle.
Sophia se rend compte qu'elle s'est arrêtée, quand ses bras se tendent avec violence en avant, provoquant un craquement douloureux dans ses épaules. La souffrance est telle, qu'elle perd l'équilibre et atterrit sur les genoux.
— Fais attention, bordel ! grogne Méric.
Son épaule droite s'est disloquée, et ne se résorbe pas d'elle-même. Méric s'accroupit devant elle et sort une fiole de son veston. Le liquide bleu azur ondule en fonction de ses mouvements.
— Ouvre la bouche, c'est un remède pour t'aider à guérir, indique-t-il.
— Ou un poison pour mieux m'endormir, rétorque-t-elle en grinçant des dents.
Méric soupire face à sa réplique. Il baisse les yeux, mais il ne cache pas que ça l'amuse. Draguir quant à lui admire la fourberie de sa sauvageonne, alors qu'il la traîne comme du bétail vers l'abattoir. Reprenant son attitude, il cingle à son ami :
— On ne va pas y passer la nuit.
— Si ce n'est qu'il y en est une ! rétorque-t-elle à son attention.
Elle lève la tête pour le toiser sévèrement. Malgré la douleur, la demoiselle arrive encore à se défendre sur ses paroles. Son cœur se serre quand elle croise son regard en colère, puis elle baisse la tête sur Méric qui à un air morose. Sophia ne comprend pas ses réactions, mais décide de maintenir sa bouche fermée, préférant souffrir le martyre plutôt que goûter à sa substance.
Sauf, que le fauconnier perd patience. Il se baisse, lui attrape la mâchoire et le haut de sa tête, puis la force à ouvrir la bouche, et en profite pour lui pincer le nez, la forçant à reprendre son souffle en ouvrant les lèvres. Le liquide se faufile dans sa gorge, l'étonnant de sa douceur et soulageant sa douleur. Méric a profité de l'intervention de son collègue pour remettre l'épaule en place, sans qu'elle sente de douleur. Sophia ne sait si c'est dû à son remède ou au fait qu'elle fusille le fauconnier d'un air meurtrier.
Le rabatteur l'aide à se relever, puis reprend la tête de la marche. Elle suit les deux hommes jusqu'à la sortie du sous-sol. Le soleil de plomb, toujours perché à son zénith, l'aveugle un instant. Ses yeux s'étaient habitués à la faible lueur des torches, alors qu'ils continuent de marcher le long des champs et des enclos où un destrier la regarde passer.
Sophia se perd dans ses réflexions en admirant sa robe lacérée sur son flanc ébène. L'ambre scintille comme un brasier endormi dans ses prunelles et qui la fixe intensément. La tête de la jeune femme se retourne au dernier moment, s'arrachant de ses pupilles mélancoliques, alors que Draguir jette un œil d'avertissement à son destrier.
Je veux savoir pourquoi il agit ainsi. Déjà que dans la cellule, son attaque était bien trop sévère pour clouer le bec à ce Alex. Même s'il le mérite amplement, je ne pense pas que l'on doit faire cela entre compagnons. Et cette ombre qui lui est sorti de la paume, elle ressemble étrangement à celle que j'ai combattue dans la plaine, songe-t-elle.
Sophia enfonce son pied dans le sol, provoquant un arrêt brusque au fauconnier. Il se retourne et tire sur la chaîne. Elle fait un bond en avant, mais bloque de nouveau son pied dans la terre craquelée.
— Méric ! appelle-t-il en tournant la tête vers son collègue plus loin.
— C'était toi !
Draguir se retourne en la fixant, ne comprenant pas là où elle veut en venir.
— C'est toi qui as déployé cette ombre dans la plaine, n'est-ce pas ?
Ses yeux se plissent, alors qu'il comprend qu'il a dû la faire forcer à le contre-attaquer. Draguir l'avait poussé dans ses retranchements, et ainsi profiter de sa faiblesse pour la capturer, là où ses collègues ont échoué.
— Tu ne ressemble pas à Gan, énonce-t-elle en réfléchissant, autant celui-ci il fait flipper, mais pas autant que toi.
— Oh, ça me fait mal ce que tu dis, se moque Gan an apparaissant à côté de Draguir. Mais je te rassure, je dépasse de loin son pouvoir.
Le fauconnier de la peur est affublé de son capuchon de sable, recouvrant une bonne partie de son visage.
— Laisse Draguir. Je prends la suite.
Gan tente de récupérer la chaîne, mais Draguir, n'a pas l'air de vouloir la lui donner, et rapproche sa poigne de son corps.
— Ne commence pas à me faire douter de toi ! Tu sais que je peux lire en toi comme un livre ouvert malgré tes efforts pour me contrer, siffle Gan.
— Essaie pour voir ? provoque Draguir.
— Ne me ten...
— Bon, c'est bon ? Vous avez fini ? rétorque Sophia en voulant croiser les bras sans succès.
Elle s'avance entre les deux hommes, en leur fermant leurs clapets un bon coup. Autant le faire, elle-même, si elle doit se rendre auprès de Hellakiel. La chaîne se tend à nouveau en la forçant à reculer en se retournant. Draguir n'a pas bougé d'un pouce, mais la regarde d'un air doux, ce qui la déstabilise. Il baisse la tête, puis se redresse en reprenant la posture de l'homme froid et impitoyable.
Gan n'a pas perdu une miette de ce bref échange, puis disparaît sous leurs yeux. Méric reprend la marche, ainsi que le fauconnier. C'est dans le silence qu'ils traversent les gigantesques portes en bois massif qui mènent au centre de la montagne. Méric se place sur le côté, tandis que le fauconnier tire Sophia jusqu'au centre de la grande salle.
Tous ceux présents posent un genou au sol, sauf Sophia qui reste debout, les épaules affaissées par le poids des chaînes. Gan a les bras croisés et il regarde le fauconnier de l'ombre avec méfiance. Félix, scrute la jeune femme de ses yeux de chat d'un vert perçant, tandis que Keith qui a dû revenir de l'infirmerie en quatrième vitesse est essoufflé, puis Méric tenant son bâton posé au sol.
Le silence est brisé par le crépitement du feu dans les braseros qui entourent l'entrée de la grotte en face d'eux. Un souffle puissant et nauséabond s'en dégage, tandis qu'un râle se profile, mais ne procure aucune frayeur à la demoiselle. Depuis, elle s'est fait à l'idée que cet être infâme qui se planque dans son trou ne peut rien faire de plus que d'observer, et donnant des ordres à ses petits jouets, tel un chef d'orchestre maniant son bâton tout en restant statique.
L'éternuement de Gan lui fait comprendre qu'il a deviné les pensés de Sophia et n'apprécie pas ses dires. Elle le provoque du regard, le fixant en se délectant de ce qu'il peut bien lire en elle.
Oui, mon cher, je sais que tu es son frère ! Et des deux, celui-ci ne me fait pas peur...
Le fauconnier de la peur se contient, tandis qu'elle continue ses attaques par ses paroles en énumérant toute une liste d'insultes :
Vous ne valez rien comparer à ma force si elle n'était pas bloquée par cette foutue bague à la noix. Si je pouvais lui arracher l'autre œil et le lui faire avaler de force c'est ce que je ferai. Toi et t'es stupides visions d'horreur et ton frère qui ne vaut pas mieux que de finir au fond d'un gouffre pour sa lâcheté d'avoir abandonné son unique fils pour quoi au final ? Pour rester dans sa maudite grotte en se laissant dominer par le pantin que tu es bougre d'imbécile stupide...
S'en est trop pour lui, Gan disparaît de sa position, avant de réapparaître devant Sophia en lui attrapant par le cou, tout en la soulevant. Draguir est surpris par l'attaque de son collègue, et tente de tirer les chaînes, mais la force de son adversaire est bien trop grande. Le fauconnier de la peur rapproche son visage couvert de l'oreille de la jeune femme, alors que le grondement sonore de Hellakiel se fait plus bruyant dans la grotte. Il n'est visiblement pas satisfait de l'intervention de son frère.
Grand bien lui fasse, ce n'est pas moi qui me ferai taper sur les doigts.
— Tu n'es qu'une petite peste, siffle-t-il à son oreille.
Son souffle parvient au nez de la demoiselle en lui donnant la nausée.
— Je me retiens grandement de te retirer cette chose pour pouvoir me mesurer à toi dans de meilleures circonstances, continue-t-il dans sa lancée. Je regrette seulement que tu aies trouvé une parade pour contrer mes cauchemars. Il était plaisant de te voir de tordre de douleur face à la perte de...
Il ne finit pas sa phrase qu'il reçoit un violent coup dans l'estomac de la part de Draguir. Sophia ne comprend pas sa réaction, mais elle pense qu'il n'avait pas envie qu'elle découvre le fin mot de Gan. Celui-ci d'ailleurs a lâché sa prise, alors que la jeune femme s'écroule au sol en crachant ses poumons, récupérant ainsi l'air qui s'échappait, mais qui ne voulait pas revenir.
— Sale traître, grogne Gan.
— Ça suffit !
Hellakiel les réprimande. Sa voix glaciale a monté d'un cran sans que personne ne s'y attende. Le maître est présent dans la salle, et fixe sévèrement son frère qui tente d'attraper le jeune fauconnier. Celui-ci se remet en position de soumission, alors que Sophia se redresse en chancelant après l'attaque de Gan.
— Retourne à ta place tout de suite, gronde Hellakiel à l'attention de Gan.
Celui-ci ne bouge pas d'un pouce et continue de fixer Draguir d'un air meurtrier. Il reporte son regard sur la jeune femme en l'invitant intimement de ne pas recommencer ses élucubrations sur l'état mental de son frère. Elle lui rend son invitation en se moquant de lui : essaie toujours.
— Jeune force, commence Hellakiel quand son frère a repris sa place, je suis satisfait de te revoir parmi nous.
— Plaisir non partagé, rétorque-t-elle la voix enrouée.
Elle essaie de se masser le cou malgré le poids des chaînes, se disant que Gan n'y est pas allé de main morte, mais le regard de Hellakiel lui coupe toute envie de lui balancer ce qu'elle pense. Il s'avance lentement vers la demoiselle, alors qu'elle retient son souffle ne faisant pas la fier quand elle ressent son aura maléfique s'approcher. Le maître est à présent en face d'elle, la dépassant de deux têtes.
Sophia fait un effort considérable pour ne pas plier l'échine devant la pesanteur qu'il dégage, et le dévisage de plus près. Sa peau est granuleuse, sombre et brillante. C'est comme s'il avait été sculpté dans le cristal qui domine son antre. La cicatrice de son œil suinte de sang, on dirait que cela a été soigné par cautérisation. Quant à l'autre, il la scrute de son œil de braise. L'enfer s'y lit, dégageant la souffrance des âmes qu'il a dévorées jusqu'à présent.
Jamais elle n'avait été aussi près, à part la fois où elle l'avait attaqué. Son corps se met à trembler de part en part, alors qu'elle tente de reculer, mais Hellakiel a le temps de lever son bras, laissant apparaître une patte cuivrée qu'il positionne sur le visage de la jeune femme. Son souffle se coupe, alors que la peur prend possession de ses entrailles. Des fourmis se faufilent dans ses doigts, quand ses yeux grand ouverts scrutent les serres qui s'enfoncent dans sa chair. La demoiselle sent la chaleur de sa peau se propager sur son front. La sensation est douloureuse.
— Plus de trace de lui, souffle-t-il.
Il abaisse sa patte avec violence en lui griffant une partie du visage. Sophia hurle de douleur, en apportant ses mains sur son œil gauche. Énormément de sang s'en dégage, alors qu'il s'éloigne d'elle, insatisfait d'avoir découvert ce qu'elle ne sait pas, alors qu'elle tombe sur les genoux, pleurant de souffrance. Ça ne veut pas cicatriser, mais par un acte stupide, elle se relève, puis fonce sur Hellakiel en levant le bras et hurlant pour le frapper.
Or, il a le temps d'attraper son poignet et de la balancer contre la paroi. Le craquement de ses os se propage, alors qu'elle retombe sur le sol avec force. Sophia crache un filet de sang dans une quinte de toux et tente de se redresser.
— Même privé de ta force, tu tentes de me tuer. J'admire ta folie, acclame Hellakiel.
— Maître nous devrions peut-être l'emmener...
— Il suffit Keith, gronde-t-il. Je veux voir si elle va continuer.
Tremblante, la jeune femme pousse sur ses mains pour se remettre sur ses genoux. Elle en glisse un en avant pour prendre appui sur son pied et pose sa main sur la roche pour avoir un support sur lequel s'appuyer. Sophia se rapproche de lui en vacillant, levant à peine son bras ankylosé pour le taper. Hellakiel ne fait aucun mouvement, quand il lui envoie une onde de choc qui la fait valser au travers de la salle.
Reste calme, reste calme, reste calme, pense Draguir.
Seuls ces mots tournent en boucle dans son cerveau, tandis que son maître fait payer son humiliation à Sophia. Elle est dans un état déplorable, le visage en sang et boursouflé. Ses vêtements sont en lambeau, à moitié nue sous les yeux des soldats.
Si l'un de nous n'intervient pas rapidement, il n'y aura plus aucun espoir.
La mâchoire de Draguir se contracte à mesure que les gestes d'Hellakiel s'amplifient sur elle. Il se retient de toutes se force de ne pas laisser transparaître son envie de s'interposer. Car Gan scrute le moindre de ses fait et gestes, mais le craquement sonore du corps de Sophia s'écrasant en face de son regard horrifié enclenche se qu'il redoute le plus.
Elle est sonnée, ne parvenant plus à se relever. Le sol tremble quand il s'avance vers elle, puis il lui attrape le cou en la soulevant, plantant ses griffes dans sa peau.
— Il est si plaisant de te voir dans cet état, susurre-t-il d'une voix gutturale, ta vulnérabilité est exposée au grand jour. Sans la poussière qui te procure une force démesurée, tu es aussi faible qu'un vulgaire insecte. Ta colère se lit dans ton regard, mais la peur prend de plus en plus de place. Il ne sert plus à rien de me combattre.
Sophia l'agrippe par les poignets pour essayer de s'échapper, mais elle n'a aucune force en elle.
— Tu souffres n'est-ce pas ?
Le corps de Sophia grelotte entre sa serre, alors qu'elle a peur de lui répondre, tandis que son visage dégouline de sang lui montrant une vision du maître en rouge.
— Ev...
Le souffle lui manque quand elle essaie en vain de prononcer le nom de son dragon. La jeune femme refait une nouvelle tentative par le biais de son esprit :
Par pitié, si tu es ici, rejoins-moi. Sans ta force, je ne suis plus rien. Sans ton esprit, je suis perdu. Sans ma moitié...
Ce mot résonne dans son âme en grisant sa mémoire. Tous contemplent la scène macabre que leur maître expose, mais Draguir est en colère, alors que son poing appuyé sur le sol est crispé de rage.
L'autre serre de Hellakiel finit de déchirer les vêtements de Sophia, imposant une balafre sur son torse. Elle pousse un cri effroyable, sentant le liquide poisseux glisser sur son corps. Elle ne sait combien de temps elle va tenir, mais de tous les cauchemars qu'elle a pu subir, celui-ci dépasse de loin les autres.
Tout se passe en une fraction de seconde, sans que personne ne puisse lever le petit doigt. Le rire glacial du maître se faufile telle une caresse tranchante sur la nuque de Draguir, quand lentement son regard se pose sur le bras du jeune fauconnier traversant sa poitrine et tenant son cœur encore chaud et battant dans sa main. Il desserre la pression autour du cou de sa sauvageonne qui tombe avec lourdeur sur le sol, avant de la rejoindre dans une marre de sang.
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