35- Piqûre de rappel
Aux abords de la forêt de Cerulazu, un petit village se cache derrière des palissades en rondin, où chaque habitant s'occupe de sa tâche agricole, ne se souciant qu'à peine des tumultes se propageant hors de leurs murs.
Le seul évènement ayant brisé leur quotidien aura été de croiser un loup géant transportant un autre blessé trois jours auparavant. La bête était paniquée et à la recherche d'un médecin qui s'est vivement présenté à lui en découvrant la gravité de la louve.
Elias avait croisé Luka sur sa route après que celui-ci avait vomi ses tripes une fois sa détresse communiquée à travers la forêt. Le fauconnier n'a pas perdu du temps en partant en direction de Cascalaris à la recherche de ses compagnons. Pendant ce temps, Luka tourne en rond devant la chambre de sa sœur, en mangeant à peine et en se reposant que très peu. La vie de sa sœur n'est plus engagée, mais il sera plus rassuré quand Gabriel l'aura examinée.
— Vous devriez vous reposer, jeune homme, conseille le médecin du village qui se lave les mains après avoir rendu visite à sa sœur.
Le regard épuisé de Luka se pose sur le vieil homme, puis soupir en s'appuyant contre le mur, portant ses yeux vers le plafond.
— Je vous rassure, elle est hors de danger, je la surveille, ajoute gentiment l'homme. Si jamais il lui arrivait quelque chose, je me ferais sûrement étriper par Gaby, sourit-il.
Luka le regarde en coin, surpris par sa dernière phrase :
— Vous connaissez Gabriel ? interroge-t-il.
— Qui ne le connaît pas ici ! Vous voulez dire.
Le médecin s'assied péniblement sur le banc en face du loup, ses vieux os craquant à chacun de ses mouvements, puis invite Luka à s'installer à ses côtés. Ne se faisant pas prier et reconnaissant que depuis son arrivée en trombe dans le village, il le rejoint.
— Gabriel est arrivé ici il y a plusieurs années, un jeune garçon au regard fuyant.
Le médecin émet un petit rire avant de poursuivre :
— Il était vêtu de drôles de haillons de plusieurs couleurs verdoyantes, on aurait dit un arbre. Je l'ai recueillie chez moi. Notre jeune homme semblait désorienté et n'avait pas l'air d'être du coin. De plus, une blessure à l'œil le handicapait beaucoup. J'ai dû le soigner, mais il ne se laissait pas faire.
— Ah, je vois ce que vous me dites, il était déjà grognon quand il est arrivé ici, ironise Luka.
— Et pas qu'un peu ! Les villageois le craignaient, mais j'ai réussi plus ou moins à l'apprivoiser en lui posant des questions sur sa vie d'avant, d'où il venait ? Ce qu'il faisait ? Et, vous savez ce qu'il me répondait à chaque fois ?
Le vieil homme n'a pas le temps de répondre à la réponse silencieuse du loup, qu'une voix s'acclame au bout du couloir :
— Secret défense !
Ils se tournent dans sa direction et découvrent Gabriel se tenant bien droit devant ses compagnons. Il s'avance en toisant sévèrement le médecin, qui ne bouge pas d'un pouce en soutenant l'échange avec le fauconnier. Cela dure à peine une minute avant qu'à la surprise générale, Gabriel se mette à sourire de toutes ses dents.
— Ravie de te revoir le vieux, s'empresse de dire Gab en faisant une accolade au médecin.
— Et moi donc le vaurien, ricane celui-ci.
Gabriel se redresse et aide le vieillard à se relever. L'homme serre la main de Jackiel et Astos avant d'aller tapoter l'épaule d'Elias qui lui rend son accueil dans ses bras. Mais le fauconnier blond met rapidement un terme à la connaissance des nouveaux venus, et s'empresse de demander des nouvelles de Leah.
Le vieil homme lui fait un état de la situation, partant tous les deux dans un langage incompréhensible. Ils se dirigent vers le bureau du médecin, claquant la porte au nez de Luka qui a tenté d'en comprendre plus.
— Ah, c'est deux là quand ils parlent médecine, ça ne sert à rien d'essayer de les suivre sinon on se retrouve vite largué, glousse Elias.
— Et qu'est-ce qui t'a pris autant de temps, reproche Luka à son intention.
— Les routes commencent à être surveillées par des rabatteurs. Il a fallu que je prenne différents chemins à l'allée comme au retour, surtout avec l'équipement que nous trimbalions, répond le samouraï.
— Les nouvelles ne sont d'ailleurs pas bonnes, il faut vite que nous nous organisions pour aller libérer tout ce petit monde ou que nous trouvions un moyen de communication avec eux, annonce Astos avec sérieux.
Luka les invite à rejoindre le salon attenant au couloir reliant des espaces où les visiteurs peuvent se reposer. Ils les aident à entreposer leurs affaires avant de s'affaler complètement éreintés sur le divan. Le jeune loup ferme les yeux, sentant tout le poids du monde peser sur ses épaules. Elias s'absente, tandis que Jackiel examine un plan détaillé d'Imaginarium, cochant des endroits où les troupes de leurs ennemis se forment. Astos quant à lui, prépare le repas pour requinquer la troupe, occupant le plus possible son esprit face à l'inquiétude grandissante. Il se tourne pour attraper un couteau et remarque Luka qui griffonne sur du papier.
— Tu dois dormir un peu, tu sais, conseille-t-il, sans force aux combats, tu seras davantage un poids mort plutôt que d'une aide.
— Je sais, mais je n'arrive pas à me reposer, soupire le loup en se frottant les yeux. Dès que j'essaie, je perçois le hurlement de ma sœur résonner et cela me réveille automatiquement.
— Hum, Gabriel ne devrait pas tarder, il pourra te faire un rapport plus concret.
Gabriel fait son entrée à ce moment-là et se dirige vers la vasque où il lave ses mains pleines de sang. Son air renfrogné ne laisse rien transparaître sur son visage. Luka se lève en ne voyant aucune émotion du fauconnier et se précipite à sa hauteur, stressé :
— Alors, va-t-elle s'en sortir, hein ? Dis-le-moi, harcèle-t-il.
Il pousse le loup sans vergogne pour se servir un verre de liqueur, attrapant la bouteille au passage avant de s'asseoir et d'enchaîner plusieurs shots d'un coup. Il invite enfin Luka qui trépigne à s'asseoir pour lui apporter les dernières informations :
— Ta sœur va s'en sortir, annonce-t-il.
La respiration du loup se relâche de soulagement, mais le regard soucieux qu'aborde Gabriel ne passe pas inaperçu.
— Qu'y a-t-il ? interroge-t-il peu sûr de vouloir obtenir la réponse.
— Mon confrère est réticent sur une procédure nécessitant l'arrêt total de l'hémorragie qui s'est logé dans son bassin.
Gabriel se tait un instant, laissant le loup en proie au doute, ne comprenant pas là où il veut en venir et incite le fauconnier à continuer :
— J'ai dû prendre une décision importante.
— Dis-moi ce que tu as décidé pour ma sœur, grince Luka des dents, les poings serrés sur les genoux.
Après une longue hésitation à peser le pour et le contre sur ce qu'il va annoncer, Gabriel lâche d'un trait :
— J'ai dû lui amputer une jambe, ce qui m'a permis de contenir l'hémorragie et avec sa guérison accélérée, elle pourra se remettre sur pi...
Gabriel reçoit le poing de Luka en plein visage. Le loup est hors de lui en apprenant que sa sœur ne pourra plus galoper en toute liberté. Il engage un autre coup que le fauconnier arrive à esquiver à temps et s'écrase contre le mur.
— Je vais te tuer ! hurle Luka.
Gabriel contourne Luka et lui attrape le bras qu'il tend en le lui bloquant dans le dos. Il fouille dans sa poche, et avec sa bouche il retire le capuchon de la seringue qu'il enfonce dans le cou du loup en lui chuchotant :
— Fait dodo !
* * * * *
— Tu aurais pu le tuer avec la dose que tu lui as mis ! reproche Elias dans l'entrebâillement de la porte.
— C'était soit ça, soit je l'assommai en rétorquant à ses attaques, t'aurais préféré quoi ? peste Gabriel.
Luka entend les deux hommes se chamailler sur la procédure à suivre. Il se sent engourdi, la bouche pâteuse quand il tourne la tête pour les observer. Il tente de repousser les couvertures et de se lever, mais ses forces l'ont abandonné avec l'épuisement.
— Tu ne devrais pas bouger, murmure une voix familière.
Luka tourne brusquement sa tête et découvre, à la lumière traversant les rideaux vert bouteille, sa sœur souriante qui lève sa main pour caresser la tête de son frère.
— Leah ! s'exclame-t-il d'une voix enrouée, les larmes coulant sur ses joues.
— Je suis là frangin, il en faut plus pour m'achever.
Elle grimpe sur le lit pour venir se nicher dans les bras que Luka lui tend. La joie de la retrouver, respirant contre son torse, est incommensurable, mais à quel prix ! Se rappelant ce que Gabriel lui avait annoncé, Luka se redresse d'un coup et vérifie l'état de la jambe de sa sœur. Une étrange prothèse en métal rouillé a remplacé son membre. Il pose sa main dessus, rencontrant une froideur sans vie. Impassible, le loup fixe la vision d'effroi, tandis que sa sœur affiche un sourire mélancolique en posant sa main sur celle de son frère.
— Cela aurait pu être pire, tu sais ? dit-elle calmement. Le médecin et Gabriel, on put stopper le saignement qui bloquait le processus de guérison. Ils ont donc dû faire un choix important, je ne leur en veux pas, ajoute-t-elle en regardant sa jambe.
— Et pour te transformer ? questionne Luka, inquiet.
— Nous avons effectué des tests, et... Elle se tait un instant avant de reprendre, le mieux, c'est que je te montre, c'est difficile de l'expliquer.
Les jumeaux se lèvent pour rejoindre le salon où les deux fauconniers continuent de se chamailler. Quand Leah apparaît dans leurs champs de vision, ils se taisent instantanément.
— Bien dormi ? demande Gabriel qui reçoit un coup de coude dans les côtes de la part d'Elias.
— Mouais, grimace Luka en le fusillant du regard.
— Il souhaiterait assister à la transformation, s'empresse d'ajouter Leah.
— Tu es sûr de toi ? s'inquiète Astos.
La louve hoche frénétiquement la tête, puis tire sur le bras de son frère pour qu'il la suive. Ils descendent tous ensemble jusqu'à la cour pavée se trouvant à l'arrière du cabinet. Le médecin et Jackiel les rejoignent, voulant assister une fois de plus au spectacle.
Luka observe sa sœur se positionner au milieu de la cour avant d'amorcer sa métamorphose. La pilosité de Leah s'intensifie sur sa peau, alors que son corps se contorsionne en faisant craquer un à un ses os. Son visage s'allonge, tandis qu'elle se met à quatre pattes.
Depuis leurs plus jeunes âges, les jumeaux ont pris l'habitude de se transformer. Procéder à ce changement fait partie de leur normalité. Ainsi, de sentir ce que sa sœur dégage en énergie, force l'admiration à Luka. Par contre quand le changement s'opère au niveau de la jambe de Leah, ses sourcils se froncent et la magie opère instinctivement.
La prothèse éclate en une centaine de morceaux, voletant autour du membre fantôme. Puis, elle se reconstitue comme un puzzle, complétant à chaque pièce qui s'enclenche, la patte arrière de Leah. La louve jappe de joie devant son frère stupéfait devant la transformation. Il s'accroupit et observe attentivement l'opération effectuée.
Il pose sa main sur le dos de sa sœur, la glissant sur son poil blanc jusqu'à sentir une énorme cicatrice traversant son flanc jusqu'à la cuisse arrière. Luka reçoit en choc, quand il constate que la même froideur est présente sur sa patte arrière, vérifiant que le mécanisme est bien ancré dans sa chair.
— Et pour la fusion ? pense-t-il à voix basse.
Leah s'écarte pour lui faire face. Elle lance un regard empli de tristesse suite à la pensée de son frère et pose son front contre le sien en couinant légèrement. En ressentant son désarroi, Luka la prend dans ses bras, la consolant dans son étreinte fraternel. Il s'écarte et tourne la tête vers ses compagnons qui regardent partout, sauf dans leur direction, et répète plus fort :
— Vous pensez que c'est possible pour la fusion ?
Un long silence s'ensuit, ne sachant pas quoi répondre au jumeau. Or, une personne encapuchonnée sort de l'ombre et s'approche avec douceur des loups. De petite taille, elle s'accroupit pour se mettre à leurs hauteurs :
— J'ai réussi grâce à Gabriel à réparer la jambe de votre sœur, mais concernant votre pouvoir commun, je ne sais pas quel résultat en sortira. Je vous conseille de ne pas essayer et d'être prudent, énonce une voix féminine.
— Qui êtes-vous ? interroge Luka en se baissant pour tenter d'apercevoir son visage.
La personne tourne la tête vers les hommes qui hochent la tête à l'unisson. Elle se redresse et défait soigneusement sa cape brunie. Lentement, elle retire sa capuche et fait glisser le vêtement sur ses épaules. Une chevelure flamboyante se déploie sur son dos, transperçant un regard de braise sur sa peau pâle parsemée de taches de rousseur. Une tunique marron entrelacée dans son dos recouvre légèrement un pantacourt de couleur sable. L'habit traditionnel de Pharekht la fait ressembler à un garçon manqué, mais son allure et sa prestance démontrent le contraire. La déesse de feu se présente, effleurant ses bijoux qui ornent son bras du bout de ses doigts. Mélangeant l'acier emmêlé à des engrenages tournoyants autour d'un cœur de flamme.
— Flam... Flamma ? bégaie stupidement Luka.
Elle acquiesce et imite une révérence. Leah prend la main de son frère après avoir repris forme humaine.
— Mer... Merci pour...
Luka n'arrive pas à exprimer sa gratitude, tandis que Flamma lève la main pour le faire taire.
— Ce n'est rien, mais évité tout de même la fusion, je ne sais pas quelle conséquence cela aura.
Les jumeaux hochent la tête. Le médecin s'était approché d'eux et tend son bras à la déesse qui s'éclipse avec le vieil homme dans le cabinet. Luka regarde ses amis qui louchent sur la femme, mais avant de pouvoir les questionner davantage, Jackiel écoute ce qu'un villageois lui rapporte, puis transmet l'information à Astos qui se tend au fur et à mesure du message.
— Fauconniers, cachez-vous ! ordonne-t-il dans l'empressement, un groupe de rabatteurs est en approche avec l'un de nos compagnons.
Luka considère sa sœur qui paraît épuisé et lui conseille de se cacher avec les autres :
— J'accompagne Astos, sourit-il en lui caressant la joue. Je veux leur faire croire que tu as succombé à tes blessures.
Le loup se tourne vers le proprio et demande :
— Cela te convient ? Je resterai sous ma forme animale.
Astos n'y voit pas d'inconvénient, et est vite rejoint par Luka après sa transformation. Leah lui court après et lui indique de faire attention, ce que son frère confirme en posant son museau contre sa sœur.
Les deux hommes traversent le village où les femmes et les enfants s'empressent de se mettre à l'abri, tandis que les hommes de famille se joignent à Astos et Luka, armés jusqu'aux dents. L'accueil que recevront les rabatteurs sera aussi chaleureux que l'humeur de Gabriel dans ses beaux jours.
Un messager ennemi s'approche de l'entrée du village et s'arrête à quelques mètres avant de crier pour se faire entendre :
— Je souhaite m'entretenir avec la personne qui vous représente !
— C'est moi, répond Astos d'une voix imposante, que voulez-vous ?
— Vous voir, sourit narquoisement le jeune homme.
La température chute vertigineusement au fur et à mesure que le destrier se déplace dans les rangs. Luka donne un coup de tête au proprio qui indique d'un signe avoir reconnu la personne instaurant l'ambiance glacial autour d'eux.
— Avez-vous un endroit où nous pouvons échanger ? demande le Rabatteur avant d'ajouter sarcastiquement, en apportant chacun son chien de garde.
Luka grogne face à sa remarque et promet de lui mordre le postérieur s'il ose encore l'insulter de la sorte.
— Ordonnez à vos demoiselles de ne pas bouger, sinon on ne les épargnera pas, impose Astos.
Le messager acquiesce et se retourne vers l'attroupement en faisant un signe. Un ordre fuse dans les rangs, révélant la présence de Méric qui se détache de ses soldats. Luka remarque qu'aucun ne bronche au passage de leur chef, surtout quand celui-ci est suivi par le destrier au pelage noir, avec ses marques bleu pâle. Mais le maître de la monture n'est pas aux commandes, et apparaît soudainement aux côtés de Méric, baissant le regard des plus téméraires face à sa réputation de chasseur de loups.
En bon acteur, Astos ne laisse rien transparaître. Il fixe sans émotions son frère qui s'avance vers lui et qui arbore le même comportement. Il leur indique de les suivre en laissant le soin à Luka de fermer la marche. Les quatre hommes entrent dans une modeste auberge reculée, appartenant au médecin et les protégeant des oreilles indiscrètes. Astos passe derrière le bar afin de remplir quelques chopes qu'il dépose sur une table.
— Tu n'as pas bientôt fini de m'ignorer frangin ! s'exclame Bastos.
Le proprio pose ses poings sur ses hanches, et fronce les sourcils en direction de Méric qui se fait étrangement discret.
— C'est bon, relâche la pression, il sait tout ! annonce Bastos en claquant le dos du rabatteur, ce qui lui fait manquer de cracher un poumon.
— Tu n'es pas obligé de taper si fort à chaque fois, peste son collègue.
— Tu es parfaitement sûr de ton coup ? demande Astos inquiet.
— Oh que oui !
— Je me nomme Méric, enchanté de vous...
Luka claque la mâchoire en grognant, lui coupant grossièrement la parole. Le jeune homme se recule devant l'imposante bête.
— Tout doux Luka ! Il ne nous fera rien et souhaite apporter son aide. On est là sous couverture alors ne complique pas les choses, gronde Bastos.
Le loup retrousse ses babines en révélant ses dents pointues avant de reprendre sa forme humaine, en lançant un regard noir à Méric.
— Comment va ta sœur ? interroge Bastos, soucieux.
Luka ne répond rien, il fixe le jeune homme en aiguisant ses sens. Astos répond à sa place par la négation, en mentent volontairement à son frère qui reçoit un choc à la nouvelle.
— Oh ! Je ne sais pas quoi dire, souffle-t-il.
Le géant s'assied lourdement sur le tabouret, préoccupé par tous ces évènements. Il attend que chacun prenne place avant d'annoncer :
— De notre côté, ce n'est pas la joie non plus, dit-il lasse.
Bastos raconte tout ce qui s'est passé depuis leurs départs, précisant que Sophia a disparu des radars. Que Draguir est emprisonné pour trahison envers son maître, que Jojo est hors d'atteinte et finissant par le clou du spectacle sur les origines génétiques de Guénaël.
Luka est effaré par ces informations, alors qu'Astos souffle bruyamment en se massant les temps pour réfléchir.
— Nous devrions partir Bastos, et effectuer notre rapport à H, s'empresse de dire Méric.
— T'es pressé de nous quitter le minus, rétorque Luka menaçant.
Méric le fusille du regard, faisant monter la pression entre eux. Luka n'a vraiment pas confiance en lui, quand il sait que le chef des rabatteurs envoie ses soldats faire la basse besogne tandis qu'il se cache derrière ses rangs. Ils échangent longuement dans le silence, avant que le jeune homme se lève et tourne le dos à Luka :
— Je t'attends au camp, ne tarde pas, ajoute-t-il en sortant.
Bastos acquiesce avant de frapper l'arrière du crâne du loup :
— Tu ne rates jamais une occasion pour te taire, toi ! siffle-t-il.
— Je n'ai pas confiance en lui, répond Luka en se frottant la tête.
— Bon, avant de partir, prenez garde à vous, il y a une taupe parmi nous, prévient-il, je mène encore l'enquête de mon côté, sans résultat, mais je n'ai surtout pas beaucoup de liberté, alors vérifiée du vôtre également.
Astos et Luka considèrent l'avertissement. Le fauconnier se lève et fait une accolade à son frère avant de partir. Ses compagnons le suivent jusqu'à la sortie du village où ils découvrent avec effroi les cages remplies de nouveaux esclaves. Méric lance un dernier regard hostile envers le loup et entame sa route vers Voltamur avec son armée.
— Les enfoirés, gronde Luka en entamant sa transformation.
— Calme-toi immédiatement, ordonne Astos sans appel.
Luka le regarde déconcerté.
— Tu ne peux rien seul face à leurs nombres. Nous devons conserver nos atouts cachés pour l'instant. Surtout si nous avons un intrus parmi nous, répond-il à la question silencieuse de son ami.
Luka lui tourne le dos alors que le proprio regarde les rabatteurs s'éloigner avec son frère en tête. Le loup s'empresse de rejoindre les autres au cabinet pour leur faire un rapport, évitant soigneusement la partie concernant Draguir, en lui souhaitant en son for intérieur la mort la plus rapide. Il passe outre les suspicions concernant une taupe dans leurs groupes, en laissant soin à Astos de faire le tri dans les informations.
Le proprio entre à ce moment-là dans le salon en proie à ses pensées. Elias se tourne vers lui et rompt ses songes en lui demandant :
— Que fait-on à présent ?
— On va chercher Sophia, quelle question ! rétorque Luka, agacé.
— Non, trop dangereux ! Surtout avec autant d'espions dans la vallée, annonce Astos.
— T'es sérieux là ? cri le loup outré.
— Nous manquons d'autre choix pour l'instant. Nous devons monter un plan pour libérer les trois autres, gronde-t-il à son tour, manquant sérieusement de patience.
— Trois ? demande Elias, surpris.
Astos le regarde en fronçant les sourcils avant de confirmer :
— Guénaël, Jojo et Draguir, si mon calcul est bon, ça fait trois.
— Qu'est-il arrivé à Draguir ? s'empresse de solliciter Gabriel.
— Tu ne leur as rien dit ? interroge sévèrement Astos en se tournant vers Luka.
Mais celui-ci croise le bras sur son torse en bouillant de rage. Il ne supporte pas que ses compagnons s'intéressent à Draguir. Astos se tape le front, lasse du comportement du loup, et demande à Gabriel s'il a toujours en sa possession l'une de ses seringues. Luka ne comprend pas le terme utilisé, mais il sent brusquement la présence du fauconnier à ses côtés qui lui plante une aiguille dans le bras en souriant sadiquement.
— Bande d'enflure, grogne Luka avant de s'effondrer.
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