Chapitre 26 : Déluge de feu et de glace
Je fixe Paul pour tenter de percevoir une trace d'humour dans ses mots. Ce dernier évite mon regard et se prend subitement d'intérêt pour la gadoue gelée qui racle de la pointe de son pied.
– Je suis donc malade, je constate d'un ton amer.
Mes mots viennent résonner lugubrement à travers la clairière pour venir rebondir contre les troncs décharnés de nos gardiens et revenir vers nous dans un murmure menaçant. Le blond cendré se crispe tandis que des petits frissons parcourent son corps jusqu'à remonter sur son visage en créant dans ses joues de minuscules crevasses.
– Oui et moi aussi. Nous sommes malades, me répond-il comme s'il s'agit d'une évidence qui en temps normal n'a même pas besoin d'être prononcée.
Sa réponse aussi tranchante qu'un couteau vient s'enfoncer doucement dans ma poitrine. Puis la lame dans un bruit épouvantable de chair se retire et recommence à se planter de nouveau dans mon thorax. Je n'ai pas mal, je ne crie pas ma peine à Paul. Je ne m'écroule pas à terre dans un geste dramatique de désespoir. Je ne crie pas, à vrai dire j'ai l'impression que ma parole s'est envolée avec mon espoir flamboyant d'être saine d'esprit. Non, j'ai juste froid, froid comme si tout mon sang et mes émotions en ont profité pour s'échapper lorsque le poignard s'est arraché de moi la première fois.
– Gabrielle, on doit partir, il va arriver d'une minute à l'autre, me presse Paul en claquant des doigts devant mes yeux.
Pendant un instant, j'ai oublié l'existence de ce garçon. Je me focalise de nouveau sur lui. Alors que je pense que ma cervelle est morte, des milliers et des milliers de questions sur sa présence ici se mettent à tourbillonner dans mon esprit. Sa sentence sur ma folie m'en a fait oublier mes principales interrogations.
Si j'en crois Paul, je suis belle et bien atteinte de schizophrénie. Dans ce cas, il ne risque rien vu que l'Uxoricide n'est qu'une machination que j'ai créée de toute pièce. Pourtant, d'après le journal que j'ai volé du Docteur Maya, plusieurs personnes ont vu les mêmes monstres que moi. Certes, je n'ai vu qu'une fois l'Insulagos, donc il est plus que probable que cette bête là soit un mirage.
En revanche, je n'arrive pas à accepter que dans le monde, nous sommes une poignée d'individus étant tous sans exception diagnostiquée schizophrène et pourchassée par le même chasseur. Scientifiquement, cela ne me parait pas tenir pas la route, mais c'est là tout le problème, je n'en ai pas la certitude que ces visions communes soient biologiquement impossibles. Les illusions collectives existent belles et biens, mais elles se produisent sur un échantillon de personnes dans un même espace géographique. Et le journal de ma psychologue prouve le contraire. Pourquoi personne à part elle semble s'intéresser à nos cas bien étranges. Serions-nous des personnifications même d'un secret de Polichinelle ?
Mais surtout mon compagnon d'infortune de cauchemar est réel car Lucien le connaît. Et donc comment a-t-il fait pour pénétrer mon rêve ?
Plus j'avance dans ma quête de réponses concernant ma folie, plus je me demande si nous connaissons tout du monde dans lequel nous vivons. On m'affirme que je crée de toute pièce une mythologie imaginaire. Et pourtant, à chaque fois, le surnaturel semble se mêler subtilement à mon univers pour s'enlever brusquement et me montrer à quel point je me joue des tours.
J'ai la terrible sensation d'être dans un labyrinthe dont la sortie ne va être qu'indubitablement terrible. Soit, je suis malade et je vais finir ma vie à prendre des médicaments qui me mettent dans un état, soit tous les monstres sont réels et ils vont me pourchasser jusqu'à ma mort. Et même, si dans les deux cas mon futur ne va être que cauchemardesque, je n'arrive pas à me à tout abandonner, ma liberté, ma conscience, mon autonomie...
Je ne veux pas mourir.
– Paul ? je l'interpelle.
À nouveau, une lueur de méfiance s'allume dans ses yeux bruns. Même si je comprends sa prudence, elle me paraît excessive et elle m'énerve. Quoique je dise, nous n'arrivons pas à nous comprendre, chaque phrase que nous prononçons attise des tensions qui sont nées avant même notre rencontre. J'ai bien compris que Paul ne me porte pas dans son cœur et qu'il est venu à moi à cause de mes appels incessants. Son animosité, je la ressens et je la lui renvoie avec un plaisir ainsi qu'une exaspération non dissimulée. Et pourtant, ce garçon qui me révulse, j'en suis persuadée est la clé qui va me permettre d'y voir plus clair dans les ténèbres dans lesquels je suis enfoncée.
À force d'affirmer que j'ai besoin de son aide j'en ai oublié pourquoi et maintenant, je me souviens. Lucien m'a avoué que son ami voit lui aussi l'Uxoricide, et que, sans doute à cause de ce monstre, il ne sort plus et s'est enfermé de lui-même dans une cellule d'isolement. Oui, cela doit être ça.
– Oui ? articule-t-il dans un souffle comme s'il sent venir mes questions.
– Tu dois t'en douter mais j'ai plusieurs questions. Mon but n'était pas de te noyer sous mes interrogations, mais les évènements font que je n'ai pas vraiment le choix, commencé-je.
– Cela ne peut pas attendre ? Tu sais que nous sommes chez l'Uxoricide de ta tête, nous sommes en danger, me coupe-t-il en regardant aux alentours.
Intérieurement, j'ai envie de le forcer à s'asseoir dans la boue glacée pour que nous puissions discuter en prenant notre temps car j'ai une inexplicable intime conviction que l'Uxoricide n'est pas là et ne va pas venir nous pourchasser. Mais, comment lui expliquer cela sans lui révéler que que je suis déjà venue ici et que j'ai rencontré notre monstre ici, que j'ai vu le cadavre de mon voisin tel un pantin désarticulé, tête nue plongée dans la gadoue ?
Je respire un grand coup. Gabrielle, du calme.
Je m'approche doucement de lui comme s'il est un petit oiseau rare pouvant s'envoler à tout moment. Alors qu'il y a quelques jours cet effort d'adaptation ne m'aurait pas dérangé, j'ai l'impression ici de faire un effort surhumain. Cela doit être l'air de cet endroit maudit, car une part de moi est convaincue que le soumettre par la force serait plus rapide et sans doute plus efficace.
– Écoute, je suis incapable de te l'expliquer, mais l'Uxoricide ne va pas venir, nous sommes tranquilles, j'en ai l'intime conviction. Et si tu ne me crois pas je suis même prête à te dire comment sortir d'ici, proposé-je.
Paul soupire, je vois bien qu'il est dubitatif, qu'au fond de lui, il ne me croit pas. Pourtant, comme si la fraîcheur du sol ne le dérange pas, il s'assoit en tailleur en prenant un soin particulier à mettre entre nous une certaine distance qui me vexe presque. Ses actions me décontenancent, je ne le comprends pas. Alors que depuis le début sa défiance à mon égard est flagrante et qu'il y a quelques secondes, il était en transe lorsque je lui ai dit que nous étions sur le territoire de l'Uxoricide, le seul argument de ma certitude profonde qu'il ne va pas venir lui suffit. Cette réaction me fait de plus en plus penser que sa réponse consistant en une unique affirmation de notre maladie n'est qu'une demie vérité ou peut-être même un mensonge.
Bien décidée à ne pas laisser cette provocation nuire mes efforts de médiateur je fais de même et je me pose sur le sol ignorant la terre tremper mon pantalon. Je n'ai même pas le temps de commencer la discussion qu'il me demande :
– Comment fait-on pour sortir d'ici ?
– Tu arrives à rentrer dans mon rêve, mais pas à en sortir ? je le provoque sans pouvoir me retenir.
Je me mords la lèvre, j'ai parlé trop vite encore une fois. Mais, je n'ai pas vraiment envie de lui dire comment j'ai réussi à m'enfuir de cette clairière cauchemardesque. Si je me trouvais à place de Paul, à peine la solution apprise, je m'enfuirais sans demander mon reste.
–Normalement si, mais là c'est différent, nous sommes trop profondément dans ton subconscient, m'informe-t-il sans relever mon ironie.
– C'est dans ma tête tout ça ? dis-je ébahie en regardant la sombre et décharnée prairie.
– Oui, comment es-tu sortie d'ici alors ? répète-t-il.
Sa tendance à toujours revenir aux sujets qui l'intéressent en balayant d'une phrase mes questions me frustre beaucoup.
– Qui me dit que tu ne vas fuir à peine t'ai-je donné la solution ?
Ma question est légitime, même lui le sait et elle ne le surprend pas, car ses lèvres gercées s'étirent légèrement en un fin sourire.
– Tu ne peux pas savoir. Je sais que même si j'essaye de te rassurer, tu ne vas pas me croire, déclare-t-il d'un ton malicieux.
Il marque un point. Même si j'ai du mal à l'admettre, il a fait un pas vers moi en acceptant de rester à mes côtés alors qu'il est persuadé que l'Uxoricide peut débarquer à tout moment pour nous tuer. Si ce démon arrive pour nous chercher, cela serait la première fois que mon instinct me trompe, mais le mot impossible ne fait désormais plus partie de mon monde, donc je ne peux qu'apprécier son effort.
– Quand je suis venue ici pour la première fois, j'ai vécu une confrontation avec l'Uxoricide et j'ai réussi à sortir de cet endroit en essayant de me provoquer choc puissant pour que je puisse me réveiller. La seule solution que j'ai trouvée fut de tenter de m'enfoncer violemment une branche dans l'œil, je raconte tout en grimaçant.
Terreur, peur, sang, violence, exaltation, excitation, puissance, douleur, souffrance voilà les mots qui viennent à moi lorsque je me souviens de ce cauchemar. J'ai n'ai jamais compris pourquoi tant de sentiments contradictoires s'étaient abattus sur moi. Après tout, les songes étaient réputés pour ne pas avoir de sens. Mais, ici ce n'était pas son déroulé même qui était sans queue ni tête, non c'était mes sentiments. Ce que j'ai ressenti n'était pas cohérent. C'est comme si l'Uxoricide avait tenté de se connecter à moi et de me transmettre tout ce qu'il ressentait.
– Ta solution me parait logique, j'aurais dû y penser plus tôt. C'est vrai que le subconscient marche comme ça. Un gros choc permet de le mettre en veilleuse quand il agit de manière autonome comme pour ça, m'explique-t-il en désignant la plaine et en m'arrachant à mes réflexions.
– Il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que tu dis que tout : les monstres, cet endroit, sont créés par mon subconscient et alors pourquoi est-ce qu'une de ces bêtes m'a mordu le poignet en me le détruisant à vie ! je m'exclame en le lui montrant.
– De quoi tu me parles ? me répond Paul en haussant les sourcils.
D'un geste brusque je regarde mon bras blessé et de stupeur je manque de tomber à la renverse quand dessus je ne vois rien, aucune trace de mon horrible cicatrice ponctuée d'épaisses croûtes. Je le bouge dans tous les sens, et, comme par miracle l'horrible sensation de tiraillement ne me paralyse pas mes doigts. D'ailleurs, ma main se ferme désormais correction comme s'il ne m'est jamais rien arrivé.
– Je te promets qu'il y a quelques temps j'ai rencontré un Insulagos à l'hôpital et il m'a mordu et à cause de cette blessure qu'il m'a infligée, j'ai des séquelles à vie et là plus rien ! débité-je d'une traite sans respirer.
– Tu es dans ton rêve cela expliquerait pourquoi tu n'es pas blessée. Mais attends, tu as vu un Insulagos ? me questionne Paul.
Je soupèse la réponse du garçon au nid d'oiseau sur la tête et je finis par conclure qu'il n'a pas tort. Si nous sommes bien dans un rêve cela explique en effet pourquoi je ne suis pas blessée dans cette dimension onirique.
En me rongeant l'ongle du pouce je réfléchis aussi à la réaction de Paul quant à ma mention de l'Insulagos, visiblement, lui aussi il le connaît. Encore une fois, il m'apparaît comme impossible d'acquiescer simplement à sa thèse de notre subconscient créateur de monstres, pourquoi si chaque cerveau est unique, créeraient-ils la même espèce d'êtres démoniaques ?
– Tu es conscient que tes réactions m'empêchent de croire à ta théorie que ces monstres sont les purs produits de nos esprits. Si nous les avons vus tous les deux, si tu t'enfermes en isolement pour ne plus les croiser, si d'après le journal du Docteur Maya, d'autres avant nous ont aussi croisés leur chemin, c'est qu'ils existent ! m'exclamé-je dans une tirade enflammée.
A la réaction du châtain, je sais qu'avoir exposé sa vie privée ne lui a pas plu. Tout d'un coup, Il se lève plus pâle que la mort elle-même, et, en silence, il commence à marcher en direction de l'orée du bois. Je m'élance à sa poursuite en prenant bien soin de laisser un écart de quelques mètres entre nous pour le laisser se calmer. Hors de question de recommencer avec nos futiles querelles, ce n'est pas comme cela que nous allons avancer. Il est la clé du mystère entourant ma vie depuis des mois.
Pendant notre marche, j'ai peur qu'il trébuche sur le corps de Monsieur Bohmi, mon voisin porté disparu que Paul m'a accusé je ne sais pas pourquoi d'avoir tué. Mais, je sais que je n'ai rien fait c'est l'œuvre de l'Uxoricide,ou alors qu'il a tout simplement fuit avec sa maîtresse.
Petit à petit un souvenir très lumineux s'extrait des méandres de ma mémoire. Je me revois, petite, jouer dans un magnifique jardin avec une femme dont les cheveux blonds presque blancs se réfléchissent d'une manière surréelle dans l'eau d'une mare à nos côtés. Elle me sourit d'un air doux, un peu rêveur et je sais que je le lui rends ravie de passer du temps en sa compagnie. Au loin, assis sur des chaises en fer forgé finement sculptées sous une pergola, mes parents et le couple Bohmi nous regardent d'un œil affectueux des citronnades à la main.
Elle, cette femme, dont je n'arrive pas à me souvenir le nom me tend la main que je prends avec joie et me porte pour me faire virevolter dans les airs. Une brise agréable vient s'engouffrer dans mes cheveux. J'essaye de visualiser son visage mais je n'y arrive, il reste une tâche floue. Son rire cristallin résonne alors comme une douce berceuse pendant que je reviens dans l'instant présent. C'est elle, ma nourrice, celle qui a eu une aventure avec mon voisin. Il m'est impossible de savoir quand est-ce que nous avons perdu contact ? Alors que je sais qu'elle est une partie très importante de ma vie, je n'en ai aucune trace de sa présence dans ma mémoire. Même mes parents n'ont jamais évoqué son sujet en ma présence. Pourquoi ?
C'est étrange, ce détail ne me revient que maintenant alors qu'il est crucial. Pourquoi n'y ai-je pas pensé avant. Il faut que j'en informe le Docteur Buile dès mon réveil.
Je me force à sortir de mes pensées et je me reconcentre sur Paul. Ses jambes sont raides, son dos est droit comme s'il tente de se grandir au maximum. D'un air sombre, il fixe la barrière d'arbres qui se dresse devant lui. Nous sommes arrivés à la frontière entre la prairie et la forêt.
Je m'avance à ces côtés, nous sommes désormais côte à côte face à cet immense mur de troncs et de branches acérées. Les arbres sont décharnés de leurs beaux habits verts et semblent se pencher vers nous pour former une palissade infranchissable. Et, comme pour s'assurer que nous ne tentons pas de forcer le passage, leurs branches sont pointées vers nous comme des lames pour nous dissuader de passer.
Pourtant Paul ne semble pas s'émouvoir de ce barrage, il observe attentivement les alentours comme s'il essaye de trouver une entrée. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il veut explorer cet endroit si lugubre. Nos gardiens semblent épier nos moindres gestes pour prendre vie à tout moment en ayant comme mission de nous empêcher d'entrer dans leur sanctuaire. Ils ne me rassurent pas et me mettent mal à l'aise.
Et tout d'un coup, Paul tend sa paume vers l'un d'entre eux. Ses yeux sont fermés, un pli de concentration lui barre le front. Attentive à ses moindres gestes, je l'observe faire alors qu'il m'a dit plutôt de ne pas pouvoir agir ici, car nous sommes tombés trop profondément dans mon subconscient.
Quand il touche l'un des feuillus sans feuilles, un souffle de chaleur vient nous entourer, nos cheveux se balancent au grès d'un petit vent chaud. Puis, sans que je ne le remarque, l'air alors très agréable n'est plus qu'une fournaise suffocante. D'un coup, toute l'eau de mon corps semble s'évaporer pour former un léger nuage de condensation au-dessus de nous. A chaque fois qu'une vague incandescente vient se percuter contre moi, je sens ma peau se craqueler sous sa puissance. Mes lèvres sont les premières touchées, elles se craquellent en m'arrachant des frissons de douleur. C'est au tour de mes avants-bras qui rougissent de plus en plus pour s'étirer et après former des petites bulles se transformant cloques qui risquent d'éclater à tout moment. La sensation est horrible, j'essaye par tout moment de m'éloigner, mais dans mon dos j'ai comme un mur de feu qui me lèche les omoplates.
Je suis en train de fondre sur place tout comme le premier ennemi de Paul, le chêne se liquéfie sous sa main désormais couleur de l'acier chauffé à blanc. J'ai envie de l'arrêter, mais je sais que même s'il ne semble pas le moins du monde impacté par le vent brûlant qui émane de lui, si je le touche je ne fais pas cher de ma peau déjà brûlée à cause de lui.
Maintenant, il n'y a plus d'arbre seulement un liquide gluant au sol où se forment des petites bulles comme du magma en fusion. Mais derrière lui se dresse déjà un autre opposant. Le pyromane ne semble pas s'en émouvoir. Alors que derrière lui, je vis un véritable supplice. Je suis complètement déshydratée, je n'arrive même pas à crier ma douleur, car ma gorge s'assèche dès que j'entrouvre dans un terrible effort ma bouche.
Comme par miracle, un voile noir commence à tomber sur mes yeux et je sais que si je m'évanouis, la torture que je subis va partir elle aussi. Ma vision se brouille de plus en plus. La dernière image que je vois est le profil de Paul d'où de ses orbites sortent de véritables flammèches bleues. Et face à lui, telle l'ombre menaçante et sombre qu'il est : l'Uxoricide cerné par les flammes se dresse face à lui le sourire aux lèvres encore plus large que d'habitude comme si enfin il se trouve face à un ennemi digne de ce monde.
Arrête.
L'invective puissante retenti comme l'orage roulant sur la terre et elle est accompagnée d'une tempête gelée s'abattant sur nous. Je reprends mes esprits instantanément. Alors qu'il y a une seconde, j'avais l'impression d'être en plein désert, je suis désormais dans la toundra. Et pourtant, je n'ai pas froid.
D'épais et de gros flocons viennent s'écraser sur ma peau carbonisée et leur fraîcheur me soigne. Incrédule, je vois ma peau se soigner et reprendre sa forme originelle, comme si Paul n'avait jamais rien fait. Mais il était bel et bien à côté de moi, car je regarde en direction des arbres, un passage est formé comme si une grenade a été jetée ne laissant après son passage seulement des souches parfois complètement arrachées du sol. Pas réellement envie de partir à sa recherche, mais il est mon fil d'Ariane à travers ce brouillard de mystère. Et puis, je n'ai pas envie d'annoncer à Lucien que son ami a été enlevé par l'Uxoricide parce que sans le vouloir je l'ai emmené dans l'antre de cette bête.
Paul va avoir une dette énorme envers moi, et je compte bien la lui faire payer.
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