Chapitre 23 : À ceux touchés par la Maladie
La gigantesque silhouette de mon psychiatre s'avance vers nous. Lucien et moi ne bougeons pas, nous attendons comme attendent deux futurs condamnés à mort dont la sentence ne fait aucun doute. Le destin, cette fatidique horloge impossible à arrêter s'est mise en marche quand j'ai accepté de suivre Lucien dans sa fuite. Et pourtant, au lieu de me rebeller contre un chemin que l'on a tracé à mon insu, je suis plutôt sereine.
– Êtes-vous blessés ? nous questionne le Docteur Buile.
Je le regarde stupéfaite, même si je sais que mon médecin n'est pas celui qui se laisse libre cours à sa colère, j'avoue être surprise que cela soit la première chose qu'il nous demande.
– Non, lui répond Lucien.
Je sens le regard du psychiatre se poser sur moi. Malgré l'obscurité de la caverne, j'ai l'impression qu'il arrive à percevoir le trouble sur mon visage, je ne sais pas pourquoi, mais je suis persuadée qu'il connaît notre plan.
– Et toi Gabrielle ? Tu ne t'es pas blessée dans votre fuite ? me demande-t-il.
– Non, je vais bien, dis-je en évitant de le regarder.
– Tant mieux. Nous allons pouvoir rentrer alors, commence-t-il.
– Pouvons-nous rester ici quelques minutes ? requiert Lucien.
– Oui, s'il vous plaît ! renchéris-je.
J'entends les pas du Docteur Buile se rapprocher de nous. Puis dans un cliquetis, une lueur s'allume, mon psychiatre a lui aussi un briquet. La flamme se reflète dans ses yeux couleur glacier. Ces derniers me paraissent encore plus froids que d'habitude. Son visage est toujours aussi lisse comme si ses émotions glissent sur lui sans marquer sa peau par des rides naturelles. Pourtant, j'en suis convaincue, il est en colère.
– Nous sommes désolés, m'excusé-je en baissant la tête.
Je plante mon coude dans les côtes de Lucien pour l'inciter à s'excuser auprès de mon psychiatre. Ce dernier se raidit à mon contact et laisse échapper un gémissement de douleur surpris par coup.
– Veuillez nous excuser, renchérit-il du bout des lèvres.
Le Docteur Buile hausse ses sourcils broussailleux comme s'il est surpris d'entendre nos excuses. Peut-être s'attend-il à ce que nous refusions catégoriquement de le suivre. C'est une chance pour nous, si après notre fuite nous arrivons à calmer un peu sa colère, avec de la chance, je vais sûrement pouvoir écoper d'un isolement moins long.
– Nous devons rentrer, réaffirme mon médecin d'un ton catégorique.
Bien décidée à garder le peu de confiance que le Docteur Buile a en moi, je me lève. Et je n'ai même pas le temps d'être sur mes deux pieds que Lucien m'attrape le bras. Je tourne ma tête vers lui et rencontre son regard noir qui me sonde pour voir si je compte mettre en œuvre le plan qu'il a prévu. Pour le rassurer, j'acquiesce doucement. Il me lâche et se lève à son tour. Le Docteur Buile nous laisse passer devant lui, Lucien part devant et je le suis.
Pendant que nous traversons la caverne, j'essaye de capter les moindres détails de cette grotte. Que ce soit ce plafond fait de pierres et de boue, ces quelques stalagmites qui trônent ici et là et surtout ses murs bien trop arrondis pour être l'ouvrage du temps.
– Docteur, est-ce que vous savez qui a construit cette grotte ? demandé-je sans me retourner.
– Oui, elle a été façonnée par des géants.
Tout d'un coup, Lucien s'arrête si brusquement que pour la seconde fois, je manque de lui rentrer dedans. Il se retourne vers mon psychiatre et moi. Grâce à la lumière du briquet du médecin, je peux distinguer que mon acolyte de fuite à le regard complètement bloqué sur un point invisible. Son visage d'abord neutre se pare subitement d'un masque de colère pour laisser en un instant de nouveau place son indifférence qu'il maîtrise si bien.
– Lucien ? Tout va bien ? m'inquiété-je.
Son regard baisse vers moi et ses yeux de rapace m'indiquent que je dois jouer la comédie, de rentrer dans son jeu. Je lui fais un clin d'œil discret tandis que je recule vers le Docteur Buile en faisant semblant de paraître peu assurée. Sans prévenir, je sens les doigts maigres et sinueux de mon psychiatre se refermer sur mon épaule. Je sursaute tout en sifflant de douleur. Je me retourne alors vivement vers le soignant, mais avant que je n'aie le temps de dire quoi que ce soit, le Docteur Buile se penche vers moi et murmure :
– Il commence un début de crise, pars de la grotte et surtout, pendant que tu passes devant lui, ne croise pas son regard. Tim nous attend à l'extérieur, préviens-le.
J'agrandis mes yeux pour faire comprendre mon choc factice à mon psychiatre. Puis je me retourne vers Lucien, ses épaules bougent en un rythme régulier et une légère fumée s'élève tout autour de lui me donnant l'impression d'être en face d'un homme se transformant en un immense colosse. Mais je n'ai pas le temps de m'appesantir sur les talents d'acteur de Lucien que je sens la panique commencer à m'envahir quand mon psychiatre prononce le nom de l'infirmier. Mais l'angoisse n'a pas le temps de faire son nid dans mon cerveau que mon psychiatre me pousse à faire un pas en avant.
Comme si mon corps a pris le relais, mes yeux se baissent automatiquement pour être rivés sur le sol, et mes jambes me guident. Bientôt, j'aperçois les chaussons de Lucien. Je continue mon chemin, et j'arrive au bout d'un temps infini devant la sortie. Je me mets à quatre pattes en priant que Lucien n'aille pas trop loin dans son rôle de malade. Je ne veux pas qu'il fasse du mal à mon médecin.
Menteuse.
Je me fige, cette voix est de retour. J'ai l'impression qu'elle a résonné dans toute la caverne en de lugubres échos. Un frisson de peur remonte le long de ma colonne vertébrale.
Tu cherches à te convaincre d'une fausse bienveillance à son égard, mais son sort t'importe peu. Après tout, c'est à cause de lui si tu es ici.
Cette conscience moralisatrice m'énerve et pourtant, elle m'appartient vu que je suis la seule à l'entendre. Mais pourquoi s'acharne-t-elle à dire des choses qui n'ont aucun sens, comme lorsqu'elle m'a accusé d'avoir tué mon voisin ? Et si mon propre cerveau veut me détruire ? Cela explique aussi les visions cauchemardesques qui me hantent, et s'il est à l'origine de mon mal-être ?
– Gabrielle ? Que fais-tu ? Dépêche-toi ! Lucien semble de plus en plus instable, chuchote le Docteur Buile.
Les Hommes aiment tellement trouver des causes étrangères à leur mal-être alors qu'ils sont les seuls responsables.
Je décide de ne pas écouter cette voix sarcastique et pleine de hauteur qu'est ma conscience, mon but est de discuter avec Paul, pas que le Docteur Buile soit blessé. Pour ça, je dois aller prévenir Tim. À cette pensée, j'ai l'impression de voir dans les ténèbres du tunnel de yeux aussi vide que les abysses flamboyer. Et s'il m'attend là-bas transformé en monstre pour me tuer ? Non, il ne peut pas faire ça. Lucien et le Docteur Buile seront alors des témoins de mon meurtre et si l'un des deux arrive à s'échapper, il révélera ce qu'il a vu au monde entier.
J'inspire profondément et je fonce vers l'ouverture en ignorant mon cœur battant et l'angoisse sourde de se diriger droit dans un piège qui ne demande qu'à se refermer sur moi. Je me positionne à quatre pattes et je m'engouffre alors dans l'étroit couloir de pierre.
Je n'ai pas rampé sur quelques mètres que je sens des pas faisant trembler le sol jusqu'à moi. Je refuse de me retourner trop apeurée du lugubre spectacle que Lucien peut subir en simulant une crise. Pourquoi doit-on en arriver à de telles extrémités ?
Je redouble d'efforts pour ramper le plus rapidement possible ignorant les cailloux qui s'enfoncent dans mes paumes. Et pourtant, plus je m'enfonce dans ce couloir de pierre, plus j'ai l'impression que les murs se resserrent entre eux pour au final m'écraser. J'ai beau continuer, je ne vois toujours pas la lumière du jour. Je respire de plus en plus laborieusement incapable de me détacher de la pensée que cette galerie va devenir mon cercueil. Ma gorge est complètement sèche comme si je n'ai pas bu depuis des jours.
Pourquoi ce couloir est-il si long ? Dès que je fais un mètre, j'ai l'impression de reculer de trois. Vais-je mourir ici ?
Tu abandonnes déjà ? Tu es décidément bien faible.
Mes dents mordent ma lèvre jusqu'au sang de colère. Comment peut-elle se permettre de me juger, elle ne sait pas tout ce que j'ai vécu et qui a dit que je me laisse mourir ici dans cette caverne ? La preuve que cette voix ne me connaît pas, elle n'a même pas réussi à comprendre que, moi, je n'abdique jamais.
Je recommence à ramper avec vigueur cette fois-ci comme si j'ai rêvé ma lassitude et mon anxiété. Et comme par miracle au bout de quelques je vois enfin la sortie illuminée d'une douce lumière qui semble m'embrasser chaleureusement. La lumière salvatrice chasse tous mes démons ténébreux.
Je sors avec joie de souterrain en respirant avec joie l'air pur de la forêt et en savourant les doux gazouillements de quelques oiseaux comme s'ils me félicitent d'avoir vaincu cette épreuve.
– Gabrielle ? Tout va bien ?
Je me retourne en sursautant. Face à moi, se tient Tim, si j'en crois à son froncement de sourcil, il est inquiet. Il me sonde de ses yeux noisette comme pour confirmer si son appréhension est justifiée.
Je n'arrive pas à soutenir son regard et tandis qu'une folle envie de m'enfuir me submerge doucement, j'arrive à articuler :
– Lucien fait une crise.
Lorsque je relève les yeux vers l'endroit où se tient l'ambulancier, ce dernier n'est plus là. Déboussolée par la vitesse à laquelle il s'est précipité à l'intérieur de la grotte, je m'assois par terre en soupirant de soulagement. Je lève la tête vers le ciel qui est désormais menaçant. D'épais nuages sombres annonçant un orage proche se sont accumulés pour ne former qu'une nappe grise souris au-dessus de la forêt.
Soudain, un air frais se lève me soulevant quelques mèches de mes cheveux. Je les regarde virevolter au grès du vent. Que se passe-t-il à l'intérieur ? Lucien va-t-il feindre de chercher un affrontement ? Il risque tellement gros et pour autant, il ne semble pas se soucier des conséquences de ses actes. Est-ce un effet de sa maladie ? Ou au contraire a-t-il tellement perdu que désormais il ne risque plus de nuire à ses intérêts, car il n'en possède plus ? Il n'a pas mérité tout ce qui lui arrive. Moi non plus d'ailleurs.
Et comme en écho au trou béant de tristesse et de désespoir s'élargissant en moi, un long et sourd orage retentit. Une goutte de pluie vient alors s'écraser sur ma main et bientôt, elle est suivie d'une multitude de ses comparses. Le ciel pleure et j'aimerais déverser ma peine avec lui, toutefois mes larmes sont bloquées par un nœud façonné d'épines qui s'est formé dans ma gorge. Il me fait mal, et j'ai beau essayer de le défaire rien n'y fait, car à chacune de mes tentatives il se resserre de plus en plus comme si j'ai atteint mon quota de larmes, comme si mon corps refuse que je laisse éclater ma peine. A-t-il peur que je ne me relève pas cette fois-ci ?
Au loin, je vois des blouses blanches s'approcher au pas de course à travers la forêt. Bien vite, je reconnais Suzanne, Anne et d'autres infirmières que j'ai déjà vu passer dans les couloirs. Décidément, ils ont employé un régiment pour nous retrouver. Pourtant, et ça, j'en suis sûre, ils ont su directement où nous chercher, pourquoi n'arrivent-elles que maintenant ?
Peut-être que les soignants ont dès le départ prévu du renfort. Ces femmes sont donc la cavalerie chargée non pas d'avoir un œil sur Lucien, qui, lui est l'affaire des soignants, mais de moi. Ont-ils poussé le vice de mettre Anne dans le groupe pour éviter toute rébellion de ma part ? Manque de chance pour eux, j'ai bel et bien prévu de leur faire vivre un enfer, une fois dans les couloirs en route pour l'isolement. Paul doit m'entendre, je dois pouvoir m'entretenir avec lui, même si cela me vaut un temps plus long en cellule.
Le groupe arrive vers moi armé de parapluies et d'habits en laine. Je me lève et quand Anne se trouve à ma hauteur, elle le déplie au-dessus de moi me protégeant ainsi de l'ondée. Puis, avec un semblant de sourire, elle me tend le pull que j'enfile en vitesse. Je sens que les infirmières regardent tout autour de moi et qu'elles se demandent où sont passés, Lucien, le Docteur Buile et Tim.
– Ils sont toujours à l'intérieur de la grotte en train de calmer Lucien, les informé-je.
Tout le groupe regarde alors l'entrée de la caverne avec appréhension, on dirait presque qu'elles s'attendent à voir Lucien surgir en hurlant pour les tuer. Suzanne est la première à se décrocher de sa contemplation du tunnel.
J'observe Anne, son regard se teinte d'une profonde mélancolie tandis que ses muscles du visage toujours contracté en un sourire s'affaissent doucement. Elle ne le remarque peut-être pas, mais par automatisme elle se voûte légèrement comme Atlas supportant le poids du monde. J'ai tellement envie de lui révéler notre plan à Lucien et moi pour alléger sa peine, mais malheureusement, c'est impossible.
– Est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait Gabrielle ? m'interpelle l'infirmière en chef en me regardant de haut en bas.
– Oui, rétorqué-je en essayant de pendre mon ton le plus neutre.
Ma réponse semble la décontenancer, s'attend-elle à ce que j'explose de colère ? Qu'elle patiente encore un peu et elle va être servie, j'ai hâte de voir sa tête. À cette pensée, je retiens de justesse un sourire de satisfaction.
– Alors tu comprends que tu vas être punie ?
– En effet, acquiescé-je.
Je vois bien que Suzanne s'énerve de plus en plus à cause du calme de mes réponses. Cela tombe plutôt bien, la tâche va m'être plus aisée que prévue. Bientôt, elle va hurler mon prénom dans le couloir menant à l'isoloir. C'est parfait.
– Gabrielle ne mérite pas cette punition. J'ai vu que c'était Lucien qui l'avait emmené ici, plaide Anne en ma faveur.
Elle me regarde avec un pâle sourire, j'essaye de le lui rendre tant bien que mal alors qu'une énorme culpabilité vient s'ajouter aux nombreux poids pesant sur mes épaules. Nous n'avions pas pensé à la bienveillance de l'infirmière. Il faut impérativement que je subisse cette punition.
– Tu as raison Anne, mais Lucien m'a plusieurs fois demandé si je voulais rebrousser chemin et j'ai refusé, lui dis-je.
– Alors tout est réglé. Rentrons maintenant. On se dépêche, intervient Suzanne.
Je me retourne pour regarder en arrière et je ne peux m'empêcher d'être inquiète en même temps que curieuse de savoir ce qu'il se passe à l'intérieur de la galerie. Mais une soignante du groupe, me pousse doucement dans le dos avec un regard désolé. Je hoche de la tête en essayent d'être la plus compréhensive possible.
Le chemin du retour se fait dans un silence à faire pâlir la mort. Parfois, je sens qu'Anne essaye d'attraper mon regard pour démarrer une conversation où je sais qu'elle va tenter de me rassurer et de me demander des explications. Mais je n'ai pas la force d'entamer une discussion avec elle.
Après avoir traversé la forêt, nous arrivons sur un petit chemin de gravier qui nous mène au bout de quelques mètres, juste devant le portail en fer forgé. Suzanne sort son fameux trousseau de clés et à peine a-t-elle ouvert le portique que derrière nous, nous entendons des pas. Comme une seule femme, nous nous retournons toutes en direction du bruit et de l'orée du bois émergent le Docteur Buile et Tim soutenant Lucien. Ce dernier semble complètement épuisé, il ne nous regarde même pas tant, il est occupé à fixer ses pieds comme s'il va s'emmêler les jambes à la moindre déconcentration. Il me fait penser à un faon qui vient de naître. Encore une fois, je n'arrive pas à retenir un élan de compassion et de chagrin à son égard, sentiments accentués lorsque j'aperçois Anne aux bords des larmes à cause de cette vision. C'est à cause de moi s'il est dans cet état, si seulement je n'avais pas parlé de l'Insulagos.
Les trois hommes nous rejoignent et notre bien triste cortège rentre dans l'enceinte de l'établissement. Pour la seconde fois, je croise cette statue et alors que je n'ai vu que du mauvais goût dans son édification à l'entrée de la clinique psychiatrique, je suis persuadée que maintenant, ici, elle prend tout son sens.
Cette tête à demi coupée n'est autre qu'une représentation des malades soumis à leurs propres crises. Une fois que la maladie tombe sur nous, nous, ceux qui la subissent de plein fouet doivent l'affronter au prix de notre santé mentale qui s'effrite de plus en plus. Puis l'issue du combat n'a que deux issues, soit on s'en sort, soit nous devenons la copie de cette sculpture, nous perdons littéralement notre tête, notre conscience, notre autonomie. Notre vie nous est enlevée. Juste à cause d'un dysfonctionnement de notre cerveau. Finalement, elle est juste un rappel de notre propre faiblesse et de la lutte que les malades mènent chaque jour contre eux-mêmes. C'est tellement injuste, pourquoi est-ce que ça nous arrive ?
Non, tu te trompes. Elle te rappelle juste qu'ici, c'est une prison pour ceux que la société considère comme anormaux. Mais ta différence est ta force. Tu peux tous les soumettre à ta volonté si tu le veux vraiment.
Encore une fois, ma conscience débite des pensées amères qui n'ont aucun sens. Au loin, je distingue une silhouette se détacher de la magnifique façade en brique rouge du bâtiment. Monsieur Jokary s'est déplacé en personne pour accueillir notre petit groupe, quel honneur. Tandis que nous nous sommes remis en marche pour arriver à sa rencontre, le directeur de l'hôpital s'arrête pour nous observer.
Je n'arrive pas à déceler la moindre trace d'énervement ou d'agacement quand nous arrivons à sa hauteur. Et pourtant, il desserre les lèvres et aussi tranchante qu'une guillotine sa voix fend l'air pour annoncer notre sentence à Lucien et moi :
– Emmenez-les tout de suite à l'isolement.
C'est le coup de feu que j'attends pour de commencer mon début de rébellion.
– J'ai été sous la pluie. Je dois prendre une douche si vous ne voulez pas que j'attrape la mort, objecté-je.
Je tente de capter l'attention de Lucien, mais il semble bien trop obnubilé par le carrelage pour percevoir ma tentative de communication par télépathie.
– Tu iras une fois que tu auras réfléchi à tes actes, me répond-il sans même me regarder.
Ainsi, à peine l'ai-je connu que je ne suis déjà plus dans ses petits papiers. Je ne renchéris rien et nous rentrons alors en silence dans le bâtiment. Comme la première fois que je suis allée dans le hall de l'hôpital, des parents sont assis sur les sièges de la salle d'attente. Ils ont tous l'air désespéré face à la secrétaire en train de fumer tranquillement derrière sa vitre jaune. Pourquoi tous les malheurs du monde semblent s'être réunis en ce lieu ?
Nous les dépassons pour rentrer dans le premier couloir ambulatoire. Une fois à l'intérieur, nous ne nous attardons pas à parcourir les différents corridors, mais nous nous contentons de monter tous les escaliers possibles et inimaginables. Lors de notre montée, je m'éloigne le plus possible de Tim, je refuse catégoriquement de le perdre du regard. À tout moment, je suis convaincue qu'il peut me poignarder dans le dos.
Au troisième escalier (ce qui signifie que nous sommes au troisième étage), le groupe des hommes se sépare de nous tandis que les infirmières et moi, nous continuons notre ascension. Je jubile intérieurement, le Directeur, le Docteur Buile et Tim sont de vraies épines dans le pied en ce qui consiste à toute révolte.
Puis au bout d'un moment, il n'est plus possible de grimper, car les escaliers s'arrêtent net devant une double porte battante marron sans hublots. Je suis ravie d'être enfin arrivée. Mon ascension m'a fait subir une multitude de points de côtés. Mes cuisses me brûlent tellement que je dois reprendre mon souffle pendant plusieurs secondes ce qui me vaut des soupirs de mécontentement de la part des infirmières.
Je regarde un instant, Anne et je m'excuse mentalement auprès d'elle. Puis je respire un grand coup.
Que le spectacle commence.
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