Sous la pluie j'ai levé les yeux, pour admirer les nuages gonflés de noirceur répendre leur perles éteincelantes, la lune luir sur le tableau sombre qu'était la nuit, orpheline sans ses étoiles.

Sous la pluie j'ai observé les lumières des lampadaires devenir éphémères, les couleurs des panneaux publicitaires se déteindre sur le sol décrépi, la présence dans les maisons réchauffer l'atmosphère humide et pesante.

Sous la pluie mon visage a finit trempé et poupre, mon souffle froid et mes doigts gelés, mon corps assimilant la beauté qu'était ce temps maudit.

Sous la pluie j'ai marché longuement, mes chaussures innondées par l'eau froide, en me demandant si sortir ce soir était une bonne idée.

Sous la pluie j'ai revu les couleurs, les lumières, les émotions, mais je n'ai pas vu le temps pluvieux et morne qui m'apportait tout cela autrefois.

Sous la pluie j'ai couru, jusqu'à en perdre haleine, frappant de mes pieds froids et trempés les teintes animées et la joie menteuse des visages autour de moi, bousculant les obstacles vivants qui ne m'importaient pas.

Sous la pluie j'ai crié ton silence et j'ai aperçu depuis ce ciel brumeux qui définissait le jour de ta mort un sourire aussi lumineux que la lune.

Cette unique étoile disait de sa lumière aveuglante et désagréable à regarder comme tu l'étais autrefois :
" Regarde toi, idiot, tu vas attraper un rhume ! "
Sous la pluie le monde qui m'enveloppait disparut.
Et soudain je dis, d'une voix tremblante et honteuse
" Je t'aime aussi, idiot. "