Connaître l'amour pour moi était inutile.
Malheureusement j'y ai aussi succombé.

- Je t'aimais tellement... Désolé..

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Il était 4h du matin. Je pense.
Je fis réveillé par la sonnerie criarde de mon téléphone. Je décrochai et tes grondements barbants m'assenent.

- Où étais-tu ?! Tu es avec qui ?!

Je m'en sortis facilement avec des excuses monocordes, et tu te laisses berner aveuglement. Je me demande qui est le plus abruti de nous deux.
Tu n'es qu'un accessoire interchangeable, c'est si navrant de te voir ressentir.
Mais lorsque je te quitte, et qu'une autre m'enlace, je ne me sens pas comblé.
Pourquoi est-ce que le monde est si sentimental ?

Le soir suivant, j'étais à nouveau dans un hôtel, accompagné d'une sublime couleur.
Elle était rouge, elle était la tentation avec son corps de déesse aux courbes généreuses et à la taille si fine, au regard de braise. Qu'elle était cette flamme qui s'allumait quand je te regardait ? Y avait-il au moins la moindre étincelle au fond de mes yeux ?

A peine entrions-nous dans la chambre que cette sonnerie insupportable retentit. L'autre couleur reproduit sûrement ce numéro grotesque. Je la rassurai malgré moi :

- Je suis chez moi. Je travaille, j'aimerais avoir la paix.

Et mon rouge m'attrapa et m'étouffa de son parfum sensuel, et ce jeu, la mécanique se lança.
Ton corps dénudé caressait le mien, tu semblais faire une overdose de luxure, et chaque son qui émanait de toi me procurait des frissons. Ton extase se faisait entendre à travers la pièce, où seul nos corps se lieaient d'un amour inavouable.
Elle semblait sous mon effet, cet effet comparable à la drogue, mais c'était un tout autre vice.

Je rentrai chez moi le lendemain matin, laissant Rouge dormir dans les draps sales. Encore fois, je passai devant toi, qui distribue de stupides flayers pour sauver les animaux maltraités.
Tu étais celle sans couleur.

A la bibliothèque je n'étudis que d'un oeil. Quand je vis une charmante couleur entrer. Elle était verte, l'amertume, elle cachait subtilement les ematomes laissés par son père. Est-ce qu'elle voit une nuance d'émotions quand manipule son esprit et son corps ?

- Mon amour pour toi est sincère, je ne te ferais de mal.

C'était tellement banal, que je me désespèrais. Pourtant une lueur se mit à briller dans ses pupilles. Je reproduis le jeu, le mécanisme, jusqu'à ce que son coeur se brise. Mes mensonges se transformaient en mélodie, tandis que je retirai sa chemise, et bientôt elle n'arrivait plus à se contrôler. Maintenant elle fut accro à cette drogue qu'elle regrettera bêtement.

Toi, l'enfant lumineuse à la couleur indéfinie, est-ce que tu te souviens de moi ? J'étais le petit garçon du troisième étage, tu es la petite fille du concierge. Tu as toujours habitée ici, alors je suis resté, pour toi. Je pense que je suis le plus triste de nous deux. Pourquoi mon coeur se serre à chaque fois que tu rencontres un garçon ? Tu es si heureuse, ça me dégoûte.
Puis tu l'embrasses et me tues.

Malgré mes désirs, et ma passion des couleurs, je ne savais toujours pas à quoi ressembler les emotions et cette lumière qu'ils ressentent tous.
Je me suis alors persuadé que l'amour était obsolète, et j'ai préféré ma façon d'aimer.

Tu es la couleur manquante. C'est pour cela que tu vas m'appartenir. Cet arc en ciel corrosif me ronge de l'intérieur, pourris et mords mes organes, mais je veux continuer ma palette, t'avoir comme couleur névralgique.
Te souviens-tu du garçon du troisième étage ?
Ton sourire est bien trop magnifique, je t'interdis de sourire aux autres.
Tes yeux sont incroyables, je t'interdis de regarder les autres.
Ta voix est sublime, je t'interdis de leur parler.

Pourquoi tu prends subitement cet air affolé ?

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Te rappelles-tu du garçon du troisième étage ?
Tu es désormais aussi déchu que lui.
Je suis navré, sublime couleur.
Je sers encore contre mon corps endolori les témoins de mon affreux péché...
Je crois que je pleurs.

- Désolé...!

Ta couleur je la connais enfin.
Tu es Blanc, comme la pureté, l'innocence et le coeur pur que l'on avait accordé.

Désolé...

Je suis le noir abusé d'encre, dans une palette de passion colorée.