Chapitre 5

La forêt était tellement silencieuse que seul le claquement du vent se faisait entendre. Après plusieurs heures de marches, les aventuriers se décidèrent à s'arrêter enfin dans une partie dégagée de la forêt, à la lisière d'un grand lac, aux eaux bleues, qui s'étendait jusque sous les arbres. Assise autour d'un feu, Ilyana s'était retrouvée, sans savoir comment, au milieu d'un combat silencieux ; les deux hommes, Ihyes et Osh, ne cessaient de se fusiller du regard. Elle ne comprenait pas la raison de leur duel perpétuel, il semblerait que le guerrier ne fût pas ravi qu'un inconnu élargisse leur petit comité. Ce n'était pas comme si Ihyes avait fait exprès d'être bloqué ici à Tesiri. En plus, celui-ci entrait dans son jeu, la désespérant encore plus.

Le vent souleva ses longs cheveux blancs qui venaient lui chatouiller le visage, elle soupira. Stelia, l'autre femme du groupe, était partie depuis un bon moment maintenant se baigner dans le lac qui était assez loin pour avoir un peu d'intimité, mais suffisamment proche pour intervenir en cas de besoin. Voulant fuir cette tension remplie de testostérone, l'ex-fugueuse se leva pour rejoindre une compagnie féminine lorsqu'elle entendit un cri.

Un hurlement.

Bref, mais rempli de terreur.

Cependant, Ilyana eût le temps d'identifier sa provenance.

Stelia.

La jeune fille se figea. Une seconde. Un temps qui lui parût une éternité. Puis, elle s'élança en direction du lac et donc de Stelia. Activant en même temps ses dons, ses sens s'aiguisèrent, mais pas sa vitesse, toutefois, cela lui permit de mieux se repérer dans la noirceur de la nuit. Elle devina la présence d'Osh et d'Ihyes à ses côtés, une fois la surprise passée, les deux hommes l'avaient suivis et l'avaient rattrapés. Ils en étaient maintenant au même point.

La distance entre leur campement et le lac était infime, pourtant, il lui semblait infinie dans son état. Lorsqu'elle arriva sur la rive, elle s'immobilisa, horrifiée. Un monstre, une énorme créature de dix fois – minimum – de la taille d'un homme, en longueur et en largeur, munie d'un nombre incalculable de tentacules tenait, fermement, son amie inconsciente, et, parût sur le point de la gober. Il suspendit ses gestes quand il remarqua que des petits curieux s'incrustaient à sa petite fête ; il s'en réjouit : quatre pour le prix d'un fût un juste affaire. Les fixant de ses dizaines de yeux, le poulpe géant ouvrit la bouche et poussa un cri qui transperça leurs corps, leurs esprits et leurs âmes. Toutefois, cela eût le mérite de sortir la princesse de sa torpeur.

Ilyana sût alors à quoi – ou plutôt à qui –elle avait affaire. Un kraken serpent des mers. Grande rêveuse qu'elle était, la jeune fille avait lu d'innombrables bouquins sur le sujet, mais elle ignorait que Terris en abritait.

Ce qu'elle prenait au départ pour des tentacules étaient en fait des serpents gesticulant accrochés à une tête affreuse. Ne réfléchissant pas plus, la jeune fille enleva sa cape, sa veste ainsi que son pantalon, ne restait que sa tunique pour cacher sa nudité. Ça aurait été stupide qu'elle sombrait au fond à cause de son poids.

La jeune fille réfléchît. Elle possédait une arme principale ; une épée, or, celle-ci était trop courte et trop lourde pour un combat sous-marin. Restait ses armes de jets et de traits, l'eau demeurant toujours un obstacle... Alors qu'elle se dirigea, déterminée vers le kraken, Ilyana fût arrêté par Osh. Curieuse et intriguée, celle-ci le laissa faire.

– Pourquoi vous faites ça ? Ne voyez-vous pas que Stelia est en danger !

– Oui je le vois très clairement, votre altesse et c'est pour cette raison que je vous en écarte ! C'est mon devoir de vous protéger : restez ici.

– Hum, je ne voudrais pas vous déranger, mais il se trouve que, commença Ihyes en montrant le lac du doigt.

Des vagues se soulevèrent dangereusement, formant ainsi des remous sur la surface jusque-là lisse des eaux. Ils eurent juste le temps d'apercevoir Stelia une dernière fois avant que le kraken l'entraîna dans les profondeurs. Mus par une même force supérieure, Ihyes, Osh et Ilyana coururent vers le cours d'eau ; les deux garçons plongèrent tandis qu'Ilyana cria :

– Un tentacule ! Ramenez-moi un tentacule !

Ayant l'habitude de combattre toutes sortes de créatures dans cette même forêt, la donatrice avait acquis une certaine force de caractère et d'esprit, pourtant, au milieu des arbres, dans une clairière éloignée de la civilisation, elle se sentit démunie. Son impuissance lui nouait l'estomac et lui donnait envie de gerber, cependant, elle ne le fit pas, bien que ce ne fût pas l'envie qui manquât.

Elle se savait capable de venir à bout de cette créature, mais le fait était que ce jeune homme, Osh, était chargé de la protéger, et, la jeune fille ne voulait en aucun cas le gêné et qu'il risquât une punition de par sa faute.

Alors, Ilyana essaya de se rendre utile d'une autre façon. En titubant, elle se dirigea vers ses affaires, et prit, avec mille précautions, un livre noir au rayure dorée. Un cadeau de Justine.

– Occupes toi de Stelia, je vais faire en sorte de la sortir de là ! Tu sais nager au moins ?

Avant qu'Ihyes ait put émettre un son, Osh continua impitoyablement.

– Ce monstre, j'en fais mon affaire ! Tu m'as bien compris ? Tu fais en sorte que la donatrice remonte à la surface saine et sauf, et moi, je me charge de vos arrières.

Voyant que le guerrier attendait une réponse, le roux hocha la tête pour approuver. Pour une fois, il ne contesta pas ses paroles, se rendant sûrement compte de l'urgence de la situation.

– Donc, attends vingt secondes après mon plongeon avant de me rejoindre, ça te va ?

Oui ça lui allait. A dire vrai, Ihyes n'avait jamais vu de telles créatures à Irondella, tout comme il n'avait jamais vu de princesse. Ilyana lui réserva bien des surprises, et pas des moindres.

Le jeune homme était effrayé par ce poulpe géant, toutefois, il ignorait tout de son droit à ressentir de la peur en cet instant. Le roux ne connaissait Stelia que depuis quelque jours, il l'avait entraperçu quelquefois à l'auberge et de ce qu'il voyait, la femme semblait polie. Les quelques heures passées en sa compagnie le convainquit encore plus du bien-fondée de sa première impression. C'était ce qui poussait l'irondellien à vouloir la sauver !

Cinq secondes.

Les remous de l'eau ne s'étaient toujours pas calmés, pourtant, en regardant autour de lui, quiconque n'aurait pu deviner les événements tragiques qui se jouaient de dessous.

Dix secondes.

Il vit Ilyana qui bouquinait, non loin de la rive, comme inconsciente de ce qui tramait juste sous son nez. Pourquoi maintenant ? Le roux l'ignorait, mais il espérait qu'elle eût une bonne excuse pour se comporter de la sorte, car après tout Stelia était son amie, non ?

Quinze secondes.

Il se mit en position, voulant être prêt pour le moment fatidique. Le grand s'interrogeait continuellement sur leurs relations entre Osh, Stelia et Ilyana, car celle-ci ne lui avait contée que les grandes lignes. Peut-être étaient-ils amis ?

Vingt secondes.

Il eût une dernière pensée pour la princesse et voyant que celle-ci ne levait toujours pas la tête de son livre, il plongea à son tour, la laissant seule dans la forêt.

Stelia ne voyait rien. Le fait que ses yeux furent collés ensemble expliquait un peu la perte de sa vue, non ? Elle avait également la bouche sèche, ce qui était un comble en soi, car elle se trouvait sous l'eau, donc elle avait ce liquide à volonté !

Pan.

Une voix lui murmurait à l'oreille, ou plutôt à l'intérieur de l'oreille. Non. A l'intérieur de sa tête.

PanPanPan.

Qui était-ce ? A qui appartenait ce murmure, et qui était, par Lune, ce Pan ? Une connaissance ?

PanPanpan.

D'ailleurs, en parlant de ça, elle allait le perdre. Sa connaissance, pas Pan, mais quoique... pourquoi avait-elle mal au ventre ?

Pan.

Ah oui ! Quelqu'un ou quelque chose lui serrait la poitrine, lui comprimait et l'empêchait de ce fait de respirer. Elle gloussa. Même si, elle n'avait pas cette chose à la taille, Stelia ne pourrait pas respirer ; elle était sous l'eau. Elle gloussa de plus belle.

Pan.

Son ventre ne lui fit plus mal, la compression s'étant atténué jusqu'à s'arrêter. Toutefois, elle n'eût le temps de s'interroger plus sur sa soudaine libération, car ses yeux devinrent vitreux.

Pan.

Néanmoins, la femme sentit une main – elle en était persuadée – l'enlacer, Viktoro ? Elle voulût rire, mais elle ne contrôlait plus son corps. De toute façon, il était parti et il ne reviendrait plus ; elle le savait pourtant.

Pan. Ah oui, Pan.

Elle ne voyait toujours pas qui c'était. Les ténèbres le retrouvèrent et ne le lâchèrent plus ; elle sombra.

Osh nageait vers les profondeurs, emportant avec lui ce qui restait de lumière en s'enfonçant inéluctablement dans les noirceurs des abîmes. Le noir ne lui fit pas peur. Plus maintenant. Pas après tout ce temps.

Une amitié s'était liés entre eux, de fil en aiguille, et, c'était ce qui, paradoxalement, l'empêchait de sombrer dans les tréfonds de son esprit. Celui-ci était plus effrayant encore que les monstres tapis dans l'obscurité. Ces monstres-là, il était sûr, au moins, qu'ils n'existaient pas alors que ceux-là, dans sa tête, imprégnés en lui-même, étaient bien vivants, nourris par sa peur, se servant de celle-ci comme d'un tremplin pour devenir encore plus infâmes.

Il suivait un monstre comme les ombres du passé le suivaient, c'est-à-dire, à la trace, ne le lâchant pas des yeux. Chose qui était difficile vu la pression qu'exerçait les eaux sur ses paupières pour les fermer, ils voulaient peut-être qu'ils s'endorment là, tout de suite, abandonnant ainsi sa quête, mais hélas pour eux, il ne voulait pas dormir. Pas encore. Pas maintenant.

Une sorte de lumière dans l'obscurité qui l'appelait. Un phare dans une nuit de tempête sur le bateau de la vie. Une étoile, unique et scintillante, dans les ténèbres infinies qui l'interpellait. Un appel à l'aide qui avait l'apparence d'un ange tombé du ciel.

Alors, pour atteindre l'étoile, il s'enfonçait dans les abysses, à la recherche d'une chimère réelle, et, lorsqu'il le trouva, il commença à danser.

Lentement et doucement.

Son partenaire lâcha Stelia pour se donner entièrement à lui ; il s'en réjouit.

Commença alors une chorégraphie endiablée qui avait pourtant débuté tel un ballet, harmonieux et doux, avec pour seule symphonie des cris de douleur, des giclements de sang et des trémousses des tentacules.

Le ténébreux n'y fit pas attention, cependant, ses yeux furent captivés par la beauté qui se dégageait des mouvements de son ami. La fluidité de ses gestes et l'ardeur avec laquelle il se mouvait démontrait de sa passion pour leur activité. Malgré le fait que le guerrier utilisait plusieurs outils et que le kraken seulement ses serpents, il ne sentit pas avantagés, car après tout, Osh était sous l'eau et il commençait à ressentir crucialement le manque d'air.

Il fallait en finir.

Un liquide pourpre, couleur du coquelicot et du vin, gicla dans celui transparent du lac lorsqu'il décapita le kraken. Du jus aux teintes rubis s'échappait également de ses blessures, tout comme son énergie de ses muscles anciennement galvanisés par le combat.

Il sourit, satisfait avant que tout devînt noir autour de lui.

Le ténébreux se réveilla, hors de l'eau en toussotant. Visiblement, il avait bu la tasse. La première chose qu'il vit fût un visage, penché sur lui, comme pour l'ausculter. Des yeux sombres dans lesquels il pourrait se noyer avec plaisir le fixèrent avec insistance et inquiétude, encadrés par une touffe opaline.

Tiens donc ? La princesse se serait-elle faite du souci pour lui ?

– Que s'est-il passé ? Demanda-t-il en essayant de s'asseoir.

Il échoua lamentablement.

– Voyant que vous ne remontiez point, j'ai pris peur et je vous ai retrouvé !

– Je pense que nous avions passés le cap du vouvoiement après m'avoir sauvé : je vous en remercie d'ailleurs ! s'exclama-t-il en prenant les mains petites et douces d'Ilyana dans les siennes.

Le jeune d'homme dût prendre énormément sur lui pour ne pas fixer là où ses yeux débouchaient, à la hauteur du torse de la princesse, au risque de paraître grossier, mais hélas, il ne pût empêcher ses joues de prendre une jolie teinte cramoisie.

Heureusement, celle-ci ne semblait pas remarquer son malaise ou fit semblant de ne pas voir, car aucun commentaire ne sortit de sa bouche. Au contraire, la jeune fille considéra sa proposition, puis, hocha la tête pour approuver.

– Hum, tu as raison ! De plus, j'ose espérer que tu en ferais de même dans le cas contraire, termina-t-elle en se relevant.

Sa tunique lui colla à la peau, à cause de sa baignade forcée, ne laissant que très peu de place à l'imagination ; tel un puceau, Osh détourna violemment la tête et rougit encore plus. Elle arqua les sourcils, mais, encore une fois, ne fit aucun commentaire. Au même moment, elle éternua, puis, cherchant sa veste et se couvrit avec.

Osh retrouva alors ses esprits, et, après avoir réussi à se mettre en position assise, regarda autour de lui. Le silence d'Ihyes l'inquiétait, car il était connu de tous que celui-ci avait avalé un Rossignol-parleur et de ce fait ne pouvait s'empêcher d'ouvrir la bouche pour dire des âneries. Ce fût donc une réaction légitime de chercher la raison de ce répit ; à sa grande surprise, le roux s'occupait d'un Stelia somnolant.

– Que lui arrive-t-elle ?

– Hum ? Oh Stelia, un tentacule-serpent l'a piquée et un poison se propage en ce moment dans son corps...

– Il n'y pas de guérisseur dans les environs ?

– Hum ? Oh, des guérisseurs ? Non, comme tu le vois ; on est en pleine forêt, le temps qu'on trouve quelqu'un qui pourrait potentiellement la sauver, ce sera trop tard !

– Alors qu'est-ce qu'on fait ? On la laisse crever ici ? Après tous nos efforts ?

– Hum ? Non pas du tout ! Je vais essayer de fabriquer un antidote.

Voulant voir si la princesse blaguait, il se tournait vers elle et la découvrit en train de lire, ce qui expliquait ses réponses vagues et songeuses.

– Vous ? Je veux dire, toi ? Tu en seras capable ?

– Hum, je pense y arriver, mais il me faut absolument un ingrédient chez moi !

– Chez toi ? Mais tu l'as dit toi-même princesse, une fois là-bas ; il sera trop tard !

– Je sais ce que j'ai dit, mais je ne te parlais pas de la Cité Royale. Il y a un endroit non loin de là, une sorte de refuge que je me suis créé ! Hum, j'avais promis d'emmener personne dans ces lieux mais les événements actuels m'y obligent.

Un refuge ?

– On n'a pas beaucoup de temps ; d'après le livre, le poison du kraken se propage à une vitesse ahurissante, on a vingt-quatre heures. Si on se dépêche assez, on pourra y arriver dans les temps et dans ce cas, ce serait à moi de jouer, continua songeusement Ilyana.

Comme pour souligner ses paroles, le soleil se leva. Les arbres laissaient entrer progressivement des filaments de lumière qui embellissaient la nature encore plus.

– J'ai déjà prévenu Ihyes, il est d'accord avec moi ; on n'a pas d'autre choix.

Osh voulut lui demander où avait-elle appris ces savoirs-là, car n'importe pas qui ne pouvait se prétendre apte à créer un antidote d'une créature rare, toutefois, il se tût, faute à sa légitimité à poser cette question ; le jeune homme douta grandement d'ailleurs que la princesse lui répondit.

Ils se mirent en route alors, alternant entre eux la portée de l'inconsciente. A cause des récents événements, les trois randonneurs ne fermât pas l'œil de la nuit, faisant de la sorte une nuit blanche. Une fois que l'adrénaline s'en alla, la fatigue les heurta comme une charrette dévalant une pente – sans conducteur – les assommant de la puissance du choc. Ils n'avaient qu'une idée en tête : dormir. Hélas, ils ne purent.

Ils avancèrent péniblement et sûrement, suivant les directifs de la princesse quand celle-ci leur annonça leurs arrivée. Pourtant, ils eurent beau regardé autour d'eux, ils ne trouvèrent rien ressemblant de près ou de loin à un « refuge ». L'endroit se situait même pas dans une clairière, les arbres les envahissaient de tous les côtés, les perdant dans un dédale de troncs, de feuilles et autres.

– Hum, Lyne, tu es sûre que... commença Ihyes, sceptique, avant d'être interrompu par une masse blanche lui fonçant dessus.

– Qu'est ce donc ? Un autre monstre ? Cria le guerrier en dégainant son sabre.

Pour toute réponse, Ilyana rigola, puis, en faisant un mouvement avec ses doigts autour de sa bouche, siffla. Un son pour le moins aigu en sortit, alors que le « monstre » délaissa Ihyes pour sauter sur la princesse qui ne semblait pas le moins du monde embêtée ; elle lui caressa son pelage, sous le regard horrifié des deux autres.

– Je vous présente Shiba ; mon gardien personnel !

Celui-ci grogna comme pour approuver ses dires.

– Qu'est ce donc ? Un chien, un loup ?

– Un loup ? Par Lune, non ! C'est un chien ailé !

– Je peux ? Demanda Osh, curieux.

Cependant, il n'eut le temps d'avancer que Shiba jappa en montrant les dents, il se retourna vers sa maîtresse pour une explication et celle-ci lui fit un sourire confit.

– Oh désolée, il semblerait qu'il n'a pas aimé que tu le traites de monstre : c'est compréhensible !

Le chien, de la taille d'un âne, fut rapidement chevauché par la princesse tandis que celui-ci le déposa dans une cabane en bois, en haut de plusieurs arbres, invisible dans les feuilles denses. Meublée rudimentairement d'un lit, d'une table, d'une bibliothèque semblait-il et d'un atelier, de ce qu'il pouvait voir, cette cabane ressemblait en tout point à une chambre estudiantine. Il possédait une de semblable dans son école militaire – avec les potions en moins.

– Bienvenue chez moi !

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