Chapitre 18: deuxième partie

Il retombait brutalement sur le sol glacé. Ses os se craquaient dangereusement. Il levait ses mains tremblantes pour essuyer péniblement le filet de sang qui s'échappait par sa bouche. Il serrait les poings pour arrêter les tremblements de ses mains. Son dos était froid sur le sol en marbre et son cœur était vide. Il ne cessait de se battre à tout rompre, au point que c'en était douloureux. Il s'était vidé de son amour et son respect pour cette femme qui se tenait non loin de là, menaçante, avec une lueur de folie dans les yeux.

Maman. Non. Arrête.

Les cris s'étouffaient dans sa bouche, trop faible pour sortir de ses poumons. Sa trahison lui donnait l'effet d'un coup de poignard. Les larmes lui brûlaient les yeux mais il avait trop de fierté pour pleurer. Il ne voulait pas lui donner ce plaisir. La peur le tordait et le torturait. Un goût âcre lui remontait à la gorge et il ne put s'empêcher de vomir. Il la regardait avancer lentement, franchissant l'espace qui les séparait de manière régulière, impuissant, les lèvres en sang, couverts de vomis et de sang. Pitoyable. Il était pitoyable.

Ses cheveux se collaient sur son visage en sueur. Il fermait les yeux n'osant plus affronter son visage et ce sourire qui lui donnaient la chair de poule.

Fils de courtisane !

Maman ne veut pas que nous jouons avec toi !

Ne t'approches pas de nous, nous ne voulons pas être un monstre comme toi !

Regarde-le : il ne pleure même pas ! Menteur ! Il est comme sa mère, un manipulateur !

Les voix ne voulaient pas s'arrêter ! Il voulait quitter un enfer dans la réalité pour atterrir dans un autre encore plus cruel ! Sa tête lui faisait mal, il en avait marre ! Il voulait crier mais il était trop faible. Les mots se coinçaient dans sa gorge ne voulant pas sortir. Pitoyable. Sa vie était pitoyable. Son existence était lamentable. Il frappait sa tête sur le sol, essayant de faire sortir ces choses de là. Il en avait assez, il voulait en finir.

Il va se tuer ! Arrêter le ! Un médecin, vite.

Tout était floue dans son esprit mais au moins les voix s'était tut. Il entendait des pleurs de femme.

Mère indigne ! Emmènez-la au cachot !

NON ! MÈRE NON ! MAMAN NE ME LAISSE PAS SEUL AVEC EUX !

Ce fût le trou noir.

Mère, pourquoi m'as-tu laissé seul ?

Évidemment les mots moururent dans sa bouche.

Graben sursautait, il s'était pas rendu compte qu'il somnolait. D'habitude, ce genre de rêve venait le soir avec le calme de la nuit. Si maintenant il ne pouvait être tranquille le jour... Se résignant, il sortait un flacon de sa poche et le vidait : il en avait besoin.

- Qu'est-ce que c'est ? Demandait Ihyes en surgissant de nulle part.

Il s'était arrêter dans un coin sombre pour faire une pause car sa tête lui faisait mal, sûrement le manque de sommeil. Il avait qu'une envie, qu'on le laisse en paix. Néanmoins, il grommela pou la forme :

- Un élixir.

Le roux se doutait qu'il n'obtiendrait rien de plus alors il s'en contenta. Mais Ihyes se rappelait également la mine confite d'Ilyana quand il était question de Graben alors il était curieux.

- Quelle est ta relation au juste avec Ilyana ?

Il le regardait comme s'il avait dit une énorme boulette. Quelque secondes s'écoulaient sans qu'il se décidât à répondre. Ihyes voyait qu'il mettait du temps à répondre, allait abandonner lorsque le brun ouvrait la bouche.

- La princesse ? Tu l'aimes n'est-ce pas ?

Il faillait tomber à la renverse. Il rougit de sa maladresse et de ce que venait de dire son compagnon.

- Comment ? Non, c'est juste une amie.

Graben trouvait cela fascinant qu'un homme aussi brutal et impressionnant qu'Ihyes soit aussi gêné qu'en ce moment. Il était mignon. À peine ces pensées franchissaient son esprit qu'il les bannit. Il souriait à la place. Ihyes se disait alors que c'était la première fois qu'il le voyait sourire et qu'il devait le faire plus souvent.

- Tout le monde le sait, je crois que seule Ilyana ignore tes sentiments !

Voyant qu'il prenait une mine offusquée, il le rassurait.

- Ne t'inquiète pas, je ne dirais rien : cela ne me regarde pas de toute façon !

Un silence suivait ses aveux.

- Ilyana avait toujours cette manie de ne pas voir l'évidence ! Elle te fera du mal sans le vouloir et sans le savoir ! Elle a toujours été comme ça, je croyais qu'elle avait changé.

Ihyes surprit, se taisait. Plus par ce qui se venait de se passer que par ses paroles. Après réflexion, il mettait sur la fatigue et le stress de ces derniers moments le fait que, en parlant, les yeux rouges de Graben s'étaient mis à briller. Ils s'étaient alors contrasté avec ses cheveux noirs. Il secouait la tête pour chasser ses pensées. Son interlocuteur prenait son geste pour une négation. Il y avait de ça aussi mais il avait besoin d'en savoir plus. Il savait qu'il n'avait aucune chance, surtout face à ce prince arrogant qui faisait la cour à Ilyana. Il était beau avec ses cheveux d'ébène et ses yeux d'émeraude. Il savait également qu'Ilyana la voyait comme une amie. Un cri d'oiseau le sortait dans sa rêverie. Les nuages s'écartaient pour laisser au soleil tout le loisir de montrer sa majesté. Un rayon venait se fléchir sur le bracelet d'Ilyana. Le bracelet d'Ilyana. Voilà la solution à leu problème : il savait comment la retrouver !

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda le brun, les yeux rivés sur son bras.

- La solution à nos problèmes, répondit-il excité.

Graben haussait un sourcil, sceptique puis haussait les épaules : s'il avait une solution alors soit. Mais il voulait au moins une explication.

- Elle me l'a offert quand je suis venu dans ce royaume. Vous ne vous êtes jamais demandé comment je pouvais comprendre votre langue ?

Maintenant qu'il le disait, effectivement c'était bizarre. Pendant la recherche d'Ilyana, Oshida se rappelait qu'ils avaient utilisés, lui et Stelia, un artefact d'une grande puissance qui leur permettaient de dialoguer dans plusieurs régions, pays différents. Ce genre d'artefact était très rare et coûtait très cher.

- Ce bracelet me permet donc de vous parler et de vous comprendre. Mais ce n'est pas tout, elle m'a aussi dit de l'enlever et alors elle viendrait : une sorte d'invocation.

- Tu veux dire qu'Ilyana t'a offert à toi, un bracelet capable de « l'invoquer » quand ça te chante ?

- Non, elle m'a aussi dit que cela ne marcherait qu'une fois et après le bracelet sera bonne à la poubelle.

Ils réfléchissaient ensemble. Si le bracelet marchait, dans le cas où le sort fonctionnerait, ils auront retrouvé la princesse et pourraient repartir à la quête de « la reine rouge ». Si la magie de l'objet fonctionnait, ils perdraient un objet inestimable et Ihyes serait sourd, sans interprète. Finalement, ils décidaient de ne pas sacrifier l'objet, ils ignoraient si la princesse en possédait un autre.

- J'ai trouvé une piste, déclara Ihyes, ravit que ses talents de chasseur ne l'ont pas quitté durant ce voyage.

Ils suivirent la piste qui les conduisait à une clairière où ils perdirent la trace de la princesse. Oshida la retrouva mais ils doutèrent de sa fiabilité lorsqu'elle leur conduisait dans un marécage. Ils poursuivirent leur route jusqu'à une partie de la forêt où, semblait-il, les arbres semblaient plus vivants. Plus verte. Ils oublièrent pourquoi ils étaient venu et firent demi-tour.

Peut-être que si Shiba était avec eux, ils auraient facilement retrouvés Ilyana. Le problème était que Rose refusait de venir dans la forêt avec eux pour chercher la princesse, elle préférait restée à l'auberge pour l'attendre avec un grand bain moussant, des vêtements propres et un bon déjeuner. Visiblement elle tenait à cœur son devoir de dame de compagnie même lorsqu'Ihyes l'assurait que la princesse était assez grande pour prendre son bain toute seule et que d'ailleurs elle l'avait fait jusqu'à aujourd'hui. Elle ne voulait rien entendre alors les garçons étaient obligés de laisser le chien avec elle, de sorte qu'elle ne fasse pas de bêtise. Qui sait ce qu'elle serait capable de faire seule dans une auberge au milieu de nulle part. A vrai dire, elle ne sera pas complètement seule puisqu'il y avait l'aubergiste et sa femme ainsi que des voyageurs mais ils ne voulaient prendre aucun risque.

Ils éraient ainsi dans la forêt visiblement ennemie. Ils perdaient la piste constamment et lorsqu'ils le retrouvaient, ils oubliaient ce qu'ils faisaient dans cette partie sauvage de la forêt. Ihyes était aux anges, pas parce qu'ils ne retrouvaient pas son ami, mais parce qu'il s'amusait beaucoup. Il était nostalgique. Ça lui rappelait les sorties à la chasse qu'il faisait avec son père quand il était plus jeune. Il avait perdu ses deux parents dans un accident. Il était triste, ces parents lui manquaient mais il savait également que cette tristesse était pour lui et que ces parents étaient bien là où ils étaient. Il avait appris à chérir les souvenirs et ne pas se ronger de regret et de remords. Il aurait rien pût changer : c'est la vie donc il avait bien longtemps arrêté de dire et si et si car il ne connaissait pas la réponse et c'était donc un mal inutile.

Sa rencontre avec Ilyana ou plutôt croyait-il Lyne était foudroyante. Il était tout de suite captivé par son regard triste et mélancolique. Il se rappelait avoir été surpris par la tristesse dont elle dégageait constamment. De toute évidence, elle était rongée par l'amertume. Elle semblait se tourmenter pour des choses dont elle ne pouvait malheureusement plus changer. Il avait alors essayer de l'approcher mais la gamine s'était alors repliée sur elle-même. Il songeait à abandonner lorsque, miracle, elle était venue lui parler d'elle-même et lui avait alors avoué qu'elle avait du mal avec les relations sociales (elle l'avait pas formulé ainsi mais c'est ce qu'il avait compris). Il était ravi. Mieux que ravi, il était enchanté. Il s'était fait un devoir de lui donner ou redonner goût à la vie parce qu'il avait bien vu que celle-ci n'aimait pas la sienne. Sans se rendre compte, il était piégé. Il était entré dans le filet de l'araignée sans le savoir et peut être sans le vouloir, il avait alors fait semblant de ne rien voir, d'ignorer la situation précaire dans laquelle il se trouvait. Graben avait gâché son déni et ses espoirs, il était amoureux de la princesse, son amie et peut être même son meilleur ami.

Il ne voulait pas gâcher leur amitié. D'ailleurs, il était prêt à parier qu'elle ne le voyait pas comme un homme. Il avait eu le temps de l'observer et il en était venu à la conclusion qu'elle n'avait aucune expérience en amour. Cette observation lui a appris plusieurs autres choses sur la princesse qu'elle ignorait elle-même. Comme le fait qu'elle n'était pas insensible aux charmes du grand ténébreux. Il l'aimait et elle l'aimait. Il était un prince et elle était une princesse. Il était très beau, même lui qui aimait les femmes le trouvait beau, et elle était belle. Ils étaient faits pour être ensemble. Un couple parfait. Il était comme la cinquième roue de la carrosse. D'ailleurs qui était-il pour prétendre au cœur de la princesse ?

Il pensait encore à son amour à sens unique et à l'impasse que cela engendrait lorsqu'il la vit. La princesse avec ses cheveux de neige et à ses coté se tenait fièrement un ange avec des ailes de neige.

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