Chapitre 17: deuxième partie

Une silhouette se tenait penchée sur un arbre, les yeux larmoyant. Ne devant pas dépassé les huit printemps, la princesse intriguée s'interrogea sur la présence de cet être à un endroit aussi inappropriée qu'une forêt, et de surcroît, à une heure toute aussi saugrenue.

- Pourquoi pleures-tu ?

- Vous ... vous êtes une humaine ? questionna l'enfant d'une petite voix. Steph m'a dit de me méfier des humains ! Qu'ils étaient méchants et cruels ! Steph dit aussi que les orques sont les pires.

Ilyana contemplait les larmes qui continuait de ruisseler sur le visage plus qu' enfantin. Elle eut un pincement de cœur. Aussi bref qu'inhabituel.

- Tu ne veux pas me dire pourquoi tu pleures ?

Sa voix lui fit effet d'une gifle. La plus âgée avait conscience d'être froide, mais elle ignorait qu'elle se comportait comme une Inquisitrice. L'enfant cachait son visage derrière ses longs cheveux noirs et gris, sûrement intimidée, - ou effrayée - et Ilyana la comprenait. Ce n'était pas tous les jours - ou plutôt toutes les nuits vu l'heure tardive - qu'une étrangère à la chevelure immaculée lui posait des questions à la manière d'une investigation. Néanmoins, la fugueuse voulait une réponse à sa question qui tardait à arriver. Voyant que son interlocutrice ne pipa un mot, elle scruta son perchoir. Un arbre d'une belle envergure et qui faisait deux - peut-être trois - fois la dimension d'un homme de grande taille. Environ trois quatre ou cinq mètre, une hauteur conséquente pour une gamine de son gabarit. Malgré la faible luminosité, elle reconnût l'arbre comme étant une chêne.

- Comment es-tu montés là-haut ? Et que fais-tu dans la forêt à cette heure-là ?

L'enfant continuait de pleurer en silence. Ilyana soupira, se rendant compte de son incapacité avec les enfants. Elle le savait bien sûr, mais son impuissance l'accablait. Pan fût facile à apprivoiser, quelque sucreries - dans le dos de Stelia, évidemment - quelque ballades par-ci, quelque jeux par-là et l'enfant l'avait adopté. Cependant, au milieu des bois, sans une âme proche - excepté la sienne et celle de la gamine - la jeune fille se sentait démunie, encore plus car Ilyana n'avait point de gâteaux pour l'appâter. Et ses larmes qui ne cessait de couler la rendait terriblement mal à l'aise, la convaincant sur son choix de ne pas avoir de descendant. Du moins, pour l'instant.

- Je jure sur mon honneur de ne pas te faire de mal si tu te rapproches ! Tenta-t-elle désespérée.

Elle aurait très pût faire des acrobaties si cela lui permettait d'obtenir un répit. Ayant un problème de canaux lacrymaux, l'adulte ignorait la marche à suivre lorsqu'il s'agissait de pleurs en tous genres et fit alors tout ce qui était en son pouvoir pour arrêter ces écoulements. Quitte à faire des serments, bien qu'elle douta que cela fonctionne sur son vis-à-vis. A sa grande surprise cependant, l'enfant essouffla ses larmes, dans un geste disgracieux et un bruit discordant, avec les rebords de sa robe.

- Steph a dit que les humains tiennent toujours leurs promesses..., du moins s'ils sont des guerriers..., vous êtes une guerrière ? Vous avez une épée donc vous devez être une guerrière..., alors je ne crains rien, n'est-ce pas ?

Elle s'élançait alors, brusquement, dans les airs. Ilyana esquissait un mouvement pour la rattraper, mais, curieusement, celle-ci atterrit en souplesse dans un mouvement gracieux qui constata avec tout à l'heure.

La petite était... petite, ne dépassant pas les trois pommes, et, Ilyana comprit alors d'où venait cette expression. Débout, elle ne dépassa pas les genoux de la princesse, malgré son âge que la jeune fille pouvait deviner en regardant ses yeux. d'ailleurs ceux-là état rouge, non couleur rubis comme ceux de Graben, mais plutôt à force de verser des gouttes et d'être malmenée. Chétive, l'enfant se tenait sur ses jambes fébriles tellement péniblement, qu'Ilyana eut peur qu'elle s'effondra. Une robe tachée et déchiré par moment recouvrait son pauvre corps menu, mais qui ne devrait pas la protéger des courants d'airs nocturnes. Ses yeux s'attardèrent longuement sur la gamine, la détailla de ses yeux profonds et obscurs, puis, s'arrêtèrent, surprise sur la paire d'aile qui vibrait, frémissait, majestueusement dans le dos de sa propriétaire.

Ébahie, Ilyana ne pût détacher son regard sur l'être devant elle, ou plus précisément, de ses merveilles de la nature. Noir et gris. Comme ses cheveux... prise d'un doute, elle remonta vers sa crinière et tomba de haut. Ce qu'il prenait au premiers abords était était en fait ses plumages. Comme un oiseau.

Qu'es-tu exactement petite fille ? Es-tu une fille, au moins ?

Néanmoins, elle fût pas la seule qui considérait l'autre car la créature la reluqua sans gêne et sans se cacher. Après un moment, elle ouvrit la bouche puis la referma, perdu dans une intense réflexion. Son front se barra d'incompréhension. Ilyana espérait qu'elle ne faisait pas la même tête que son interlocutrice.

- Vous n'avez pas d'ailes ? Demanda la fillette finalement.

- Non.

Sa réponse un peu, beaucoup, sèche était dû à sa surprise non digérée.

- Comment faites-vous pour voler ?

- Je ne vole pas.

- Vous n'avez pas non plus de museau, ni de queue !

- En effet, répondit Ilyana qui commençait à sourire devant la curiosité de l'enfant.

L'instant de stupéfaction envolé, elle fut plus bavarde.

- Je n'avais jamais vu d'humain avant. Steph me disait de me méfier et il ne me laissait jamais me promener seule et encore moins là où passe les hommes ! Expliqua la petite avec une moue.

- Comment t'appelles-tu ? Tu es de quel race exactement ?

- Je m'appelle Ashley et je suis une bestial - je descends du corbeau pour être exacte. Et vous ?

Elle n'arrêtait pas de battre de l'aile, et Ilyana ne pût s'empêcher de suivre des yeux ce ballet hypnotisant. Cependant, Ashley semblait avoir oublié sa tristesse de tout à l'heure.

Donc c'est une fille, Ashley...

- Et moi Ilyana. Pourquoi pleurais-tu ?

A ces mots, la bonne humeur d'Ashley s'envolait, puis elle reprit son activité favorite du point de vue d'Ilyana, c'est-à-dire pleurer, au grand dam de celle-ci.

- Je... je ne voulais pas...

Encore une fois, elle ignorait quoi faire. La prendre dans ses bras ? Et si elle prenait peur et s'enfuyait ? n'était-elle pas une étrangère après tout ? Et puis, qu'elle parte ou qu'elle reste ne devrait pas préoccupée la princesse. Néanmoins, elle ouvrit ses bras, dans une demande silencieuse tout en se préparant à un refus. Elle fut toutefois surprise de sentir un corps qui se jeta sur elle, en attente d'une étreinte ce que la jeune fille fit maladroitement, lui caressant les plumes dans l'espoir qu'elle se calme.

- J'ai perdu la broche...et maintenant je ne peux plus rentrer à Bestialiter..., Steph va me tuer quand il va l'apprendre..., il doit être inquiet..., moi..., partie sans lui..., tenta d'expliquer Ashley à travers ses sanglots.

Elle l'ébranla, et elle oublia tout. La prophétie. La reine. La guerre prochaine. La Lune Rouge. Sa seule préoccupation fut ce bout de chou dans ses bras qui lui demandait de l'aide indirectement. Elle voulut lui redonner sa bonne humeur.

- Cette broche doit avoir beaucoup de valeur pour te mettre dans un état pareil ! Je vais t'aider à le trouver !

- ..., merchii...

Elle essuyait son visage sur sa robe. Encore une fois. Toujours avec un bruit discordant.

- Dîtes, vous voulez être mon amie ? Vous êtes très belle et très gentille.

- Bien sûr ! Tu peux me tutoyer, tu sais ?

Elle hocha la tête. Elle était très mignonne avec les yeux humides.

- Bien, maintenant allons trouver ta broche !

***

La nuit était bien entamée et la lune brillait toujours toujours dans le ciel tel un joyau écarlate. La forêt était truffé de créature dont elle ignorait jusque-là l'existence. Ils observaient en silence les individus, étranges et inconnus, qui se trouvaient non loin. Une taille moyenne, du moins d'après la standard humain, une peau qui paraît épaisse de couleur verdâtre presque bleuâtre, des dents pointus qui semblaient aussi aiguisés qu'un poignard, ces êtres n'étaient vraisemblable pas de race humaine malgré leurs accoutrements. Ils - leur nombre était de cinq - portaient des longs pantalons maculés de taches de substances dont la jeune fille ignorait l'origine et dont elle ne voulut pas savoir, des gants leurs arrivant jusqu'aux sous les aisselles, et enfin, une ceinture autour de la taille contenant de nombreuses armes : Scramasaxe, Tantô, Khurkuri ou encore Dirk ou Kriss. Ces sauvages inclinaient apparemment pour les couteaux et les dagues, des lames à portée courte, aimant sans aucun doute le combat rapprochés. Indépendamment de la fraîcheur de la nuit, ils étaient torse nu, défiant quiconque de les attaquer avec leurs peintures qui scintillaient sur leurs épidermes dénudés. Elles s'aventuraient jusqu'à leurs visages, les rendant plus terrifiants qu'ils ne l'étaient déjà.

Ilyana frissonna soudain, et non à cause du courant d'air printanier. Elle sortit alors ses armes de jets et de traits. Par précaution. Si par malheur la jeune fille devait se battre, elle voulait être préparé. Ses potentiels adversaires semblaient aimé les combats rapprochés et ils étaient trop nombreux, cinq, il ne fallait donc pas être devin pour comprendre que sa victoire ne pouvait être dû qu'à un combat brève et rapide. Avec une flèche. Non cinq, au bon endroit et la princesse ne serait pas obligée de se salir les mains. Bien sur, c'était une pensée idyllique, et elle devrait parfaitement connaître les points faibles de ces créatures. Sauf qu'Ilyana ne connaissait pas leurs points faibles. Elle soupira. Pas grave, elle improviserait.

Tandis qu'elle sortait son Yumi - Que son amour pour cet arc était profond ! Malheureusement elle n'avait pu l'emporter lors de sa première fuite ; elle ne ferait plus la même erreur ! - et ses Senbon-Shuriken - des projectiles en forme d'aiguilles - de sa bague de stockage, ces fascinants engins, la jeune fille continua de détailler ses potentiels ennemis. Ils semblaient se disputer autour d'un feu qui servait à chasser les ombres de la nuit et à cuire une marmite.

Tant mieux, ils seront alors plus déstabilisés !

- Là, souffla Ashley avant qu'Ilyana lui mît la main sur la bouche.

Elle ne voulait pas se faire repérer.

Jamais à dire vrai.

Un objet brillait aux clairs de lune et Ilyana aperçut sa forme. Une broche. En forme de corbeau.

La broche d'Ashley.

Ilyana se demandait comment elle avait pu perdre cet objet dans cet endroit de désolation. Ils étaient dans une partie de la forêt où la nature évitait de fréquenter, une limite naturelle entre l'endroit où ils se trouvaient et la clairière des Orques s'était construit : la végétation n'y poussait plus, et il n'y avait aucun bruit - à l'exception des cris de disputes ; même les animaux les évitaient.

Ilyana évaluait la situation. Elle devait se battre pour récupérer cette broche car elle se doutait qu'ils n'allaient pas gentiment la lui céder. Même si elle l'aurait préférer. Elle aurait pu ne pas s'en mêler, après tout cela ne la concernait pas. Cependant, la combattante se sentait impliquer, en tant que princesse de ce royaume et ces personnages dans la forêt donc, même si clairement, - les ailes et les plumes le démontraient - ils n'étaient pas humains : elle devait les protéger également, en tant que sujets. Elle devait ainsi protéger Ashley comme elle le ferait pour Pan. Ilyana avait un faible pour les enfants, surtout quand ceux-là étaient aussi mignonne que cette petite.

Elle prit sa décision lorsque l'aube pointait le bout de son nez, les mains serrés de concentration sur le lamellé de bambou et de bois.

***

Le ciel était d'une palette de couleur élégantes avec des tons doux et lumineux. Le vert, le jaune et l'orange donnait une certaine douceur et la vision d'une beauté éphémère. L'aube était là. Sa perle de mot scintillait, signe qu'il était temps pour Graben de parler à Auriana. Il savait plus comment se comporter. Pour la première fois de sa vie, enfin la deuxième fois, il se sentait perdu. Il appuyait sur la perle et celle-ci émettait une vive lumière avant de s'éteindre. Une voix douce et mélodieuse s'élevait dans l'air.

- Graben ?

Elle semblait hésitante pourtant elle ne devrait pas l'être, pas vrai ?

- Je suis là, princesse ! Répondit-il simplement.

En temps normal, il se serait réjoui de lui parler mais maintenant, il se sentait... vide.

- Tu vas bien ? Tu sembles morose ! Le voyage se passe bien ?

Il s'étonnait qu'Auriana ai capté qu'il ne se sentait pas bien, du moins pas dans son état normal. D'habitude, elle parlait d'elle et encore d'elle, se fichant de lui comme de sa première couronne. Il le savait bien sûr et il avait fini par l'accepter. Tout comme elle l'avait accepté.

- Et... Ilyana ? Enrichissait-elle sans lui laisser la possibilité de répondre.

Il devait s'en douter : c'était toujours pareil. Il s'en voulu d'avoir espéré, ne serait-ce qu'un peu. Il devait le savoir à la longue !

- Elle n'a rien fait de suspect depuis le départ.

Une petite pause de quelque secondes, le temps qu'il réfléchisse.

- Enfin si on ne compte pas hier mais je pense que c'était la fatigue parce qu'elle est restée dans sa chambre tout de suite après avoir mangé.

- Hier, dis-tu ? Cela devrait être à cause de la lune rouge. Elle est toujours bizarre mais lors des lunes rouges... elle agit bizarrement... la plupart du temps... elle fugue. C'est d'ailleurs pour ça que Mère ne s'était pas inquiétée lorsqu'elle était... partie : une décision absurde si tu veux mon avis. Tu es sûr qu'elle est dans sa chambre ?

Il soufflait. Bien sûr qu'il était certain. Il n'avait presque pas fermer l'œil de la nuit à cause de ses pensées sombres. Il n'avait pas entendu aucun bruit sortant de sa chambre. Pour être vraiment tranquille et donner satisfaction à Auriana, il se dirigeait vers la chambre d'Ilyana. Il était tôt et il ne savait pas quel excuse donner à la princesse une fois sur place, mais il improviserait : une chose à la fois.

Il toquait.

Une fois.

Une deuxième fois - quelque instant après.

Une troisième fois.

Il entrouvrait la porte doucement. Si elle se réveillait, il dirait qu'il avait toqué et qu'il n'avait pas reçu de réponse. La chambre était plongée dans la pénombre, ne voyait que grâce aux quelques filets de lumières ici et là. Le lit était surmonté d'une bosse qui était recouvert par les draps. Il supposait qu'elle dormait. Il soufflait, soulagé et sortit de la pièce.

- Elle dort, dit-il à Auriana.

Ils parlèrent pendant quelque instant avant de couper puisque la limite était dépassée. Il se recouchait et s'endormait pour un bref moment. Le lit était confortable et la chambre propice au repos, pourtant il se réveillait en sursaut.

Sa poitrine battait fort, il tendait la main pour saisir l'air - un fantôme. Encore cette sensation. Encore cette peur qui le liquéfiait. Encore ce vide qui l'enveloppait.

Il vida ses esprits et se leva. La chambre était silencieuse. Bien trop silencieuse. Il trouvait cela suspecte. La princesse était une personne qui se levait très tôt le matin pour s'entraîner. Il courra vers sa chambre. Vide. Le lit était comme ce matin sauf qu'à la lumière du jour, on pouvait voir que la bosse était en fait un oreiller. Il s'en voulût d'avoir été aussi négligent. Il fonça vers la chambre d'Osh et d'Ihyes. Les garçons ne l'avaient pas vu. Les trois hommes se dirigèrent vers la chambre de Rose. Elle aussi ne l'avait pas vu. Ils commencèrent à s'inquiéter.

- La jeune fille ? Je l'ai vue hier soir tard dans la nuit devant la forêt, déclara l'aubergiste, j'ai bien peur qu'elle ne soit en danger. On raconte tout sorte d'horreur sur cette forêt !

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