Chapitre 16

Les jours suivants furent consacrés à la préparation des différents tournois et festivités, le grand banquet et enfin, le bal de fermeture des réjouissances. L'effervescence des préparatifs était étourdissante. Partout où les yeux se posèrent, domestiques, valet et autres employés de maison s'affairaient comme des abeilles autour d'une ruche à des taches qui semblaient interminables dans un méli-mélo de cris, d'ordres et de gesticulations plus bruyantes les unes que les autres.

Le château brillait de mille-feux grâce au nettoyage acharnés des domestiques. Même les bâtiments annexes, comme le palais des roses, furent asticotée miraculeusement pour permettre au grand dignitaires, aux riches, aux invités de séjourner et de se reposer au calme après l'agitation collectif et les abus des événements.

Les cuisines laissaient échapper continuellement des effluves des plus affriolants, les cuisiniers, les commis et les autres employés de cuisines ne restant pas en reste. Au contraire, ils furent les plus occupés, obligés de garnir des centaines de personnes.

En dehors du quartier royal, les préparatifs battaient son point également dans les rues. Tout Tesiri fut en fête ces derniers temps.

Ce jour-là était le jour de départ, Ilyana avait hâte mais appréhendait également, prenant conscience de sa mort presque imminente ou du moins son non-retour. Elle devait donc se faire un honneur de profiter de ses derniers instants, de son dernier voyage. Voyant le bon côté des choses, son rêve de voir au-delà de Tesiri alla être accompli, la jeune fille était impatiente. Jusque là elle ne faisait que rêver car étant une princesse, c'était impossible.

- Bonjour ! salua joyeusement Osh en venant d'un air décontracté.

- Bonjour, tu es en avance ! Tu as eu le temps de tout préparer ? Je suis venu t'aider !

- Je te remercie mais les serviteurs et les servantes de la reine ont tout préparé, répondit-elle.

Il regardait autour de lui. Cinq chevaux hennissaient dans la cour, parlant un langage connu d'eux-seul, des sacs et des sacoches étaient entreposés par terre attendant qu'un humain vienne les attacher sur les bêtes. Cependant, pour un voyage aussi long, presque huit cycles lunaires, ces affaires ne suffiraient pas, malgré toutes les volontés du monde.

- Tu dis que tu as fini, mais je ne vois pas toute tes affaires ! Ce n'est pas suffisant pour un voyage aussi long ! Répliqua t-il avec un sourire.

Il semblait s'amuser de la situation.

- Bien sur que si, dit-elle avec un sourire également. Ces sacs ont été enchanté, ce qui leur permet d'être plus pratique et plus légers ! Et si jamais il nous manque quelque chose, j'ai de l'argent dans mon anneau de stockage.

Elle lui montrait la main et il découvrit une jolie bague en or ornée d'une rose argentée.

- Où est ce que je peux en trouver ? Il m'en faut également !

- J'ai pensé à toi et aux autres, tiens voici deux sac pour tes affaires et une bague pour tes effets importantes !

Elle obtempéra tandis qu' Ihyes arrivait alors elle en fit de même pour lui également. Peu de temps après, ce fut au tour de Graben et Rose de se ramener : ils virent en même temps.

Rose était une jeune fille de vingt-deux ans envoyée à l'abattoir par sa famille pour avoir les faveurs de la reine, celle-ci l'avait choisi pour mener cette aventure avec la princesse car une jeune fille de bonne famille ne devrait pas voyager avec trois hommes dans une terre inconnue, sans chaperon. Ilyana pour sa part était convaincu que sa génitrice voulait se se débarrasser de cette dame sans éveiller les soupçons : tous ses choix étaient dictées par la politique. Du moins, c'était ce que croyait la princesse pour qui la reine était une manipulatrice.

En pleine émergence scientifique, depuis la découverte d'une énergie, outre que les éléments et qui fonctionnait à la manière d'un feu, la ville était de plus en plus développée. Ce luxactum appelé ainsi car permettant de créer une lumière aussi vive et aussi durable, si ce n'était pas plus, que le feu contribuait grandement à ce que les érudits du royaume appelaient la Révolution de la Science. Des appareils ont ainsi vu le jour comme le Deplaca, une sorte de charrette qui nécessitait pas de bêtes pour les conduire ou encore le Caro-terre, une carrosse autonome utilisant l'énergie du soleil.

Pendant un moment, la princesse songeait à prendre une Mongosphère, le successeur de Mongo-ciel, mais ces objets volants n'étaient pas tout à fait au point, et la jeune fille ne désirait en aucun cas faire un accident en cours de route, de puis, elle ne voulait en aucun cas être déviée de son chemin par un vent ascendant. Les Caro-terre ne convenait pas aux chemins boueux, tortueux des forêt ou autres obstacles qui se dresserait entre ses objectifs et elle. Entre la prophétie et l'élue.

Ils ne furent donc pas surpris de voir des créations plus farfelues les unes que les autres comme des insectes artificiels répondant à une commande vocale de son propriétaire. Cela servait à quoi ? Ce n'était en aucun cas indispensable ni utile tel les armes à feu, nouvellement autorisé malgré les restrictions de plusieurs, considérant ces objets dévalorisants pour les archers qui avaient dû acquérir des années d'expérience.

En tant qu'archère, Ilyana ne pouvait qu'être contre. Elle avait accepté les canons en se convaincant que cela pouvait être décisive sur les champs de bataille, mais cette arme de traits, à la facilité meurtrière pour quiconque, ne lui plaisait guère. Heureusement, seule la famille royale possédait ces engins, mais pour combien de temps ? Que ce passerait-il lorsque cela arriverait, - car cela arriverait tôt ou tard - une guerre civil ? Le retour à la Période Sombre ? Rien que d'y penser, la princesse eût envie de gerber.

Elle reporta son attention sur Rose qui la suivait comme une ombre, discrète et furtive. Elle la détailla sans scrupules, car après tout, elles étaient vouées à se côtoyer pendant moins d'un an - ou peu être plus, qui sait ? Des mèches roses perdues parmi une cascade de boucles blondes, un corps frêle et petit, des yeux gris lui conférant un regard intense, des habits roses lui faisant ressembler à un bonbon géant, des joues colorées par l'effort ou la gêne, son accompagnatrice avait tout d'une jolie jeune fille de bonne famille dénuée d'intérêt. Ilyana sût de suite qu'elles ne se lieraient pas d'amitié ou de n'importe quel lien.

Ils quittèrent le quartier royal, dépassant le lac servant de dernier rempart, en silence. Ils sortaient de la ville, dépassant des gardes qui leur ouvrirent la porte du mur sans un mot, en silence. Ils continuèrent leurs route, toujours dans ce même silence troublé seulement par les bruits des sabots et le sifflement du vent, se dirigeant vers le nord, en direction du montagne Céleste où ils pourraient, avec un peu de chance, rencontrer cette reine rouge de la prophétie.

***

Quelques jours plus tard,

Le jour commençait à se décliner et la nuit à étaler son manteau d'ombre lorsque les cinq voyageurs s'arrivèrent devant une modeste auberge à l'orée d'une forêt. Les bois semblaient était certes moins dense que ceux de Tarris, ils n'en restaient pas moins effrayants avec le crépuscule qui donnait une sorte d'aura lugubre au lieu.

Le bâtiment sur le bord de la route émettait une douce lumière qui permettait aux voyageurs de se repérer et de surtout voir l'écriteau sur lequel était écrit « Au plaisir des réfugiés ». Sur le coté de l'établissement, une écurie servait d'abri pour les chevaux et les autres animales de chevauché.

- Vous pensez qu'il leur reste de la place ? Demanda Osh en descendant de cheval.

- Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, rétorqua la princesse en l'imitant.

- Il faut qu'une personne reste ici pour surveiller les chevaux, déclara alors Ihyes.

- Je reste, répondit Ilyana, je dois m'occuper de Shiba de toute manière.

- Moi aussi je reste pour tenir compagnie à son altesse ! s'exclama Rose.

- Je t'ai dis plusieurs fois de m'appeler Ilyana hors de la ville. On est toujours à Tesiri certes mais cette partie de la population me connaît que de portrait...et encore. De plus, je ne veux pas obtenir de faveur dû à mon rang !

- Désolée, souffla Rose.

Venant d'une famille peu influente et peu puissante, la jeune fille s'abaissait à caresser les nobles dans le sens des poils pour obtenir leurs faveurs, et ce fut ainsi qu'elle parvint à devenir dame de cour de personnes hauts placées. Cependant, elle fut choisi par la reine pour ses pouvoirs afin d'accompagner sa fille dans cette quête plus que périlleuse outre ses savoirs de dame de compagnie !

Une fois que les garçons s'en allèrent, le silence s'abattait de nouveau tel le vieil ami qu'il était. A force de le fréquenter quotidiennement, Ilyana avait fini par en faire son confident, de plus, étant de nature méfiante, la princesse se voyait mal faire le premier pas et parler en première. De son coté, Rose trop polie pour prendre la parole devant sa supérieure hiérarchique se terra dans un mutisme. Elles étaient donc perdues dans leur pensées lorsqu'elles entendaient des voix masculines qui se dirigeaient vers elles. Ilyana se mit aussitôt sur ses gardes.

- Mam'zelles vous êtes seules ? Demanda un homme.

De part sa posture et la timbre de sa voix, Ilyana en déduit qu'il était saoul...,et il était accompagné !

- Savez vous qu'il est dangereux pour deux jeunes filles, aussi jolie que vous, d'être dehors à une heure aussi tardive ? Enrichissait son congénère aussi ébréché que l'autre. Il pourrait vous arriver du mal.

- Oui ! Déclara le premier en s'avançant.

- Halte ! Criait Ilyana en touchant le pommeau de son épée.

- Voyons ma jolie, il ne faut pas jouer avec ce bijou : tu pourrais te blesser ! Et puis... tu ne sens pas ? C'est le destin mam'zelle... deux jolies filles offertes sur un plateau... et nous sommes deux !

La seule chose que je sens est ton haleine, pauvre type !

Visiblement ses interlocuteurs se s'étaient pas brossés les dents. Une bonne douche ne serait donc pas de trop. De plus, combiné avec l'effluve de l'alcool, leurs bouches empestaient la mort. Elle pouvait le sentir malgré la distance entre eux que les hommes prenaient du plaisir à franchir de plus en plus.

- C'est vous qui allez être blesser si vous continuez d' avancez ! Rétorqua Ilyana avec un sourire féroce, préférant se concentrer sur la première partie de ses sornettes.

S'ils continuaient, elle n'allait plus dépendre d'elle, ayant horriblement envie de se battre ce soir ! Ces individus étaient de toute évidence détestable et mériterait une bonne leçon.

- Tu n'oserai pas ! Défia le second homme.

- Avance et tu verras !

Ils entendirent un bruit et découvraient Osh, Ihyes et Graben qui venaient à leur rencontre lorsqu'ils se retournaient !

- Merde ! Jura le premier homme. Laissons ces salopes ! Elles n'en valent pas la peine de toute façons. Nous trouveront d'autres femmes qui voudront nous épouser !

Ils partaient dans l'autre direction en crachant par terre. Ilyana les regardaient qui s'en allèrent avec mélancolique et une pointe de dégoût également. Cela lui faisait de la peine que certains de ses sujets se comportaient de la sorte, la princesse voyait enfin le revers du décor de son royaume. Elle soupirait, après tout, personne n'était parfait, et, détourna le regard lorsqu'un des deux hommes vomit par terre en se tenant le ventre.

Formidable !

- Vous allez bien les filles ? questionna Oshida, suspicieux.

- Rien qu'on a pas pût gérer toute seule : deux ivrognes, répondit Ilyana avec toujours ce même regard féroce.

Elle ne s'était toujours pas calmer. Graben la regardait avec une moue, - dégoûtée ? - mais Ilyana n'en avait rien à cirer. Elle en avait marre de ces regards condescendants. Elle était sa princesse, il lui devait le respect ! Mais visiblement celui-ci n'était pas dans son vocabulaire ainsi que la loyauté ! Elle le regardait, ou plutôt le fusilla du regard le mettant au défi de faire une remarque. Ihyes les détourna de leur joute visuelle et silencieuse en se raclant la gorge ; il savait quand elle était à bout et prête à en découdre.

- Il reste de la place, dis tout à coup le prince, sans préambule sentant lui aussi l'orage. L'établissement est presque vide ce qui est très suspect. Faites attention à vous !

- Pourquoi est-ce vide ? N'y a t-il point de voyageurs qui passe ici ? Demanda Rose.

- Ce soir, la lune est rouge, énonça Graben en regardant vers le ciel.

Ilyana regardait aussitôt vers le haut. Le ciel était nuageux et elle ne voyait pas l'astre.

- Comment ?

- La dernière Lune Rouge remonte à moins de six mois... c'est pas normal !

- Depuis la prophétie le cycle est rompu, grommela Graben.

Cela expliquait pourquoi elle se sentait aussi agressive depuis ce matin, c'était déstabilisant mais aussi bienfaisant ; lors de la Lune Rouge, ses dons se décuplèrent la rendant plus forte, mais plus instable - aussi bien physiquement que psychologiquement. Il y avait toujours une contre-partie pour autant de pouvoir.

Ils pénétraient dans l'auberge et s'asseyaient dans une table isolé des autres et loin de la porte. Quelque temps plus tard, l'aubergiste arriva avec un calepin pour prendre leur commande. Cela faisait plusieurs jours qu'ils voyageaient et mangeait de la nourriture froide. Rose et Ihyes savaient cuisiner bien sur, mais ils n'avaient pas le temps de se permettre un bon repas chaud.

Ce fut donc avec plaisir qu'ils se régalèrent avec un bon petit festin et du bon vin. Tout ce beau monde alla se coucher le ventre rempli et le dos endoloris.

Ilyana attendit que ses compagnons s'endormirent pour sortir de sa chambre. Furtivement.

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