Chapitre 15

Deux jours plus tard,

Elle eut toutes les peines du monde pour se réveiller le lendemain. En effet, lorsqu'elle rentra au château, elle se mît à la recherche de réponses et étudia la nuit durant. Ce fût donc logique et prévisible que la princesse se levait fatiguée et courbaturé. Supposant que l'eau froide la sortirait totalement de sa léthargie, la jeune fille se dirigea, l'esprit embrumé, vers la salle d'eau. Une fois sorti de la pièce, prenant plus de temps que prévue à cause de la lenteur de ses gestes, Ilyana s'habilla d'une robe pantalon réservée aux chevauchées.

L'épéiste doutait de plus en plus de sa participation au concours, mais compte tenu de sa situation et de son humeur plus qu'exécrable, elle pressentait qu'elle ne ferait long feu. Elle n'était vraiment d'humeur à se ridiculiser devant toute la Cour ; il existait d'autre moyen pour redorer son image. D'un autre coté, la jeune fille avait - énormément - besoin de se défouler, et quoi de mieux qu'un combat sans prise de tête avec des personnes qu'elle espérait de son niveau.

Le miroir lui reflétait une jeune femme de dix-neuf hivers faisant tâche, avec sa présence, dans une chambre plus que luxueuse. Des cheveux immaculés aux reflets d'argents - avec parsemé ci et là des mèches noiraudes comme pour rappeler son appartenance à cette famille depuis longtemps haïs, des yeux noirs presque ténébreux, et la robe blanche qui contrastait violemment avec la couleur de sa peau - une teinte foncée de caramel. Alors la jeune fille sut qu'elle avait changé. Cette révélation lui sautait aux yeux brusquement : dans son enfance, Ilyana, ayant appris à se détester et particulièrement sa couleur de cheveux qui rappelait sans cesse un passé douloureux pour le peuple de Tesiri, prenait l'initiative de cacher ces horreurs, les coiffant toujours en chignon ou les couvrant de toutes sortes d'accessoires.

Pourtant en ce moment, la princesse les dévoilait fièrement alors qu'ils tombaient en cascade sur son dos. Avec le recul, Ilyana se rendit compte de sa bêtise ; elle n'aurait jamais dû se comporter de cette manière. Ces filaments qu'elle méprisait tant étaient doux au toucher et volumineux à volonté, leur brillance n'égalait en rien à leur longueur.

Elle prit une brosse et commença à les brosser pour les dompter un minimum. Petite, elle les coupait, mais après des essais désastreux et une repousse toujours plus stupéfiante les unes que les autres, le jeune fille s'était résignée à les laisser en paix. Elle les coiffa en une queue de cheval basse, dégageant ainsi son visage ovale.

Ilyana sortit enfin de son lieu de résidence en faisant attention à fermer derrière elle, la princesse détestait les fouineurs.

Elle s'arrêta devant la porte d'Ihyes et hésita.

Peut-être était-il occupé ?

En tant qu'associable, la jeune femme savait la frustration que le dérangement procurait, et, elle n'avait aucune intention de le faire subir à autrui. Elle pourrait revenir à un autre moment, non ?

Alors qu'elle s'éloigna, elle sût, au fond d'elle, que ce n'était pas l'unique raison à sa fuite, - car oui c'était une fuite - néanmoins, elle fut arrêté par une voix l'interpellant.

- Lyne ?

Son cœur s'arrêta de battre. Le temps se figea pendant une seconde, puis, lentement, elle se retourna, et, découvrit une bouche souriant de toutes ses dents. Elle soupira, presque soulagée, - presque - appréhendant encore la discussion à venir. Cherchant un peu de soutien dans une présence invisible, elle porta sa main à son cou, effleurant de ses doigts son collier - toujours le même depuis des années - puis sourit, du moins essaya de sourire, décrispant ainsi son visage figée - du moins essaya.

- Les murs ont des oreilles, rentrons ! Fût tout ce qu'elle dit avant de s'avancer vers son ami.

Il s'écartait pour la laisser passer, et, la princesse détailla méticuleusement la chambre, découvrant par la même occasion une propreté impeccable.

- Les servantes viennent faire le ménage ? Tu ne manques de rien ?

Les banalités n'étaient pas sa conversation préférées, pourtant, en ce moment, l'ex-fugueuse pourrait parler du beau temps durant des heures si cela pouvait retarder le moment tant attendu.

- A vrai dire, je suis gêné par tout... ce luxe et ce confort... je préfère ranger moi-même.

- Je vois...

Et elle comprenait ; la jeune ressentait la même chose.

- Lyne ?

La plus petite, en taille et en âge, s'était perdue dans ses pensées, à son insu.

- Tu es effrayé ?

Qu'est ce que je raconte encore !

Les mots étaient sortis tout seul, comme si sa bouche possédait une conscience propre. Il était trop tard cependant pour revenir en arrière. C'était impossible à vrai dire le voyage dans le temps. La princesse avait entendu toute sortes de théories parlant de ça, mais la jeune donatrice ne s'intéressait en aucun cas à la science, préférant de loin, et encore, les cours plus concrets de stratégie ou de combat. Elle ne trouvait aucune utilité à réfléchir à sa potentiel non-existence, car selon certains, ils n'existeraient point, étaient simplement sortit de l'imagination débordante d'une personne. Ridicule. Elle existait, elle le savait. On disait que les sciencistes étaient fous, et après toutes les foutaises entendues, la princesse ne pouvait que donner raison à ces bruits.

- Pardon ?

- Es-tu effrayé par... tout ça ?

Elle fit un geste qui engloba la chambre, et, le monde.

- Pour être honnête, j'avais peur. Mais seulement au début ! j'étais perdu dans un monde nouveau et je venais d'apprendre que tu étais une personne importante dans ce monde -là, je veux dire que tu est la princesse héritière et la personne désignée par une prophétie. Je me sentais seul également, vous étiez là Osh, Stelia et toi , vous êtes mes amis enfin je pense. Ce que je veux dire est que je ne connais rien de ce monde : si tu n'es plus là, je serais vulnérable et cette sensation d'impuissance me frustre !

- Donc tu veux retourner à Irondella ? questionna Ilyana avec une pincée de tristesse dans la voix.

Elle s'était résignée à cette situation, toutefois, l'entendre de la bouche de son ami lui faisait mal. C'était égoïste et elle s'en voulut. Encore une fois.

- Si tu trouves un moyen, j'y retournerai mais le contraire ne me dérangerai pas ! Je veux dire... je veux juste parler avec ma tante pour qu'elle ne s'inquiète pas...

- J'étais venue en partie pour ça ! J'ai une solution à ton problème ! Je ne puis peut être pas te ramener auprès d'elle mais je peux te mettre en relation avec elle... et vous pouvez même vous voir, finissait-elle avec un sourire.

- Vraiment ? Merci !

Ilyana trouvait qu'il était plus souriant qu'avant et ce constat lui fit plaisir. Alors, elle se dirigeait vers le miroir et dit :

- Ce sort, je l'ai vu dans un vieux manuscrit ! J'étais pas sûre que cela marcherais mais le sort a fonctionné. Je ne la maîtrise pas encore mais je pense qu'elle pourrait durer une quinzaine de minute.

En vérité, la nuit dernière, après sa discussion avec Light, elle avait cherché un moyen de parler avec des personnes de l'autre monde. Elle avait d'abord penser au mimosas parleur, mais elle avait laissé tomber. Ces fleurs ne permettait de discuter qu'à courte distance et elle doutait que parler avec des personnes d'autre monde-dimension était intégrés dans ses aptitudes. La donatrice avait finalement trouvé ce concept de miroir-phone.

- Ferme les yeux et pense à un endroit de chez Tikia où un miroir est accroché !

Il obéissait et Ilyana fit de même. Elle récita dans sa tête la formule en langua classica dans sa tête, comme une mantra. Au bout d'un moment, ils entendirent un bruit de vaisselle. Ils ouvrirent les yeux et découvrirent Tikia qui les fixait dans le miroir, les yeux agrandis par la surprise ou la peur - peut être les deux.

- Ihyes ?

- Tatie !

Tikia pleurait - de joie ?

- Lyne ? Que s'est-il passé ?

- Tata... je vais tout expliquer mais on a pas beaucoup de temps...

- Quel soulagement ! Je croyais que j'allais jamais vous revoir !

- Je vous laisse avec votre neveu, intervient alors Ilyana.

Elle sortit de la pièce, et, resta un moment dos à la porte reprenant son souffle. Revoir Tikia l'avait ébranlée. Ilyana respira deux fois, puis, repartit dans sa chambre.

***

- Vous ne voulez pas participer au tournoi d'épée, votre altesse ?

Ilyana faillit s'étrangler, puis, reprit contenance rapidement. Elle se trouvait actuellement dans la salle de réception pour le déjeuner. Sa sœur et Graben conversaient à voix basse en face d'elle, et la jeune fille ne pût s'empêcher de les observer à la dérobée. Le contraste entre les deux était tellement saisissante qu'Ilyana en était fascinée ; des boucles couleur écorce d'arbre, des yeux noiraudes souligné par un maquillage impeccable, une peau aussi sombre qu'une nuit d'hiver, Auriana possédait les traits fins et réguliers d'un ange, mais était munis de la froideur et d'une méchanceté digne des pires démons.

Graben, pour sa part, était aussi blanc qu'un flocon de neige. Il avait, également, des cheveux noirs corbeau monté en un chignon d'où échappait quelques mèches virevoltant autour de ses yeux de sang, des iris d'un rouge rubis. Son kimono, entrouvert sur un torse pâle et musclé, laissait apercevoir une amulette. Son visage, souvent impassible, souriait de temps à autre. Ilyana voulait savoir de quoi ils parlaient, elle songeait utiliser ses pouvoirs, mais s'abstenait. Elle avait des principes, cependant de ce qu'elle pût constater, - avec aigreur - Auriana était pourvus d'un sens de l'humour à défaut d'un cerveau. Toutefois, Ilyana avait la constante impression d'être inférieure à celle-ci, que malgré ses innombrables efforts, elle ne pourrait égaler cette personne si parfaite. C'était peut être la raison de la trahison de Graben plus jeune !

- Pourquoi le ferais-je, votre altesse ? réponda-t-elle après un moment.

Osh grimaça à l'entente de ce surnom.

- Vous me sembliez à l'aise à l'épée !

- Je ne pense pas y déposer ma candidature. Je pense que c'est une dépense inutile d'énergie. Je préfère de loin me préparer pour notre voyage. Et vous mon prince, vous y participerez ?

- Je suis du même avis, votre altesse royale !

Elle but une gorgée de vin. La véritable raison pour laquelle elle ne voulait pas s'inscrire pour le tournoi était le regard des autres. Ne désirant pas attirer l'attention sur ses aptitudes, l'épéiste avait caché depuis toujours son savoir à ses professeurs. De plus, ceux-ci posaient trop de questions et elle ne pouvait pas y répondre à moins de trahir quelqu'un, chose qu'elle répugnait à faire. Néanmoins, Ilyana avait peur de perdre les combats et de s'humilier publiquement, ou, au contraire de gagner et que le peuple ait encore plus peur d'elle. Elle possédait plus de pouvoirs qu'elle ne devrait et c'était son rang qui l'avait sauvé - des personnes avait été tuées pour moins que ça. Elle ne voulait pas créer encore plus de rumeurs qu'il y en ai déjà.

- Vous avez des informations sur le long voyage qui nous attend ? Vous avez des doutes et des questions ?

- Merci de votre inquiétude mais votre mère Sa Majesté Royale m'a déjà tout expliqué, répondit le prince Oshida. Et vous princesse ? Vous n'avez point de doute et d'inquiétude ?

- En tant que princesse c'est mon devoir de protéger mon peuple quelque soit le prix. Qu'importe si j'ai peur, je ne dois pas flancher ! j'irai et je viendrai à bout de cette prophétie ! Les femmes pourront alors enfanter et les hommes seront heureux !

- C'est remarquable mais j'ai ouï dire que selon cette même prophétie, il était fort probable que vous ne reveniez point ? Est-ce exact ?

Elle eût des vertiges, sûrement l'alcool, ayant abusé plus qu'elle ne le devrait. Sa gorge s'assécha. Ignorant une voix lui intima de s'arrêter, la princesse bût une autre gorgée de son verre.

- C'est exact, d'après des spécialistes, la probabilité est très forte. Quelle mort est plus noble que le sacrifice d'une personne pour les personnes qu'elle aime ? À part la mort au combat, bien entendu.

- Bien entendu, répéta Osh.

Ilyana continuait de manger perdue dans ses pensées tandis Osh observait la pièce dans laquelle il se trouvait.

La salle était immense et contenait cinq grandes tables pouvant siéger une soixantaine de personnes chacune. Les quatre familles de la haute noblesse était assis entre-eux, jetant par des occasion des regard méfiant à leurs congénères.

Contrairement aux dirigeants qui devraient montrer l'exemple et qui s'entendait donc très bien, les autres membres des clans ne pouvaient se supporter. Il y avait des exceptions bien sûre, mais elles étaient rare. Il y avait donc un amas de bleu allant du plus foncés au transparentes, de vert qui s'étend au marron, de rouge, rose et orange, de gris de belge. La diversité était présentes avec les accents, les pierres du destin, les visages et les couleurs.

Il vit, au loin, la reine qui, en irradiant la salle de sa prestance, discutait avec des personnes. Elle était magnifique, et sa beauté envahissait la pièce. Contrairement à ses filles, la reine Atashya était claire de peau, possédait de longs cheveux noirs lisses et soyeux, et, des yeux verts émeraude qui prenait une teinte différente selon ses humeurs. Quatre Pierre du Destin noirs décoraient ses tempes, deux de chaque cotés.

Stelia, quant à elle, discutait avec Ihyes et un homme grand à la crinière blonde et aux yeux bleus. Oshida ne l'avait jamais vu avant, mais après tout, le prince ne connaissait pas tout le monde ! L'inconnu était vêtu de noir et de blanc : un invité de la famille royale.

Des discussions et des plaisanteries fusèrent de partout où il posa les yeux. Personne ne semblait se soucier de la guerre à leur porte, prête à toquer.

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