- Je ne dis pas que George est le tueur, je dis juste qu'il est le seul qui n'a plus son coéquipier, dit un mécanicien.

- Et ?

- Bah, c'est bizarre...

- Ce serait pas plutôt l'inverse ? Le tueur n'aurait pas encore eu le courage de tuer son coéquipier ?

- Ouais, enfin t'as compris...

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Après s'être assuré qu'il est bien seul, Charles ressort la lettre de Lando et la relit une énième fois.

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- Vous pensez à qui, vous ?

- Moi, je pense que c'est Max depuis le début.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il a peur de ne pas gagner le championnat, alors il tue tout le monde et à la fin, il ne restera que lui, donc il gagnera.

- Oui, mais du coup, il n'y aura plus jamais de victoire pour lui ? Non seulement il aura tué tous ses adversaires, mais en plus il finira en prison ?

- J'ai pas dit que ce que je pensais était correct.

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- Tu sais, je crois que personne ne mise sur lui, mais moi, je mettrais bien une pièce sur Sainz.

- Mais quelle idée ?

- Il ne se mouille pas depuis le début du championnat. Des grands "mais non, c'est une coïncidence que le dernier meurt", j'y crois moyen. C'est exactement ce que dirait quelqu'un qui tue.

- Ou juste quelqu'un qui essaie de se rassurer, parce que la situation est flippante ?

- Non. Je te réexplique....

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- T'as déjà entendu des histoires sur Perez ?

- Ça veut rien dire.

- Si. Ils ont tous déjà fait les gros titres pour une raison ou une autre. Des histoires personnelles qui n'avaient rien à faire dans les médias. Mais pas Sergio. Le discret du paddock... qui tue les autres un par un.

- C'est un peu léger pour accuser quelqu'un, non ?

- J'accuse personne. Je fais part de mes doutes.

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- Charles.

- Charles ? Il a pas une tête de tueur.

- Ça n'existe pas, une "tête de tueur". Le petit monégasque a peur d'avoir gagné par chance la saison précédente... tout le stress de la fiabilité de son écurie... ça donne ça.

- Et du coup, quand on va se rendre compte que c'est lui, ils ne vont pas lui laisser le trophée. Donc il aura fait tout ça pour rien.

- Tu réfléchis trop.

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"Il faut que je me dépêche de traverser le paddock. On ne sait jamais. Le tueur est forcément ici. C'est forcément l'un d'entre nous."

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"Et si c'était mon physio ? Quelqu'un de mon écurie ?"

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"J'ai pas peur d'être ici."

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"J'ai l'impression que ça sent le brûlé dans le motorhome... Et si c'était lui le tueur ?"

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"Pourquoi on continue de faire tout ça, déjà ?"

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- Bonjour et bienvenue sur nos antennes pour ce nouveau week-end de Formule 1. Nous sommes en direct du circuit de Suzuka, au Japon, pour vivre le Grand Prix dans un peu plus de dix minutes.

- Comme vous le savez, il est à présent interdit pour les journalistes et les caméras d'accéder au paddock ainsi qu'à la pit lane. Cependant, nous pouvons vous confirmer que nos cinq pilotes encore en course pour le titre sont en train de s'installer dans leurs monoplaces.

- Tous bien vivants !

- Tous bien vivants.

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- Euh, il pleut ?

- 80 % de chance d'après Météo France.

- Oui, d'accord, mais je te le dis : là, il pleut.

- Ah.

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- Et comment on fait quand on devra mettre des inters ?

- Je me renseigne et je reviens vers toi.

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- Ah, je vois comment ça se profile : une mort à cause de la pluie sur le circuit, parce qu'il y a de l'eau et que je n'ai définitivement pas les bons pneus.

- Personne ne va mourir aujourd'hui.

- À d'autres.

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- Conduire sous la pluie, voilà quelque chose qui me plaît.

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- La pluie... ça va me donner envie de faire pipi, ça...

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- Tu es sûr qu'il pleut ?

- Je reçois les gouttes, comment je pourrais me tromper là-dessus ?

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- Du nouveau pour le probable changement de pneus pendant la course ?

- Apparemment, c'est impossible.

- Mais comment ça, c'est impossible ? Alors quoi ?

- Ce sera drapeau rouge directement.

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- S'il pleut trop, drapeau rouge.

- Quoi ?! Mais allez, la pluie n'a jamais tué personne !

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- Et les pilotes effectuent le tour de formation avant les seize tours de ce Grand Prix ! La pluie vient de s'inviter, les probabilités étaient effectivement fortes, mais elle a résisté jusqu'à la fin... aucun pilote n'a donc les pneus adaptés à un circuit qui pourrait être humide, voire plus...

- On va voir comment la situation évolue. La FIA a déjà annoncé qu'il n'était pas possible d'effectuer un changement de pneus durant la course, il faudrait donc s'arrêter.

- Selon le nombre de tours restants, la FIA décidera s'il faut reprendre ou non.

- Nous allons donc potentiellement avoir un Grand Prix qui se termine sans franchissement de la ligne d'arrivée. Il va falloir attaquer dès le début, fort.

- Et les feux s'éteignent... c'est parti pour le Grand Prix de Suzuka !

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- Comment est la piste ?

- Humide.

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- Wow, ça glisse ! J'adore !

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- Euh, c'est déjà dangereux dès le premier tour.

- Ça va s'arranger quand vous serez dispersés.

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- Il faut absolument que je remonte, pour que ce soit George qui meurt et pas moi...

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- C'est une piscine, le circuit, là...

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- Plusieurs pilotes se plaignent à la radio des conditions sur la piste...

- Hein ? Mais n'importe quoi ! Franchement, c'est super agréable.

- En fait, tout le monde se plaint sauf toi.

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- Je veux plus conduire.

- Sergio, nous parlerons de ça après la course.

- Non, mais maintenant. Je ne veux plus conduire.

Le pilote s'arrête en plein milieu de la piste.

- Sergio, il faut que tu redémarres, maintenant. Box, mais ne reste pas là.

Un bruit sourd se fait entendre : la monoplace de Max vient de taper contre celle de Sergio, qui se retrouve contre le mur le plus proche.

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-Je l'avais pas vu ! Pourquoi il était arrêté en plein milieu de la piste ?!

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- Drapeau rouge, demande un des commentateurs.

- Oui, drapeau rouge... Pourtant, on dirait que la pluie se calme à l'écran...

- Toujours est-il que les pilotes doivent immédiatement rentrer, Max vient d'entrer sur la pit lane avec un problème à l'avant de la monoplace et les trois autres le suivent... Il manque quelqu'un, là...

- Perez. On ne voit plus Perez à l'écran.

- Ah.

- Ça ne laisse rien imaginer de bon.

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- J'en ai marre.

- De quoi, exactement ?

- De ne pas pouvoir faire mon métier tranquillement, parce qu'on passe notre temps à être interrompus pour des morts ! Sergio est mort, ok, on peut reprendre la course, maintenant ? Rouler ? Faire ce qu'on aime sans devoir s'arrêter pour que ça fasse bien à l'antenne ?

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- La pluie est presque arrêtée, on aurait pu continuer...

- Pas possible.

- Pourquoi ?

- Tu as oublié ce qui se passe chaque semaine depuis le début de la saison ?

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- Je vous demande pas comment Sergio est mort, j'ai comme l'impression que l'eau qui tombe du ciel a sa part de responsabilité. Disons que ça a dû arranger le tueur.

- Sa tête est coupée.

- Sa tête est quoi ?

- Coupée. Sa tête est coupée.

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- Ambiance guillotine là...

- C'est pas le moment de faire des blagues.

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- Comment c'est possible ?

- Je n'ai pas les détails. Les commissaires ont juste rapporté que sa tête était séparée du reste de son corps lorsqu'ils sont arrivés sur place.

- Mais pourquoi partager ça ?!

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- Il... Il m'a dit il y a quelques jours qu'il mettait sa tête à couper pour un truc... Et quand je l'ai corrigé, il a dit que sa tête à couper, ça simplifiait les choses pour le tueur...

ILS ÉTAIENT VINGT, ILS NE SONT PLUS QUE QUATRE.

Répondre aux commentaires du dernier chapitre a été très intéressant. Je sens qu'on se rapproche, et il était grand temps.

Maintenant, tout va s'accélérer. Soyez attentifs. Tout est là pour une raison.