CHAPITRE 12

- Dans l'actualité sport de ce mardi, un communiqué a été publié par la FIA en ce qui concerne la Formule 1. En effet, depuis le début de la saison, neuf pilotes sont décédés, et ils annoncent avoir attrapé le tueur, ou plutôt les tueurs. Un groupe de membres d'une association écologique a été placé en garde à vue hier soir. Apparemment, cela faisait plusieurs années maintenant que cette organisation tentait de s'attaquer au sport automobile en raison de l'aspect non-écologique de celui-ci. Lors de la saison dernière, certains membres sont descendus sur un circuit pendant que les voitures roulaient afin de protester. Le week-end de Formule 1 qui arrive s'annonce donc un peu plus paisible que les précédents, où de nombreuses mesures de sécurité avaient été mises en place sans résultat.

- Bonjour Lewis, merci de vous arrêter à notre micro. Nous savons que l'écologie est un sujet qui vous tient particulièrement à cœur, comment réagissez-vous aux dernières actualités ?

Le pilote secoue la tête, l'air de chercher ses mots.

- Le combat pour l'écologie est un combat que je mène activement, et que Sebastian Vettel et moi avions notamment en commun. Je suis absolument abasourdi d'apprendre que ces personnes sont à l'origine de tous ces meurtres... Je n'ai pas les mots. Tuer n'est pas une manière de mener des combats et de se faire entendre. Jamais. Je ne cautionne évidemment pas ce qui s'est passé et j'espère que les représailles seront à la hauteur des actes. Toutes mes pensées vont à mes coéquipiers et à leurs familles, et particulièrement à Seb. Qu'ils reposent en paix.

- Ils ne m'ont même pas demandé mon pass pour rentrer, s'étonne Fernando, et Pierre hausse les épaules.

- Apparemment, plus besoin de sécurité.

- Et là, tout redevient normal ? Je trouve pas ça normal. Il y a noyau dans clafoutis, déclare Charles.

- C'est quoi, cette expression ? C'est français ?

- Moi, je te le dis, on nous mène en bateau, Carlos. Ça arrangeait bien la FIA, qu'on accuse le pauvre Alex.

- Mais dans ce cas-là, pourquoi l'avoir tué ?

- Ah, ça fait trop plaisir, de revenir à la normale après tout ce temps, s'exclame Daniel, et Lando hausse les épaules.

- Moi, j'ai un mauvais pressentiment.

- Bon, moi, je voulais vous dire, j'ai fait une demande auprès de la FIA pour avoir des informations sur l'organisation écologique en cause de tous les drames, annonce Toto, et George soupire.

- Toto, ne me dis pas que tu soupçonnes la FIA toi aussi ?

Toto lève les bras au ciel en signe d'innocence.

- Pour l'instant, je ne soupçonne personne, je crois ce qu'on me dit. Je voulais juste savoir qui ils sont, ce qu'ils défendent, comment ils ont pu en arriver là.

- Et alors ? Pas encore de réponses, l'interroge Lewis, et Toto rit.

- Informations confidentielles. Il faut attendre le procès.

- Quoi, s'étonne George. Mais tu demandes simplement des informations sur eux, pas sur l'affaire...

- Divulguer leur nom est apparemment compromettant pour l'affaire. J'ai eu beau dire que je ne partagerai l'information avec personne, on m'a recalé.

- Si vous venez de nous rejoindre, bienvenue sur nos antennes pour le douzième Grand Prix de la saison, sur le circuit Paul Ricard, en France ! Les pilotes terminent le tour de formation et se mettent en place sur la grille de départ, avec une pole position pour Charles Leclerc, suivi de près par les deux Red Bull. En dixième position se trouve Fernando Alonso. Le pilote de l'écurie française a connu quelques difficultés depuis le début du week-end...

- Le voilà qui se met en place, le drapeau vert et les lumières qui vont s'allumer... C'est parti !

- Et c'est un combat dès le premier virage, Verstappen qui essaie de rattraper Leclerc dès les premiers instants de cette course !

Sur l'écran s'affiche "Radio Alonso", les commentateurs se taisent pour pouvoir entendre ce qu'il a dit.

- Je n'arrive pas à démarrer, c'est pas possible, je vais mourir ici !

- Aie aie aie, souffle un commentateur, Fernando Alonso est toujours sur la ligne de départ, il n'a pas réussi à partir...

-Dîtes à Esteban que je suis heureux d'avoir été son coéquipier et de l'avoir aidé cette saison. Il peut s'en sortir sans moi, il faut qu'il se batte.

- Il va vite falloir intervenir ou du moins mettre un drapeau jaune, voire même rouge, car Lerclerc et Verstappen ont bientôt terminé leur premier tour...

Les images internationales montrent le pilote espagnol toujours à l'arrêt à son emplacement de départ, P10.

- Qu'est-ce qu'ils comptent faire ?

- On se demande tous...

Comme pour leur répondre, un bruit sourd se fait entendre, et la voiture d'Alonso n'est plus visible : il n'y a que du feu. L'image change immédiatement, et les deux commentateurs en perdent leur mot.

- Mais qu'est-ce qui se passe pour Fernando Alonso !

- Il nous fait une Romain Grosjean !

- En espérant que cet horrible accident se termine aussi positivement !

- Drapeau rouge ! Enfin !

Après moins d'un tour de course, tous les pilotes rentrent au stand, confus.

- Déjà un mort ? C'est de plus en plus tôt...

"Je le savais... C'était trop beau pour être vrai"

- Ne me dîtes pas que quelqu'un est mort ?! Je croyais que c'était terminé pour de bon !

- C'est Alonso, il est dans un accident.

- Un accident ? Avec qui ?

- Tout seul.

- Hein ? Mais qu'est-ce que vous me racontez ?

- Une explosion ?! Il est sorti, demande George, sous le choc.

- Pas d'info.

- Mais comment vous pouvez ne pas avoir d'info sur un truc aussi grave ! On parle de la vie d'un pilote, là !

- Ils sont plus à une vie près, ironise Lewis.

- Les pompiers ont éteint le feu.

- Et Fernando ?

- Il s'est éteint avant.

- Je... comment c'est possible ? La voiture roulait juste avant ? Il a réussi à faire le tour de formation !

- Esteban... je sais que tu es sous le choc, c'est le cas de tout le monde ici.

- J'en ai marre d'être sous le choc ! On va continuer à nous regarder mourir les uns les autres ? Vous les ingé et les mécanos, personne ne vous tue alors tout va bien !

- C'est trop. C'est la mort de trop. Je ne veux plus faire ce sport.

Carlos hoche la tête.

- Moi non plus, Charles.

- Ne t'éloigne pas trop, la course va reprendre bientôt.

- Reprendre la course ? Vous êtes complètement malades.

- Alors, quoi, l'organisation écolo, c'était des mensonges, s'énerve Lewis.

- Ou alors, ils sont assez bêtes pour avoir vraiment pensé que c'était eux, répond George.

- J'arrive pas à y croire.

- Tu as regardé ton téléphone, demande Daniel en s'asseyant face à Lando, qui secoue la tête. On a reçu un message de Charles. Il veut organiser une réunion de crise dans dix minutes.

- Je me change, on y va, décide immédiatement le pilote britannique, et Daniel acquiesce.

- Tout le monde est là, demande Charles, et les dix pilotes encore vivants vérifient en se regardant. Plusieurs d'entre eux ont un pincement au cœur en réalisant qu'il ne reste qu'eux. Tous les autres sont décédés, pas simplement éliminés comme on leur avait annoncé.

- Je crois bien que oui, répond Esteban d'un air triste, et le monégasque le remercie d'un signe de tête.

- Bon, je prends la parole en premier, mais tout le monde va pouvoir s'exprimer. Je ne veux plus participer au championnat. Je ne veux plus conduire. Je ne veux plus participer aux Grand Prix. Je veux qu'on arrête de perdre des coéquipiers et des amis. Je veux qu'on arrête le massacre ici pour préserver nos vies.

- Pareil, répond aussi Lando, tandis que George et Esteban hochent la tête.

- Je veux ça plus que tout au monde, dit Sergio avant de fondre en larmes, et Pierre se met à pleurer à son tour.

- La FIA sait qu'on est là, demande Max, et Carlos acquiesce.

- On les a prévenus et invités.

- On ne bouge pas d'ici tant qu'ils ne se sont pas déplacés et n'ont pas accepté.

- Parfait, répond Daniel, et tout le monde est d'accord.

Certains prennent des chaises et Charles annonce qu'il a apporté une machine à café. Plusieurs pilotes font la queue pour pouvoir s'en servir.

- Vous croyez que ça va durer longtemps, demande Pierre, mais lui-même sait qu'il est impossible de le savoir.

- On va s'en sortir, Pierre, répond Yuki.

Comme s'il l'avait entendu, la porte s'ouvre sur Eduardo Freitas, l'air complètement pris de court. Les dix pilotes le regardent, un peu surpris.

- Bonjour, dit-il comme si c'était une situation tout à fait normale, comme si après chaque course, les pilotes se retrouvaient pour boire le café ensemble et discuter de la pluie et du beau temps.

- Monsieur Freitas, lance Daniel, on ne s'attendait pas à ce que ce soit vous qui veniez.

- La FIA est en réunion, indique-t-il, et on entend des gloussements en même temps que certains haussent les sourcils.

- Ah, bon, bah si la FIA est en réunion, alors... ironise Max.

- Vous avez refusé de reprendre la course, ce qui a provoqué une réunion d'urgence... Je me vois mal vous demander pourquoi vous êtes réunis ici... Ce serait feindre l'ignorance de la situation actuelle.

- On ne veut plus faire de Grand Prix, résume Lewis, et Eduardo Freitas secoue la tête.

- Enfin, vous savez aussi bien que moi que ça ne fonctionne pas comme ça.

- Enfin, vous savez aussi bien que moi que sans pilote, il n'y a pas de course, rétorque Charles, et Eduardo Freitas ne sait pas quoi répondre.

- Je vais prévenir la FIA que leur réunion peut attendre... Il y a plus important ici, dit-il finalement avant de quitter la pièce.

Les dix pilotes échangent des regards.

- On lâche rien, c'est clair ?

- Rien.

- Ils peuvent proposer monts et merveilles, nos vies restent plus importantes.

Tout le monde hoche la tête.

ILS ÉTAIENT VINGT, ILS NE SONT PLUS QUE DIX.

↠ vos pensées, suggestions, pronostics

https://www.reddit.com/r/ilsetaientvingt/

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top