Vous pouvez blâmer Sarah. S'il vous faut absolument blâmer quelqu'un. Sarah qui, à 20 ans, avait décidé de s'inscrire à un stage d'approfondissement BAFA. Sarah qui, pour se décider entre le stage sur la thématique des activités manuelles et celui sur la thématique des contes et légendes, avait lancé une pièce de monnaie.

Pile : Sarah s'inscrivait en "Activités manuelles". Alors, dans le stage BAFA "Contes et légendes", une place restait disponible quand Amandine chercherait à s'inscrire. Amandine et Armando se rencontraient lors de ce stage. Ils vivaient heureux ensemble pour toujours.

Face : Sarah s'inscrivait en "Contes et légendes". Alors, il n'y avait plus de place à ce stage quand Amandine chercherait à s'inscrire. Amandine et Armando ne se rencontraient pas ; ou pas lors de leur stage BAFA en tout cas. Amandine et Armando ne vivaient pas heureux ensemble pour toujours.

Vous pouvez blâmer Sarah. La pièce était tombée sur face. C'était il y a plus de deux ans et demie de ça.

Bien sûr, vous auriez tort de blâmer Sarah. Ou même de blâmer la pièce. Pourquoi ne pas blâmer chacun des jeunes qui avait occupé une place dans le stage BAFA "Contes et légendes" ? Pourquoi ne pas blâmer l'organisateur d'avoir limité le nombre de places ? Pourquoi ne pas blâmer Amandine de ne pas avoir cherché à s'inscrire plus tôt ?  Pourquoi ne pas blâmer tout ce qui a empêche Amandine et Armando de se rencontrer à un autre moment où leur histoire aurait encore eu une chance de fonctionner ?

Non, vous ne pouvez pas blâmer Sarah. Sarah n'était qu'un élément parmi un millier d'autres dans la chaîne de causalité. Blâmer tout le monde n'aurait aucun sens. Autant ne blâmer personne. C'était juste la vie. Pas le destin. Juste le hasard. Le hasard des coïncidences. De tous les éléments qui surviennent et ont des conséquences qui les dépassent. Des conséquences qu'on n'aurait pas pu prévoir, car elles dépendent d'une infinité de choses. Le chaos. Juste la vie.