Elle est là, juste en face de moi, comme un ange tombé du ciel. J'ai peur, j'ai mal, j'ai envie d'elle. Ma vision devient floue, pourtant, son reflet est encré sur mes paupières.

Je m'avance, la prend dans mes bras : elle est glacée, frêle, fragile. Elle ne demande qu'à revivre au milieu de ce chaos, de ces révélations trop lourdes. Je la regarde dans les yeux, ils sont vides, pleins de larmes. Elle est trop faible, trop seule. Elle manque de s'étaler contre le sol mais je la retiens : elle est plus légère qu'avant, elle n'a plus autant de poids sur les épaules.

« Réveille moi » Elle murmure au creux de mon cou alors que des tremblements stimulent son corps tout entier.

C'est trop tard. Elle ne peut plus se réveiller maintenant, je ne peux plus rien faire, c'est pire que tout, pire que l'angoisse qui va la prendre, pire que l'amour qu'elle n'arrivera plus à me donner, pire que toutes ces nuits qu'elle va passer à pleurer, pire que nos deux corps blessés l'un contre l'autre à cause de ces secrets. Et c'est pire que tout parce que pour la première fois, elle ne fait pas un cauchemar.

Alors c'est là que je m'en rend compte, quand elle sert mes bras plus forts, plus durement, quand elle m'ordonne de la réveiller alors qu'elle sait que c'est fini, quand elle me hurle que ce n'est pas vrai, c'est là que je me rend compte qu'elle n'est plus qu'un fragment de temps, une facette sombre d'elle même, un reflet dans un miroir mal éclairé un jour de pluie : Violette n'est plus qu'un souvenir.